mardi 16 juillet 2013

Propaganda - Edward Bernays

Il est bon de lire propaganda d'Edouard Bernays. Cela peut nous faire devenir paranoïaque, mais permet de comprendre le point aveugle de la démocratie ou bien son principal risque.
Il est difficile de savoir au départ si le livre est cynique ou innocent. Ou plutôt, il édicte des lois cyniques avec innocence. Ou comment vendre de la place de cerveau disponible ou l'inconscient (il est le neveu de Freud) aux entreprises et aux politiciens tout en leur donnant bonne conscience.
Ou comment encore initier l’ingénierie du consentement (se souvenir de la note sur storytelling). Propaganda semble le premier livre de marketing, son livre originel.
Il faut pourtant d'abord s'avouer ce qu'il y a de juste dans les écrits de Bernays.
Nos opinions ne valent rien. L'individu pense rarement et quand il croit penser il ne fait que recycler l'opinion ou l’animosité d'un groupe. La propagande n'est que la manière de donner les préjugés nécessaires aux temps démocratique ou l'autorité n'est plus visible et évidente. La démocratie ne peut devenir que le temps de l'illusion de l'autonomie de l'individu, l'homme est grégaire et il existe une psychologie des foules.  Nos décisions solitaires ne le sont jamais et nos motivations profondes ont des origines que nous ne nous pouvons pas nous avouer... Tout est désir. Et notre époque "d'hommes libres" sans transcendance sont des gibiers tout naturel pour cette propagande. (Encore une fois Chesterton. L'homme a soit des dogmes, soit des prejugés.) Pour un girardien, tout cela semble évident. L'homme est un être religieux. Besoin de foi, d'idoles.
A partir de ces vérités, avec une bonne dose d'expérience et sur de son bon droit, Bernays nous explique qu'on peut tout faire faire. Pour les entreprises, les associations, les pouvoirs politiques, les idées à rependre, l'éducation, oeuvre sociales, la science, l'art. La propagande est partout là ou il faut transmettre...

Les méthodes sont toujours les même, le slogan, la personne d'autorité, les associations d'image, distinguer les motivations et les prescripteurs et jouer dessus.
Ensuite, les médias jouent leur jeu. Tout est possible et à adapter à la cible visée.


Bernays entend les critiques, mais il répond...
Tout est propagande et il faut accepter le fait que la masse ne réfléchit pas. Il faut donc selon lui accepter qu'il y ait une minorité intelligente qui influence les comportements, les pensées d'une masse par nature dangereuse, chaotique et qui a besoin d'autorité, de dieux.

Bernays pense aussi que la propagande est bonne si le représentant ne ment pas. La bonne volonté suffit pour faire la bonne propagande...

Tout au long du livre Bernays justifie l'existence d'une minorité intelligente discrète, peu ou pas soudée qui insuffle ce qu'il est bon de penser et d'acheter pour la foule. Cachée car il faut finalement respecter le mythe du libre arbitre et de l'autonomie des individus.

Implicitement, Bernays présente la raison comme une semence de chaos. Face aux individus se croyant égaux, et qui finalement ne savent pas qui il sont, il faut donner des modèles et des dieux autant qu'il est nécessaire pour les rendre tranquilles et pour le bien de la communauté.

Comment contrer ce message qui nous révolte tous peu ou prou ?
Il faut d'abord accepter que nous sommes des êtres à la recherche d'autorité et des faiseurs de Dieu. (La carence ontologique diagnostiquée par Girard) Il faut ensuite croire en la raison humaine. Croire que nous pouvons par analogie, syllogisme, comprendre les mécanismes humains. Croire qu'il existe une vérité. Une vérité qui a besoin d'une "propagande" à sa propre mesure. Croire que la raison humaine peut conduire à cette vérité. Croire que l'individu existe tout en sachant qu'il est indéchirable de la société, de la foule.

