Curé parisien, Marc Lambret met à disposition sur internet ses sermons, conférences. J'y puise donc régulièrement des trésors de sagesse chrétienne, des explications théologiques lumineuses, un manuel de savoir vivre de chrétiens conséquents. Toujours l'impression d'aller à l'essentiel sans intellectualisme forcené ni de faux gros bon sens.
En Août dernier, lors d’Évangiles du dimanche tournées vers l'Eucharistie, deux sermons ont retenu mon attention.
Le premier part de la proximité étymologique entre adoration et dévoration (bouche). Ensuite selon le père Lambret, elle montre aussi le chemin de l'amour, de l'adoration à la dévoration, signe du danger de l'amour, du rapprochement et donc d'utiliser l'autre selon ses besoin ou inversement. Il développe en parlant de la tendance actuelle de se fier uniquement au sentiment. C'est selon lui "se livrer à la violence et au risque de dévoration contenue dans l'adoration." C'est, je crois, bien représenté par la mode actuelle de la représentation Eros et thanatos dans la représentation amoureuse contemporaine teinté de désillusion et de ténèbres (quand ce n'est pas sirupeux...)
Lambret montre ensuite pourtant que c'est le chemin auquel nous invite Jésus : Jean 6, 51 "Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour le salut du monde."
Et tout cela doit mener à l'oratio, non plus les relations destructrices mais les relations d'unité où chacun garde son identité telle la relation trinitaire.
L'Eucharistie comme ce qui apprend à bien aimer... A exorciser la tentation d'absorber l'autre.... Le baiser comme signe de la beauté de l'amour et de la possibilité de sa perversion (soit trinité, soit narcissisme exterminateur...)
Le second signale (je ne l'avais jamais vraiment remarqué) comment Jésus a à faire avec les questions du "comment" de l'Eucharistie. Jean 6 52 : "Comment cet homme peut-il donner sa chair à manger?"
Marc Lambret se rend à l'évidence. Jésus ne répond pas à cette question. Il répond au "Pourquoi?" juste après mais pas à "Comment ?". Faut il s'en contenter ? Oui, si nous faisons confiance alors nous aimerons comprendre comment nous et son Eglise nous vivons de lui, développe Marc Lambret.
Plus que nulle part ailleurs, la dimension de la foi est présente dans la religion catholique à cet instant. Je fais confiance en ce que dis Jésus et à l'Eglise qui a rapporté son message jusqu'à moi. Je conçois ce qu'il y a de fou. Mais comme nous l'avons vu précédemment avec Orléan, dans un post précédent, nous sommes des êtres de confiance, et ce en quoi nous donnons confiance, là est notre trésor, notre monnaie commune.
Monnaie commune que nous mangeons.
"L'argent ne se mange pas", le proverbe célèbre prend désormais un autre sens... L'argent ne peut pas être un bonne monnaie car il n'est pas adorable, il ne peut pas être dévoré.
On ne peut jamais tenir l'Eucharistie par un point, la résumer facilement, elle est à l'intersection de toutes les dimensions humaines. Ces deux sermons aident à en visualiser quelques uns....
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