lundi 8 juillet 2013

La fiancée qui venait du froid - Nemes

La fiancée qui venait du froid 1983 Charles Nemes


Film peu connu, avec quelques acteurs qui le sont (Lhermitte, Jugnot) et la splendide Barbara Nielsen, hollandaise qui fait très bien l’accent polonais.
Le réalisateur est relativement peu connu lui non plus. Pourtant, ce film vaut le détour. Il est relativement personnel si on écoute son interview sur le DVD. Cette histoire lui est arrivée. Il l’a bien sur romancé… (Quoique… si cela n'était pas si rose, cela n'était peut être pas si inintéressant qu’il ne semble le dire.)
Un réalisateur de film de pub, très pris par son dévorant quotidien profesionnel, mondain et sentimental, va réaliser un mariage blanc en Pologne pour une jolie et jeune opposante en 1980 qui a déjà connu la prison. Entre deux films pour des jeans et des culottes, il est pris de compassion et décide d’y aller. Malgré des organisateurs polonais peu aimables et étranges.
Pendant le voyage, il découvre la surveillance que subissent les polonais, les fasoli na bretonsku, la vodka, les montagnes polonaises, les fiat 126 et bien sur sa femme. Jolie, blonde, intelligente etc.
Ils s’embrassent pour ne pas éveiller de doute… sauf les leurs...
Elle n’a pas encore de passeport et il repart seul en France. Chez lui, il devient préoccupé par son sort. Il devance son appel et part. Elle a son passeport, ils partent, vont « n’importe où » en Europe, et trouve l’amour. (Ou bien est-ce une douce inclinaison ???)
La dernière partie du film sera moins soutenue et avec moins de sens. Mais on découvre un français paradoxal qui veut être plus souvent avec sa « femme » alors que celle-ci est orientée vers son pays et son organisation politique. La rivalité entre Ula, représentante du syndicat, et Paul montre bien cette crise. Il la prendra presque de force des griffes de ce syndicat expatrié… Ils font l’amour (un peu partout) et l’accueille chez elle. Mais elle doit partir vers d’autres cieux pour les études et le soutien de son pays. Il est triste, vit une expérience de contrôle du mariage, puis il la retrouvera dans le plus pur des hasards à l’aéroport. Le temps de manger, de faire l’amour et de se promettre de ne pas divorcer.
Nous sommes heureux pour eux. Mais un panneau nous apprend que le lendemain survient  l’état de guerre décrété par Jaruzelski, Zosia sera donc emprisonnée.



Cette fin représente bien le film. Un quiproquo, de l’amour et enfin la vérité de la situation en Pologne. Grand potage d'humour et de légèreté profonde dans lequel tombe la brique de l'histoire.
Je crois que c’est malgré tout un film relativement courageux. Sortir un film sur le malheur de la Pologne en 1983 me semble assez ambitieux.
Mais il hésite. Comédie ou drame… Finalement, c’est une comédie mais avec un dernier panneau… Et en filigrane, la superficialité française comme véritable drame.
Le personnage de Paul est trop léger, son départ, son métier, toutes ses femmes, son camarade Maurice, bouffon vivant de combines et d’aide amicale,  ses soirées, son joli appartement français...
 Son voyage en Pologne le met dans des situations bien rendues par le réalisateur. La surveillance, le manque, les couleurs, la rudesse des hommes. Paul est l’ancêtre du bobo et il rencontre l’anti bobo par excellence comme peut l'être le polonais. Mais sa légèreté l’empêche de sentir la tragédie sur place. Choc culturel et choc politique.

Le triangle amoureux original
L’auteur montre avec amusement la situation du mari en mariage blanc. Comment se comporter quand sa propre "femme" embrasse son ancien fiancé légitime ? Quel est sa situation dans ce triangle amoureux peu commun ? Car petit à petit, il est sous le charme de sa belle et courageuse compagne. Elle est bien sur trop belle, accent, sourire, douceur et son coté un peu chiante. On l’aime tout de suite. Ce film développe un triangle amoureux subtil sur le rôle du mari "blanc" tombant amoureux de sa femme. Le mari officiel devenant soudainement l'amant.

La partie en France est par contre un peu plus vaine. Elle se concentre sur la relation entre le couple et Ula. Il est tout de même beau de voir l’attendrissement d’un cœur dur pour la douce polonaise, jusqu'à son triste départ… Cette partie développe un triangle amoureux encore original ou le travail et l'engagement politique prend le rôle du mari jaloux.
C’est, au final, un film très plaisant qui sensibilise bien sur la situation polonaise en 1980. Avec un humour et un montage qui peut être très efficace, le film nous parfume de Pologne.
Il remarque avec surprise, en comparaison avec les polonais pris par des préoccupations graves,  la légèreté des français. La promiscuité, la légèreté sans conscience politique, peu sensibles des misères polonaises. De l'autre coté, les polonais semblent nobles, amusants et pris par des questions plus élevées que les français. La comparaison cruelle entre l'homme consommateur et l'homme résistant.
J’ai donc aimé l’originalité du film qui arrive à revisiter le triangle amoureux de façon tout à fait crédible et surprenante et pour sa confrontation de l'homo economicus avec le résistant.
Un très bon moment pour un film de boulevard original et multiculturel. Film de boulevard car si le triangle est présent, le désir, lui, n'est jamais remis en cause....
Mais la polonaise (hollandaise!!) était trop belle...


A noter :
Les coco-fesses de Jugnot.
Alors, Jean-Pierre ?
La maman de Paul.
Biała Kiełbasa !
La beauté des polonaises.
Les pubs de Paul
La poésie de l’affiche de pub de luxe où Zosia se trouve en arrière plan par inadvertance. Beau symbole.
« Bonjour Monsieur »
Les deux ? Les douzes ? 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire