mardi 25 juin 2013

Dupuy, Illich, et Girard / Violence, économie et sacré

Document audio (voir plus bas) très convainquant de Jean-Pierre Dupuy sur le lien entre Illich et Girard.
Très beau concept de contre production, et belle réflexion sur la difficulté des hommes à s'en approcher sans voir avant la dimension religieuse, sacrée souvent nécessaire.




Intro
Pour Dupuy, nous vivons une crise anthropologique et civilisationnelle. Il est temps pour lui de faire le lien entre deux auteurs clés qu'il a connu personnellement. Et défendre Illich contre lui-même, refuser de faire une scission entre les deux prétendues périodes de sa vie intellectuelle.
1er lien entre les deux penseurs. C’est l’importance de Jean Louis Domenach dans l’introduction de ces 2 penseurs en France. Puis, c’est leur relation compliquée avec l’Eglise.
Illich fut en effet un évêque défroqué (malgré Montini) qui pu dire que « L’Eglise est une putain, mais c’est aussi ma mère. » Girard avant de se contredire a pu dire que l’Eglise avait été fondée sur une interprétation erronée  de la passion du Christ. Tous les deux partagent finalement cette phrase de Chesterton que le monde moderne est remplie d’idée chrétienne devenue folle. Le message évangélique façonne le monde moderne. Mais c’est une version corrompue qui fait l’essentiel du travail….

I Contre productivité
Dupuy tente de présenter la thèse de la contre productivité d’Illich. Illich pense que notre monde moderne a surinvesti le « détour », c'est-à-dire, la tendance à freiner, retenir, économiser, pour faire mieux et aller plus vite. Bref, elle a absolutisé cette stratégie (sacrificielle finalement) pour au final se concentrer plus sur le moyen que sur la fin. 
L’exemple de l’économie est le plus parlant. La fin de l’économie qui est de combler en activité et en richesse l’homme est surpassée en importance par le moyen d’atteindre cette fin.   Au final, dit Illich, après un seuil de développement, plus croissent les institutions industrielles, plus elles deviennent un obstacle à la réalisation des objectifs dont elles sont censés servir. Elles deviennent sur-concentrées par les moyens et oublient totalement les fins. L’école bêtifie, la médecine corrompt la santé, le transport immobilise (exemple fameux du temps passé en (ou au service de sa) voiture en comptant les heures de transport, de soin et d’heures de travail pour la payer avec son carburant, on finit par voyager pour son travail pour payer le transport…), les sciences de l’information cachent le sens et les moyens de communication isolent. Ce ne sont pas seulement des paradoxes. Heureux qui le voit. Bref si on considère une valeur d’usage peut être prise de manière autonome ou hétéronome, on voit que l’hétéronomie peut manger l’autonomie. Autonomie qui bien souvent ne peut être comptabilisée. (Une vie hygiénique contre le conseiller thérapeutique, etc….) l’hétéronomie transforme tout  et nous rend autant service qu’il nous rend esclave et brise les liens humains. Nous devenons attaché à ce qui nous asservit. Bref l’hétéronomie est un poison et un remède à la fois. C’est un Pharmakon.  Dupuy dit que cette tendance moderne est le fruit de la dégradation de l’enseignement de la parabole du samaritain. Nous avons appris la fin des interdits culturels mais avons oublié le « va, toi aussi fait de même », c'est-à-dire, prends le risque de donner en t’approchant de la personne à qui tu donnes. Nous, nous avons créé des distances infinies entre les personnes. En faisant de tout le monde notre famille, sans s’approcher de lui, plus personne n’est de notre famille. Le Christianisme a ouvert un espace sans borne qui est la source de l’hybris industriel. Garde aux institutions qui disent faire le bien contre les méchants, ces "cléricatures" sont les institutions contre productrice, école, église, médecine, voulant faire le bien sans se faire frère. Elles portent en elles leur virus contreproductif.
Sur la médecine, Illich dit qu’il est absurde en soi de lutter contre la mort et la souffrance, on ne peut donner sens à ce qu’on veut extirper. 
L'homme traditionnel avait toujours la capacité de tirer de sa culture un sens. Le moderne est né sur les décombres des systèmes symboliques traditionnelles en qui il n’a vu que de l’arbitraire et de l’irrationnel. Dans son entreprise de démystification, il n'a pas compris que son système impliquait que des limites soient fixés à la condition humaine tout en leur donnant sens. De fait, rapidement la médecine devient une lutte contre la vie, ou encore devient l’alibi d’une société pathogène.
Il faut accepter la contingence de la fragilité humaine. Il ne faut pas niveler par le bas le sel de l'expérience humaine. Chacun doit se détourner de la quête de la santé et chacun doit cultiver l’art de vivre et l’art de souffrir et de mourir, dit Illich.

Illich démontre l'aveuglement de l'homme sur cette contreproductivité. Nous en venons à passer tout notre temps à en économiser. C'est l'absolutisation du "détour". Le travail divisé, c'est le détour par excellence. Le détour devient une fin en soi. Même ce qui est nuisible parait être légitimé par le travail que l’on donne à la population. Confusion entre les moyens et les fins. La société industrielle produit du détour de production, donc du travail... et encore...

II Economie, violence et sacré


Dupuy part de Dumézil qui a observé que toutes les cultures indo-européennes prenaient un soin particulier  à associer le dieu du sacré, de la violence et de la production agricole (ex romain de Jupiter, Mars et Quirinus). Girard dira que c'est le même Dieu. L'économie, la violence et le sacré sont le même Dieu.

Il y a deux thèses opposées sur l'économie. L'économie, c'est la violence. Ou bien l'économie permet de contenir la violence des hommes. L’économie dans une société sans Dieu substitue le sacré et permet d'éviter la décomposition collective. Le capitalisme est censé briser ce qui apparaîtra comme sa principale caractéristique, isolement, appauvrissement des relations et prévisibilité des comportements. Ce qui devait être une lutte contre la volonté des hommes pour le pouvoir devient cette volonté même.
Or Girard nous permet à développer cette contradiction apparente. L'économie contient la violence dans les deux sens du terme. Elle le possède comme elle en fait un barrage. L'économie a la même structure que le sacré tel que Girard le perçoit. Satan expulse Satan. Le sacré, c'est de la bonne violence institutionnalisée et régulant la mauvaise violence chaotique. Or la modernité est le soupcon que ces deux violences n'en fassent qu'une. Et le savoir, c'est découvrir "les choses cachées depuis la fondation du monde."
C'est ici la violence (mais sans ressentiment) du Christianisme et de Jésus, le glaive, le travail de révélation nous laisse seul face à cette violence. L'économie est la continuité du sacré par d'autres moyens.
Le monde est mis en danger extrême par le crépuscule des dieux. C'est ainsi qu'il faut lire la crise actuelle.
Leibniz est celui qui formule l'incompréhension des lumières face à ce phénomène. Le bien contient le mal et s'en sert pour faire le bien, donc le mal n'en est pas vraiment un... L’égoïsme et le vice privé comme nécessaire au bien public en est un exemple merveilleux. Girard en lisant l’Évangile nous apprend que le mal s'auto-transcende et se régule lui-même. C'est ce que Dupuy appelle le kathekon ou bien le frein vers l'apocalypse. Auto-transcendance (ou bien l'autorégulation) du marché revient à dire que Satan expulse Satan. Les analystes de la crise ne comprennent pas cela, pour eux, il y a toujours une bonne ou une mauvaise crise....
Or comme le sacré hier, l'économie perd sa faculté à devenir kathekon. L'économie en se mettant comme pure exteriorité à l'homme se trompe complètement. La régulation ne marche plus, l'injection de liquidité est acte religieux des grands prêtres actuels mais qui a perdu de sa magie.

