lundi 1 octobre 2012

Conversations avec Jean Clair

Trouvé grâce au site du néo-conservateur, une série de cinq émissions consacré à Jean Clair proposées par France culture et Virgine Bloch-Lainé. Célèbre directeur d'exposition, polémiste et fonctionnaire du monde de l'art et des musées, je suis curieux de ses livres et des ses pensées, j'ai écouté avec intérêt ces émissions que je souhaite partager avec quelques résumés, illustrations et commentaires pour chaque partie. Malgré sa profonde mélancolie, je crois cet homme capable de nous éclairer sur l'art et notre époque. Après deux heures et demi d'émission, malgré la distance qu'il cherche à mettre avec nous, j'ai pu sentir une grande empathie, une certaine admiration pour lui, tout comme un doute sur sa "théologie" personnelle



Partie 1 L’introverti créatif




Un psychologue pour enfant l’avait défini comme le type même de l’introvertie créatif à 6 ans. Né en 40 à Paris de parents paysans ayant quitté leur régions, jeunesse à Pantin, père du Morvan (pays pauvre et socialiste) et mère de la Mayenne (chouanne, pays de bocage). Milieu n’ayant pas changé depuis le moyen âge. Il grandit dans une famille d’immigré intérieure, victimes solitaires de l’injustice sociale de l’époque. Il est né à l’époque de Montoire… Dans une France entre deux options inconciliables, signe déjà de la mélancolie. Modestie de classe, et géographique. Silence omniprésent. Les gens simples ont des mots simples ou ne les ont pas. Parler était une façon de sortir de son milieu. Les parleurs était les paresseux et les frivoles, cela lui a été confirmé par la fréquentation des milieux mondains. Souvenir de vacances dans les fermes, temps merveilleux et heureux. Vie inchangé depuis le moyen Age, animaux, lampe à pétrole, eau… La petite fadette.
Très bon élève avec ambition sociale. Ne rien posséder lui a donné une grande liberté. Pas d’héritage, rien. Tout était possible. Les parents n’imposent rien, n’avait aucune objection. Importance des lycées fréquentés, Lycée Decour et ses camarades fils d’émigrés juifs russes, polonais. Eux aussi avaient une envie de réussir, Ils furent les modèles pour lui d’éducation dans l’amour de la science et des livres, et d'une structure intellectuelle et morale forte. Amitié immédiate qui a perduré. Mais il est viré pour un poème méchant sur un prof de français. La raison ? Ce prof adorait Voltaire et méprisait Rousseau…
Au lycée Carnot, il retrouve les enfants de pétainiste. Cela s’est mal passé. Et l’a poussé ainsi à devenir communiste. (Période de la guerre d’Algérie.)
Vient la période : « Qu’est ce que je vais faire ? » Hypokagne à Henri IV, climat de forçage systématique, discipline, rivalité. Il part à la Sorbonne. Il quitte la littérature (pas envie d’être prof). Philo et histoire des arts. Il rencontre des professeurs magnifiques, André ChastelJean Grenier dont il aimait la profusion et l’eclectisme. Il n’aimait pas Barthes, star de la Sorbonne à l’époque.
Qu’aimait il déjà dans l’art? Plutôt contemporain. Giacometti, Zao Wou ki, Paul Klee. 1959, coup de foudre avec Balthus. Orientation vers cette famille spirituelle (Pierre Jean Jouve), mais effrayé par le structuralisme étouffant. Il part ensuite au musée Fogg de Harvard 1966 grâce à une bourse et à la perspective des poussières et de la vieillerie du monde des conservatoires de musée de France. Découverte de l’enseignement nouveau. Histoire de l’art orienté vers la politique et la philosophie. Ouverture ver le contemporain. Devenu très pro américain en rentrant.
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On peut regretter l’absence d’explication supplémentaire pour expliquer comment ce fils de paysan, titi parisien devient amoureux de la science et des arts.  Mais portrait d’enfance et de jeunesse touchant . On distingue un caractère orgueilleux, ambitieux, un personnalité brillante et sombre à la fois, libre et cherchant le lieu de son bonheur.



