mercredi 22 août 2012

Gabriel Fauré - quelques fleurs

A cette question qui m'a été posé cette année "quel compositeur te paraît le plus français ? chez qui te sens tu le plus chez toi ?", je n'ai pu commencer par un autre nom que Gabriel Fauré.

Français par les poèmes qu'il met en valeur dans ses chansons, par sa douceur, son caractère, sa spiritualité, son gout de la langue française. 


Ce blog étant un petit jardin, les chants de Fauré sont pour moi des fleurs dont il faut partager les fleurs, à méditer et à écouter régulièrement.

J'ai choisi des enregistrement assez vieux, moins par nostalgie que par goût d'un français magnifiquement articulé et peut être tout simplement par l'expressivité de Crespin et du fabuleux Panzera.

Extrait du poème éponyme de Jean de la ville de Mirmont, il évoque un homme rêvant dans un port et voyant les bateaux s'éloigner de celui-ci vers des horizons forcément fabuleux...
Dans sa sélection, Fauré met en dernier un poème pourtant inséré dans le premier tiers dans l’œuvre originale. Fauré doit parler de lui, les derniers mots m'ont toujours paru déchirant...



Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte ;
Le dernier de vous tous est parti sur la mer.
Le couchant emporta tant de voiles ouvertes
Que ce port et mon cœur sont à jamais déserts.

La mer vous a rendus à votre destinée,
Au-delà du rivage où s’arrêtent nos pas.
Nous ne pouvions garder vos âmes enchaînées ; 
Il vous faut des lointains que je ne connais pas. 

Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre. 
Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d’effroi, 
Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère, 
Car j’ai de grands départs inassouvis en moi. 






Poème de Prud'homme évoquant pour moi ce que peut être la pureté amoureuse. En quoi ce sentiment nous conduit à l'essentiel et à l'unisson avec la nature

...Ne pas sentir, tant que ce rêve dure,
Le temps durer ;
Mais n'apportant de passion profonde
Qu'à s'adorer ;
Sans nul souci des querelles du monde,
Les ignorer ; 
Et seuls, heureux devant tout ce qui lasse,
Sans se lasser, 
Sentir l'amour, devant tout ce qui passe, 
Ne point passer !


De nouveau un poème de Prudhomme pour évoquer la ressemblance entre les berceaux et les vaisseaux partant pour la mer. Au milieu, de cette tonalité mineure, il y a ce cri dramatique décrivant les horizons qui leurrent....


Poème de Romain Bussine, Fauré nous rappelle ces nuits aux rêve trop doux... Reviens, ô nuit mystérieuse.



Poème d'Armand Sylvestre, ce choeur parle du drame de la non réciprocité amoureuse et du drame sentimental entre les sexes. Fauré, sensible au mimétisme sentimental nous prie : aimez qui vous aime !!! Ce chant est le négatif de l'habanera de Carmen de Bizet. L'harmonie est magnifique.



En prière
Prière de l'inconnu Stéphan bordèse, quintessence de l'art de fauré, simplicité et joie spirituelle. Certains la trouveront niaise mais cette prière devait être la sienne. N'est elle pas la notre aussi aujourd'hui ?




Si la voix d'un enfant peut monter jusqu'à Vous,
Ô mon Père,
Écoutez de Jésus, devant Vous à genoux,
La prière!
Si Vous m'avez choisi pour enseigner vos lois
Sur la terre,
Je saurai Vous servir, auguste Roi des rois,
Ô Lumière!
Sur mes lèvres, Seigneur, mettez la vérité
Salutaire,
Pour que celui qui doute, avec humilité
Vous révère
Ne m'abandonnez pas, donnez-moi la douceur
Nécessaire,
Pour apaiser les maux, soulager la douleur,
La misère!
Révèlez vous à moi, Seigneur en qui je crois
Et j'espère:
Pour Vous je veux souffrir et mourir sur la croix,
Au calvaire!

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