Conclusion
Dupuy est arrivé à la conclusion qu'Illich est un "prophète" du message chrétien sur les puissances de ce monde. Illich a fait le travail de Girard sur l'économie. En travaillant sur Illich, Dupuy n'a fait que préparer sa rencontre avec Girard qui formalise ce que Illich révèle dans son analyse du monde moderne dans l'économie. Celle-ci ne se développe que dans la contre productivité.

Quelques réponses à quelques questions...
Auto-organisation dans l'économie actuelle, banques centrales, institutions européennes ce ne sont que des productions d’extériorité pour pouvoir s'auto-organiser comme du sacré. Dupuy développe l'exemple extrême du marché en panique. Comme le dit Orléan, il n'y a pas de valeur fondamentale, il n'y a que de l'illusion produite par auto extériorisation.

Oui, la mondialisation conduit à un monde en pleine indifférenciation...
Distinction entre sacré et économie....Perspective historique. Si économie est en crise... Que faire après ? Retour du sacré ? La marque du sacré, son livre a été reçu comme un preche pour le retour du sacré alors qu'il reprend la thèse classique du christianisme comme désacralisation. Perte d'efficacité des mythes et des rituels. C'est terrible.
la thèse de Dupuy est la possibilité du sacré secondaire comme l'économie, l'arme atomique...

Dupuy enfin regrette la récupération militante d'Illich...
Invitation à faire le lien entre Clausewitz et Illich.
Le tout se termine par une blague juive...





Pour les gourmands, je conseille cette vidéo venant du même séminaire pour en savoir plus sur Illich.

Ou encore, cette interview ou Dupuy développe les mêmes thèses. Celle-ci encore.

Et puis cet article de Dupuy dans le monde...

ici-même, vidéo découverte sur le site de l'ina

vendredi 21 juin 2013

Alain Supiot - point de vue juridique sur la modernité et la mondialisation

Extension du domaine de la compétition

Je vous propose deux conférences passionnantes d'Alain Supiot, récemment entré au collège de France.
Elles permettent, pour ma part, de mieux appréhender le droit et sa manière de décrire note modernité. Le droit est présenté par Supiot comme dogmatisme ou scolastique laïc pour le salut de la société.
Ainsi Supiot discute de la modernité juridique, de la mondialisation (conférence de Nantes) ou de l'importance grandissante des contrats dans la modernité. Ici encore recherche d'autonomie conduisant à une hybridation des systèmes juridiques. Ces conférences semblent illustrer à merveille cette phrase de Chesterton. Soit l'homme a des dogmes, soit il a des préjugés.
Remplacer loi par dogme et contrat par préjugé et vous comprendrez. Que faire quand les hommes sont devenus leurs propres Dieux ? Tout dénigrement de la loi et de l'Etat ou de Dieu ignore la nécessité des bases anthropologiques. C'est ce que nous enseignent, selon Supiot, les analyses des dernières évolutions juridiques. A force de croire qu'il n'y a pas de transcendance (humaine ou divine), chacun de nous se prend pour son dieu et pense pouvoir choisir ses propres chaines. La folie nous guette semble dire Supiot.

La féodalité probablement aussi. Nous créons des situations juridiques uniques. Nous plaquons les vertus de liberté et d'égalité extrême sur des situations tout simplement humaine, avec lutte d'influence et de pouvoir... Nous rétablissons une féodalité naïve....

-------------

Conférence de l'université de tous les savoirs.


Intro
Nos paroles nous attachent aux autres. La société est un ensemble de lien de parole (c'est pourquoi il n'y a pas de sociétés animales...)
Il y a mes propres paroles qui m'attachent et celles des autres qui m'attachent. En droit, il y a donc le contrat et la loi.
Mais la loi préexiste toujours à moi. Ce moi procède donc des institutions.... Et même, Supiot prend comme axiome que les institutions sont les conditions de la raison humaine.

On entend souvent parler de contractualisation de la société. Les liens consentis reculent, on appelle cela en droit, le recul de l'hétéronomie face à l'autonomie. Cela semble le sens de l'histoire, il n'y a pas d'autres chaines dans le monde que celles que nous nous sommes choisies. Idée très occidentale comme celle de la parole liante que Supiot lie avec l'introduction de l’Évangile de Saint Jean. Au commencement fut le verbe. Comme Dieu, l'homme pourrait disposer de la puissance législatrice et même enfermer l'avenir dans ses paroles.... L'occident a pourtant mondialisé la possibilité du contrat.

La loi va être dévorée. Désormais les pays croient à un ordre transcendant qui les dépasse et qui se trouve dans l'économie. Mais même ceux contestant cet ordre parle de le réguler, ce qui revient au même, vision instrumentale du droit et fuite vers l'autonomie. Supiot tentera de faire une histoire de cette tendance dans laquelle il diagnostique un retour de la féodalisation.


I Histoire
Contracter ne va pas de soi pour l'homme, il a fallu penser que l'avenir pu être réglée par la parole. Dans le passé, dans les échanges et les alliances, on ne distinguait pas clairement les choses et les personnes. (patronat affranchisseur, alliance de sang, mariage) La chose avait un pouvoir sur lequel il fallait veiller (cadeau/don et poison, Marcel Mauss). Beaucoup de ses formes anciennes se sont laissés transporter jusqu'à la modernité. La retraite par exemple n'est pas un contrat entre génération. Si on trouve un ancêtre dans le droit romain (mais fondé sur la foi et non la parole des autres...), la véritable origine est le droit canon. L'acte chrétien étant basée sur la vérité. De la pensée médiévale au code Napoléon (1134 convention   légalement formée...), nous voyons bien que c'est parce qu'on a cru à un Dieu unique qui voit tout que l'on a fini à donner force juridique à la parole. Le monothéisme apporte la foi en un tiers garant. Or, depuis les lumières, l'Etat a pris la place de garant. Cette laïcisation ne signifie nullement que l'on puisse se passer d'un garant de la parole. 


Au coeur du contrat se trouve une croyance dans lequel seul l'objet a changé. (Tocqueville : Si l'homme n'a pas la foi, il faut qu'il serve et s'il est libre qu'il croit.) Cette figure du tiers est toujours présente dans le droit moderne, dans la loi (car le contrat est soumis à la loi) et dans la monnaie, elle aussi reposant sur la croyance des contractants l'utilisant.
Finalement on a sauvegardé la structure médiévale mais on a amélioré l'abstraction contractuelle (naissance de l'homo economicus). Naissance de l'empire de la quantité, et de la symbolisation de tout permettant le calcul de tout. L'abstraction des choses (personnes morales) permet de se débarrasser de la "concrètude" des choses et donc de permettre l'égalité, celle d'un monde où toutes les marchandises sont comparables. Tout peut être patrimoine, le temps devient chronométrique et l'espace est continu. Mais le contrat est créé que dans les conditions validées par l'état qui a lui-même une définition qualitative des choses, des personnes, du temps et de l'espace. L'Etat-providence comme ce qui permet à ses membres de devenir opérateur économique. L'Etat peut limiter le commerce et la négociation en disant que tout n'est pas négociable.


II Conséquences des dernières évolutions
Mais alors, au moment où le contrat semble s'éloigner de la tutelle des Etats, où tout, mis à part les sciences physiques, peut devenir contractuel, l'Etat serait un reliquat archaïque et peut s'effacer devant le contrat et le marché, régulation etc...

C'est cela alors? Non ! Car l'empire du contrat régnant a aussi sa face cachée, car plus il s'étend plus il se transforme. Voyons ces deux mouvements.

1) le contrat soumet les Etats et l'Etat des personnes.
Etat vu comme obstacle, le supra national devrait être la direction. Invitation à abandonner leur souveraineté. C'est le sentiment général du sens de l'histoire.

