mardi 1 janvier 2013

Schoendoerffer, mon adolescence

Il est toujours curieux de se demander qui sont les personnes nous ayant véritablement formé. Le temps de l'adolescence est propice à cette formation, c'est le temps de la malléabilité  contrairement à l'enfance qui est le temps de la foi pure et parfaite envers les parents. Qui furent nos médiateurs internes ou externes? On est toujours honteux de les admettre.

En m'informant de nouveau sur Pierre Schoendoerffer, je me rendis compte brutalement de son importance lors de mes lectures d'adolescents et de jeune homme. Le Crabe-tambour, La Haut, surtout furent deux œuvres qui me marquèrent profondément.


Ci-dessous deux petits films pour se rappeler le personnage
Sur cette vidéo, il présente son dernier film d'alors, l'honneur d'un capitaine (1982). Le film évoque la découverte d'une femme de la vie de son mari mort pendant la guerre d'Algérie et le procès de l'honneur de celui-ci déshonoré médiatiquement pour son comportement lors de la guerre. C'est l'occasion pour elle de découvrir la guerre. Schoendoerffer, utilise là aussi  ses propres films qu'il a réalisé lors du conflit indochinois. Si il parle de la lassitude de la France lors de ses guerres, il montre aussi son soucis de partager l'expérience humaine essentielle de la violence et de la guerre.
Cette vidéo nous permet de connaître mieux notre homme, son attachement aux ancêtres, à sa région, à son enfance, son désir d'ailleurs qui le conduit à devenir marin, son apprentissage de la rectitude. Sur son bateau de jeune marin, il ressent un appel plus fort à partager, rêver les gens et à révéler l'humanité sur elle-même. Il veut être artiste ? Mais quel art ? Pourquoi pas le cinéma puisque il l'aimait tant... Il va partir 3 ans comme cinéaste de guerre. Pouvoir partir, suivre l'exemple familial, faire la guerre comme formation humaine et examen de passage. Et en effet, expérience la plus importante de sa vie. Découverte de l'extrême orient, sa nature et ses peuple et beaucoup de jeunes français qui en avait l'amour. Il y a découvert l'amitié. L'avilissement du prisonnier, l'évasion. Toute vie est une aventure dangereuse et terrible et exprimable dans les situations dramatique. Je n'aime pas la guerre, mais la condition humaine et la guerre montre à la fois, la discipline de la vie et la présence de la mort.
Responsabilité de la diffusion, la parole, l'image, l'écrit est grave. Je ne suis pas un homme rapide...
Je ne sais pas qui je suis, quand on se connait, ce jour là, on est mort....



On retrouve beaucoup de l’œuvre de Schoendoerffer dans ces deux vidéos et ce que j'ai appris à aimer. Le goût de l'aventure humaine, du voyage, en cela, il dialogue avec la conférence de Marc Lambret sur l'immigration dont j'ai fait une note dernièrement, l'homme est un migrant toujours en désir d'ailleurs qu'il ne trouvera jamais. L'initiation à la guerre et l'initiation à l'âge adulte. L'apprentissage douloureux de la tragédie de la vie malgré les bonheurs de l'amitié, de l'amour et de la nature. La vie est tragique, nos haines, nos histoires, nos différences, nos combats, nos prisons, nos espions, notre violence. En cela, il m'a initié à la tragédie française, du sentiment de défaite bicentenaire malgré l'illusion de 14-18. Il m'a aidé à sentir l'esprit de nos aïeux se battant dans les tranchées ou dans les anciennes colonies. Il m'a montré leur courage, leur silhouette droite, leurs illusions aussi... Il m'a fait réfléchir sur nos trahisons, la beauté d'Aurore Clément, sur une France qui n'existe plus, la beauté des matins calmes, l'équipée humaine...


 Dans "la haut", le livre, on part à la recherche d'un homme, c'est un enquête journalistique, on ne le reverra jamais, mais avec quelques photos, témoignages, en creux nous commencerons à établir une relation. Tout homme est un mystère, il faut pourtant enquêter et chercher la vérité et prendre avec soi le paradoxe de notre perception de la vie, tragédie et merveille.

Merci Mr Schoendoerffer d'avoir été présent dans ma jeunesse et de m'avoir donné un certain gout de l'absolu....
Vous n'êtes pas le médiateur ultime mais il ne fût pas si mauvais d'imiter vos désirs. Vos héros ont été pour moi des Amadis de Gaulle, je n'ai été que Don Quichotte...



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