Voici la toute fin du livre "Le monde comme il ne va pas" de Gilbert Keith Chesterton.
Mon manifeste d'une politique, d'une philosophie où l'homme ne serait plus la variable d'ajustement... Puis une invitation à relire ainsi qu'à faire découvrir cet auteur qui ne cesse de me nourrir
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Cette parabole, ces dernières pages,
et même, toutes ces pages, visent à démontrer que nous devons tout recommencer,
à l’instant, et par l’autre bout. Je commencerai par les cheveux d’une petite
fille. Ça je sais que c’est bon dans l’absolu. Si mauvais que soit le reste,
la fierté d’une bonne mère pour la beauté de sa fille est chose saine. C’est
l’une de ces tendresses inaltérables qui sont les pierres de touches de toutes
les époques et de toutes les races. Tout ce qui ne va pas dans ce sens doit
disparaître. Si les propriétaires, les lois et les sciences s’érigent
là-contre, que les propriétaires, les lois et les sciences disparaissent. Avec
les cheveux roux d’une gamine des rues, je mettrai le feu à toute la
civilisation moderne. Puisqu’une fille doit avoir les cheveux longs, elle doit
les avoir propres, elle ne doit pas avoir une maison mal tenue ;
puisqu’elle ne doit pas avoir une maison ma tenue, elle doit avoir une mère
libre et détendue ; puisqu’elle doit avoir une mère libre et détendue,
elle ne doit pas avoir un propriétaire usurier, il doit y avoir une
redistribution de la propriété ; puisqu’il doit y avoir redistribution de
la propriété, il doit avoir une
révolution.
Cette gamine aux cheveux d’or roux
(que je viens de voir passer en trottinant devant chez moi), on ne l’élaguera
pas, on ne l’estropiera pas, en rien on la modifiera ; on ne la tondra pas
comme un forçat. Loin de là. Tous les royaumes de la terre seront découpés,
mutilés à sa mesure. Les vents de ce monde s’apaiseront devant cet agneau qui
n’a pas été tondu. Les couronnes qui ne vont pas à sa tête seront brisées. Les
vêtements, les demeures qui ne conviennent pas à sa gloire s’en iront en
poussière. Sa mère peut lui demander de nouer ses cheveux car c’est l’autorité
naturelle, mais l’empereur de la planète ne saurait lui demander de les couper.
Elle est l’image sacrée de l’humanité. Autour d’elle l’édifice social
s’inclinera et se brisera en s’écroulant ; les colonnes de la société
seront ébranlées, la voûte des siècles s’effondrera, mais pas un cheveu de sa
tête ne sera touché.
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