Il faut déréguler. Il faut passer de la loi au contrat. C'est la même chose pour les personnes....
Mais pour dire "je", il faut une institution quelconque... La situation de l'Etat est toujours représentatif de l'état des personnes; et notre identité est de plus en plus contractualisée. On le voit dans la remise en cause de l'Etat providence, du mariage, de la filiation. Or pour Supiot, c'est la porte d'entrée vers une folie certaine. Se penser comme une unité de compte ou mon identité est contractualisée par moi-même. C'est aussi la logique de l'égalité. Mais si tout est tout, tout devient indifférencié et on s'approche sans précaution des fondements de la raison.

2)Face à la profusion des contrats, ceux ci deviennent obligés de reprendre les questions dont ils dépouillent la loi. Et la loi perd de sa légitimité, et donc le contrat se retrouve avec toutes les questions de la "qualitativité" des choses et des personnes. Cela va renforcer la pullulation des contrats...
Et le tiers ? Si l'Etat est trop petit et l'Etat mondial absent, alors on découpe en petit morceau, monnaie, commerce etc....

Reprenant les thèses de son maître, Legendre, Supiot développe enfin la réféodalité du monde.
Car si le contrat nécessite l'égalité des contractants, le contrat n'oblige pas la réflexivité, C'est à dire qu'un contractant peut ne pas s'appliquer les obligations qu'ils contractent avec l'autre. Puis souvent ces contrats obligent des groupes.
Le contrat devient un mode de gouvernement. Pensons au contrat de sous traitance industrielle. Puis certain contrat sont imposés par la loi dans le cadre du remplacement de l'Etat providence. Nous avons seulement le choix des concurrents. Tout est hybride et signe d'un grand changement encore difficile à nommer.
Seul devient certain l'exercice d'un pouvoir.
Selon Supiot, le principe d'égalité, le passage de l'autonomie à l'hétéronomie ne se fait pas sans brouillage et sans mixe des deux. Le contrat s'est imprégné de la loi et crée ainsi des nouvelles formes d'allégeance. Prendre le contrôle en laissant l'autonomie.Vassal libre rendant service au suzerain.

Bref, il faudrait se défaire de l'illusion du tout contractuel. Il y a hybridation et non parfaite liberté des êtres contractuant. et il faudrait se défaire aussi de l'illusion que toute loi sauf scientifique est barrière.
Ce n'est pas en construisant des lignes Maginot de la mémoire que l'on se protégera de l'homme sans loi qui devient l'homme pervers.
----
Dans les questions réponses je retiendrais ces quelques phrases
Il faut admettre la place dogmatique des constructions sociales. Quand on parle de monade, et d'unité de compte, on déraille... Comment revenir au dogme ?
L'Etat est une institution médiévale bâtie en prenant les anges pour modèles, personne qui ne meurt jamais et point d’imputation.
La question de l'Etat est fortement lié à la religion. La Révolution française amène la laïcisation de son Etat. Mais celui-ci reste en haut, en puissance. 19eme, crise majeure à répétition. Etat providence est le troisième moment, l'Etat dit je ne suis pas puissant, je suis ton serviteur. Cela a sauvé la construction juridique mise en cause. Maintenant ce modèle s’essouffle car compliqué, L'Etat perd de sa singularité à force de négocier en contrat, il veut reprendre la main et être garant de l’intérêt général... Mais trop difficile. Il fixe des principes et prépare les négociations à venir. Celles là même qui peuvent reconduire à la féodalité.






Conférence de Nantes

Ici, Supiot montre la déterritorialisation du droit.
Après le refus d'une loi universelle, on acceptait que chaque personne puisse avoir la loi de son coin, elle faisait contrepartie au désir impérial de l'homme.
L'hétéronomie et la modernité retirent toute territorialisation. Il y a libre circulation et réduction de tout à l'étalon monétaire. "Tout est liquidée".
Tout est libre choix de son statut et de sa loi. Les droits nationaux sont des droits soumis à la concurrence selon les investisseurs et l'état des personnes. Démantèlement des limites juridiques. Tout devient quantité mesurable et capital.
Pour l'économie de marché, il faut croire trois fictions : (Polanyi), faire comme si le travail, la terre et la monnaie était des produits. Comment faire quand toutes ces fictions sont attaquées de toute part ?
En conclusion, Supiot est encore prophète de malheur... On ne peut faire de la compétition le seul principe d'organisation du monde. Cela conduit pour lui aux pires totalitarismes et non à la liberté de tous. Dire que cela va vers la déraison et la violence est la raison d'être du droit.


Conférence Alain SUPIOT par IEANANTES Pour les plus courageux, il y a ici une interview du bonhomme et , une fiche de lecture scriptoblog.

lundi 17 juin 2013

Limbo - Bernard Wolfe

Limbo 1952 Bernard Wolfe

Humour, profondeur, fausse science fiction, vrai conte de sagesse, roman apocalyptique. Enthousiasmant, fou et important.
Attention au rouleau compresseur.....

Histoire
Nous sommes dans les années 70. Mais ce n'est plus vraiment notre monde... La seconde guerre mondiale s'est renouvelée sur une guerre froide devenu chaude entre le bloc communiste et américain. Ce fut une guerre atomique provoquant une destruction mondiale auquel il y eut peu de survivant.
Mais au début de l'histoire, nous savons peu de choses car nous accompagnons le docteur Martine. C'est un déserteur de cette guerre, il a trouvé refuge depuis 20 ans dans une île de l'océan indien. il a refait sa vie auprès de la tribu de cette île. Il se permet des expérimentations sur le cerveau des hommes afin de réduire leur agressivité et de réduire la violence. Isolé sur son île auprès de sa femme, il a abandonné le monde dont on ignore encore l'évolution post drame atomique. Nous établissons rapidement un lien amical avec le docteur, humour, intelligence, chercheur scientifco-psychologique sur la drôle machine humaine. il promène une conscience mi cynique mi passionnée sur les hommes en général et leur incompréhensible violence et cervelle.

Mais le monde extérieur le rattrape, il décide de revenir à lui. C'est donc avec son regard scientifique que nous revenons vers notre monde post apocalyptique.
Nous découvrons un monde où une nouvelle philosophe s'est élaborée grâce à un livre d'un jeune homme pendant la guerre qui a été interprété par l'actuel "président" du monde de l'ouest. Pour arrêter la violence, il faut des êtres démobilisés, et donc immobilisées. Les hommes sont invités à s'amputer progressivement  de leurs membres, bras et jambes. Il faut faire attention au "rouleau compresseur", à la violence humaine emportant tout. Mais face à se système, les amputés ont accès à des prothèses puissantes, les amputés volontaires deviennent l'aristocratie de cette société sacrifiant ses membres pour obtenir un système sacro-technico-biologique. Petit à petit, notre docteur Martine découvre que ce sont ses propres pensées qui ont défini ce nouvel ordre, orchestrées par son camarade Theo devenu "président" (dont pourtant il se moquait ouvertement dans ses propres textes devenus saints...) plein de bonne volonté mais trahissant la subtilité du message de son carnet de bord qui n'était qu'ironie, humour et désespoir caché.
Mais entre les jusqu'au-boutistes refusant toute prothèse et les tenant de l'ordre, le docteur observera ce monde replonger dans la violence contre le bloc de l'est (Lors de jeux olympiques des amputés prothèses ..) et se détruire. La rivalité, la lutte pour de la matière première et la recherche scientifique restant exacerbés même dans le sacrifice de membres. Le docteur revient sur son île. Il veut aimer véritablement sa femme et abandonner ses recherches sur le cerveau, négatif de la société des amputés et signe de l'ambivalence irrépressible de l’être humain.


