Jacques Tati - 1967
Bonheur de l’image, amour des gens, étonnement sur la vie… Malheur de la modernité…
Voici les ingrédients de ce film beau, bon et nous rendant
beaux et bons à la fois.
Pourquoi, sentons-nous une telle magie ?
De quoi cela parle-t-il ?
De pas grand-chose pendant 2h30… On suit seulement une jeune
et belle touriste américaine et Mister Hulot et leurs observations du monde moderne qui se lézarde sous les coups de la clownerie naturelle des hommes.
Ils vont se croiser et se recroiser dans ce qui est le
nouveau Paris et qui ressemble à toutes les grandes villes. Aéroport, open space,
restaurant chic et snob en construction, route, traffic, maison et vitrine,
foire commerciale. Architecture moderne de la fin des années 60.
Dans ces différents décors, nous découvrons les merveilleux progrès
des hommes et comment ceux-ci s’adaptent avec sérieux à toutes ces transformations. Mais ce qui
caractérise le mieux ce film, c’est l’inadaptation humaine à cette modernité…
Chassez le naturel il reviendra au galop. S’il ne montre pas son malheur, on
observe l’emprisonnement de cette modernité. Sommes-nous que des
objets ?... (Mr Hulot rencontre son rendez vous seulement dans la rue et
non dans les bureaux). Le restaurant reste peut être le moment le plus
délicieux… Pagaille, quiproquo, dance, raté, humour et à la fin hymne au
désordre, à la fête improvisée, joyeuse et folle… Est-ce la que l’américaine
aura finalement vu la France ?
Il est difficile de résumer un tel film… Notre bonheur s’y
développe à chaque détail succulent, nos habitudes de vie, nos comportements
humains transformés par la modernité. On passe le film comme dans un rêve ou
bien une liturgie, nous sommes emportés par les détails harmonieux de la ville,
incrédule face à une telle virtuosité de l’humour et des détails…
Merci beaucoup Mr Tati ! Vous êtes miséricordieux.
N’oublions pas…
Tous ces petits rôles…
Défense de l’individu, des gens simples.
Architecture pour que tout le monde ait l’air sérieux et autonome alors que personne ne l'est vraiment... C'est cet homme improbable que Tati cherche et ne trouve pas ou alors sous la forme du fou ou du snob...
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