Il faut aussi être humble. Quand bien même cela est bête a dire. Bernays a une confiance absolue en sa minorité intelligente. Mais en quoi croit elle cette minorité ? Qui est elle ? N'y a t il  que concorde et consensus entre elle ? Que sait elle du bien de la foule et de ce qui est nécessaire ? Sur quel principe ? Nous ne saurons pas. (cet orgueil est confirmé par le film, the century of the self, sa fille y raconte comment le jugement de stupidité tombait sur tous les contemporains de Bernays). Il faut certainement accepter qu'il existe une élite forte, plus maline que le reste de la population. Bernays n'illustre t-il pas le moment où cette élite voit encore ce privilège de la raison développée comme un service et une responsabilité (Propaganda fidei) mais dont la formulation de cette responsabilité commence à se transformer en abus ?

Bref, ce livre, paradoxalement nous invite à l'humilité, reconnaître que nous avons besoin d'autorité. Elle nous invite  à ambitionner d'être des individus raisonnables qui savent accorder avec intelligence et coeur notre confiance à la plus juste autorité, à l’honnêteté. Comment chercher la vérité et communiquer notre recherche à nos frères humains ? (dans ce cas, je conseille Fumaroli, la syntaxe, la grammaire  et l’éloquence, que notre communication soit toujours une liberté pour ceux qui nous entourent.)

Ce livre m'invite à réfléchir sur notre monde moderne mangé par la communication et la propagande, nos têtes et nos cerveaux sont des cibles pour des autorités dont nous ne savons que peu de choses. Nous nous engageons dans des achats, des opinions, des groupes dont nous ne savons pas quel est leur dieu et leur transcendance ultime.

Ce livre nous invite à réfléchir sur la religion. D'abord comme besoin individuel, envie d'imiter, d'adorer et d'être adoré, religion comme rempart et porte ouverte à la violence. Comment imitons nous pour être proche d'une idole ou d'une divinité ? Et enfin, comme besoin social.
Bernays a des intuitions merveilleuses quand il dit qu'il comprend la propagande comme un outil, dédié aux classes intelligentes pour sauver la société du chaos. Il parle en véritable prêtre de la  politique et de la marchandisation. Il souhaite diriger les masses, il en contient la violence en leur montrant les objets à acheter ou des ennemis à haïr. Propaganda est le livre saint, le livre des lois  de la religion moderne sacrificielle. En cela l'enfer des choses de Dupuy et Dumouchel en serait l'antidote. Girard l'est aussi, nous nous rendons compte grâce à lui que la propagande a besoin d’idolâtres pour faire passer ces messages. Refusons l’idolâtrie et nous serons moins sensible contre la propagande politico marchande et plus sensible à la vérité, but du chemin de la raison et dont la véritable "propagande" est l'apprentissage de la marche sur ce chemin.

Une note viendra aussi sur the century of the self, film documentaire anglais très intéressant.

Ci dessous un résumé par chapitre et les citations ayant plus particulièrement retenues mon attention :





1. Organiser le chaos 

La manipulation des masses est inséparable de la démocratie pour son bon fonctionnement. Ceux qui l’organisent en sont les leaders naturels car ils comprennent la structure des foules et des cerveaux. Ils contrôlent et maitrisent la vie sociale. Ils sont secrets et indispensables.

Face à l’impossibilité pour tous de résumer les informations essentielles de l’administration d’un état et la possibilité de profusion d'opinions, naturellement, alors nous nous conformons à un leader d’opinion. Il en est de même pour les produits de consommation. La raison (impraticable souvent et semence de chaos) est dépassé par la propagande.

On pourrait remplacer cette propagande par des groupes de sages... mais on ne l’a pas fait...Donc, nous avons un modèle de concurrence à gérer. Il faut accepter les conséquences : culte de personnalité, info manipulées et mode en tout genre pour le bien commun.

Les medias sont d’un grand secours, déracinement des opinions. Opinions qui sont elles, innombrables couvrant de nombreuses préoccupations. Les nombres de club sont tout autant d’autorités particulières qui semblent infinis. Dans chaque club, il existe la fabrication de l’opinion.

La où, il n’y a plus de castes, il y a une infinité de discours, de clubs et il y a toujours les riches et les pauvres...