Testaments trahis, Violence

Ici la science fiction est utilisé pour mieux parler de l'homme et de la problématique de la violence. En créant un monde parallèle qui aurait pu exister, Bernard Wolfe veut nous faire toucher du doigt la problématique de la violence. Que se passe t il après l'apocalypse ? L'apocalypse de nouveau... Comment contenir la violence humaine ? Quel sacré ? Bernard Wolfe expulse complètement les religions mais c'est pour mieux revenir à la question du sacré. qu'est ce qui fonde une société ? qu'est ce qui est inconnu aux hommes mêmes qui la composent  ? Wolfe imagine une société qui semble répondre à la question apocalyptique (que font les hommes quand ils ont rendez-vous avec leur propre violence ?) par une illusion commune. Derrière la réponse humaniste de Théo inspirée par l'oeuvre du docteur, et la volonté de couper la racine du mal de la violence, la démarche violente et rivalitaire de l'homme continue. Ce qui était sacrifice du bouc émissaire de l'humanité représentée par ses membres agissants se cachait un suicide collectif et un nouveau sacré.

Tout humanisme cache un sacré, et tout idéal individuel (Marx, Jésus, docteur Martine....) sera trahi. La fin du livre sonne très personnelle. Il faut arrêter d'écrire (c'est le seul roman de Wolfe qui continuera d'écrire encore que quelques nouvelles) et aimer ses proches, c'est à dire sacrifier un peu de son soi pour eux.

Ecrit en 52, la correspondance avec l'oeuvre de René Girard est incroyable, la structure sacrée des sociétés, la rivalité, l'invitation chrétienne (ici non définie mais exprimée malgré tout), la reconnaissance de nos temps apocalyptiques, la moquerie de tout humanisme et surtout cette alternative humaine entre le suicide collectif sacré ou le sacrifice chrétien.

----

Quelques extraits

vendredi 14 juin 2013

Jours de pouvoir - Bruno Lemaire

Les technocrates sont nos amis, il faut les aimer aussi, comme nous ils ont une âme...

Commençant à le lire dans une librairie française, j'ai emporté le livre. Touché au premier abord par les sujets abordés, le témoignage de la vie politique française de 2010 à 2012, les problématiques d'un politicien moderne en France tout en donnant des détails révélateurs, des comportements et sentences des "grands de ce monde" nous permettant de mieux les connaître et par là même de mieux sentir notre époque et ce qui la meut.


Il est bête de l'affirmer mais c'est un livre qui se lit avec plaisir.
Puis comme le dit Lemaire dans sa préface, la vérité du pouvoir se trouve non dans sa description journalistique ni dans la sincérité des politiciens (tout y est représentation et est désormais faussé, nous dit-il) mais dans sa pratique. Car il y a un malentendu entre ce que les gens pensent et ce qu'est la réalité... Que faire de cette autorité ?  C'est donc à la recherche du pouvoir (et d'une lutte contre le silence et son injustice) que nous devons ce livre précieux nous enseignant beaucoup sur le combat politique de nos temps. Abordons ensemble quelques points saillants du livre et, pour le plaisir, consignons quelques citations, moments à garder ainsi que les noms des personnes et des lieux citées.

Sarkozy
Sarkozy sauveur du monde, Sarkozy chef de campagne, chef de gouvernement, négociateur, mari de Carla, énervé, humoriste, subtil, malin, faisant peur, séducteur. Lemaire nous fait un portrait 3d de l'ancien président. Ce portrait est subtil car du moins nous n'arrivons pas à définir le personnage simplement. Sa proximité nous le rend sympathique et rend actif son charme, son énergie, son pragmatisme, sa bonne volonté, sa mégalomanie, son gout de l'effort et certaines de ces analyses pertinentes sur les gens et les situations, sa lutte héroïque pour la campagne présidentielle. Ce portrait nous le rend sensible aux difficultés, à ses espoirs, ses désirs d'être aimé et même parfois son courage. Personnage d'intuition et de force, nous comprenons alors le manque de leader après lui. Mais en quoi croit il ? Les reports de ces conversations intimes le rendent sympathique mais il n'a presque pas de colonne vertébrale. Quelle est sa France ? Sa vision historique ? Sa vision économique ? Au moment où il n'y a plus de socle, ni des structures intellectuelles, les invertébrés règnent ? Tout devient négociation, et lutte pour le pouvoir et le pouvoir d'achat... Malgré quelques références littéraires et une personnalité attachante malgré tout, nous nous rendons compte qu'il y a un problème de hauteur....
La description de Lemaire devient alors effrayante alors qu'elle cherche à être sympathique. Comme dit Gauchet dans ce livre, il n'y a plus que des réformes sans projets. Nicolas Sarkozy est un homme politique perdant pied et lucidité à mesure que le temps avance, la résistance face à son échec programmé est présenté comme un combat héroïque contre son propre mandat.


La France
Bruno Lemaire traduit bien le dégoût de la France pour elle-même, sa dépression, son vide, son cafard. Un pays sans perspective car sans médiateur le lui proposant et sans idéal, ne savant plus vraiment où est son bien commun ni sa joie commune.

Comme ministre de l'agriculture ou comme député de l'Eure, il a visité la France profonde, senti le drame de nombreux agriculteurs, entendu les rapports des élus du coin, témoigne de la frénésie anti-sarkozyste (bouc émissaire d'une société en déliquescence ?). Lemaire prône une austérité forte et comme le dit un conseiller tout ce qui serait nécessaire pour le pays et les rendrait inéligibles. Cette dichotomie entre démocratie et nécessité libérales (même si ce n'est pas une fatalité nous dit Lemaire) nous rend un pays dépressif et en perte de vitesse sur le niveau européen et mondial. Que peut faire la France pour les français ?



L'Europe
Lemaire traverse toute l'Europe, il fait des portraits passionnants de certains personnages mais l'avoue... Les ministres sont devenus des marchands de tapis, des maîtres en négociations européennes. A Bruxelles ou bien dans toutes les capitales européennes pour créer des compromis ou des alliances. C'est aussi l'occasion pour Lemaire de développer sur son intérêt sur la culture et la vie politique allemande, sa relation privilégiée avec son équivalent allemand, la réussite de ces relations particulières, Merkel, la joie de la différence culturelle, la perfide Albion.
Lemaire est très clair. L'union européenne est une menace que dans la mesure où nous sommes paresseux et si elle sert de prétexte au manque de courage politique. Nous ne savons plus où nous allons alors que nous devrions, selon Lemaire, galoper aux sommets. (Mais dans sa dernière interview avec Zemmour, il a fait comprendre qu'il y avait beaucoup de choses à changer dans l'UE)
L'euro a failli mourir, la crise n'est pas terminé mais l'euro est sacré pour les classes politiques franco allemandes, la crise continue, les débats sans fin de même... Tout cela est le signe de notre faiblesse rationnelle et de nos manques d'espérances....


Le monde
En tant que présidente du G20, la France avait quelques responsabilités. Bruno Lemaire en a profité pour mener à bien un traité mondial contre la spéculation des matières premières. Là encore, nous assistons aux négociations, aux voyages. Le sujet est crucial et humaniste, nous ne voyons pas tous les rouages, mais Lemaire porte un regard curieux, ambitieux et pensif à ces rencontres à travers le monde. ils lui permettent une perception personnelle sur les mouvements de fonds économiques et sociaux. L'hystérie de certains pays en voie de développement, les ambitions russes, la parano aigrie de la déclinante Amérique  Mais qu'est qui dirige le monde ? Lemaire nous dit qu'il n'y a pas de complot. Mais un équilibre de beaucoup de lâcheté et d'un peu de courage.
Et quel est le critère essentielle de ce pouvoir mondial, la production, la recherche....? Non, c'est le commerce extérieur ! Le dollar en quelques sortes et la soif de marchandises de l'humanité moderne. Les politiques sont les grands prêtres de cette religion.


