lundi 4 février 2013

Baverez - Réveillez vous

Invité à lire ce livre par une personne l'aimant beaucoup, j'ai voulu répondre au commanditaire et lui faire part de ma lecture critique. Pour chaque chapitre vous trouverez un résumé et quelques commentaires personnels  C'est un peu long, mais il faut dire que sans paraître y toucher, Nicolas Baverez aborde énormément de sujets clefs de la politique et de la compréhension de notre monde...



 1er Chapitre



Il y va fort, le bonhomme. Pourquoi n’y irais je pas non plus ?
Quel effet me font les 37 premières pages, le premier chapitre?
L’effet d’un homme qui a raison dans la logique du monde moderne. Oui, depuis 30 ans (minimum) la France ne se comporte pas rationnellement. Elle s’enivre de concepts humanistes et globaux pour mieux dénier la réalité de sa situation catastrophique dans un monde où tout change. Elle a vocation à subir. C’est de sa faute, de la démagogie des politiciens, de la folie de son peuple, « de sa capacité à s’aveugler » (refus de la mondialisation, antiaméricanisme etc etc). Elle croit toujours museler l’Allemagne mais se fait toujours avoir. Se croit toujours plus maline qu’elle mais finit toujours depuis 1870 à tomber dans le piège qu’elle avait préparé à sa voisine. Tactiquement, politiquement, géopolitiquement, elle se trompe de décision à tous les carrefours. (trop d’exemples cités par Baverez…)
De plus elle cherche des bouc-émissaires à tous ses malheurs. C’est une malade qui a profité de quelques dizaines d’années pacifiques par ci par là pour faire parler son talent d’organisation, de création et la bonne volonté foncière de son peuple pour devenir malgré tout la cinquième puissance mondiale. Mais, en fait, c’est un destin grec, argentin, italien ou espagnol qui attend ce pays. Un triste déclin. Et c’est normal.
Baverez croit en l’histoire de 1789, c’est pour lui la naissance du merveilleux monde moderne qu’est le notre et dont la mondialisation est l’heureux enfant et par ainsi même le destin naturel de notre planète. (Il n’y a pas que les communistes qui croient au sens de l’histoire…..)
Alors pourquoi la France, à l’origine de la mondialisation refuse de s’adapter et rate le train de l’histoire ???
· C’est encore une société d’ordre avec des structures monarchiques (l’inverse de l’Angleterre, société de classes avec structure démocratique)
· Elle aime la centralisation ce qui crée une endogamie de son pouvoir qui se transforme en oligarchie bcbg
· C’est un pays qui ne réagit que par à coup, qui porte toujours des germes de guerre civile en elle. Elle a peur de l’invasion (dans toutes ses significations)
· Elle a la mauvaise habitude de préserver des équilibres dans un pays trop divers.
· Une nostalgie idiote favorisant l’évitement du réel
Bref, puisque antilibérale par nature, la France se condamne à être une démocratie inachevée. « Faute d‘une culture de la réforme, la France s’en remet régulièrement à la Providence » contrairement aux nations libres utilisant le compromis et le changement en douceur comme l’Australie, le Danemark, la Suède, l’Allemagne, le Canada etc….
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Comme dit ci-dessus. Baverez est l’homme qui a raison. Qui a raison dans les mesures de la règle du jeu. Et ce premier chapitre est terriblement cohérent (et effrayant par bien des aspects) et en même temps relativement schizophrène. Français et anti français.
Baverez, c’est le schtroumpf à lunettes (et on a envie de le frapper un peu... mais je suis un pacifiste acharné, Girard oblige…). Il a raison, c’est le bon élève, mais son intelligence ne lui permet pas de voir les à priori de sa pensée (ou bien il ne nous les montre pas??). Puis-je résumer d'une manière différente. Baverez dit : On est les loosers de l’histoire. Depuis deux siècles, on se plante à tous les coups. Le monde est anglo saxon, libéral et nous on ne sait pas faire, nous sommes désespérément français et nous avons atteint les limites de cette identité, si nous voulons avoir un rôle et ne plus être les esclaves dans cette histoire libérale, il faut nous transformer en anglo-saxon, viking ou prussien à la rigueur.

Bref, le bonhomme est un libéral avec ses qualités (responsabilité, industriel, sens du compromis, empirique) et ses défauts (incapable de distance sur sa philosophie et sa vision du monde, idolâtrie de la croissance, anglophile etc..etc...


