jeudi 24 janvier 2013

De la France, Cioran

Trouvé sur le site du nouveau réac et du point, ces extraits de "de la France" de Cioran, auteur que je connais à peine. Je suis troublé de voir écrire avec une telle clarté mes propres sentiments sur mon pays. Je suis peut-être trop influençable, mais je suis touché en plein coeur, le sentiment de lire ce que j'attendais sur le sujet. Et dire que tout cela a été écrit en 1941....
(cafard de l'agonie, absence de mythe, gloire de l'a-cosmique, intelligence et refus de la tragédie, désormais sans foi apparente, le passage de la mythologie vers son abstraction : signe de la décadence)

A Lire en écoutant les suites françaises de Bach....








Un des vices de la France a été la perfection – laquelle ne se manifeste jamais aussi clairement que dans l’écriture. Le souci de bien formuler, de ne pas estropier le mot et sa mélodie, d’enchaîner harmonieusement les idées, voilà une obsession française. Aucune culture n’a été plus préoccupée par le style et, dans aucune autre, on n’a écrit avec autant de beauté, à la perfection. Aucun Français n’écrit irrémédiablement mal. Tous écrivent bien, tous voient la forme avant l’idée. Le style est l’expression directe de la culture. Les pensées de Pascal, vous les trouvez dans tout prêche et dans tout livre religieux, mais sa manière de les formuler est unique ; son génie en est indissociable. Car le style est l’architecture de l’esprit. Un penseur est grand dans la mesure où il agence bien ses idées, un poète, ses mots. La France a la clé de cet agencement. C’est pour cela qu’elle a produit une multitude de talents. En Allemagne, il faut être un génie pour s’exprimer impeccablement, et encore !


Existe-t-il un peuple moins sentimental ? Le cœur du Français ne s’attendrit qu’aux compliments bien tournés. Sa vanité est immense ; au point que la flatter peut même le rendre sentimental.

Chez les Français, les instincts sont atteints, rongés, la base de l’âme, sapée. Ils furent jadis vigoureux – des croisades à Napoléon -, les siècles français de l’univers. Mais les temps qui viennent seront ceux d’un vaste désert ; le temps français sera lui-même le déploiement du vide. Jusqu’à l’irréparable extinction. La France est atteinte par le cafard de l’agonie.

Le prolétariat [français] lui-même est infecté par le manque de mission, par l’ombre historique du pays. Du frémissement bouleversant des masses modernes, il n’a retenu que les revendications matérielles, claironnant ses besoins et sa haine.

Si la France a encore une raison d’être, c’est de mettre en valeur le scepticisme dont elle est capable, de nous donner la clé des incertitudes ou de moudre nos certitudes. À vouloir redresser quelque chose, elle ne s’exposerait qu’à l’ironie ou à la pitié. Les forces d’un nouveau credo se sont depuis longtemps éteintes en elle. Elle n’a rien raté de son passé. Mais si elle refusait son destin alexandrin, elle raterait sa fin. Et ce serait dommage.

Les héros homériques vivaient et mouraient ; les snobs de l’Occident discutaient du plaisir et de la douleur. Français des croisades, ils sont devenus Français de la cuisine et du bistrot : le bien-être et l’ennui.

Qu’est-ce que la Décadence, qu’est-ce la France ? Du sang rationnel. Il la place dans une situation de contraste par rapport aux « primitifs », qui ne doivent pas être entendus seulement dans les arts, mais sur tous les plans de l’esprit. La France est tout ce qu’il y a de moins primitif, c’est à dire de frais, de direct, d’absolu. Le stade originel d’une civilisation est caractérisé par la relation naïve à l’objet et aux valeurs. Un « primitif » crée sans le savoir, sans obsession technique ou réflexion esthétique, à partir de l’instinct qui le place dans la vie des choses. Il est l’homme qui vit dans l’extase de l’objet. C’est pourquoi sa vision est si peu problématique et si peu contaminée par les doutes et la conscience.
Au stade crépusculaire d’une civilisation, le doute remplace l’extase, et les réflexes ne servent plus de réponse immédiate à la présence des objets. Nous nous trouvons aux antipodes des époques primitives. L’artiste devient un savant de la perception – par dégoût du regard – et l’homme une créature parallèle à elle-même. Autrefois, il respirait dans les mythes ou en Dieu ; à présent, dans les considérations faites à leur sujet.

La France a opposé l’élégance à l’infini. De là tous les mérites et toutes les déficiences de son génie.

Lorsque l’Europe sera drapée d’ombres, la France demeurera son tombeau le plus vivant.


Je ne crois pas que je tiendrais aux Français s'ils ne s'étaient pas tant ennuyés au cours de leur histoire. Mais leur ennui est dépourvu d'infini. C'est l'ennui de la clarté . C'est la fatigue des choses comprises .

Tandis que, pour les Allemands, les banalités sont considérées comme l'honorable substance de la conversation, les Français préfèrent un mensonge bien dit à une vérité mal formulée.

Tout un peuple malade du cafard. Voici le mot le plus fréquent, aussi bien dans le beau monde que dans la basse société. Le cafard est l'ennui psychologique ou viscéral ; c'est l'instant envahi par un vide subit, sans raison-alors que l'ennui est la prolongation dans le spirituel d'un vide immanent de l'être. En comparaison, Langeweile[l'ennui] est seulement une absence d'occupation.

Le siècle le plus français est le XVIIIe. C'est le salon devenu univers, c'est le siècle de l'intelligence en dentelles, de la finesse pure, de l'artificiel agréable et beau. C'est aussi le siècle qui s'est le plus ennuyé, qui a eu trop de temps , qui n'a travaillé que pour passer le temps.

Comme je me serais rafraîchi à l'ombre de la sagesse ironique de Mme du Deffand, peut-être la personne la plus clairvoyante de ce siècle ! "Je ne trouve en moi que le néant et il est aussi mauvais de trouver le néant en soi qu'il serait heureux d'être resté dans le néant." En comparaison, Voltaire, son ami, qui disait : "Je suis né tué", est un bouffon savant et laborieux. Le néant dans un salon, quelle définition du prestige !

Chateaubriand-ce Français britannique comme tout Breton-fait l'effet d'une trompe ronflante à côté des effusions en sourdine de l'implacable Dame. La France a eu le privilège des femmes intelligentes, qui ont introduit la coquetterie dans l'esprit et le charme superficiel et délicieux dans les abstractions.

