lundi 3 décembre 2012

La sainteté, quand Tresmontant et Girard se rencontrent

Il y a peu j'ai rencontré le site dédié à l’œuvre de Claude Tresmontant.
petit à petit, j'y ai découvert une pensée très originale  surtout dans sa volonté imperturbable et raisonnée de faire le lien entre sciences, foi et raison. Comme Girard part de l'infiniment intime pour venir au Christ, Tresmontant part de l'infiniment grand du Cosmos pour arriver au même point. Il y a une complémentarité fantastique que l'on peut retrouver dans la citation plus bas.  Il est pour moi, une initiation à la métaphysique que je développerai surement dans des notes futures.

Aujourd'hui je m'arrêterai à cette citation :

Le saint est l'homme normal

"Il existe un fétichisme intérieur, que les psychologues découvrent petit à petit dans la psychè humaine. C'est une déformation intérieure. En somme, semble-t-il, toute forme d'immaturité affective est fétichiste. Elle consiste en une fixation sur un objet qui n'est pas absolu, - car unique est l'Absolu, et il est transcendant.
"La découverte de la transcendance, et de l'Absolu comme transcendance, est une libération par rapport à divers types d'idolâtrie. Dès lors que l'on a vu et compris que l'Absolu n'est rien de ce qui est du monde, on est libéré de la servitude de toutes les idoles, intérieures et extérieures. On accède à la liberté et à l'âge adulte.
"Celui qui est libéré de la puérile idolâtrie de l'argent, de l'abominable idolâtrie de l'Etat ou de la Nation, de la captivité de l'eros, celui-là devient un homme, un homme libre, un homme adulte.
"En somme, on peut définir la sainteté des saints comme la liberté par rapport à toutes les formes d'idolâtrie. Dans cette perspective, et si cette analyse est exacte, le saint est l'homme normal, le seul normal et adulte, parce que le seul libre. Celui qui n'est pas saint est encore un être infantile, prisonnier d'une multitude d'idolâtries, de fétichismes, extérieurs ou intérieurs, visibles ou invisibles."
(Claude Tresmontant, in "Le Problème de la Révélation", Seuil 1969, pp. 197-198)

Texte original par sa définition de la sainteté. Il souhaite nous éviter de regarder la sainteté comme un petit miracle d'homme touché par une grâce impossible. Non, être saint, c'est accomplir son humanité par une liberté conçue comme attachement à Dieu et libéré de tous les autres attachement illusoires.

Je trouve dans cette pensée beaucoup de résonances avec celle de Girard. Par sa souffrance ontologique, l'homme cherche à être en imitant ceux qui selon lui se rapproche de ce qu'il croit qu'un homme doit être. L'homme va nécessairement adorer. Selon ce qu'il va adorer, selon sa foi, son comportement changera de tout en tout. Tout comportement indique une foi, une idolâtrie souvent. En cela, ils se rapprochent de cette phrase de Simone Weil que nous avons aperçue dans une note précédente.
« La droite tracée à la craie, c'est ce qu'on trace à la craie en pensant à une droite. De même un acte de vertu, c'est l'action qu'on accomplit en aimant Dieu.»
Ceci est une loi humaine confondante, Nous sommes libre de croire en tout ce que nous voulons, mais tout n'a pas les mêmes conséquences. Notre théologie personnelle nous implique. L'invitation de l'Eglise catholique doit nous être précieuse. Elle nous redit que la vérité s'est signalée. Que croire en elle fait de nous "des hommes normaux". Des hommes enfin libres.
Et ceux qui n'ont jamais entendu parler de jésus ? L'alliance noachique demeure, l'Esprit Saint souffle partout et la recherche de l'humanité touche tous les hommes.


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