Il faut accepter ce mécanisme de la fabrication de l’opinion car c’est la nature humaine. Il serait déraisonnable de na pas l’influencer. Et donc : "Ce livre se propose d'expliquer la structure du mécanisme de contrôle de l'opinion publique, de montrer comment elle est manipulée par ceux qui cherchent à susciter l'approbation générale pour une idée ou un produit particulier. Il s'efforcera dans le même temps de préciser la place que cette nouvelle propagande devrait occuper dans le système démocratique moderne, et de donner un aperçu de l'évolution progressive de son code moral et de sa pratique."

2. LA NOUVELLE PROPAGANDE

La révolution industrielle a vaincu l’ancien régime, le peuple a repris le pouvoir par l’intermédiaire de la puissance éco de la revolution industrielle (bourgeoisie). Les masses plus éduquées menacent désormais. Mais la minorité sait qu’elle peut manipuler la masse dans son intérêt. Elle est indispensable partout.

Le peuple est plus éduqué mais il n’est rempli que de plus de préjugés. Leur diffusion a grandes échelles s’appellent propagande. (Terme d’origine catholique, propaganda fide). Faire connaitre les valeurs et la vérité de son institution. S’ils pensent que ce sont des mensonges, cela est alors répréhensible. La propagande est un synonyme pour répandre légitimement la vérité. Ce mot est digne. Mais il faut le distinguer de l’expression des faits. (Exemples pratiques)

Propagande moderne est l’effort de susciter et infléchir des événements pour influencer les rapports du grand public avec une idée, entreprise... Elle est universelle et permanente. Les gens ainsi orientés deviennent les meilleurs agents de leurs idées.

La propagande est l’outil nécessaire de notre organisation sociale pour la faire progresser, ex : conditions de vies des pauvres, la baisse de la mortalité infantile. Elle est efficace à modifier les images mentales et obtenir l’adhésion. Utilisation de la « personnalité ». La guerre a provoqué le développement de ces techniques dans tous les cadres de la société. La propagande a une vision individuelle et sociale. Société comme corps social, imbrication des formes collectives où l’individu est une cellule. Il faut savoir toucher les bons endroits pour influencer le corps entier.

Importance de la minorité intelligente (qui conjugue intérêt égoïste et public) qui allie progrès, développement des idées nouvelles à appliquer.

3. LES NOUVEAUX PROPAGANDISTES

Qui conduit nos admirations et nos opinions et finalement nos actions, nos achats ? Le who’s who. Les politiques, les grands directeurs d’entreprise, les syndicalistes, les chefs de groupements principaux, quelques producteurs artistiques, professeurs, les financiers.... Ils ne se connaissent pas entre eux généralement

Il y a souvent un homme de l’ombre derrière un comité.

Le libre arbitre de chacun est un mensonge. Même pour un costume (Rien n’est épargné, chaussure, costume, variation du taux d’intérêt, politique extérieure). Il y a une traçabilité de l’influence qui permet de remonter à seulement une poignée de personne à la source (car c’est cher). C’est l’injonction du gouvernement invisible. Notion relative malgré tout, car il y a guerre d’influence entre celui ci, les parents ou autre pouvoirs intermédiaires.

Mais il existe le propagandiste spécialisé, le conseiller en relations publiques. Signe de la complexité du monde et de la dépendance du pouvoir face à l’opinion publique toujours nécessaire (quel que soit le régime). C’est un homme spécialiste des moyens de communication, curieux des opinions, doctrines, les produits manufacturés et des réseaux importants de la société et qui sait articuler ses connaissances pour le développement de « l’affaire » de son client.

1 Analyse du problème, possibilité de l’adhésion du public. 2 Quel public potentiel, segmentation ?
3 Definition de la stratégie 4 Action, sans oublier le but de tordre le cou aux rumeurs.

Il est la pour faciliter le lien entre enseignant et enseigné, quels qu’ils soient. Il a une charte morale, refus de servir un client malhonnête, une cause antisociale, deux concurents.il doit être sincère

4. LA PSYCHOLOGIE DES RELATIONS PUBLIQUES

Grace a Trotter et Le Bon, On peut comprendre que la foule dépasse la somme des individus pour créer une entité propre avec opinion, psychologie, émotion. Si on la comprend et si on peut la manipuler, on peut alors contrôler contre leur attention. L’homme est grégaire même quand il est seul. Il y a la un potentiel merveilleux pour le gouvernement invisible.