Un trait d'esprit vaut une révélation. L'une est profonde mais ne peut s'exprimer, l'autre est superficiel mais exprime tout. N'est-il pas plus intéressant de s'accomplir en surface que de se désarmer par la profondeur ? Où y a-t-il plus de culture : dans un soupir mystique ou dans une "blague" ? Dans cette dernière, bien sûr, quoiqu'une réponse alternative soit la seule qui aille.

Qu'a-t-elle aimé, la France ? Les styles, les plaisirs de l'intelligence, les salons, la raison, les petites perfections. L'expression précède la Nature. Il s'agit d'une culture de la forme qui recouvre les forces élémentaires et, sur tout jaillissement passionnel, étale le vernis bien pensé du raffinement.

La vie-quand elle n'est pas souffrance-est jeu.

Nous devons être reconnaissants à la France de l'avoir cultivé avec maestria et inspiration. C'est d'elle que j'ai appris à ne me prendre au sérieux que dans l'obscurité et, en public, à me moquer de tout. Son école est celle d'une insouciance sautillante et parfumée. La bêtise voit partout des objectifs ; l'intelligence, des prétextes. Son grand art est dans la distinction et la grâce de la superficialité. Mettre du talent dans les choses de rien-c'est-à-dire dans l'existence et dans les enseignements du monde-est une initiation aux doutes français. La conclusion du XVIIIe siècle non encore souillé par l'idée de progrès : l'univers est une farce de l'esprit. [...]

La divinité de la France : le Goût. Le bon goût. Selon lequel le monde-pour exister-doit plaire ; être bien fait ; se consolider esthétiquement ; avoir des limites ; être un enchantement du saisissable ; un doux fleurissement de la finitude.

Un peuple de bon goût ne peut pas aimer le sublime, qui n'est que la préférence du mauvais goût porté au monumental. La France considère tout ce qui dépasse la forme comme une pathologie du goût. Son intelligence n'admet pas non plus le tragique, dont l'essence se refuse à être explicite, tout comme le sublime. Ce n'est pas pour rien que l'Allemagne- das Land den Geschmacklosigkeit [le pays du mauvais goût]-les a cultivés tous les deux : catégories des limites de la culture et de l'âme. [...]

Le péché et le mérite de la France sont dans sa sociabilité. Les gens ne semblent faits que pour se retrouver et parler. Le besoin de conversation provient du caractère a-cosmique de cette culture. Ni le monologue ni la méditation ne la définissent. Les Français sont nés pour parler et se sont formés pour discuter. Laissés seuls, ils bâillent. Mais quand bâillent-ils en société ? Tel est le drame du XVIIIe siècle.

C'est une culture a-cosmique, non sans terre mais au-dessus d'elle. Ses valeurs ont des racines, mais elles s'articulent d'elles-mêmes, leur point de départ, leur origine ne comptent pas. Seule la culture grecque a déjà illustré ce phénomène de détachement de la nature-non pas en s'en éloignant, mais en parvenant à un arrondi harmonieux de l'esprit. Les cultures a-cosmiques sont des cultures abstraites. Privées de contact avec les origines, elles le sont aussi avec l'esprit métaphysique et le questionnement sous-jacent de la vie.

L'intelligence, la philosophie, l'art français appartiennent au monde du Compréhensible. Et lorsqu'ils le pressentent, ils ne l'expriment pas, contrairement à la poésie anglaise et à la musique allemande. La France ? Le refus du Mystère.

Elle ressemble davantage à la Grèce antique. Mais, alors que les Grecs alliaient le jeu de l'intelligence au souffle métaphysique, les Français ne sont pas allés aussi loin, ils n'ont pas été capables-eux qui aiment le paradoxe dans la conversation-d'en vivre un en tant que situation.
Deux peuples : les plus intelligents sous le soleil.

L'affirmation de Valéry selon laquelle l'homme est un animal né pour la conversation est évidente en France, et incompréhensible ailleurs. Les définitions ont des limites géographiques plus strictes que les coutumes. [...]

Un peuple sans mythes est en voie de dépeuplement. Le désert des campagnes françaises est le signe accablant de l'absence de mythologie quotidienne. Une nation ne peut vivre sans idole, et l'individu est incapable d'agir sans l'obsession des fétiches.

Tant que la France parvenait à transformer les concepts en mythes , sa substance vive n'était pas compromise. La force de donner un contenu sentimental aux idées, de projeter dans l'âme la logique et de déverser la vitalité dans des fictions-tel est le sens de cette transformation, ainsi que le secret d'une culture florissante. Engendrer des mythes et y adhérer, lutter, souffrir et mourir pour eux, voilà qui révèle la fécondité d'un peuple. Les "idées" de la France ont été des idées vitales, pour la validité desquelles on s'est battu corps et âme. Si elle conserve un rôle décisif dans l'histoire spirituelle de l'Europe, c'est parce qu'elle a animé plusieurs idées, qu'elle les a tirées du néant abstrait de la pure neutralité. Croire signifie animer.

Mais les Français ne peuvent plus ni croire ni animer. Et ils ne veulent plus croire, de peur d'être ridicules. La décadence est le contraire de l'époque de grandeur : c'est la retransformation des mythes en concepts .

Un peuple entier devant des catégories vides-et qui, des mains, esquisse une vague aspiration, dirigée vers son vide spirituel. Il lui reste l'intelligence, non greffée sur le cœur. Donc stérile. Quant à l'ironie, dépourvue du soutien de l'orgueil, elle n'a plus de sens qu'en tant qu'auto-ironie.

Dans sa forme extrême, ce processus est caractéristique des intellectuels. Rien, cependant, n'est plus faux que de croire qu'eux seuls ont été atteints. Tout le peuple l'est, à des degrés variés. La crise est structurelle et mortelle. [...]

Aux périodes où une nation est à un point culminant apparaissent automatiquement des hommes qui n'ont de cesse de proposer des directives, des espoirs, des réformes. Leur insistance et la passion avec laquelle ils sont suivis par la foule témoignent de la force vitale de cette nation. Le besoin de régénération par la vérité et par l'erreur est propre aux périodes florissantes. Un écervelé comme Rousseau représente un comble d'effervescence. Qui se soucie encore de ses opinions ?