Lui ?
Et Bruno, dans cette histoire? C'est une drôle de sensation et c'est le risque de toute tentative littérairo journalistique d'un politicien. Quelle est la part de séduction ? Quelle est la dimension désintéressée de cet oeuvre ? Oui, nous avons peur d'entrer dans une campagne électorale contre notre gré. Car parallèlement aux éclairages que dispense Mr Lemaire, l'empathie progresse, nous nous réjouissons de ses succès, nous le soutenons dans ces combats, nous sommes le confident de ses observations les plus profondes, de ses réflexions de père, de mari. L'admiration naît légitimement pour un homme au coeur des problèmes les plus épineux de son époque, des gens dont les décisions importent au monde entier. Le normalien spécialiste de Proust se signale, ainsi que son sens des responsabilités, de la négociation, de l'empathie, son absence de manipulation, sa reconnaissance. Son sens du détail nous emporte sur un clin d'oeil d'Obama, sur le logement d'un paysan auvergnat, sur la bague d'un ministre brésilien, sur la campagne éthiopienne.  Nous lui sommes naturellement gré de nous transporter sur les détails qui révèlent notre infiniment grand et notre infiniment intérieur. Bref de faire de ce livre une  expérience riche aussi intime que tournée vers le monde.

Mais pourtant, au delà de ce subtil mariage de littérature et d'exercice politique, nous continuons de nous demander qui est cet homme ? En quoi croit il ? Au delà de cette intelligence, nous ne savons pas ce qu'il veut vraiment pour la France... Ou plutôt, nous sentons qu'il n'est pas révolutionnaire (quoi qu'il utilise ce mot dernièrement). Certes, c'est logique... Mais si ces observations semblent indiquer ses doutes sur le système de pouvoir actuel, il semble enfermé dans la logique de ce qu'il signale comme danger. Il semble Baverezien. (Peut être plus par contrainte que par gout...) L'homme qui a raison dans une forme de système dans la mesure où il ne le remet que partiellement en question. En conséquence, il apparaît comme un super technocrate. Un grand prêtre du libéralisme mondial, car il le faut bien... C'est un homme raisonnable et épris de bien public et global... Le sacrifice du monde pour le commerce extérieur ou la globalisation est un jeu qui semble valoir la chandelle même s'il fait mal au paysan que je soutiens de mon autre main. Et toujours la même observation, la mondialisation est une chance et une malédiction...
Je suis peut être idéaliste.... Il ne faut pas attendre un discours révolutionnaire d'un politicien officiel... ni même un discours apocalyptique... 
Quoique...
A un moment, Lemaire cite Virginia Woolf : « Mes lettres ne sont pas muettes, mais vocifèrent : c’est toi qui ne sait pas lire. » Nous sentons ici un mot adressé au lecteur. "Il y a un cri dans mon livre, cher lecteur, méfie toi de la calme sagesse apparente du livre... Il y a en moi un désir de changement et un hurlement..."

Quel est ce cri ? Est ce celui que je discerne ? Le monde, l'Europe, la France partent à vau-l'eau... Nous n'avons plus ni raison, ni d'horizon....  Ressentiments, injustice mondiale, storytelling manipulateur et perte de sens du politique... 

Mr Lemaire, jusqu'où exactement va votre cri Woolfien? Comment définiriez vous votre responsabilité et votre mission émanant de ce cri ?



Une interview sur le bouquin....
Phrase intéressante, je suis rentré en technocrate au ministère de l'agriculture, j'en suis ressorti en politique. Anecdote de transformation plus personnelle, partir des paysages, des produits français et des personnes.
Description du danger du monde agricole semblable au monde industriel d'il y a 10 ans.... Danger
Mais il repose cette question, qu'est ce que peut encore faire un ministre ?

Critique de Lagasse sur Lemaire comme politicien bon élève d'un systeme destructeur....
Son passage chez Zauleau et Nemmour

-------------------------
moments forts, citations et collection :

mercredi 12 juin 2013

Aldo Naouri - Père, Pulsion et autres choses

Une stèle pour mon père

Aldo Naouri va à contre courant. Et il est bon pour moi de l'écouter. Ses nuances et sa radicalité. Le besoin de parents fermes et de parents qui ne jouissent pas de leur enfant. La crainte des pulsions. La reconnaissance de la différence des sexes et des générations.
Je retiens cette phrase qui m'est mystérieuse. Un enfant élevé parfaitement n'aurait pas besoin de faire des enfants. ils seraient le fruit de nos propres problèmes irrésolus. Peut on expliquer ainsi le célibat des prêtres, fils comblé du père ? Ou une remise en cause radicale de la générosité procréatrice et amoureuse ?


Dans cette émission de radio, aussi pour présenter son dernier livre, "Prendre la vie à pleine main", Aldo Naouri est provoqué par un présentateur peu enclin à partager ses thèses.
Alors il en rajoute et provoquera de plus belle avec en arrière plan une remise en cause de principes éducationnels et familiales modernes

Encouragement à l'effort. Limiter les mauvaises habitudes de la pulsion car l'enfant est un être de pulsion à réprimer. Il n'y a pas d'égalité. il faut remettre de la verticalité à l'heure des épidémies d'enfant roi et malheureux. Soyez dictateur
Ne jamais se soumettre à la séduction envers les enfants. (de toute façon, ils vont vous haïr et apprendre à vous aimer...). Il doit gagner votre amour.
Il ne faut pas jouir de ces enfants (parent abusif) mais garder l’exigence.

Un enfant élevé parfaitement n'aurais pas besoin de faire d'enfant.


Incitation au viol dans le livre ? Non, situation très particulières mais incitation générale à retrouver la différence des sexes et leur manière propre de désirer.


 Sur le divorce ? Il faut le réussir (car drame profond pour les enfants...) ou se poser la question de son propre consumérisme...

Mariage pour tous ? Porte ouverte à l'inceste. Encore une fois, nous sommes esclaves de nos pulsions, ne faisons pas la promotion de la désinhibition. Pourquoi pas le mariage mais l'adoption, c'est avant tout de l'expérimentation sur le vivant.

Mais il en profite aussi pour parler de lui, de sa mère, de sa situation d'enfant surdoué, sa passion de l'apprentissage, le manque du père biologique mort avant sa naissance. Le gout de l'analyse et plus que tout de l'écoute, la recherche des signifiants des discours des parents... Quels enfants étaient les parents ?

Il y a aussi des aveux, celui de la situation de la perte de sa foi et la considération que son travail ne fut qu'une stèle pour son père.



Variation catholique du meme theme


lundi 10 juin 2013

Trouver la bonne distance - Benoit Chantre

Au centre de ce texte de Chantre se pose la question de l’événement ou dit autrement, qu’est ce que la rencontre personnelle ou artistique avec une œuvre ou une personne ?
Quand nous ne fuyons pas la rencontre par superstition (machinisation de l’humain ?), nous sommes toujours à mauvaise distance... Trop proche, trop loin... Ne l’avez vous jamais senti ?
Chantre lit dans l’expérience de Saint Pierre (Matthieu 16, 15) la possibilité historique et nouvelle de vivre cet événement ou bien de la rater fantastiquement. Le venue du Christ fait advenir aussi la possibilité d’un art véritable et de la rencontre véritable. Mais aussi, simultanément, la possibilité de l’art vaniteux et de la venue de l’homme moderne, le maniaco-dépressif. Celui qui ondule entre le trop près et le trop loin et dont Pierre est le précurseur. La solution ? L’annonce de la Foi, l’accueil de l’Esprit Saint et se laisser nommer par son véritable nom ; or cela conduit à la Croix, véritable point pour rencontrer Dieu, l’homme et la révélation. Au fait…. L’’événement sans cesse exprimé par Chantre se résume dans l’incarnation. Ce texte est présent pour nous en faire sentir la révolution 
Détails de l'article


Comparaison entre Jésus et l'œuvre d'art. Les deux nous posent la même question "pour vous qui suis je ?"

