lundi 10 juin 2013

Trouver la bonne distance - Benoit Chantre

Au centre de ce texte de Chantre se pose la question de l’événement ou dit autrement, qu’est ce que la rencontre personnelle ou artistique avec une œuvre ou une personne ?
Quand nous ne fuyons pas la rencontre par superstition (machinisation de l’humain ?), nous sommes toujours à mauvaise distance... Trop proche, trop loin... Ne l’avez vous jamais senti ?
Chantre lit dans l’expérience de Saint Pierre (Matthieu 16, 15) la possibilité historique et nouvelle de vivre cet événement ou bien de la rater fantastiquement. Le venue du Christ fait advenir aussi la possibilité d’un art véritable et de la rencontre véritable. Mais aussi, simultanément, la possibilité de l’art vaniteux et de la venue de l’homme moderne, le maniaco-dépressif. Celui qui ondule entre le trop près et le trop loin et dont Pierre est le précurseur. La solution ? L’annonce de la Foi, l’accueil de l’Esprit Saint et se laisser nommer par son véritable nom ; or cela conduit à la Croix, véritable point pour rencontrer Dieu, l’homme et la révélation. Au fait…. L’’événement sans cesse exprimé par Chantre se résume dans l’incarnation. Ce texte est présent pour nous en faire sentir la révolution 
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Comparaison entre Jésus et l'œuvre d'art. Les deux nous posent la même question "pour vous qui suis je ?"

Chantre lance : "L’événement est toujours possible...."

Mais qui veut vraiment la rencontre ? La superstition est par définition ce qui nous évite toute rencontre. Les signes nous permettent de fuir la rencontre et Evénement tant redouté. L'artiste est comme le mystique, il va vers la rencontre.

Bref, il nous faut répondre à l'œuvre d'art comme il faut répondre au Christ.

Mais quelle est la bonne distance pour la rencontre ? La perspective nous aide pour l'art, mais sinon, nous sommes toujours trop près ou trop loin des autres. Jésus nous indique la bonne distance.

Chantre interprète l’extrait d’Evangile : proclamer sa foi est se laisser prendre en main par Evénement (St Pierre parlant par l'Esprit Saint, " auquel on peut lier Matthieu 25,31 « Quand es-tu venu, que nous ne t’ayons pas vu") qui dit son propre nom par nous et nous donne notre vrai nom. (Simon-Pierre, et sur cette pierre...)




L'apôtre a entendu la réponse soufflée.
Jésus atteste qu’une transcendance nouvelle est en jeu dans l’intuition de Pierre.
Mais le danger rôde, et nous pouvons toujours être pris par l'obstacle (diabolos) jeté sous nos pieds au moment de répondre à la question de Jésus et de transformer la rencontre en adoration idolâtre.

Entre les deux réponses, il y a une différence grandiose, il y a la réponse soufflée et la réponse enthousiaste ("celle qui se croit inspirée par Dieu" mais qui veut seulement se l'approprier...). C'est ainsi que nous pouvons analyser la modernité. Comme Pierre, nostalgique de la réponse soufflée, elle développe une réponse enthousiaste entraînant une déception d'avoir cru pouvoir nommer l’événement Notre époque devient maniaco-dépressive, toujours plus fortement envahi de rêves prométhéens ou de mélancolie profonde.

L’artiste et le saint ont quitté ce cercle infernal. Ils ont cessé d’aller et venir entre ironie et narcissisme, auto-négation et auto-glorification. Ils ont trouvé le « point indivisible », la distance à partir de laquelle l’événement pourra se dire, l’œuvre se construire


Nécessité de la patience dans la relation aux autres, passer la vague de l’enthousiasme pour éviter les combats de divinité. Pierre se prenant pour Dieu et voulant prendre Jésus à part.
Croix, unique chemin de dialogue entre ciel et terre, de même qu’elle évite toute autodivinification « facile » elle invite finalement au vrai dieu qui se refuse à être obstacle aux hommes. Par la croix, le sujet ne s’exprime jamais seul mais le monde peut apparaître dans une langue nouvelle.
L’art consiste à discerner si c’est nous qui parlons ou si c’est l'événement qui résonne en nous... Si nous ne comprenons pas cela, c’est le chemin de l’orgueil, de l’enthousiasme et de la mélancolie. Méfions nous de nos modèles. Chantre rappelle que Jésus annonce qu’il faut le suivre, non l’imiter. Cela fait de lui un homme différent. Il communique différemment sa divinité. Apres l’annonce de sa divinité, il parle de sa passion et part en retraite et discrétion
Et suivre le Christ, c’est aller vers sa croix. Et c’est le risque (rarement pris) de voir l’oeuvre à bonne distance, car il conduit à la passion. Copier le christ, c’est Kirilov des Démons de Dostoievski. L’artiste imite le retrait du Fils, comme le Fils imite le retrait du père. Encore et toujours, cela permet à l'Evénement de trouver ses mots.
Exemples de Proserpine et Daphné, du Bernin à la galerie Borghese, refusant de devenir qu’un corps ou une image et qui s’échappent aux mains de ceux qui voulait les détenir. Incarnation et retrait.
L’Incarnation est l'Evènement !







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