mercredi 12 décembre 2012

Quel est notre paradis ? Sens de l'histoire et Apocalypse

Encore une petite vidéo de Fabrice Hadjadj, celle ci va nous permettre de commenter la question du paradis et en quoi l'image de celui-ci influence notre philosophie et la représentation de l'histoire des individus, des peuples et de l'humanité...

à partir de 44.10 jusqu'à 47.53







Le bonheur peut coïncider avec une certaine souffrance et le bien-être humain peut passer complètement à coté du bonheur humain.
Si on réfléchit au paradis nous avons deux récits ambivalents. Dans le  récit biblique, il y a deux paradis. L’éden,  paradis terrestre où l'homme est créé avec la femme et le paradis céleste qui se trouve à la fin. Nous sommes proches des anciennes religions (éternel recommencement) mais si on va d'un paradis à un autre paradis ce n'est pas comme dans un cycle. Le paradis terrestre est irrémédiablement perdu et vouloir retourner à ce paradis, c'est la régression, c'est la faute. Entre ces deux paradis est décoché la flèche de l'histoire. La notion d'histoire est une notion judéo-chrétienne, avant, cela n'a jamais existé. Nous, nous avons un commencement, une chute et la fin de l'univers. La critique de Julien l'apostat au chrétien est : "mais ne voyez vous pas la splendeur du cosmos, le monde n'a pas commencé et il ne finira jamais." Le chrétien dit si, il y a eu un commencement et il y aura une fin. Il y a une linéarité du temps. Toute l'histoire est commandée par cette notion de paradis perdu et celui auquel on tend. Et on va voir que tous les mouvements historiques essaient de se débrouiller avec cette question de paradis. Ex: Marx, il fait une eschatologie sur une société parfaite, paradis social et c'est le sens de l'histoire. La critique du capitalisme se fait aussi par rapport à l'illusion paradisiaque du capitalisme (Guy Debord) Notre société du spectacle reconstruit l'arrière monde du religieux paradisiaque à travers le spectacle. Le cyberespace, c'est encore une parodie du paradis.


J'ai souhaité présenter cette vidéo car elle dit énormément en très peu de mots.
Le christianisme a décoché la flèche de l'histoire. Le cycle et la nostalgie de l'eden sont effacés, le paradis est en face de nous. La matière n'est pas immortelle, l'univers a eu un départ et une fin, l'homme s'oriente vers le chemin du paradis. Le Christ a tendu la corde, cette corde stable des temps archaïques. Mais où va la flèche ? Vers les lendemains qui chante de la société sans classe, vers la singularité technologique diagnostiqué par Bellanger dans la modernité du XXeme siècle, vers le paradis baba cool,  vers le paradis consumériste, vers le transhumanisme de Huxley, vers la social démocratie de Gauchet, le régime mixte de l'individu enfin raisonnée et adulte de l'homme sachant l'histoire qu'il fait ?

Jésus dit nous, allons vers le royaume de Dieu, la parousie et la révélation. L'apocalypse est le dernier livre de la Bible. La rencontre de l'humanité avec sa propre violence, la possibilité du choix du royaume de Dieu, déjà présent en signe.


La flèche tremble, les interprêtations sont multiples, Gauchet analyse le mouvement de la flèche mais se refuse à définir des lois précises et universelles. 
Girard dit : Ne voyez vous pas que tout cela a un sens ? Le Christ a retiré les béquilles sacrificielles de l'humanité (la violence créatrice d'ordre) et les hommes n'ont plus que le choix entre la montée aux extrêmes de la violence et l'acceptation du royaume de Dieu. C'est l'espérance paradoxale de l'Apocalypse.



Quel est notre paradis ?

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