Pourtant, leur tumulte nous intéresse encore en raison de leur écho et de sa signification. Une apparition de cette ampleur est aujourd'hui inconcevable. Le peuple n'attend rien. Alors, qui lui proposerait quelque chose, et quoi ? Les peuples ne vivent réellement que dans la mesure où ils sont gavés d'idéaux, dans la mesure où ils ne peuvent plus respirer sous trop de croyances. La décadence est la vacance des idéaux, le moment où s'installe le dégoût de tout ; c'est une intolérance à l'avenir -et, en tant que tel, un sentiment déficitaire du temps, avec son inévitable conséquence : le manque de prophètes et, implicitement, le manque de héros.[...]

Les Français se sont usés par excès d'être . Ils ne s'aiment plus, parce qu'ils sentent trop qu'ils ont été. Le patriotisme émane de l'excédent vital des réflexes ; l'amour du pays est ce qu'il y a de moins spirituel, c'est l'expression sentimentale d'une solidarité animale. Rien ne blesse plus l'intelligence que le patriotisme. L'esprit, en se raffinant, étouffe les ancêtres dans le sang et efface de la mémoire l'appel de la parcelle de terre baptisée, par illusion fanatique, patrie.

Comment la raison, retournée à sa vocation essentielle-l'universel et le vide-, pourrait-elle encore pousser l'individu dégoûté d'être citoyen vers l'abêtissement des palabres de la Cité ? La perte de ses instincts a scellé pour la France un grandiose désastre inscrit dans le destin de l'esprit.

Si, au soir de la civilisation gréco-romaine, le stoïcisme répandit l'idée de "citoyen du monde" parce que aucun idéal "local" ne contentait l'individu rassasié d'une géographie immédiate et sentimentale, de même, notre époque-ouverte, en raison de la décadence de la plus réussie des cultures-aspirera à la Cité universelle, dans laquelle l'homme, dépourvu d'un contenu direct, en cherchera un lointain, celui de tous les hommes, insaisissable et vaste.

Lorsque se défont les liens qui unissaient les congénères dans la bêtise reposante de leur communauté, ils étendent leurs antennes les uns vers les autres, comme autant de nostalgies vers autant de vides. L'homme moderne ne trouve que dans l'Empire un abri correspondant à son besoin d'espace. C'est comme un appel à une solidarité extérieure dont l'étendue l'opprimerait et le libérerait en même temps. De quoi une patrie le nourrirait-elle ? Quand il porte tant de doutes, n'importe quel coin du monde devient un havre. [...]

L'arrachement aux valeurs et le nihilisme instinctif contraignent l'individu au culte de la sensation. Quand on ne croit à rien, les sens deviennent religion. Et l'estomac finalité. Le phénomène de la décadence est inséparable de la gastronomie. Un certain Romain, Gabius Apicius, qui parcourait les côtes de l'Afrique à la recherche des plus belles langoustes et qui, ne les trouvant nulle part à son goût, ne parvenait à s'établir en aucun endroit, est le symbole des folies culinaires qui s'instaurent en l'absence de croyances. Depuis que la France a renié sa vocation, la manducation s'est élevée au rang de rituel. Ce qui est révélateur, ce n'est pas le fait de manger, mais de méditer, de spéculer, de s'entretenir pendant des heures à ce sujet. La conscience de cette nécessité, le remplacement du besoin par la culture-comme en amour-est un signe d'affaiblissement de l'instinct et de l'attachement aux valeurs. Tout le monde a pu faire cette expérience : quand on traverse une crise de doute dans la vie, quand tout nous dégoûte, le déjeuner devient une fête. Les aliments remplacent les idées. Les Français savent depuis plus d'un siècle qu'ils mangent. Du dernier paysan à l'intellectuel le plus raffiné, l'heure du repas est la liturgie quotidienne du vide spirituel. La transformation d'un besoin immédiat en phénomène de civilisation est un pas dangereux et un grave symptôme. Le ventre a été le tombeau de l'Empire romain, il sera inéluctablement celui de l'Intelligence française. [...]

Un pays tout entier qui ne croit plus à rien, quel spectacle exaltant et dégradant ! Les entendre, du dernier des citoyens au plus lucide, dire avec le détachement de l'évidence : "La France n'existe plus", "Nous sommes finis", "Nous n'avons plus d'avenir", "Nous sommes un pays en décadence", quelle leçon revigorante, quand vous n'êtes plus amateur de leurres ! Je me suis souvent vautré avec volupté dans l'essence d'amertume de la France, je me suis délecté de son manque d'espoir, j'ai laissé rouler mes frissons désabusés sur ses versants. Si elle a été, des siècles durant, le coeur spirituel de l'Europe, l'acceptation naturelle du renvoi à la périphérie l'enjolive maintenant d'une vague séduction négative. Pour qui recherche les déclivités, elle est l'espace consolateur, la source trouble où s'abreuve la fièvre inextinguible. Avec quelle impatience ai-je attendu ce dénouement, si fécond pour l'inspiration mélancolique ! L'alexandrinisme est la débauche érudite comme système, la respiration théorique au crépuscule, un gémissement de concepts-et le moment unique où l'âme peut accorder ses ombres au déroulement objectif de la culture... »









lundi 21 janvier 2013

Maximilien Kolbe par Philippe Maxence

Philippe Maxence nous propose une vie de Maximilien Kolbe. Saint polonais de l'Eglise catholique.

L'auteur nous présente un exposé descriptif de sa vie. De son enfance pauvre dans la région de Łódz à sa mort héroïque à Auschwitz.
Philippe Maxence avec de bonnes sources d'information (mais une trop souvent médiocre transcription de mots et de noms polonais...) nous retracent les principaux instants de sa vie.

Nous voyons passer sa jeunesse dans une famille très pieuse dans une Pologne qui n'existe plus. Trois frères naîtront à la fin du XIXeme siècle. C'est une famille humble, commerçante. Chose rare, l’Église permettra la séparation du couple afin que le père et la mère deviennent eux-mêmes novices dans un couvent. Entre temps les trois frères ont voulu devenir franciscains dans leur adolescence. Maximilien est bien noté, il a parfait ses études à Rome pendant la guerre. Guerre qui chamboule tout. Pendant celle ci, son père (qui y mourra) et son frère quittent les ordres pour se battre. Après avoir fortifié sa théologie et s'être abreuvé au bon lait de Rome, il rentre en Pologne.
Très rapidement, la spiritualité de Maximilien (né Raymond) est mariale, passionné par l'immaculée conception, il aime Catherine Labourée et la médaille miraculeuse, Sainte Bernadette et les apparitions de Lourdes, Gemma Galgani, Louis-Marie Grignon de Monfort, Marguerite-Marie Alacoque. Il aime la conversion d'Alphonse Ratisbonne et l’Évangélisation. L'Evangélisation du monde entier, du peuple, des gens riches, des juifs, des asiatiques, des musulmans mais surtout des francs maçons.