2nde partie Le conservateur de musée



Après les USA, il évite le service militaire et a le privilège d'aller au Canada comme conservateur de musée à Ottawa et Montréal.  Là-bas, Prise de Conscience de l’héritage français (et même de l’ouest français de sa mère dont sont originaires les québéquois). Arme contre l’expansion américaine. Trésor de la langue redécouvert. Il Relativise la force américaine. (La frontière existe, grande leçon selon lui.) Dégrisé des USA. Retour à Paris après 68 dont il fut enthousiaste et méfiant.  Le principal changement ? Les gens parlait, osait prendre la parole partout, opposition à l’autorité quelque bonté qu’elle eut.

Il retourne aux musées. Il en est encore dégoûté et  prend congé pour faire des critiques d’art dans les milieux d’avant garde. (« l’art vivant ») avant-garde général peinture, musique, ("Glass était fascinant"). Il a écrit sur Buren, Boltanski (admiration), Viallat. Après, il eut toujours un doute à propos des média (importance à des choses qui n’ont aucune, mise en valeur des performances et du premier trash) lutte entre l’éphémère et ce qui dure.
77, le Centre Pompidou ouvre, il est commissaire de l’exposition inauguratrice. « Œuvre de Marcel Duchamp ». Rebours des idées courantes, Duchamp : prêtre du non-art ? Non,  mais admiration pour l’homme, il a compris que l’art est terminé, il en retire les conséquences. Tout ce qui est représentable échappait à la visibilité. (Perspectives, projectivité, géométrie pluridimensionnelle de Poincaré) Le corps ? Anatomie battue par la technologie). La mariée mise à nue (12 ans de travail, incompatibilité avec le mythe du prophète de l’art instantané. Il est proche de Leonard de Vinci dont il se réclamait, expérimentation incroyable) Personnage fascinant. Loin du pop art et des dadaïstes. Incompréhensions du public à l’exposition. Déjà vu comme réac ? Non, plus tard. Exemple  Exposition sur le réalisme entre les deux guerres, il soutient la thèse que ce fut une période non pas dominée par l’abstraction mais dominé par retour au classicisme et au portrait.
Dans ces pays existait une recherche esthétique classique. Felice Casorati, de Chirico. Même sous la dictature allemande, ilot important du figuratif non hitlérien. Clair évoque le monde artistique enclin au progressisme et voyant un lien entre figuratif et « heures les plus sombres de l’Europe », il peut se sentir alors réactionnaire car nostalgie pour un art présenté comme dépassé.


 


A partir de 1980, il est conservateur du musée Picasso. Pourtant jamais enthousiasmé par cet artiste, admiration mais pas d’amour. Personnage inépuisable. Pas d’affection comme pour Balthus ou Bonnard. Picasso lui fut un bon outil pour sortir des mythes artistiques et de toutes ces idées modernistes. Clair évoque ses amitiés  pour les peintres, Lucian Freud et  Bacon mais surtout Zoran Muzic. Il remarque que les peintres, gens de solitude, sont souvent des esprits très cultivés et prêt à la conversation.
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Grâce à l’interview nous commençons à plonger dans l’Histoire de l’art, nous découvrons en quoi, selon Clair, elle est le reflet de l’histoire de l’esprit.  Son portrait de 68 comme une prise de pouvoir par le verbe est intéressante. Prise de pouvoir dont il a aussi bien profité qu’il s’en est plaint. Nous découvrons un homme aux expositions originales souhaitant remettre en cause certains faits établis, se moquant du fatalisme progressiste. Recherchant malgré tout, partout ce qui a l’ambition de durer ou de rencontrer l’essentiel. En nous parlant de Duchamp (héritier dépressif de Leonard de Vinci ?), il pose le problème de l’art contemporain, son impuissance et le risque de sa vanité malgré les merveilles qui ont encore grâce à ses yeux.