Chantre lance : "L’événement est toujours possible...."

Mais qui veut vraiment la rencontre ? La superstition est par définition ce qui nous évite toute rencontre. Les signes nous permettent de fuir la rencontre et Evénement tant redouté. L'artiste est comme le mystique, il va vers la rencontre.

Bref, il nous faut répondre à l'œuvre d'art comme il faut répondre au Christ.

Mais quelle est la bonne distance pour la rencontre ? La perspective nous aide pour l'art, mais sinon, nous sommes toujours trop près ou trop loin des autres. Jésus nous indique la bonne distance.

Chantre interprète l’extrait d’Evangile : proclamer sa foi est se laisser prendre en main par Evénement (St Pierre parlant par l'Esprit Saint, " auquel on peut lier Matthieu 25,31 « Quand es-tu venu, que nous ne t’ayons pas vu") qui dit son propre nom par nous et nous donne notre vrai nom. (Simon-Pierre, et sur cette pierre...)




L'apôtre a entendu la réponse soufflée.
Jésus atteste qu’une transcendance nouvelle est en jeu dans l’intuition de Pierre.
Mais le danger rôde, et nous pouvons toujours être pris par l'obstacle (diabolos) jeté sous nos pieds au moment de répondre à la question de Jésus et de transformer la rencontre en adoration idolâtre.

Entre les deux réponses, il y a une différence grandiose, il y a la réponse soufflée et la réponse enthousiaste ("celle qui se croit inspirée par Dieu" mais qui veut seulement se l'approprier...). C'est ainsi que nous pouvons analyser la modernité. Comme Pierre, nostalgique de la réponse soufflée, elle développe une réponse enthousiaste entraînant une déception d'avoir cru pouvoir nommer l’événement Notre époque devient maniaco-dépressive, toujours plus fortement envahi de rêves prométhéens ou de mélancolie profonde.

L’artiste et le saint ont quitté ce cercle infernal. Ils ont cessé d’aller et venir entre ironie et narcissisme, auto-négation et auto-glorification. Ils ont trouvé le « point indivisible », la distance à partir de laquelle l’événement pourra se dire, l’œuvre se construire


Nécessité de la patience dans la relation aux autres, passer la vague de l’enthousiasme pour éviter les combats de divinité. Pierre se prenant pour Dieu et voulant prendre Jésus à part.
Croix, unique chemin de dialogue entre ciel et terre, de même qu’elle évite toute autodivinification « facile » elle invite finalement au vrai dieu qui se refuse à être obstacle aux hommes. Par la croix, le sujet ne s’exprime jamais seul mais le monde peut apparaître dans une langue nouvelle.
L’art consiste à discerner si c’est nous qui parlons ou si c’est l'événement qui résonne en nous... Si nous ne comprenons pas cela, c’est le chemin de l’orgueil, de l’enthousiasme et de la mélancolie. Méfions nous de nos modèles. Chantre rappelle que Jésus annonce qu’il faut le suivre, non l’imiter. Cela fait de lui un homme différent. Il communique différemment sa divinité. Apres l’annonce de sa divinité, il parle de sa passion et part en retraite et discrétion
Et suivre le Christ, c’est aller vers sa croix. Et c’est le risque (rarement pris) de voir l’oeuvre à bonne distance, car il conduit à la passion. Copier le christ, c’est Kirilov des Démons de Dostoievski. L’artiste imite le retrait du Fils, comme le Fils imite le retrait du père. Encore et toujours, cela permet à l'Evénement de trouver ses mots.
Exemples de Proserpine et Daphné, du Bernin à la galerie Borghese, refusant de devenir qu’un corps ou une image et qui s’échappent aux mains de ceux qui voulait les détenir. Incarnation et retrait.
L’Incarnation est l'Evènement !







mercredi 5 juin 2013

La marquise d'O - Eric Rohmer

La marquise d'O



Mehr Licht  !!!!

Attention, beauté…
Traduction cinématographique d’une pièce de théâtre de Kleist, nous devrions être en plein romantisme allemand débridé et fol… Et nous avons ici, une ode à l’humilité, à la grâce, à la mesure, à la vertu pour nos corps aux esprits bouillonnant… Le romantisme allemand comme ouverture à la lumière naturelle…
Pourquoi tant de beautés, de retenus, de plans fantastiques, une langue qui vibre encore et encore en nous…
Des situations drôles, émouvantes, terribles, philosophiques. C’est trop beau. Oui, trop.
Les situations que vit la marquise d’O… sont terribles. Un siège, un viol inconnu d'elle-même et découvert par une grossesse improbable, les pleurs d’une mère, la honte de sa famille, l’amour du Graf, la découverte incongrue de sa grossesse. L’isolement, les jeux de sa mère, le pardon et la contrition d’un père. La découverte du graf, l’inflexibilité et l’acceptation de la réalité dans la joie et l’amour. Tout est trop beau.
Chaque minute est pesée, chaque plan est dessinée (inspiration évidente de tableaux du 19eme siècle romantique). Chaque émotion est vécue, chaque personnage a un sens. Le 19eme siècle débutant est sous nos yeux. Nous le touchons. La guerre en dentelle, la politesse prussienne, les coupes de cheveux, la recherche de vertu. Même la rencontre avec des personnalités moins gracieuses sont remplis de merveilles de malice et d'humour (Le docteur et la sage femme). Rohmer nous fait découvrir que les soucis vertueux des personnages n’est pas une posture mais notre chair qui parle. Rohmer nous convertit au romantisme allemand nous le rendant tres charnel, donne un sens à chaque seconde, son amour de la langue et de la culture allemande s’épanouit. Nous voulons être comme le graf, nous voulons rencontrer les parents de la marquise. Emouvants et amusants. Nous voulons rencontrer la marquise et être à la hauteur des qualités dont elle fait preuve… Mais je deviens fou… Revenons sur terre…
Je suis redevenu petit enfant face à ce film. Sensible et aspirant aux hauteurs. J’ai ri de la froideur gênée de la famille. Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer face à la découverte de la grossesse. Je me suis émerveillé devant la sagesse de la sage femme. Face à la culpabilité du graf, j’étais déchiré. J’étais joyeux quand il fallait l’être. Le cinéma est définitivement liturgique…
Et dans tout cela ??? au fait ? un sens  ? J’en suis bien indigne… Mais la question de la paternité se pose là ! La complexité humaine est criante ! La femme est mise en question, notre désir masculin itou. La famille est au cœur…La chasteté est célébrée, malgré tout.... L'incarnation est partout.
Le personnage du Graf est pour cela bien mystérieux. Nous le voyons comme la marquise, comme un ange descendu des cieux.  Nous savons assez rapidement qu’il a violé la marquise dans son sommeil. Nous savons qu’il  a vécu une expérience de la résurrection où la marquise tenait un rôle clé. Son amour pour la marquise est il spontané à son retour ? devoir ou nature ? amour ou réalisation. Ce film a encore tellement de mystère pour moi…
J’en retiens d’abord l’expérience paradisiaque et tourmentée de sa vision.
Comment croire que l’auteur du roman s’est suicidé à 35ans au bord du Wahnsee ? Le monde n’était il pas assez beau ?