Il est en droite ligne de l'encyclique Humanum Genus de Leon XIII écrite en 1884. Le terme "franc-maçon" en plus de représenter cet homme d'une confrérie cachée aimant l'occultisme, cristallise en un sens toute la modernité, le relativisme et l'individualisme théologique montant à cette période. Le père Maximilien ne perd aussi jamais une situation pour évangéliser personnellement, il décidera petit à petit de monter sa milice de l'Immaculée et de la soutenir par un courrier, un journal puis un quotidien afin de préserver de la franc-maçonnerie le peuple catholique ainsi que d'évangéliser ceux-là même. En rentrant en Pologne, et malgré une perpétuelle maladie, il commencera à créer à Grodno puis dans un champs dont les franciscains seront propriétaires, à Niepokalanów à 40 km de Varsovie. Passionné de technique, de distribution et d'organisation, il va développer son journal dans des proportions folles.  150 000 exemplaires et toujours et encore plus, plus de 700 frères travaillant sur le lieu.
Au début des années 30, le père a une idée folle, il souhaite partir en Asie évangéliser en masse grâce toujours à l'inclination universelle vers l'immaculée conception. Il s'embarqua pour 5 ans de Japon cherchant à évangéliser au nom de l'immaculée conception. Après quelques mésaventures, il reviendra s'occuper de sa grande imprimerie. Mais la guerre le prend. Prisonnier, libéré, re-prisonnier. Clairement désigné par son autorité, sa responsabilité et son outil de soft power, il sera conduit à Auschwitz. Peu de temps après, une évasion a lieu, un gradé allemand souhaite punir par exemple une dizaine de prisonnier. Parmi eux, un homme récrimine, Franciszek Gajowniczek. Il a des enfants et une femme et le crie. Le père Maximilien demande à être pris à sa place. Il mourra dix jours plus tard empoisonnés par l'administration du camp pour l'achever lui et les autres après dix jours d'abandon...



-------------------------------
Le titre du livre de Mr Maxence ne comporte pas le terme saint. On peut le comprendre dans le sens que ce livre ne sera pas une hagiographie ni un livre de prière mais une recherche sur l'homme, le prêtre, le journaliste et le martyr.

Il est évident que Mr Maxence a de l'admiration pour son sujet, de la curiosité pour son profil pourfendeur d'hérésie par le papier. il apprécie son souci omniprésent d'évangélisation, son sens de la technologie, son opiniâtreté, sa grande vertu et encore plus particulièrement dans les moments les plus exigeants. (Japon, Guerre, relation avec le frère aîné). Malgré tout, nous avons un drôle de sentiment en lisant le livre. Il ne nous le rend que très peu sympathique.... Peu d'humour apparent, mégalomanie, grande confiance en soi et "brouillage" théologique. Le livre insuffle le doute sur la vie de notre saint homme (sauf sur sa mort).
Il y a deux choses.
Je dois faire attention à la première. Je suis très peu sensible à la spiritualité de Maximilien Kolbe, peut être que Mr Maxence ne la met pas assez en valeur. Son terme de milice de l'immaculée est un bon exemple. Milice me semble inappropriée.  Ensuite l'Immaculée lui semble être la clé qui lui ouvrira toutes les portes des coeurs des hommes au Christ... Il est curieux encore qu'il trouve que Grignon ne va pas assez loin quand il propose à la Vierge d'être son esclave, lui inscrira dans la règle de la milice de l'immaculée qu'il faut être sa chose. Bon exemple de ce que je ne comprend pas chez ce drôle de bonhomme... Ce que Grignon dit pour subvertir les règles des précieux français, Maximilien prend tout cela au sérieux et va trop loin.
Ensuite le caractère du père Kolbe me semble impossible. C'est le bon élève auquel il manquerait de l'humour. Il semble réussir tout, il a des aspirations très hautes mais ses solutions semblent abracadabrantes. Nous le voyons traverser le monde toujours malade et à moitié mort et cherchant à plaquer la recette de l'Immaculée Conception dans tous les coeurs non encore convertis. Cela peut aller à l'absurdité.

La question de la franc-maçonnerie est importante. En tant que catholique, je comprends la condamnation actuelle de la part de l'Eglise et croit voir des intentions malines de cette institution contre l'Eglise catholique. Mais faut-il voir dans celle-ci, la personnification et la source de tous les maux modernistes ? Je ne vois pas les francs-maçons comme source mais plutôt comme conséquence et accompagnement de ce que la modernité peut apporter comme pensée et institution. Bref, j'ai toujours l'impression que cette époque chasse l'ombre pour la proie...

Tout semble affaire de volonté et de processus et non accueil de la grâce, des gens, de la pauvreté personnelle qui transforme tout en surprise,  on devine chez Maximilien son obnubilation de l'évangélisation quantitative, l'amour de la gestion taylordienne de son imprimerie, son plaquage de ses idées sur la complexion du vivant. Il semble toujours partir à la chasse à la sainteté... Nous ne savons pas si le père Kolbe est un homme heureux, ce qu'il aime lire, si il aime rire. Rencontre manquée ou personnage bien mystérieux ? Chien fou toujours malade comme tend à le montrer ce portrait au japon ?



Gardons malgré tout le souvenir de cet homme droit, se comportant avec une incroyable justesse dans les pires situations, sa confiance en Dieu et le sens du sacrifice de lui-même. En ce sens, sa sainteté doit nous édifier. Et son dernier portrait peut même nous réconcilier avec lui, nous distinguons un tout petit sourire ironique. Ne se moque t il pas enfin de lui même ? C'est en effet ce qu'on avait un peu envie de faire de temps en temps....


Paul VI avec Franciszek Gajowniczek entourés des Cardinaux Wojtyla et Wyszyński



vendredi 18 janvier 2013

Freud et Girard, quelques éléments de réflexion

Nous avons tous une connaissance diffuse de Freud... Personnellement, je fus toujours attiré et horrifié par les conséquences de sa pensée. Le sentiment que la psychologie tient la vérité par le petit doigt mais ne l'embrasse pas.
Je voudrais soumettre quelques études ci-dessous. Des fiches de lectures de Scriptoblog (Jeff Carnac beaucoup...) et une critique de Jérémy Marie.