Science encore balbutiante. La motivation humaine est à déchiffrer. Mais cela marche souvent... L’expérience sera son meilleur ami. Pas encore une science exacte, elle étudie l’humain.

Il faut étudier les motivations et les prescripteurs, les preneurs de décision.

Nous ne sommes jamais seul quand nous prenons une décision en solitaire, impressions, influences etc... Pas de pensée dans la foule, cliches, slogans, images.

On peut aussi se mettre à l’école de Freud et accepter que nos actions soient des substituts à nos désirs inavouables, statut social, paix du foyer etc... Cela marche pour l’individu et la foule. Dans tous les cas le désir est à la base de tout. (Au contraire du machiniste...). C’est un merveilleux outil pour se différencier des concurrents, c’est le levier de la mode. Le client deviendra demandeur et non le producteur. Ex de ressorts : le gout esthétique, compétition, sociabilité, snobisme (exemple d’un chef de file), exhibitionnisme, sollicitude maternelle. Bref, il existe beaucoup de boutons, il faut trouver celui qui coïncide le mieux aux intérêts du client et à ceux de groupes entiers. Cela favorise donc les talents ou l’économie des groupes...

Bref : « Les idées de la propagande contemporaine sont fondées sur une psychologie saine, qui elle-même repose sur l'intérêt personnel bien compris. »

5. L'ENTREPRISE ET LE GRAND PUBLIC

Les entreprises ont compris qu’ils ne vendent pas seulement leur produit mais aussi elles mêmes, ce qu’elles représentent. De plus face à la menace des rumeurs ou de mauvaises perceptions de leur activité, cela les a conduits à travailler avec l’opinion publique. Puis la consommation de masse, la concurrence, le développement de la communication et de la titrisation les obligent. L’entreprise doit connaitre le grand public avec attention. Celle-ci est modelable mais avec précaution car il a sa personnalité. Il faut un partenariat cordial, détaillé et compréhensible car son sens critique s’affine. Il faut s’adapter.

Pour tout cela il faut une interprétation continue (communication institutionnelle) et l’exaltation des points forts (détail particulier de l’entreprise qui ne sont pas seulement productif mais aussi institutionnel, social, financier, avec les actionnaires, personnalité du directeur, les grossistes, etc...).

Il faut aussi une ouverture propre à discerner toutes les motivations, comme les conséquences sur des marchés extérieurs. Bref, un dénominateur commun entre producteur et vendeur et soutien de l’opinion publique.

Bernays donne beaucoup d’exemple (bagage dans les trains, chaussures...) celui du gout pour les américains pour les entreprises géantes (alors qu’elles étaient interdites peu auparavant). Mais comme tout, rien n’est jamais gagné et il faut prévenir les changements.

Bernays note l’importance de l’opinion dans la titrisation, des fusions et acquisitions, manoeuvres importantes cherchant à déterminer la valeur. Il en est de même pour les obligations d’Etat.

La concurrence est désormais partout, dans le marché ou dans les influences (ex imprimerie contre radio). De toute façon, les éléments de la vie quotidienne sont les champs de bataille des producteurs et donc quelques fois des pays...
Ne pas oublier la gestion de crise
Si Barnum et les divertissements furent a l’origine de la publicité, l’expérience de l’industrie les a éduqués.
Et toujours prendre le pouls de l’opinion, s’adapter toujours

6. LA PROPAGANDE ET L'AUTORITÉ POLITIQUE

Le peuple au pouvoir ? C’est un véritable problème… Pas sexy pour les gouvernants. Or le peuple n’est pas sage et est un jouet des leaders. La propagande est indispensable. (Proximité du businessman et du politicien car propagande est devenu le métier principale des entreprises…)

Les politiciens aussi doivent étudier le public. C’est beau de préparer des idées, il faut aussi les vendre… Comme pour la grande entreprise, il faut une stratégie, un programme, des activités, des personnalités. Et bien sur prévoir… (Pour le budget, s’inspirer des emprunts de guerre ou œuvre de bienfaisance) Prévoir budget, dépense (personnalités, conférence etc.), effets et émotions recherchées. Eveiller c’est bien, émouvoir, c’est mieux et ce n’est pas malsain s’il est adapté, en adéquation et coïncide avec le sujet. Puis surtout veiller à la personnalité même si celle-ci est au service de la stratégie. Et comme toujours comprendre au mieux la segmentation politique subtilement. Puis il faut bien s’organiser et bien répartir le travail et les canaux de media.

La propagande est efficace que sur les électeurs légers ou avec préjugés. Trop d’allégeance tue le libre arbitre… Le but n’est pas de plaire mais de réussir à ranger les autres derrière ses idées. Veiller à enchaînement des idées et aux leaders d’opinion.

La campagne c’est bien mais le gouvernement c’est mieux et la propagande est surtout utile là.

On dit que la propagande construit son propre cercueil car le public comprend de mieux en mieux la propagande, mais seule la mauvaise propagande, mensongère ou antisociale, perdra.

La propagande construit des personnalités à partir de rien ? Non, il y a toujours complémentarité, bon terreau…
Il existe des propagandes malhonnêtes ? Certes mais cela n’empêche pas sa nécessité partout et en toute occasion.
La propagande fait de l’exécutif un Dieu. Ce n’est pas de la faute de la propagande si l’homme a besoin d’exécutif fort et a tendance à diviniser…
Il faut éviter aussi de sonder trop et à un moment non pas suivre le peuple à tâtonnements mais guider en formulant la volonté du peuple sans oublier de créer une intimité avec lui.
Il faut un secrétaire d’état à ces questions. Pour la presse certes, mais surtout pour la propagande mondiale ou son interprète…
L’homme serait un spécialiste de l’opinion, pour informer le gouvernement, améliorerait les relations entre l’Amérique et les autres pays. Il serait le soutien intelligent pour mieux guider les masses. Donc, vous voyez, ce n’est pas de la propagande, c’est de l’instruction adaptée aux circonstances et bien orientée sur les sujets importants pour rendre la masse intelligents

7.LA PROPAGANDE ET LES ACTIVITÉS FÉMININES

L’égalité juridique des sexes est atteinte. L’effort des femmes n’est jamais mieux aidé que par la propagande. Elles peuvent enfin peser sur les centres administratifs décisionnaires et sur l’opinion publique. Leur pouvoir s’est fait dans le rassemblement de chacune et non dans les responsabilités isolées individuellement.
Bernays fait de la campagne pour le droit de vote féminin, un exemple de propagande réussie. Il dit aussi que leur action a permis de nombreuses lois sociales profitant à tous. Leurs actions, documentation, cours, conférences etc.
Leur efficacité est du à un vivier d’assistante de direction et juridiques formées, puis des têtes d’affiches de mobilisation furent formée pendant la guerre. Alliance de réseaux sociaux éclectiques. Ils se préoccupent des sujets d’hygiène, d’art, d’éducation, moralité publique, économie domestique et attention de la maison. Cela forme un magnifique potentiel.
Il y a un lien forte entre propagande est simple vie associative toute simple… Mais selon Bernays, la spécificité du club féminin est l’amélioration de la vie.
Ode à la complémentarité des sexes partout et aussi dans la vie sociale, l’avenir et les jeux d’influence appartiennent aux femmes et ce pour le bien du monde…

8. LA PROPAGANDE AU SERVICE DE L'ÉDUCATION

L’éducation, force de cohésion sociale doit être traitée avec plus d’attention. Il regrette que les enseignants stimulent seulement la réflexion alors qu’ils devraient aussi être des éducateurs du peuple. Mais souvent les professeurs ne sont pas au point concernant la diffusion des idées ou sur les idées elle même... Ils doivent enseigner les opinions aussi.

Grand écart entre sa mission et sa situation déconsidérées dans la société. Au corps enseignant de hausser le niveau de sa perception sociale par la propagande. DE plus la plupart du temps, elle doit apprendre ase vendre pour la négociation de son budget. Elle peut biaiser son instruction pour la gloire de l’institut public ou prive qui lui permet de survivre. Les pédagogues se retrouvent a faire de la propagande pour les winneurs qui ne partagent souvent pas les mêmes idéaux. Il faut trouver un équilibre qui fasse barrière à la démagogie et au snobisme.
Mais déjà certains instituts ont créés leur propre département de relation publique informant sur l’éducation en général et sur l’établissement en particulier. Elle peut s’adapter aux medias les plus simples.
Invitation à sortir de leur tour d’ivoire. Se soucier de son impression sur l’opinion publique, savoir présenter son travail aussi.
Comme partout la propagande peut être dévoyée...

