lundi 21 janvier 2013

Maximilien Kolbe par Philippe Maxence

Philippe Maxence nous propose une vie de Maximilien Kolbe. Saint polonais de l'Eglise catholique.

L'auteur nous présente un exposé descriptif de sa vie. De son enfance pauvre dans la région de Łódz à sa mort héroïque à Auschwitz.
Philippe Maxence avec de bonnes sources d'information (mais une trop souvent médiocre transcription de mots et de noms polonais...) nous retracent les principaux instants de sa vie.

Nous voyons passer sa jeunesse dans une famille très pieuse dans une Pologne qui n'existe plus. Trois frères naîtront à la fin du XIXeme siècle. C'est une famille humble, commerçante. Chose rare, l’Église permettra la séparation du couple afin que le père et la mère deviennent eux-mêmes novices dans un couvent. Entre temps les trois frères ont voulu devenir franciscains dans leur adolescence. Maximilien est bien noté, il a parfait ses études à Rome pendant la guerre. Guerre qui chamboule tout. Pendant celle ci, son père (qui y mourra) et son frère quittent les ordres pour se battre. Après avoir fortifié sa théologie et s'être abreuvé au bon lait de Rome, il rentre en Pologne.
Très rapidement, la spiritualité de Maximilien (né Raymond) est mariale, passionné par l'immaculée conception, il aime Catherine Labourée et la médaille miraculeuse, Sainte Bernadette et les apparitions de Lourdes, Gemma Galgani, Louis-Marie Grignon de Monfort, Marguerite-Marie Alacoque. Il aime la conversion d'Alphonse Ratisbonne et l’Évangélisation. L'Evangélisation du monde entier, du peuple, des gens riches, des juifs, des asiatiques, des musulmans mais surtout des francs maçons.

Il est en droite ligne de l'encyclique Humanum Genus de Leon XIII écrite en 1884. Le terme "franc-maçon" en plus de représenter cet homme d'une confrérie cachée aimant l'occultisme, cristallise en un sens toute la modernité, le relativisme et l'individualisme théologique montant à cette période. Le père Maximilien ne perd aussi jamais une situation pour évangéliser personnellement, il décidera petit à petit de monter sa milice de l'Immaculée et de la soutenir par un courrier, un journal puis un quotidien afin de préserver de la franc-maçonnerie le peuple catholique ainsi que d'évangéliser ceux-là même. En rentrant en Pologne, et malgré une perpétuelle maladie, il commencera à créer à Grodno puis dans un champs dont les franciscains seront propriétaires, à Niepokalanów à 40 km de Varsovie. Passionné de technique, de distribution et d'organisation, il va développer son journal dans des proportions folles.  150 000 exemplaires et toujours et encore plus, plus de 700 frères travaillant sur le lieu.
Au début des années 30, le père a une idée folle, il souhaite partir en Asie évangéliser en masse grâce toujours à l'inclination universelle vers l'immaculée conception. Il s'embarqua pour 5 ans de Japon cherchant à évangéliser au nom de l'immaculée conception. Après quelques mésaventures, il reviendra s'occuper de sa grande imprimerie. Mais la guerre le prend. Prisonnier, libéré, re-prisonnier. Clairement désigné par son autorité, sa responsabilité et son outil de soft power, il sera conduit à Auschwitz. Peu de temps après, une évasion a lieu, un gradé allemand souhaite punir par exemple une dizaine de prisonnier. Parmi eux, un homme récrimine, Franciszek Gajowniczek. Il a des enfants et une femme et le crie. Le père Maximilien demande à être pris à sa place. Il mourra dix jours plus tard empoisonnés par l'administration du camp pour l'achever lui et les autres après dix jours d'abandon...



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Le titre du livre de Mr Maxence ne comporte pas le terme saint. On peut le comprendre dans le sens que ce livre ne sera pas une hagiographie ni un livre de prière mais une recherche sur l'homme, le prêtre, le journaliste et le martyr.

Il est évident que Mr Maxence a de l'admiration pour son sujet, de la curiosité pour son profil pourfendeur d'hérésie par le papier. il apprécie son souci omniprésent d'évangélisation, son sens de la technologie, son opiniâtreté, sa grande vertu et encore plus particulièrement dans les moments les plus exigeants. (Japon, Guerre, relation avec le frère aîné). Malgré tout, nous avons un drôle de sentiment en lisant le livre. Il ne nous le rend que très peu sympathique.... Peu d'humour apparent, mégalomanie, grande confiance en soi et "brouillage" théologique. Le livre insuffle le doute sur la vie de notre saint homme (sauf sur sa mort).
Il y a deux choses.
Je dois faire attention à la première. Je suis très peu sensible à la spiritualité de Maximilien Kolbe, peut être que Mr Maxence ne la met pas assez en valeur. Son terme de milice de l'immaculée est un bon exemple. Milice me semble inappropriée.  Ensuite l'Immaculée lui semble être la clé qui lui ouvrira toutes les portes des coeurs des hommes au Christ... Il est curieux encore qu'il trouve que Grignon ne va pas assez loin quand il propose à la Vierge d'être son esclave, lui inscrira dans la règle de la milice de l'immaculée qu'il faut être sa chose. Bon exemple de ce que je ne comprend pas chez ce drôle de bonhomme... Ce que Grignon dit pour subvertir les règles des précieux français, Maximilien prend tout cela au sérieux et va trop loin.
Ensuite le caractère du père Kolbe me semble impossible. C'est le bon élève auquel il manquerait de l'humour. Il semble réussir tout, il a des aspirations très hautes mais ses solutions semblent abracadabrantes. Nous le voyons traverser le monde toujours malade et à moitié mort et cherchant à plaquer la recette de l'Immaculée Conception dans tous les coeurs non encore convertis. Cela peut aller à l'absurdité.

La question de la franc-maçonnerie est importante. En tant que catholique, je comprends la condamnation actuelle de la part de l'Eglise et croit voir des intentions malines de cette institution contre l'Eglise catholique. Mais faut-il voir dans celle-ci, la personnification et la source de tous les maux modernistes ? Je ne vois pas les francs-maçons comme source mais plutôt comme conséquence et accompagnement de ce que la modernité peut apporter comme pensée et institution. Bref, j'ai toujours l'impression que cette époque chasse l'ombre pour la proie...

Tout semble affaire de volonté et de processus et non accueil de la grâce, des gens, de la pauvreté personnelle qui transforme tout en surprise,  on devine chez Maximilien son obnubilation de l'évangélisation quantitative, l'amour de la gestion taylordienne de son imprimerie, son plaquage de ses idées sur la complexion du vivant. Il semble toujours partir à la chasse à la sainteté... Nous ne savons pas si le père Kolbe est un homme heureux, ce qu'il aime lire, si il aime rire. Rencontre manquée ou personnage bien mystérieux ? Chien fou toujours malade comme tend à le montrer ce portrait au japon ?



Gardons malgré tout le souvenir de cet homme droit, se comportant avec une incroyable justesse dans les pires situations, sa confiance en Dieu et le sens du sacrifice de lui-même. En ce sens, sa sainteté doit nous édifier. Et son dernier portrait peut même nous réconcilier avec lui, nous distinguons un tout petit sourire ironique. Ne se moque t il pas enfin de lui même ? C'est en effet ce qu'on avait un peu envie de faire de temps en temps....


Paul VI avec Franciszek Gajowniczek entourés des Cardinaux Wojtyla et Wyszyński



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