J’ai lu la violence et le sacré, il y a trop longtemps…Je devrais le relire mais entre temps, j’ai trouvé des petits éléments qui me permettent de confronter René Girard et Sigmund Freud. Onfray, mine de rien, sera un des fils directeurs, il permet probablement de voir ce que peut être un extrême inverse de Freud et de concevoir un juste milieu girardien.

Que croire quand nous pensons qu’Œdipe est une victime sacrificielle ? Que faire quand nous prenons au sérieux la phrase de Jésus sur la croix ? « Pardonne leur seigneur, il s ne savent pas ce qu’ils font ». Comment résister quand nous pensons comme Girard dans un texte paru dans géométrie du désir (P218) « La sexualité n’est pas, comme le croyait Freud, le principale ressort de notre existence, mais un miroir qui la reflète en totalité. C’est ce miroir que nous tend le roman contemporain. Et nous y voyons apparaître, de plus en plus nettement, l’échec de l’entreprise prométhéenne. »



Oui, Girard, me semble au tout début de mes recherches ce qui peut libérer l’intuition freudienne, l’épurer, la concrétiser…

Quelques extraits…


Extraits Fiche de lecture d’Onfray, crépuscule des idoles sur scriptoblog

Onfray accuse Freud d’avoir plongé l’esprit occidental dans un rapport magique au monde. Sa philosophie est caractérisée par une dénégation inconsciente du corps, dont le primat accordé au psychisme n’est que le masque. Ce déni du corps traduit, en profondeur, un refus de l’incertitude, une volonté obstinée de ne pas concéder à l’humain sa part de mystère : l’inconscient freudien est une pure abstraction, qui se révèle par des phénomènes que l’existence de cette abstraction permet de relier arbitrairement. Le discours freudien est donc celui d’une reconstitution artificielle d’un monde parallèle, où le pouvoir du mage transcende les limites de la connaissance humaine. C’est une pensée magique, et, plus grave, c’est le point de départ d’un univers sectaire : le monde freudien, déconnecté du réel, fournit en réalité un placebo à des malades eux-mêmes atteints d’une semblable déconnexion. Le psychanalyste ne guérit pas, il cautionne la maladie, il la rend acceptable par son patient. Fondamentalement, c’est de la magie noire.

Cette magie, explique Onfray, est dangereuse parce qu’elle repose sur un ensemble de mythes agissants. Si vous vivez dans un monde où l’on vous dit que tout est sexe, au bout d’un moment, dans votre esprit, tout sera effectivement sexe (surtout si ce discours vous libère d’un puritanisme étouffant). Si vous vivez dans un monde où l’on analyse toute relation comme perverse, alors toute relation deviendra effectivement perverse (surtout si vous vivez dans un monde dont les structures socio-économiques sont réellement perverses). Et si en plus, vous vivez dans un monde où les tenants des thèses en question pratiquent l’intimidation à l’égard de quiconque ne partage pas leurs certitudes, vos réflexes d’obédience viendront renforcer l’impact pathogène du discours sectaire dans lequel votre société est enfermée. Ne perdons pas de vue qu’à travers le Comité Secret de la Société psychologique et ses ramifications à travers toute l’Europe, la psychanalyse s’est, très tôt, organisée comme une franc-maçonnerie particulièrement sectaire, dont les affidés chassaient en meute – d’où la dictature intellectuelle des milieux freudiens dans les intelligentsias.

Sous cet angle, on sort de la lecture d’Onfray avec en tête une hypothèse : Freud se rattache peut-être à la catégorie des faiseurs « d’horribles miracles », pour parler comme René Girard – il crée une peste, la répand dans la société en jouant sur les mimétismes, et se vante ensuite de pouvoir guérir du mal qu’il a lui-même créé. C’est en effet ainsi, explique Girard dans « Je vois Satan tomber comme l’éclair », que procédaient les thaumaturges du paganisme tardif – dans les catégories chrétiennes, Freud serait donc un faux prophète, un antéchrist.



Extrait fiche La route antique des hommes pervers de Girard par Scriptoblog

Comment s’est déroulée la chute de l’idole Job ? Girard résume sa théorie mimétique : l’idole a été ce que les idolâtres avaient envie d’être, par admiration, et ils sont entrés en concurrence dans l’admiration ; pendant longtemps, ils ont vénéré l’idole pour être elle par délégation, et ils se sont détestés parce qu’ils se faisaient concurrence ; puis, à la première erreur, ils ont fait chuter l’idole pour être elle à la place d’elle, et se sont réconciliés dans son sacrifice. Ainsi, l’instinct de mort et l’instinct de plaisir, le thanatos et l’éros, ont la même origine. Le péché d’idolâtrie ne s’est donc pas « sublimé », au sens de Freud, mais bel et bien confondu avec la pulsion de mort. Girard, à sa manière, rejoint la remarque de Jung sur le « mariage avec l’ombre » - Girard, lui, parle d’un « orgasme naturel de la violence », qui constitue « la première des techniques et leur mère à toutes, la technique du bouc émissaire ».

Extrait fiche Violence et sacré de Girard par Scriptoblog

La fin de « La violence et le sacré » est consacrée à une critique du freudisme. Pour Girard, Freud, par son pansexualisme, s’est dissimulé à lui-même le caractère mimétique du lien père/fils, pour centrer l’ensemble de la psychanalyse sur le complexe d’Œdipe. Girard répond : le fils veut être le père à la place du père, et désirer ce que désire le père ; et la mère, au final, n’est dans cette relation principale fondatrice qu’un objet de désir parmi d’autres. Et le fils ne peut pas avoir conscience, dans la petite enfance, du fait que cette identité de désir fonde une rivalité. Ainsi, fonder l’ensemble de la psychanalyse, comme le fait Freud, sur la seule question du désir incestueux revient à mettre en avant un élément parmi d’autres, qui, dans la psyché, ne se distingue au départ en rien des autres. Et Girard de conclure qu’il faut désormais construire une autre psychanalyse : celle des rivalités mimétiques, au sens large, au sein desquelles le complexe d’Œdipe n’est qu’un des éléments structurants, parmi d’autres – une psychanalyse, aussi, qui restituera le désir possessif fils/mère au sein d’un autre désir, mimétique celui-là : fils/père. Une psychanalyse, enfin, qui permettra, en comprenant à quoi servent les interdits, de sortir de la conception issue du freudisme, conception selon laquelle la dissolution de la violence passe par la dissolution des interdits – alors que, explique Girard, c’est exactement le contraire.

