vendredi 12 octobre 2012

Alain Soral et le populisme

En 2006, Alain Soral donne une interview  à un jeune journaliste web. La vidéo est plus bas, je vous propose un petit résumé d'une partie de cette interview et deux trois commentaires...

Alain Soral annonce qu'il est prêt à s'offrir aux politiciens pour leur dire pourquoi cela ne marche plus, pourquoi ils ne sont plus crédibles car ils ne comprennent plus rien. L'interviewer dit que ce n'est pas le problème des politiciens. Soral réplique que le pouvoir, c'est la maîtrise de la situation, de la réalité et donc sa compréhension en avance.
C'est cela prévoir et être un véritable intellectuel.
Aujourd'hui, le chantage au fascisme fait de moins en moins peur et les politiques ont perdu le réel.
L'interviewer dit que pourtant Sarkozy va surement passer en 2007.
Oui, répond Soral,  il a tout les réseaux, argent, média etc... il a doublé Chirac, l'ancien homme des réseaux.
Sarkozy a travaillé sur la concentration des réseaux. Et il a compris l'envie française de populisme light. (L'homme politique giscardien arrive à sa fin.) Mais c'est de la forme. Et il a promis à tout le monde... Soit il trahit, soit il ne fait rien et de toute façon, il conduit à la catastrophe qui est le chemin logique de la politique française. Il aura un peu de temps de grâce avec charisme pendant deux ans, il ne pourra rien faire avec les syndicats ou les puissances d'argent. Puis il se retrouvera nue. Et ensuite, il n'y a plus personne. Le Pen sera à la retraite, or c'est lui qui stérilisait le populisme français par sa diabolisation et son lien avec "la collaboration et l'extrême droite condamnable". Mais après ? Le populisme pourra devenir ce que Michéa en dit (Rousseau). On quittera alors des schémas de 1945 et de 1968 et redéfinir la politique. La redéfinir car la colère populaire se développe et le système politique réduit cette colère en un populisme et ce populisme en fascisme, permettant de ne pas répondre aux racines profondes de la crise.
Le populisme national a un grand avenir en France.




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Ce n'est pas un sans faute, mais je dois avouer que la perspective n'est pas mal du tout. Il est intéressant de découvrir cette interview maintenant. Il s'est passé beaucoup de choses entre temps, et l'homme a été cohérent sur toute la ligne, ses débuts, son "think tank", ses conférence, son "gauche du travail, droite des valeurs" (= populisme), son passage au Front national (velléités de pouvoir ? Peut-être quand on voit comment Marine Le Pen l'a mis sur la touche), son site, ses sites commerciaux etc... Cet homme regroupe autour de lui une haine et une adoration étonnante. Il est ce gouailleur de groupe de copains qui, lors d'une conversation politique "emporte le morceau" par ses arguments, sa hargne et une autorité naturelle créé par sa culture et son courage. Tout seul, ensuite, on se demande s'il est sérieux et si on ne devrait pas prendre ses distances... Mais on revient tout de même, car nous sommes tous fascinés  (en tout cas moi, j'ai cette faiblesse) par les hommes de système, les experts en mécanique intellectuelle, les ceintures noires de dialectique et les chevaliers agressifs et honnêtes de leurs causes. 

Une incarnation d'un populisme à la française refusant le système politique et se concentrant sur la formation et la transmission d'un arsenal intellectuel ? J'ose croire que le bonhomme ne renierait pas cette définition. 

Et moi, ce populisme ? 
Mais qu'est ce que le Peuple ? N'y a t il rien de plus séducteur comme notion, n'est ce pas la base de la démocratie comme celui de la dictature ?

Il n'y a pas d'exercice de l'autorité sans l'adhésion du peuple. 
Plus le tyran est démagogue, plus le peuple est fort. Mais on n'est plus tyran seulement avec un costume ridicule et une armée. Ce n'est plus suffisant. Les dictateurs d'opérette se font de plus en plus rare. (L'ingénierie du consentement est de plus en plus subtile.)
L'autorité ne peut que rarement se passer de l'autorité d'un seul (la monarchie n'est jamais loin non plus), impossible aussi d'échapper à l'influence dans le gouvernement de ceux qui produisent la richesse d'un groupe. (la ploutocratie, n'est jamais loin). La démocratie est aussi ce règne du peuple, à la recherche d'une mise en oeuvre organisée d'une société humaine bien maîtrisée et raisonnable.

Bref, rien n'est fixée, et il y a toutes les formes de régime politique dans chacun des régimes sur terre. 
La différence entre la démocratie et la tyrannie la plus noire se fera moins sur les structures que sur la simple constatation que ce sont des hommes libres, raisonnables et bons qui sont dans les structures... Et même encore, tout peut dépérir.... C'est une lutte de tous les instants contre cette déchéance morale et physique. (le péché originel ?)

Alors le populisme célino-soralien, notre régime démocrato-européen ? Invitent-t-ils, font ils des hommes libres, raisonnables et bons ? 
Le lien entre pouvoir et jouissance est elle une finalité ?

Toute politique commence par une réflexion sur ce "qu'est ce qui est bon, raisonnable et ce qu'est un homme libre?"

Puis je affirmer que cette réflexion est insuffisante à notre époque ? Ou plus précisément que nous croyons y avoir répondu ? N'avons nous pas oublié que tout dépérissait ?



Je conseille enfin cet article de Yves-Charles Zarka paru dans libération en Janvier 2012 et dont je partage souvent l'avis

le populisme n’est donc pas le fait d’un seul parti mais de la plupart. Pour le dire d’une phrase : le populisme devient un mode dominant du rapport aux citoyens dans des démocraties qui ont perdu le sens de la délibération publique.

N'est ce pas ce que dit Soral ? Dans un monde politique où tout est populisme, les électeurs ne vont ils pas finir par préférer l'original aux ersatz....

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