9. LA PROPAGANDE ET LES ŒUVRES SOCIALES

Les œuvres ont besoin de fonds et ont toujours appelle la bienveillance de la société pour appel de fonds. Ce sont parmi les premiers à avoir utilise la propagande.

Le passe, la tradition peuvent créer une inertie contre laquelle l’attache d’opinion doit lutter. Il faut une opinion publique active, canalisée. C’est le destin de la démocratie où il n’y a plus d’autorité stable.

Enfin, les œuvres sociales doivent aussi connaitre l’opinion publique. Ex du combat mené contre le lynchage des noirs. Congres bien place, personnalités, comites religieux, politique, éducatif, belle concorde, beau discours relaye par les medias. Les journalistes locaux furent plus sensibles, la baisse des lynchages fut sans doute une conséquence logique....

Selon Bernays «toutes les activités de nature sociale relèvent de la propagande. » Elle vise souvent à changer de comportement, à transformer les opinions, d’éducation scientifique ou à donner du temps et de l’argent.

La propagande n’est que l’éducation vers le progrès social, éducation visant à éclairer l’opinion sur les problèmes qui touchent ou vont toucher la société.

10. L'ART ET LA SCIENCE

La propagande joue aussi un grand rôle dans l’appréciation de l’art, il est comme la politique, dans les mains d’une minorité qui doit conduire le public sur leur propre terrain et leur faire apprécier leur œuvre.

Si on ne peut faire des productions massive d’œuvre d’art, les artistes peuvent faire profiter de leur sens du beau la production des produits industriels (et ainsi de cultiver le gout du public...). Aide par les autorités sur la question, elle va hausser le niveau culturel du pays.

Pour cela, notons l’importance de l’orchestration d’événements, invitation à associer les arts nouveaux avec des valeurs reconnaissables. Importance aussi de l’alliance entre l’industriel, l’artiste et l’autorité muséale ou mondaine (et pourquoi pas commerciale). Le bon gout est partout.

Réflexion sur la responsabilité des musées qui aurait pour mission de rependre les règles du beau. Ne pas être seulement conservateur mais interprète et leader d’opinion et autorité artistique.

Art et science, même problématique. L’industrie supporte ce qui était avant que réserve à un club restreint. L’innovation est un business. La science peut ainsi se développer grâce à l’impulsion des industriels et pour elles et grâce aussi aux moyens de communication moderne.

11. LES MÉCANISMES DE LA PROPAGANDE

Tous les moyens de communication sont possibles. Mais leur communication n’est pas constamment performante. Le rassemblement est passe de mode, journal et radio tendent à le remplacer.

Puisqu’il n’y a pas de neutralité, on ne peut juger un article sur le fait qu’il est orienté. Seule la valeur informative, son exactitude et l’intérêt porté par les lecteurs sont des critères valables. Savoir ou non si c’est de la propagande n’intéresse pas le rédacteur en chef ils veulent informer le lecteur et ces centres d’intérêts. La différence qui existe entre journaux quotidiens et magazines est celle qui existe entre opinion publique et propagande.

Importance des conférences mais surtout de leur médiatisation et de leur effet sur le grand public. Considération sur les différents media (presse, radio, cinéma, personnalité des dirigeants...) qui peuvent avoir les mêmes objectifs propagandiste mais avec des considérations et des effets différents. Importance montante du rôle des annonceurs et des propriétaires des medias.

Mouvement constant de ce monde. Nécessite de s’adapter. Par exemple à la connaissance développée de ces méthodes par le grand public. Cela doit conduire à la mesure mais le grand public aura toujours besoin de répondre a l’autorité... La propagande et le grand public tendent à devenir de plus en plus intelligents.

Bref la propagande est l’outil donné pour les hommes intelligents pour créer l’ordre.