A noter
Le graf est il russe ? Peu de signe extérieur pour le croire.
Rohmer en général russe ????
Que tu es belle Marquise !
Le cocher.
Le coup de feu.
La rigueur morale de l’époque, est elle une illusion d’optique ? Est elle juste ? Que faire vraiment en ce cas ?
Plans extérieur, plan intérieur, d’où viennent ces lumières ?





lundi 3 juin 2013

Arino et l'homosexualité

Succombons à l'actualité....
Il y a beaucoup de débats intéressants, de personnalité émergentes, d'interrogations nouvelles, de réactions étonnantes liés à l'actualité du mariage pour tous...
Je ne peux pas encore tout résumer ou mettre en valeur.
Je souhaiterais m'arrêter tout de même sur Philippe Arino.
Se déclarant homosexuel et catholique, il a développé depuis quelques années une réflexion intense sur les mythes homosexuels à partir d'une observation des représentations des homosexuels d'eux-mêmes pour tenter d'atteindre une explication ou plutôt de trouver un sens a l'homosexualité. Son site est une mine d'or de connaissances, de pensées subtiles et...spirituelles car Arino trouve au final que l'Eglise est l'institution de la parole juste sur le sujet. Arino nous aide à faire ce chemin...

Le débat des derniers mois l'a bien sur mis en avant. Plus original, il a été déçu par la tournure de la manifestation pour tous. Sa stratégie de fond n'étant selon lui que médiocre puisque se refusant d'attaquer au coeur de la problématique du désir homosexuel. On lui a reproche sa haine de soi car il remet de fond en comble la perception moderne de l'homosexualité. Ou bien de mégalomane car sa déception serait le signe qu'il n'ait pas été mis suffisamment en valeur.

Je crois surtout qu'Arino est conscient d'avoir formulé une perspective cohérente et même  révolutionnaire sur la question qui finalement n'est jamais touchée explicitement car effrayante.
Cohérente car en s’interrogeant sur sa propre homosexualité, Arino met en valeur une vision globale de la sexualité humaine. Je pense qu'il a de bonnes raisons d'être mégalomane.... (et puis je parie que c'est un girardien...)


Plus bas, je souhaiterais garder ici certaines observations ou réflexions de Philippe Arino. Pour conclure, je crois qu'Arino, mieux que quiconque avant, dans ce débat remet la question de la chasteté au centre de la question. En quoi, cette vertu soi disant religieuse, est une des vertus essentielles que notre époque a sacrifiée en jetant aux orties le fait de la différence des sexes et en mettant en valeur les pulsions.
L'inverse de la chasteté, c'est l'inceste. Inceste qui dans une vision plus globale représente ce stade de déliquescence humaine ou tout n'est plus que violence, indifférenciation, illusion de toute puissance.
La lecture de cette conference de Xavier Thevenot est une obligation sur ce sujet.
Respect absolu des personnes homosexuelles, refus des liens de causalité enfermant, mais lucidité sur le désir homosexuel.


Refusons Big mother

(Sinon, à lire aussi l'article de Jérémy Marie sur le sujet)
-------------

Sur je l'ai dit

Sur la manipulation des homosexuelles


 Si les personnes homosexuelles sont portées aux nues et sont devenues avec le temps les dindons de la farce sincère de nos gouvernants gay friendly soucieux de booster leur carrière politique finissante, c’est, je crois, pour deux raisons très simples : d’une part parce qu’elles sont souvent violentes du fait d’avoir été violentées et d’être tenues dans l’ignorance de ces violences (du coup, elles en deviennent socialement impressionnantes, terrorisantes ; elles sont des matraques idéologiques parfaites pour n’importe quel gouvernant sans envergure qui veut masquer sa mauvaise gestion du pays) ; et d’autre part parce qu’elles sont faibles (la grande majorité d’entre elles ne savent pas réfléchir, sont fragiles psychologiquement, réagissent à l’affectif, n’ont pas les moyens intellectuels de se révolter contre le rôle qu’on leur fait jouer, contre leurs chaînes qu’on leur présente comme un cadeau ou une belle parure dont elles peuvent être fières : les instruments de pouvoir idéaux, en somme ! Facilement manipulables). De par le lourd secret de souffrances sociales (viols, divorces, adultères, crises économiques et morales, perte de Réel, etc.) dont notre désir homosexuel est le signe, nous, personnes homosexuelles servons de rideau à fleurs et d’objets de chantage affectif parfaits ! Tant que nous n’ouvrons pas la bouche et que vous ne vous penchez pas sur nos actes et notre existence intime, nous serons le cauchemar de vos nuits, croyez-le ! Et pour des sujets sociaux qui n’ont apparemment rien à voir avec notre homosexualité ! Nos gouvernants nous utiliserons pour imposer au Peuple toutes les lois de bio-éthique qui flattent leur libéralisme et leur libertarisme infantiles !

 Sur le deni de la difference des sexes.


Le grand ennemi des pro-mariage-pour-tous, c’est la différence des sexes
Quand je discute avec les pro-mariage-pour-tous, je constate qu’ils ont quitté le Réel à un détail tout simple : ils ne reconnaissent pas la différence des sexes comme une réalité humaine, et qui plus est, une réalité positive et aimante. Pour eux, dire que dans le monde, il y a des hommes et des femmes, non seulement c’est bête tellement c’est évident, mais ça ne fait pas sens, c’est de la fiction et de l’idéologie. Et à leurs oreilles, l’expression « différence des sexes » résonne comme le mal absolu. C’est le signe qu’ils se trouvent face à un ennemi homophobe. Parce que pour eux, la différence des sexes n’est pas une réalité corporelle que chaque être humain porte sur lui par sa sexuation, n’est pas une réalité psychique et psychologique, n’est pas une réalité d’amour, n’est pas une réalité sociale. Ils la voient comme une nouvelle théorie abstraite faite pour les embêter et les soumettre, comme une invention patriarcale bourgeoise, comme une théorie homophobe, comme un clivage de domination de l’homme sur la femme, comme un destin anatomique, comme l'hétérosexualité voire la bisexualité, comme un conditionnement culturel ou, beaucoup plus « positivement », comme des rôles non-prédéfinis, comme un champ d’exploration et d’auto-détermination artistique, scientifique, techniciste, amoureuse, cinématographique. En les écoutant et en essayant de discuter avec eux sur la différence des sexes, je vois bien que nous n’évoquons pas la même chose, que nous ne sommes pas sur le même registre, même si nous employons a priori la même expression. Moi, je parle de la réalité biologique, concrète et souvent aimante, de la différence des sexes ; et eux me parlent des images – en générale stéréotypées et violentes – de la différence des sexes. Je parle de Réel ; eux me parlent de « regards », d’intentions, de médias, de « rôles », de « clichés » (à déconstruire). Ils sont enfermés dans un cinéma, emprisonnés dans leur monde télévisuel et internétique. Ils nient la réalité de la différence des sexes parce qu’ils voient bien qu’elle n’est ni complètement biologique, ni complètement culturelle. Elle est l’alliance des deux, un cadre d’amour idéal que si le biologique et le culturel s’acceptent mutuellement. Au final, ils lui reprochent de ne pas être une réalité totalitaire, mais d’être seulement un trésor fragile, une promesse d’Amour.
------
Sur les points communs entre l'homosexualite et l'handicap physique, point de vue de Jean Baptiste Hibon 
"Le Système H.