3eme partie La modernité


Polémiste, Jean Clair semble aimer et critiquer la modernité. Baudelaire créa le terme, et fut critique aussi. Mot vient de modus, la mode… éphémère, séduisant mais insupportable plus tard. Il existe donc des modernités, certaines éphémères, d’autres frivoles qui vise l’entertainment. La part d’éternité est compliquée à trouver. Ici et maintenant, nous avons atteint la phase ultime du mariage de l’art et du marketing. C’est un marché, plus la valeur est élèvée plus c’est nul  (Versailles) et avec des prix extravagants, (3 galeries, 2 salles de vents, quelques artistes et une dizaine d’oligarque). C'est une bascule dans l’investissement spéculatif depuis 10 ans. On accrédite la nullité actuelle en disant qu’elle est héritière de l'histoire de l'art par un Hegel détourné. Hirst et Koons héritiers de Monnet car c'est la marche de l’histoire ?????

Modernité, c’est aussi la morale du joujou. L’enfant casse le jouet en pensant trouver l’âme. Il ne trouve rien et ne reste que la tristesse. C’est l’attitude contemporaine vis-à-vis de l’art mais maintenant c’est l’artiste qui casse, et le cassage qui fait œuvre. (ex : Tinguely, machine autodétruisante) Clair analyse la phrase de Duchamps « bête comme un peintre ». En voulant adapter ses nouvelles recherches scientifiques, le peintre se trouve bête par rapport au monde des possibles scientifiques. Avant ils avaient tout le pouvoir de comprendre et représenter le monde. Leonardo comme modèle pur. Maintenant seulement un saltimbanque.

Clair fut aussi le commissaire de l’exposition "Vienne, l’apocalypse joyeuse". Encore à contre courant. Il distingue de cette ville la naissance d’une certaine modernité européenne, une « Lotharingie spirituelle ». Freud, Schonberg, Loos, Otto Wagner, Musil, Wittgentsein (et même 2 aquarelles d’Hitler en deux convois blindés). Là fût la vraie modernité. Lieu de l’antisémitisme et berceau de démarches et destins intellectuels les plus étonnants. Succès. Après, procès d'intention car la modernité était mise en lien avec la décadence. Vienne dansait au bord du précipice et critiquait la modernité. Elle mettait en garde contre la positivité du progressisme, Freud, Klimt, Loos (retour à un ancien temps) Modernité critique d’elle-même.
A propos de la beauté convulsive de Breton ? Elle le scandalise. Elle prend racine dans le monde de la pathologie et des hôpitaux psychiatriques. Breton devait le savoir. Tirer à soit, l’image de belles convulsées pour créer un esthétisme pour tirer l’homme des limites de la raison…. Contestable isnt’it. Fascination pour l’hors norme, la démesure le monstrueux. Folie comme transe  pour atteindre des royaumes que le commun des mortels ne peut atteindre, romantisation de la souffrance humaine. Source dans Sade, Bataille, Chez Deleuze et Guatari, le modèle de l’homme moderne est le schizophrène, possédant la vérité et le savoir, il l’opposerait au parano, le fasciste. Schizo, l’homme de demain.  On arrive à l’art contemporain comme bocal fécal ? Sang sperme, humeur du corps.
Muzic rappelle que dans les camps nazis, ils étaient environnés de l’odeur horrible. Première photo des camps, femme se cachant le visage par foulard. Pas pour pleurer ou éviter la vue mais d’abord pour l’odeur. Or dans une peinture de la fin du moyen âge, de Duccio, une se personne se couvre le visage devant Lazare. Anne dit, il pue depuis 4 jours. C’est significatif, de notre temps. Aujourd’hui, on ne représente plus Lazare et les gens se protégeant, on sort le cadavre  et on respire l’odeur avec délectation. Clair voit une chute entre Duccio et aujourd’hui. Maintenant Clair supporte le qualificatif de réactionnaire car il se trouve en bonne compagnie, notamment celle de Philippe Muray, dans la société en déroute où ses progrès se transforment en plaie d’Egypte. Le réactionnaire, c’est l’être courageux, qui a la volonté de réagir à une situation intenable. Indignation cela s’éteint. Réaction, c’est réagir, et s’engager avec permanence. L’urgence c’est de conserver ce que l’on peut du monde …


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Il eut beau aimé la modernité, Clair indique qu’il préfère encore ce qui dure à la modernité. Ce qu’il voit dans la modernité actuelle ? Du lucre et de l’avidité, de l’autodestruction enfantine, de la folie reconsidérée comme art et de la fascination pour les créations-secrétions du corps. Il analyse ce dernier point par un tableau de Duccio parlant de la mort et de la puanteur de Lazare. Ici, nous voyons bien combien pour Clair, l’histoire de l’art est l’histoire de l’esprit. Fasciné par le corps de Lazare, la modernité ne voit pas le geste ancien et légitime de se cacher le nez. Il diagnostique une société en décadence. Il se rappelle pourtant de cette Vienne perdu, symbole d’une modernité capable d’autocritique et sachant s’inspirer du passé et faire de grandes découvertes.