Citations par chapitre
1
La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays.

Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos goûts, nous soufflent nos idées. C'est là une conséquence logique de l'organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d'une société au fonctionnement bien huilé.

2
Aujourd'hui, pourtant, une réaction s'est amorcée. La minorité a découvert qu'elle pouvait influencer la majorité dans le sens de ses intérêts. Il est désormais possible de modeler l'opinion des masses pour les convaincre d'engager leur force nouvellement acquise dans la direction voulue. Étant donné la structure actuelle de la société, cette pratique est inévitable. De nos jours la propagande intervient nécessairement dans tout ce qui a un peu d'importance sur le plan social, que ce soit dans le domaine de la politique ou de la finance, de l'industrie, de l'agriculture, de la charité ou de l'enseignement. La propagande est l'organe exécutif du gouvernement invisible.

La propagande revient à enrégimenter l'opinion publique, exactement comme une armée enrégimente les corps de ses soldats.
Cela indique à l'évidence qu'à partir du moment où quelqu'un, n'importe qui, a suffisamment d'influence, il peut entraîner à sa suite toute une partie de la population, du moins pour un temps et dans un but précis. Autrefois, ceux qui gouvernaient étaient des guides, des meneurs. Ils orientaient le cours de l'histoire en faisant simplement ce qu'ils avaient envie de faire. Les successeurs actuels de ces dirigeants (ceux qui exercent le pouvoir en vertu de leur position ou de leurs aptitudes) ne peuvent plus faire ce qu'ils veulent sans l'assentiment des masses, et ils ont trouvé dans la propagande un outil de plus en plus fiable pour obtenir cet accord. La propagande a par conséquent un bel avenir devant elle.

4
À cet égard, il ne suffit pas de bien connaître la mécanique sociale, le jeu des regroupements, des clivages et des allégeances. Un ingénieur à beau tout savoir des cylindres et des pistons d'une locomotive, il ne pourra pas la faire démarrer s'il ignore comment la vapeur réagit à la pression. La vapeur qui fait tourner la machine sociale, ce sont les désirs humains. Ce n'est qu'en s'attachant à les sonder que le propagandiste parviendra à contrôler ce vaste mécanisme aux pièces mal emboîtées que forme la société moderne
Au fil de ces chapitres, j'ai essayé d'expliquer la place dévolue à la propagande dans la vie américaine moderne et de donner des éclaircissements sur ses méthodes ; de dire, en somme, pourquoi et comment, dans quel but et aux mains de qui fonctionne le gouvernement invisible qui dicte nos pensées, commande nos sentiments et dirige nos actions. Dans les chapitres suivants, je m'efforcerai de montrer comment la propagande intervient dans des secteurs bien précis de la vie collective, afin de donner au moins un aperçu des autres techniques dont elle se sert.
5
Le succès d'une émission de titres boursiers est tellement déterminé par les faveurs du public que la réussite ou l'échec d'un projet de fusion dépend en définitive du degré d'approbation qu'on aura su créer dans l'opinion. Une fusion peut dégager des ressources faramineuses, à hauteur de plusieurs millions de dollars en une seule opération, et ces richesses nouvelles sont souvent, en effet, le fruit d'une savante manipulation de l'opinion. On ne répétera jamais assez qu'il n'est pas question ici de hausse artificiellement conférée à des actions par une propagande malhonnête ou des manœuvres boursières, mais d'une valeur économique bien réelle, enregistrée par les entreprises industrielles qui ont réussi à gagner le soutien du public et le traitent en véritable associé

6
Donner aux gouvernants le goût de gouverner, tel est le problème politique majeur posé à la démocratie moderne. Vox populi, vox Dei… le vieil adage a tôt fait de transformer les élus en serviteurs dociles du corps électoral. C'est là, indéniablement, une des causes de cette stérilité politique dénoncée en permanence par certains critiques américains.

Les sociologues sérieux ne croient plus, cependant, que la voix du peuple exprime une volonté divine ou une idée remarquable de sagesse et d'élévation. La voix du peuple n'est que l'expression de l'esprit populaire, lui-même forgé pour le peuple par les leaders en qui il a confiance et par ceux qui savent manipuler l'opinion publique, héritage de préjugés, de symboles et de clichés, à quoi s'ajoutent quelques formules instillées par les leaders.