Encore une fois, il est impossible ici d’entrer dans le détail de l’exposé final de René Girard. Le texte est si dense qu’il faudrait le recopier, on ne peut pas le synthétiser sans le trahir. Et comme il est fort long, on ne le citera pas. On incitera plutôt le lecteur de cette courte note à se reporter à l’ouvrage source, en se souvenant que l’enjeu réel du travail de Girard est énorme : il s’agit de libérer la religion du Fils de l’emprise perverse exercée par la religion de la Mère.



Œdipe mimétique de Mark Anspach vu par Jérémy Marie tel que je l’ai trouvé sur Amazon

Voilà un subtil ouvrage. Claude Tresmontant disait "La clarté est l'honneur de l'intelligence" et ce livre remplit cette maxime à la lettre, à la manière d'un décryptage policier du mythe oedipien. Plus qu'une analyse ou une synthèse brillante qui en finit une bonne fois pour toutes avec le complexe de Freud, il s'agit-là d'une vraie composition qui prend tout son sens à la fin.
Le lecteur gravit les échelons - Girard accompagne et Anspach assure la montée. Il va plus loin que Girard dans le domaine du complexe dit "oedipien". Tout d'abord, quelques précisions nécessaires : Girard n'a jamais voulu faire de la théorie mimétique un "système" :
"Loin d'être encyclopédique au sens de Hegel, Marx et autres constructeurs de système du XIXe siècle, ma thèse déconstruit la culture humaine, en un sens plus radical que celui des déconstructions linguistiques."

Le problème oedipien, dans ce cas de figure, va beaucoup plus loin que d'apparents petits problèmes universels humains. Anspach rappelle Cuddily qui "soutient que tout le discours psychanalytique sur le refoulement des pulsions cachées peut être lu comme une sorte d'allégorie de l'expérience du juif contraint à déguiser son identité s'il veut "passer" dans le monde des "manières" chrétiennes"
Il y a de fait de superbes intuitions sur le "ça" ; au cri de "sale juif !", Freud répond "sale chrétien !"
Oedipe et Judas sont une seule et même personne, ici.

"En postulant l'universalité du complexe d'Oedipe, Freud a rendu universel le rôle du bouc émissaire, faisant des juifs et des chrétiens à la fois des parricide incestueux."

Il y a le livre de Onfray et il y a le livre de Anspach. Il y a la critique de Freud qui entend retourner au panthéisme grec sans le (sa)voir et il y a l'Oedipe mimétique. D'un côté, ceux qui cassent un mythe pour en secréter d'autres sans s'en rendre compte, possédés par un athéisme littéraire ; de l'autre, ceux qui en comprennent la substance pour en corriger les vilaines bêtes.
Lisez les deux et choisissez... en "conscience".

Pour la bonne bouche....
Freud, Jung et Girard sur Scriptoblog encore...

lundi 14 janvier 2013

l'année 2013 - Benoit XVI - Artisan de Paix

Artisans de paix

Rares sont les textes qui sont aussi exigeants que consolateurs. C’est en effet les deux sentiments vécus à la lecture du texte de Benoit XVI pour la nouvelle année 2013. Il médite sur la paix, la vie sociale des hommes. On pourrait s’arrêter à la défense de la vie, du mariage, à l’attaque contre une certaine mentalité libérale dans l’économie. Mais il est beau de voir la cohérence de ce texte qui n’est ni angélique ni ne prend la pose fataliste. Confiance, c’est dur, mais l’espérance est belle et c’est de l’activité née de cette espérance que l’on sera artisan de paix. Et que nous vivrons le royaume de Dieu. Ce royaume où la violence n’existe pas…


------

D’abord, il y a notre vocation à la paix et notre déception face à un monde qui n’ l’apporte pas… Que faire ?
-Être cohérent spirituellement, matériellement, socialement et individuellement.
-Etre sensible à la transcendance désirée par l’homme, refuser le relativisme qui mène souvent à la lutte pour le profit et le pouvoir. -Il faut lutter contre les péchés et les structures injustes, saisir la dimension sociale de l’homme.
-Défendre la vie dans son ensemble, la naissance, la mort, le mariage, le travail (renouvelons les bases de la politique économique mondiale) et le sens de bien commun.
Comment la préparer ? La famille, l’école, l’Eglise. Quelle est la pédagogie de cette paix ? Une vie intérieure riche, une morale et des modèles précis. La tolérance ne suffit pas, il faut comprendre la violence, le pardon, comprendre l’histoire. Évitons les idoles, soyons rempli de compassion, d’action de courage. Jésus est bien sur le modèle et le but de notre recherche de paix. Dieu solidaire de l’homme.

--------
Résumé par partie

1Une nouvelle année porte l’attente d’un monde meilleur. Notre monde en situation de mondialisation (avec qualités et défauts) doit s’adapter dans l’engagement collectif pour le bien commun. Ex de l’inquiétude face à l’inégalité des revenus due à un capitalisme incontrôlée et une mentalité individualiste ou encore face à la montée de la violence terroriste. Pourtant l’aspiration à la paix est partout et le symbole d’une vie comblée. « L’homme est fait pour la paix qui est don de Dieu. »
Méditons l’extrait des béatitudes, heureux les artisans de paix….

2 La béatitude consiste plutôt en l’accomplissement d’une promesse adressée à tous ceux qui se laissent guider par les exigences de la vérité, de la justice et de l’amour. Le partage des béatitudes, c’est participer à la vie comme Jésus la pense et donc naturellement heureuse. La paix est donc aussi bien messianique qu’œuvre humaine. Elle est construction d’un vivre-ensemble en termes rationnels et moraux. Elle nécessite « Un humanisme ouvert à la transcendance ». Le pape appelle le monde moderne à prendre de la distance avec les théories soi disant pratique ne laissant à l’homme que la place de rouage et qui laisse la part belle au profit, au pouvoir. La paix nécessite l’abandon des théories relativistes.

3 La paix c’est la paix avec Dieu, sérénité avec soi même et le prochain. C’est par la connaissance de l’homme, et donc de son désir de transcendance du bien et de la justice divine que l’homme peut devenir artisan de paix et lutter contre le péché qui provoque le structures injustes, l’égoïsme, la violence, avidité, volonté de puissance.
La paix nécessité un retour de la compréhension de la dimension sociale de l’homme. Enfin la paix n’est pas une utopie mais une construction humaine car désir dans tous les cœurs humains. La venue de Jésus nous permet d’avoir un cœur nouveau, de vivre de véritables conversions. Tout individu ou communauté peut devenir artisan de paix car c’est une réalité qui touche les hommes à tous les niveaux de bien commun des différentes sociétés, de plus petites au monde entier.