4ème partie la psychanalyse


Première expérience quand ses colères de jeune adolescent le conduisent chez la psychanalyste. A l’origine, c’était une nécessité. C’est désormais un défenseur de la psychanalyse.  Cette science a plus de 100 ans, elle fait preuve de défauts, c’est normal. Alors enfant ombrageux, cette femme a compris qu’il fallait lui rendre une vie sociale heureuse. Quand il a commencé à 15 ans, il a compris l’intérêt de la démarche pour cette possibilité d’un flux des mots. Il a lu Freud très tôt parallèlement. Selon lui, la psychanalyse est la dernière morale qu’on peut donner à une société en décomposition. La religion a failli, les idéaux politiques son en péril. La démarche rigoureuse et morale de Freud devrait être reconsidérée. Morale rigoureuse et austère et en porte à faux avec le libertinage. Morale, car l’homme est livrée à ses pulsions, et si il s’y abandonne il entraîne lui et sa société dans la catastrophe. On apprend à canaliser la libido pour des idéaux sociaux. Fonds judaïques aussi qu’on ne veut voir. Beaucoup de codes à appliquer.

Judaïsme et psychanalyse… Première école était très juive. C'est une science juive probablement. Elle va à l’encontre des totalitarismes car forcément analytique.
Psychologie, grille d’analyse pour l’art ? Freud s’est trompé là-dedans. Il n’était pas un visuel, un homme des mots. Contrairement à Charcot, fondant sa théorie sur l’analyse des poses des corps des malades et collectionneur d’art. Il est méfiant. La  psychologie décrit bien l’horreur mais rien sur la beauté. A ce propos, il a médité sur Méduse et Persée.  En effet, Persée tue la méduse (l’horreur, la violence, le chaos pétrifiant (lien avec la femme de Loth)) par l’intermédiaire du miroir, ce miroir, ce reflet est l’art. Il en conclut que l’image n’est jamais innocente, la représentation est du coté de la mort. Ce fait est oublié dans notre civilisation, comme pour les pulsions. L’art est un artifice comme Persée, il faut la contempler avec attention et courage

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Son analyse de Méduse est passionnante, l'art comme ce qui peut nous permettre de saisir la violence et le chaos de l'homme. Sinon la pétrification viendrait. Ce n'est pas limitatif heureusement. 
Je découvre dans cette partie la passion psychologique de Jean Clair et suis surpris. Passion, on pourrait presque dire religion, tant on comprend qu'il pense que c'est (presque) l'unique voie de salut de la société occidentale, l'analyse du moi par moi-même... Puis je douter ? Il y voit notamment la vertu de se méfier de ses pulsions. Je ne l'avais jamais vu ainsi. Mais comme il le souligne aussi, Freud ne peut pas saisir la beauté. Pour un couillon de chrétien comme moi, cette phrase est très éclairante. 


5eme partie La mélancolie


Jean Clair avoue sa mélancolie pour lequel  il a réalisé une  exposition en 2005. La mélancolie (qui est comme la méduse), c’est bipolaire, cela peut mener au suicide, c’est dure, mortelle, on l’appelle aujourd’hui psychose maniaco-dépressive souvent avec des phases d’abattement profond et phases d’excitation extrême.
On imagine la douce mélancolie du passé du XVIIIe  la rêverie complaisante d’Hugo, la mélancolie, le secret plaisir d’être triste, de goûter les sensations de la vie.
Sa description a été faite dès le Ve siècle avant JC (Aristote, Gallien) très proche de nos médecins actuels. Les Antiques savaient qu’on pouvait soigner avec des concoctions pour déprimés. Pour les grecs, c’était liée avec une capacité personnelle au dessus de la moyenne. (Aristote, autres poètes, philosophes et politiques.) Il y a un lien avec le génie ! C’est une source féconde de notre culture occidentale. La tête pèse lourd depuis -500 ans avant JC. Hasard incroyable et impossible entre la représentation de cette mélancolie .