On peut amener une collectivité à accepter un bon gouvernement comme on la persuade d'accepter n'importe quel produit. C'est tellement vrai que je me demande souvent si les dirigeants politiques de demain, qui auront la responsabilité de perpétuer le prestige et l'efficacité de leurs partis, ne vont pas entreprendre de former des politiciens qui seraient aussi des propagandistes. George Olvany m'a récemment confié qu'un certain nombre de jeunes gens de Princeton rejoignaient le Tammany Hallnote. À sa place, je choisirais quelques-uns des plus brillants d'entre eux, et avant de les recruter au service du parti je les enverrais travailler pour des spectacles de Broadway, ou faire un stage auprès de propagandistes chevronnés.

« Quand l'écart entre les classes intellectuelles et les classes laborieuses se creuse, les premières n'ont plus aucune influence et les secondes n'en tirent aucun bénéfice », affirme l'historien Thomas Buckle. Dans la civilisation complexe de la modernité, la propagande est l'outil propre à réduire cet écart.

7
En sus de défendre la cause particulière autour de laquelle il s'est constitué, le club féminin, en règle générale, n'hésite pas à lancer ou à soutenir un mouvement se proposant d'améliorer les conditions de vie de tous dans tel ou tel domaine. Enfin et surtout, c'est un relais efficace qui permet aux femmes de se sentir pleinement partie prenante de l'opinion publique.

8
La formation qu'ils reçoivent dans les écoles normales devrait les amener à réaliser que leur tâche comporte en fait deux volets : l'enseignement à dispenser aux élèves en tant que professeur, et l'enseignement à dispenser à l'opinion en tant que propagandiste.

Des hommes (les pédagogues) qui connaissent sinon l'échec, à tout le moins une réussite très relative au vu des critères en vigueur dans notre monde américain cherchent à convaincre les vivants symboles de la réussite (les industriels) de payer pour des idéaux auxquels ces derniers ne croient pas. Des gens que leur sentiment d'infériorité entretient dans le mépris de l'argent essaient de s'allier les bonnes grâces des puissants qui vouent un culte à l'argent.

9
Seule une opinion publique active, sciemment canalisée dans des mouvements qui combattent l'inertie, peut contrer la traditionnelle domination d'idées ayant fait leur temps. Autrefois, c'étaient les chefs de tribu, les rois, les dignitaires religieux qui créaient ou modifiaient l'opinion publique. Aujourd'hui, tout le monde partage ce privilège. La démocratie, en effet, a cela de particulier qu'elle autorise le premier venu à essayer de convaincre ses semblables et à exercer l'autorité en vertu de la thèse qu'il défend.

10
La propagande facilite la commercialisation des nouvelles inventions. Elle prépare l'opinion à accueillir les nouvelles idées et inventions scientifiques en s'en faisant inlassablement l'interprète. Elle habitue le grand public au changement et au progrès.

11
Le conseiller en relations publiques qui parvient à insuffler la vie à une idée lui permet de prendre place dans l'air du temps et de recevoir l'attention qu'elle mérite. Il n'est sûrement pas coupable d'avoir « contaminé l'information à sa source ». Il a créé un des événements du moment, un fait qui doit rivaliser avec tous ceux portés à la connaissance du service de la rédaction.

Le propagandiste doit traiter la personnalité comme n'importe quel autre fait objectif de sa compétence.

À n'en pas douter, le grand public prend conscience des méthodes utilisées pour modeler ses opinions et ses comportements. Mieux informé de son propre fonctionnement, il se montrera d'autant plus réceptif à des annonces raisonnables allant dans le sens de ses intérêts. Aussi subtil ou cynique qu'il devienne à l'égard des procédés publicitaires, il aura toujours besoin de se nourrir et envie de se distraire, il continuera à rêver de beauté, à répondre à l'autorité.

La propagande ne cessera jamais d'exister. Les esprits intelligents doivent comprendre qu'elle leur offre l'outil moderne dont ils doivent se saisir à des fins productives, pour créer de l'ordre à partir du chaos.

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