4 Toute défense de la paix trouve sa cohérence dans la défense de la vie dans sa plénitude, dans sa dimension personnelle, communautaire et transcendante. Et dans la défense de celle-ci à chacune de ses étapes. Sommes-nous cohérents quand nous parlons de paix et promouvons l’avortement, les structures non-naturelles du mariage et l’euthanasie. Ensuite le pape signale les nouvelles difficultés de la liberté religieuse, non des difficultés d’existence mais d’exprimer et de matérialiser sa pensée religieuse. (remise en cause d’une certaine laïcité). Enfin, le pape souligne les dangers de la pensée libérale dans le monde du travail où les travailleurs ne deviennent plus que des rouages et où les fonctions fondamentales sociales de l’état sont rognées pour le bénéfice d’une théorie du marché, d’une finance et d’une logique économique. Cette défense de la paix passe par une réflexion renouvelée pour une politique d’un travail pour tous.

5 Le pape appelle à un nouveau regard sur l’économie ? Quel sont nos biens ? Nous avons des idoles si nous substituons le bien essentiel (Dieu) aux autres biens. La crise actuelle est le signe que notre monde économique n’est pas artisan de paix. Il faut profiter de cette crise pour créer du nouveau.
« Le modèle prévalant des dernières décennies postulait la recherche de la maximalisation du profit et de la consommation, dans une optique individualiste et égoïste, tendant à évaluer les personnes seulement par leur capacité à répondre aux exigences de la compétitivité. Au contraire, dans une autre perspective, le succès véritable et durable s’obtient par le don de soi, de ses propres capacités intellectuelles, de son esprit d’initiative, parce que le développement économique vivable, c’est-à-dire authentiquement humain, a besoin du principe de gratuité comme expression de fraternité et de la logique du don. »
Comment relier notre activité économique au bien commun général, qui va au-delà de notre intérêt propre ? Alerte sur la crise alimentaire et les spéculateurs 


6 Comment préparer cette paix ? La famille chrétienne of course. Pour cela, protégeons le rôle des parents. L’Eglise aussi éduque vers la paix par l’apprentissage de la rencontre avec Jésus et la lutte contre l’injustice. L’école et l’université doit être présente pour construire les nouveaux outils d’un monde de paix, inviter à un renouvellement aux questions de développement du bien commun, celui-ci considéré comme un ensemble de relations interpersonnelles et institutionnelles positives, au service de la croissance intégrale des individus et des groupes, est à la base de toute éducation véritable à la paix.

7 Comment proposer la pédagogie de la paix en effet? Celle-ci exige une vie intérieure, morale, des références, des comportements précis, un sens du bien commun. L’éducation à la tolérance ne suffit plus. Compréhension de la violence, sens du pardon. Cela demande d’élever le débat, de renouveler la vision de l’histoire. Evitons toujours les idoles et soyons des êtres d’action, de compassion, de solidarité, de courage et de persévérance. Jésus incarne ces vertus, il est aussi ce qu’il faut trouver dans ce monde, Dieu solidaire des hommes.

Seigneur, fais de nous des instruments de paix, pour porter ton amour, là où il y a la haine, le pardon là où il y a l’offense, la vraie foi là où il y a le doute.

vendredi 11 janvier 2013

Elite ?


Je souhaite souligner le texte de Lounès Darbois sur l'élite française. Il comporte certains excès, et confond peut-être démocratisation de comportement, règle pseudo élitaire avec la véritable élite française. Mais son observation de la transformation de cette "élite", de sa vulgarité, de son absence de philosophie est bien représentatif de notre époque, de son illusion et fait surgir en moi ce soupir qui se déclare naturellement : "Tout cela n'est pas tenable..." Je suis en parti d'accord avec lui même si il y a beaucoup de classes différentes à l'intérieur même de l'élite. Disons qu'il tente d'approcher les plus snob.... Non ?

A lire aussi le compte-rendu de memento mouloud


Si l’élite est la classe sociale qui a vocation à occuper des postes de direction et d’encadrement, aujourd’hui en France, quelle est sa nature, quelle direction nous montre-t-elle ? Quelle est sa foi ?


1 description générale

Bling bling, conformiste intellectuel et politique, gagnent de l’argent pour être riche après une ESC. Très adaptés, cyniques assumés, initiés aux intrigues de bureaux. Ce sont des citoyens universels avec des mentalités de technocrate, ils confondent beauté de la langue et figure de style boursouflée.
En passant du bourgeois traditionnel à bourgeois-bohème, l'élite a montré par là son manque de responsabilité vers la société et son refus de maintien et créant un style de rebelle de pacotille. Conscience humanitaire illusoire et dédiée à l’étranger qu’elle préfère à tout ce qui peut être proche. Elle est animée d’une sainte colère car elle aime montrer avec la persuasion du faux engagement ses valeurs floues (Respect, tolérance) mal fondées (professionnalisme) ou dangereuses (transparence). Tout ce qui leur permet de croire maîtriser un monde qu’ils ne comprennent finalement plus.

2 L’apparence


C’est la classe exhibitionniste à l’encontre de toute modération et réfractaire à la sobriété. Tout comme la peinture abstraite peut devenir un repère d’escroc, de même les dédaigneux de la tradition d’élégance se replient sur le streetwear et « la classe ». Comme toujours, elle recherche la facilité et refuse d’être exemple d’autorité. Croyant éviter toute tradition, elle n’est que fille de la mode et la compulsivité. Elle a perdu toute pudeur face à l’argent et le sexe, elle a perdu tout maintien du corps et du langage et n’a gardé comme projet de vie que celui d’en jouir. Bref, elle porte le sceau de la vulgarité.

3 Son isolement ontologique.

Ses individus sont isolés de toute notion géographique et géologique, dépendant d'une énergie extérieure. Dépendant de la notion de plaisir, seul motivation quand il n’y a plus de projet, ni de réflexion métaphysique et cosmologique.
La pensée est limitée et structuré par quelques mensonges stables, culpabilité du monde occidental et du passé, antiracisme, quelques axiomes sur la politique, la religion et la condition humaine jamais remis en cause et c’est à peu près tout.
Encore une fois, elle se coupe de tout héritage et ne transmet que peu. Fuite vers l’abstrait qui se confirme par son gout pour la solidarité lointaine, le secteur tertiaire et son manque de gout général pour les sciences dures.
Au travail, elle rend des services inutiles pour des entreprises de services, compte rendu, procédures, processus. Ce n’est pas si grave si le travail est limité, s’il y a prestige sociale et suffisamment de loisir accessible.

