Très belle interview de Nancy Huston sur France culture, auteur que j’avais déjà découvert ici gràce à Pierre Cormary.
Auteur, membre des mouvements féministes des années 70, elle a écrit son dernier essai pour continuer à penser ce qu’est être femme et lutter contre la théorie des genres et contre tout refus de la différence sexuelle.
Sensibilité à la physique et aux sciences. Reconnaissance de la différence des désirs. Savoir accepter le désir d’enfant de la part de femmes. Schizophrénie de notre temps qui refuse les problèmes ou croient les résoudre en refusant la différence sexuelle et l’ambivalence humaine. Que faire du tourbillon de la sexualité masculine ? L’externaliser par des femmes étrangères pauvres ou par la pornographie promue par l’économie libérale ?
Non, acceptons la différence des corps et des désirs qui y sont associes.
Retrouvons le sens de l’incarnation. « Le corps, c’est des gens. »
Réfléchissons à notre fécondité et découvrons que la contraception ne résout pas tous les problèmes.
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Le discours de Huston me touche beaucoup, une de ses thèses me provoquent. Si les femmes ont pu être persécutées par les hommes, c’est qu’ils n’ont jamais pu accepter le privilège de l’engendrement. A creuser.
Son analyse du dégoût de l’intelligentsia français pour l’engendrement est très intéressant. Son analyse de bon sens sur la différence des désirs me parait crucial. L’homme veut voir les femmes et la femme veut plaire.
Elle sent bien que nous sommes au carrefour du désir, de la biologie (fertilité et reproduction), du social et de la politique. Elle montre avec simplicité le refus de l’ambivalence de la théorie du genre et son simplisme agressif au nom souvent de la lutte contre la domination alors qu’elle est un erreur de pensée de style gnostique...
En l’écoutant, je trouvais Huston très « catholique ». Surtout par son goût profond de l’incarnation. Mais au lieu de reconnaître en Beauvoir par exemple une gnostique, elle accuse le christianisme.
Nancy Huston est l’exemple typique des malentendus entre certaines personnes intelligentes et l’Eglise. Et montre aussi comment, cette dernière a entretenu ces malentendus. Huston voit bien comment les défenseurs de la théorie du genre sont l’église morale et répressive de notre temps. A l’Eglise catholique de défendre l’incarnation et de prendre avec passion les préoccupations de Huston qui sont celles d'une femme inquiète.
Plus bas, une tentative de résumé
Une enfance
Nancy Huston nous
parle d’abord de son enfance paradoxale,
insouciance de Calgary mais aussi le
choc de la séparation de ses parents. Mère aspirant à des libertés nouvelles,
féministe et intellectuelle et refusant le destin de mère de famille. Le
départ du foyer de la mère fut une blessure secrète qui et aussi à l’origine de
la vocation d’écriture de Nancy Huston. Le départ de ces voix intérieures qui
fait de son cerveau un lieu de discussion sans fin.
Ces voix sont aussi à
l’origine de son attention particulière pour les enfants. Être non vain et
idiot, comme trop souvent considéré, mais des êtres de chaires précoces et
créatifs
Une intelligentsia "anti-corp"
Nancy Huston regrette
le dégoût de l’engendrement de l’intelligentsia et plus particulièrement de
Simone de Beauvoir. Dégoût de la femme engendrant et de l’humanité engendrée.
Huston dit combien au contraire, elle fut fascinée par les changements de son
corps, le regard des autres sur ses propres changements, nous sommes des corps
et elle, elle fut un corps écrivant.
Elle voit certaines origines
de ce mépris du corps dans Descartes et le christianisme, dualisme corps
et esprit. Le corps féminin peut représenter la corporalité des idées ce qui
peut décevoir les purs esprits comme Beauvoir.