Peut-on les guérir ? Les inviter au retour à la normalité pour les rendre efficaces ? Avant, la mélancolie était le prix à payer des connaissances supérieures. Mélancolie, c’est comprendre la mort dans la vie,  conscience aiguë des limitations de la vie. Certains siècles ont aimés.  Aujourd’hui non. Dommage.
Clair développe plus loin le fait qu’il y ait moins de portrait au XXe. Non, c’est l’impossibilité d’en faire un. Ça existe (Bacon, Freud, Picasso mais portraits très singuliers…) Ou avant, des types, des statures, des offices. Le portrait contemporain est un portrait mélancolique. (borderline, Van Gogh, Kokoschka) Ne se rapporte à aucun office, dépouillement et désarroi.
Clair termine par une analyse du tableau « le passage du commerce Saint André » de Balthus. Inquiétant. Banal. Sauf, indice dans l’agneau. D’abord parce que c’est l’endroit même où la guillotine a été essayé la première fois. Et elle avait été testée sur un agneau. Nous sommes à un point cardinal de la révolution. Le Café le procope n’est pas loin. Marat, Danton se promenait ici. Et a coté le charpentier créateur de clavecins qui inventa la guillotine (Diderot et sa comparaison du clavecin en homme), forme de la guillotine au fond… (je ne l’ai pas vu, moi…)

A 22 ans, Il a changé de nom en hommage à René Clair, Gerard Regniez ne transportait pas de pays ni de langue…  Besoin de se cacher, de dénoncer le soir ce qu'il faisait la journée. Pourtant le nom est intéressant, flamand.
Il parle ensuite de l’importance de l’horreur des camps, l’immatriculation. Muzic. Questionnement sur la culture, la morale. (ex guerre du Péloponnèse, les grecs travaillent dans les mines de Sicile pour les spartiates. Sur les 5000 athéniens, furent sauvés seulement ceux qui étaient capable de réciter Euripide parfaitement, marque de reconnaissance et de sociabilité suprême).
Quel est son espérance ? Se lever le matin et écrire. « Je n’ai plus rien de social à tenir… Heureusement. »
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Nous terminons cette rencontre avec cet homme ayant traversé toute la seconde partie du XXe siècle, l’a accompagné, réfléchit, admiré et est maintenant horrifié. Nos découvrons un homme enveloppé dans la mélancolie et certainement la dépression, nous comprenons ses cauchemars, sa capacité d’analyse. On trouve un homme misanthrope, intelligent sans plus aucune espérance (sauf l’art et l’écriture). C’est un homme en pleine acédie, considérée par l’Eglise catholique comme l’un des sept péchés capitaux. Elle est lié à la capacité de prendre de la distance et à réfléchir, ce n’est donc pas un hasard si elle fut associée aux génies artistiques et aux politiciens. Mais son absence d’espérance dans la vie humaine, son stoïcisme mélancolique et anti soixante-huitard en font un homme de l’antiquité avec ses très grandes qualités et son désespoir.
Je suis très heureux d’avoir écouté cette émission qui m’a permis de rencontrer un honnête homme sombre, dont on voit les gouffres et qui nous aide aussi à voir ceux de notre époque. Il m’a permis une compréhension plus générale de l’art et à m’intéresser à des artistes que je ne connaissais pas. Il s’éloigne de cette tendance naïve de l’art pour l’art ou du culturel, mais nous montre le danger, le besoin, la nécessité de l’art. En quoi aussi il est le reflet de l’histoires des idées et des fois.
Je lui sais gré de m’avoir fait découvrir le tableau ci-dessus de Balthus. La violence est là tranquille, l’agneau se promène. L’horreur et la tranquillité, un peu de vie humaine. Cette histoire d’agneau pour tester la guillotine... Aucun scénariste girardien n’aurait essayé de peur d’en faire trop… Incroyable.





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