Bien évidemment cette élite se retourne contre elle-même mais contre la base aussi. Carences morales et rationnelles, vulgarité (signe de son isolement de tout héritage et de vision à long terme.)

Au final, c’est l’absence d’humilité qui la caractérise le mieux. La vertu racine de toutes les vertus. A force de garder la subversion comme posture conformiste, la linéarité des modèles est entaillée, l’élite se meurt par perte de sang progressive… Que voulons-nous transmettre ?

mercredi 9 janvier 2013

Playtime - Jacques Tati




Jacques Tati - 1967
Bonheur de l’image, amour des gens, étonnement sur la vie… Malheur de la modernité…
Voici les ingrédients de ce film beau, bon et nous rendant beaux et bons à la fois.
Pourquoi, sentons-nous une telle magie ?
De quoi cela parle-t-il ?
De pas grand-chose pendant 2h30… On suit seulement une jeune et belle touriste américaine et Mister Hulot et leurs observations du monde moderne qui se lézarde sous les coups de la clownerie naturelle des hommes.
Ils vont se croiser et se recroiser dans ce qui est le nouveau Paris et qui ressemble à toutes les grandes villes. Aéroport, open space, restaurant chic et snob en construction, route, traffic, maison et vitrine, foire commerciale. Architecture moderne de la fin des années 60. 
Dans ces différents décors, nous découvrons les merveilleux progrès des hommes et comment ceux-ci s’adaptent avec sérieux à  toutes ces transformations. Mais ce qui caractérise le mieux ce film, c’est l’inadaptation humaine à cette modernité… Chassez le naturel il reviendra au galop. S’il ne montre pas son malheur, on observe l’emprisonnement de cette modernité. Sommes-nous que des objets ?... (Mr Hulot rencontre son rendez vous seulement dans la rue et non dans les bureaux). Le restaurant reste peut être le moment le plus délicieux… Pagaille, quiproquo, dance, raté, humour et à la fin hymne au désordre, à la fête improvisée, joyeuse et folle… Est-ce la que l’américaine aura finalement vu la France ?
Il est difficile de résumer un tel film… Notre bonheur s’y développe à chaque détail succulent, nos habitudes de vie, nos comportements humains transformés par la modernité. On passe le film comme dans un rêve ou bien une liturgie, nous sommes emportés par les détails harmonieux de la ville, incrédule face à une telle virtuosité de l’humour et des détails…
Merci beaucoup Mr Tati ! Vous êtes miséricordieux.

N’oublions pas…
Tous ces petits rôles…
Défense de l’individu, des gens simples.
Architecture pour que tout le monde ait l’air sérieux et autonome alors que personne ne l'est vraiment... C'est cet homme improbable que Tati cherche et ne trouve pas ou alors sous la forme du fou ou du snob...

lundi 7 janvier 2013

Cyril Pedrosa - Portugal

Bande dessinée de 2011 en Trois partie. 

1 Tout se casse la gueule dans la vie d'un dessinateur, perte de sens globale sur sa vie, son travail, son amour. Un séjour au Portugal où il a des racines lui donne l'intuition de racines propres et de mystère familial. La branche à laquelle il se retient.
                                                                           2 Fête familiale en France, se forcer et se gratiner toute sa (petite) famille, prendre du bon temps et se coltiner leurs névroses, les écouter quand ils parlent sérieusement et se retrouver soi-même et ses origines dans leurs confidences plus ou moins conscientes.                                                                                                          3 Retour aux sources et recherche psycho-généalogiques. Revoir les cousins que l'on n'a pas vu depuis 20ans, apprendre la langue de son grand père, s'approcher du drame de leur époque et de leur vie. Sélectionner ce qui est bon et se fondre dans la lumière portugaise.....                                                                                         Il fut bon de partager quelques heures avec Simon Muffat, on n'en sait pas beaucoup plus sur l'humanité en refermant le livre mais nous avons fait un beau voyage dans la subjectivité de l'auteur, de blessures narcissiques en sérénité psychologique et surtout dans la lumière du Portugal.

jeudi 3 janvier 2013

Alain Souchon - Ecoutez d'où ma peine vient

Disque reçu il y a 3 ans que j'ai réécouté par hasard, c'est le dernier album d'Alain Souchon. Quelle surprise.... Il n'y a presque rien à jeter. Chaque chanson à quelque chose pour plaire. On passe un peu de temps d'intimité et de passion. C'est ce qui fait le charme des auteurs de chansons, art mineur mais si important pour notre vie quotidienne. Un bon album de chansons ressemble à un bon repas passé à converser avec un ami où avec une heureuse rencontre. Ici je suis avec Souchon, c'est un homme que j'ai toujours connu. Je me souviens surtout d'un vinyle qui ne cessait de traîner à la maison. J'ai donc l'impression d'écouter un vieil ami de la famille pour qui j'aurais une tendresse folle et que j'aurais toujours plaisir à écouter et en qui, soudain, je me reconnaîtrais encore plus et découvrirais certaines facettes inconnues qui me le rendrais plus aimable, plus intime.... Il nous parle de sa génération gâtée et inconsciente qui a transformé ses rêves en gloutonnerie ou en violence (Rêveur, parachute doré, popopo)

Les amour déçus (la compagnie, 8m²), la nostalgie (Sidi Ferouch). "Notre monde (ma génération, les amours, notre société) est triste (partage de ce sentiment avec F. Sagan), j'ai peut être participé à son enlaidissement, je suis vieux et je n'ai aucune sagesse."

"Ecoutez d'où ma peine vient". 

Nous voudrions te consoler malgré tout (peut être, est-ce ce que tu désires ?) Non, Alain, tu participes souvent à rendre notre monde plus beau.

1. Rêveur
2. Les Saisons
3. Écoutez d'où ma peine vient
4. Elle danse
5. La Compagnie
6. 8 m2
7. Parachute doré
8. Sidi Ferouch
9. Oh la guitare
10. Bonjour tristesse
11. Popopo



Ecoutez d'où ma peine vient

Les saisons


rêveur

elle danse

la compagnie

8m²

 parachute doré

 sidi ferrouch

bonjour tristesse

 popopo