J'ai rencontré Philippe Ariño cet automne, après avoir vu une vidéo où il analysait l'homosexualité, appuyé sur son expérience personnelle, qu'il livre avec une simplicité bouleversante. J'ai repéré aussitôt la convergence de nos pensées alors qu'il décrivait une situation apparemment éloignée de la mienne. Ainsi j'ai découvert que l'homosexualité éclaire la sexualité de tout être humain, tout comme le handicap éclaire la réalité de chacune de nos vies ! Ces deux réalités objectives, subies, peuvent paraître inimaginables à bien des gens... Pourtant, quand une différence est vécue dans l'exigence de la vérité, elle éclaire toutes les dimensions de la personne humaine. Je cite Philippe Ariño: «Reconnaître que la structure identitaire et amoureuse homosexuelle est lacunaire ne réduit en rien les personnes qui le portent en « espèce » ni en « malades ». Simplement, le désir homosexuel est une blessure qui, si on s'y adonne (...) peut (...) créer ou agrandir ce handicap. Il est possible (...) de s'installer ou non dans son handicap : tout individu humain, même très limité, reste libre d'assumer ce que la vie et les événements lui ont imposé. Personne n'est totalement victime des handicaps qu'il porte à plus ou moins long terme. » Cette rencontre m'a émerveillé, car c'est le désir de reconnaître la personne dans sa réalité et sa liberté, sans illusions ni victimisation, qui nous réunit. En frères du système H."
--------

Trouve sur dico on line



Heterosexuel/homosexuel, ce sont des mots jumeaux qui ne font qu'une personne

"La naissance de l’hétérosexualité comme de l’homosexualité marque la place grandissante qu’ont occupée dans le monde la médecine légale, la psychologie, la psychiatrie, la sociologie, la littérature sentimentale et le cinéma, entre 1830 et les années 2000. Au fond, elle est la conséquence d’une idéologie très fortement marquée par la pensée des Lumières, qui proclamait l’Homme-sans-Dieu comme unique maître de sa propre existence, qui érigeait sur un piédestal les sentiments et les sciences au service de la construction de ce qui allait devenir l’individualisme mécaniste moderne. L’homosexuel et l’hétérosexuel du XIXe siècle sont des personnages sentimentaux et sensibles mais sans désir, qui ont un passé bien précis, une histoire pré-définie, un caractère privé de mystère et de joie, une morphologie glacée, une anatomie pouvant être disséquée par la science."
La différence des orientations sexuelles est illusoire, comme le montre les faux frères ennemis homo, hetero... Il n'y a qu'une différence des sexes et la possibilité des couples hommes femmes aimants.
Homo : machisme peinturlure de rose
Le couple femme/homme aimant n'est pas hétérosexuel (modèle de l'homme femme objet, couple fusionnel et violent)


-----------
Big mother is watching you
Société maternante est une tendance favorisant l'homosexualité avec le maternalisme désexualisant.
Mépris de la force masculine. (les faibles deviennent violents et donc mépris de sa vraie douceur)  et impossibilité du sexe.
------------

existence d'une homosexualité de circonstance :
Celle-ci apparaît lors de contextes politiques particuliers, souvent déshumanisés, misérables et dictatoriaux, forçant aux rapprochements des corps : une guerre, une incarcération, une abstinence sexuelle imposée, une vie cloîtrée dans un pensionnat ou une caserne, une soirée trop arrosée, une société permissive ouverte à la pornographie et imposant la tyrannie de l’hédonisme, de l’orgasme, et de l’euphorie perpétuelle, etc. Elle est généralement temporaire, elle est toujours le signe du viol de l'espace privée par l'espace social.
Désir de viol planétaire :
Le désir homosexuel témoigne d’une fascination-dégoût pour un régime totalitaire finissant et une société à venir qui n’annonce pas des jours meilleurs.L’homosexualité marque la présence d’un désir de l’avènement ou de l’éradication totale d’un avant ou d’un après-drame fantasmé.
Si cette proximité ne semble absolument pas être le fruit du hasard, elle n’est pas à mettre du côté de l’identité ni de la causalité, mais simplement de l’illustration, des désirs de réalités fantasmées, et des coïncidences. Elle met en lumière que ce qui est monté du peuple allemand – la haine et la violence généralisées – était prêt à éclore. Au milieu du noir, les personnes homosexuelles sont de bons voyants roses pour indiquer que le peuple est sur le point d’installer un dictateur à sa tête et de vivre des utopies les plus obsolètes qu’il proposera.
S’il existe un lien entre désir homosexuel et crises sociales, il n’est que de coïncidence. La seule chose que nous sommes habilités à dire, c’est que le désir homosexuel émerge les paravents humains qui signalent la proximité du drame en le masquant.

----


Se prendre pour Dieu
Se faire passer pour les nouveaux Christs (clip Dolan et Indochine)
Homosexualité, abomination dans la Bible car orgueil. Fantasme d'auto-genèse. sexualité auto-suffisante. Osmose platonicienne idéalisatrice de l'androgyne

Destruction des femmes
Haine jalouse envers la femme réelle qu'ils confondent avec la femme cinématographique. Adoration véritable de la femme qui peut mener à la destruction.
Regard intégriste imagé de la femme

Coït et viol
Désir et acte homosexuel est un éloignement du réel.
Prévalence des intentions et des sentiments sur l'amour en actes.
La distance entre sujet et objet se réduit. radicalement, c'est le désir d'absorber l'autre. de faire disparaître l'autre

Cannibalisme :
St Thomas d'Aquin fait le lien entre gourmandise et acte homosexuel. Désir d'absorber. de dévorer et d'être dévoré....

Lien entre bobo et homosexualité
il fait semblant d'agir, opposition molle. le manque de désir et la haine de soi/des autres, sous prétexte de défense du naturel.
Contradiction du porte monnaie et des tendances politiques mais aussi au niveau du désir, du fantasme et de l'apparence, le vivre pour soi...
Etre bobo, c’est être puriste sans chercher à être pur. C’est rechercher la Nature, la Vérité, la Réalité, l’Amour, la transcendance, par les mauvais moyens, c’est-à-dire en évacuant Dieu de sa vie et en se mettant à sa place. Pour le coup, l’Homme bobo est surtout un être qui manque de Désir, un révolté triste et « indigné », un individu qui oscille entre des phases de grandes violences et des phases d’anesthésie planante de drogué, un révolutionnaire frustré qui tue mal son ennui parce qu’il panique pour le sort du monde sans réellement le changer. D’un certain côté, il est touchant étant donné qu’il aspire à une radicalisme, à une authenticité, à un retour aux sources, à la paix, à l’humanisme, à une spiritualité ; mais il est aussi hypocrite, pathétique, et puant dès que son élan premier de grands changements, en théorie louable, se fige en diktat politique, en esthétisme, en égocentrisme « bouddhisant »
Humanisme sans Dieu.

faux intellectuel
Mépris de la masse, isolement par haute vision de son intelligence.
Intellectuel par défaut car fuite dans les livres par la peur des autres...
Élève sage, prétentieux et solitaire.
Mais tout est cultureux et finalement artificiel, il n'attaque jamais la question frontale du désir et des mythes homosexuels.
Lien avec nominalisme


Liens entre désir homosexuel et viol : uniquement de coïncidence
Soudain l'été dernier, Fre.Mitterand,
Je crois en effet que le désir homosexuel est né d’un viol fantasmé – et parfois réel –, et de la hantise désirante de son retour. À mon sens, le viol doit s’entendre également comme le fait d’être pris pour Dieu (et non une créature humaine), pour quelqu’un d’autre que soi, pour une photocopie, pour une moitié d’homme, pour un Homme invisible, pour un objet, pour un mythe.
Beaucoup se sont dites intérieurement que leur fantasme de viol, une fois représenté sur elles-mêmes, pouvait être une manière d’être reconnues et d’exister en tant que fétiche sacré. Elles recourent à un fantasme violent pour exister aux yeux d’autrui.
Ce fantasme ressemble à l’enthousiasme qu’il est fréquent d’observer chez les jeunes enfants demandant aux adultes de leur entourage « de les attraper » et de les pourchasser, même si évidemment, ils désirent sans se le formuler explicitement que le viol reste uniquement sur le terrain du jeu et de la représentation.