Huston a beaucoup
travaillé sur la question d’être femme. Elle expose son dernier livre, Reflet
dans un oeil d’homme. Elle regrette la théorie des genres adoptées par beaucoup
de féministes. Elle pense que cette
théorie refuse les faits scientifiques et favorisent l’idée que nous pouvons être seulement ce que nous voulons. C’est une idée chrétienne qui ne laisse du
sexe qu’un concept..
Alors que les femmes
engendrent et que les hommes peuvent violer et non l’inverse... Il faut accepter
la réalité et ses faits. Le regard de l’homme sur la jeune femme féconde a une
influence clé sur nos imaginaires féminins. Historiquement, le maquillage était
réservé à une caste artistique et de prostitués. Le maquillage n’a jamais été aussi développé que maintenant, chirurgie, miroir. Notre age moderne est rempli
de ce regard masculin que les femmes ont intégré. Les féministes essaient de
se retrouver au delà de ce regard masculin. Si il y eut des progrès féministes,
celle ci ne peuvent changer les femmes qui veulent devenir mère. C’est centrale
pour une femme. On ne comprend rien si on est féministe et si on déteste la maternité. Pour elle ce qui
est clé c’est que les femmes sont détestées car elles sont mères.
Aujourd’hui il y a des
blessures de toutes part. Le monde joue sur la vulnérabilité de chaque sexe. La
pornographie, (les hommes veulent regarder les femmes) et l’esthétisme
compulsif des femmes. (les femmes veulent plaire). Le néolibéralisme joue et gagne sur cette faiblesse.
La prostitution montre
le découplage des hommes entre le corps des femmes et les femmes qu’ils ont pu
aimer, leurs mères, leurs filles. Entre l’image et la réalité. Car la réalité de la prostitution, ce sont les femmes étrangères, exploitées. Ce n’est pas un
métier comme les autres.Elles sont immobilises en image pour « mon plaisir ».
Alors qu’elles ont surement d’autre espérances...
La théorie des genres ?
Je suis prête à accepter que chaque personne à des caractéristiques considérées
comme appartenant à un sexe qu’a l’autre. Mais le désir n’est pas un phénomène
individuel et les femmes possèdent les utérus qui vont peupler le monde. C’est
pour cela qu’elles ont pu être réprimées. Les hommes sont impressionnés par ce
privilège.
Les hormones des hommes
Les femmes n’ont pas
le même désir sexuel que les hommes. Même après la développement des
contraceptifs, les femmes ne veulent pas forcement coucher pour coucher... Que
faire avec les jeunes adolescents hommes et leur tempête hormonale ?
La pornographie ? Le sacrifice de femmes pauvres pour protéger nos filles ?
Et que faire de l’adolescence des garçons si nous refusons la différence des
sexes.
Nous sommes schizophrène.
Jamais nous n’avons autant parle d’égalité des sexes et jamais nous n’avons vendu de magazines féminins et nous n’avons
jamais autant considéré l’accessibilité aux femmes nues comme symbole de la
liberté. Or les femmes nues, souvent, sont fécondes mais nous avons enlevé aussi le
principe de fécondité.
Il faut repenser
beaucoup de choses. Refuser la loi démagogique de la pénalisation de la
prostitution. Il faut accepter la différence de l’homme. On ne peut leur
demander de désirer comme nous. Nos réprimandes ressemblent à celle de l’Eglise.
Péché, péché, péché....
Il faut repenser notre
rapport au corps, idée des cours de nu, connaitre le corps de l’autre non dans
la honte et la masturbation mais dans son respect de l’incarnation. Le corps, c’est
des gens.
Réfléchir a notre
rapport à la fécondité....
Non, la contraception
n’a pas résolu tous les problèmes. La pilule ne transforme pas la sexualité des
femmes et 250000 avortements par an, ce n’est pas autant de visites chez le
dentiste... Mais c’est autant de traces indélébiles. Notre corps laisse un
impact sur nos enfants.
Maternité et carrière
seront toujours en conflit. Ce n’est pas éliminable. Ce n’est pas parce qu’on
dit que l’on est tous semblable que nous résoudrons les problèmes humains....
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