Il écrit au départ que tout antilibéralisme est absurde. D’un point de vue empirique, c’est vrai. Mais ne peut-on pas douter sur d’autres points de vue ? Surtout quand on est français. Oui, Baverez a raison car les anglais (et leurs descendants américains qui seront peut être chinois bientôt…) ont gagné et nous impose les règles du jeu. Comment ne pas comprendre la nostalgie française ??? Comment ne pas se poser la question du bien fondé des règles d’un jeu où nous savons que nous allons perdre ? La recette de Baverez serait de transformer le français en bon canadien, allemand, danois etc etc…. Cela me fait penser à la Troika en Grèce. « Comment ???? Qu’est ce à dire ??? Les grecs ne sont pas de bons petits scandinaves ??? L’Euro ne les a pas transformés en bon petits allemands !!!! C’est un scandale qui me pétrifie dans mon orgueil d’homme mondialiste, libre et antitotalitaire. »

Ceci dit, la folie et l’arrogance française et sud européenne qui voudrait gagner le jeu tout en refusant d’être de bons libéraux est futile, dangereuse, insensée et puérile…. C’est bien vrai…. Et que leur dépression (Paris me fait penser à une femme en dépression… ) est le signe de leur défaite honteuse et impensée et signe de leur crise d’identité…
Ce qui est intéressant aussi c’est quand Baverez se plaint de la dimension monarchique et catholique française. Peut être qu’il l’abordera plus tard mais pour moi il est clair qu’il lui reproche ses racines monarchistes et catholiques (« Faute d‘une culture de la réforme, la France s’en remet régulièrement à la Providence », ou dit autrement, nous somme bêtement catholiques au lieu d’être intelligemment protestants…).

Certains français râlent, le XIXeme siècle aurait du être français. La révolution française était une absurdité et un accident de l’histoire (hystérie française). Mais comme le montre Furet, l’évènement fut aussi improbable qu’inévitable. L’aristocratie ne cessant de scier la branche sur laquelle elle est assise, la bourgeoisie de plus en plus invitée aux places du pouvoir et sapant les bases idéologiques de l’ancien régime par un travail de fond de transformation à la base du logiciel intellectuel de l’élite et petit à petit du peuple. La conséquence étant de prendre le pouvoir à l’aristocratie, de laisser Robespierre faire le sale travail de liquidation avant de le tuer quand il s’intéressait à la bourgeoisie. Puis arrive la folie Napoléonienne, pompier pyromane de la France, faisant fructifier l’orgueil aristocratique et le nouvel universalisme des vainqueurs de la révolution.

Mais en conséquence une France, continentale, catholique qui a perdu toute possibilité d’imposer son logiciel au reste du monde. Si le XIX siècle avait été français, il n’aurait pas été libéral à la forme anglo-saxonne.



Tout cela pour dire que je ne comprends pas chez certains français, leur passion libérale et leur dégoût de la révolution. Baverez dit : tout cela est un et c’est le sens de l’histoire et la mondialisation en est son prochain épisode et la France n’y est pas adaptée (alors que la mondialisation est la machine à bonheur…)

Et moi dans tout cela ? Je suis (très) gentiment schizophrène. Je joue le jeu libéral mais ne voyant pas comment la France (que j’aime si tendrement) va transformer son identité pour devenir un cheval de course de la mondialisation. Je regarde la France tomber, victime de ses contradictions... et ce n’est pas facile. Je ne sais même pas si le libéralisme survivra… Cela serait peut être dommage ? Il a tout de même quelques qualités auxquels nous nous sommes habitués... mais je ne crois pas que ce soit le sens de l’histoire ou plutôt sa fin en soi…

En lisant ce Premier chapitre, je pensais toujours à "Achever Clausewitz" de René Girard. 

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Chapitre 2 accélérations de l'histoire



Il existe un esprit-principe. Celui du XXI, c’est la mondialisation. Universalisation du capitalisme, multipolarité et absence de superpuissance hégémonique. Dominant depuis le XVIème, ce n’est plus l’occident qui maîtrisera le leadership. Nous sommes en pleine accélération historique de la démocratie, les crises des années 2000 en sont le signal. Cette accélération est rempli de faits historiques ambivalents (ex : baisse de la pauvreté mondiale / écart des richesses au sein des communautés).
 La crise de 2008 fut le signal et le symbole de ce changement des structures de la mondialisation et des équilibres géopolitiques. C’est le signal d’une période de transition. Instable mais avec des espoirs technologiques et démocratiques. Comprendre la mondialisation, c’est déchiffrer le monde du XXI. Pourtant entre 89 et 2000, les USA avaient une autoroute en face d’eux. 2001 change tout, politique monétaire laxiste, création de bulles à répétition, blocage du modèle de croissance à crédit, tout cela forme la crise de 2008. Le monde commence à se retourner du nord vers le sud. (Détails à l’appui, ex Chine, Brésil et autres.) Le développement est une chose sérieuse et ne se décrète jamais par formule. (Alliage de gouvernance, capital humain, disponibilité de l’épargne, infrastructures, recherche et innovation). Les pays émergents seront le lieu de la croissance mais eux aussi doivent s’adapter, libéraliser leurs structures, solidifier un état de droit … bref innover politiquement, développer la société civile, élever le niveau de vie, bref aptitude à se transformer, se réinventer régulièrement. (Et encore une fois, modèle du canada, Suède, Australie…)



Déclin de l’occident ? Oui, USA, Japon, Europe tombent, chiffre à l’appui. Raison ? Modèle irresponsable de croissance par le crédit. Stratégie de sortie de crise échouant, chômage structurel, démocratie remise en question par classe moyenne se sentant brimée. Celles-ci orientent la politique vers des nationaux-populistes alors qu’il faudrait toujours plus de coopération et d’intégration européenne. L’heure exige une mobilisation, nous n'avons que des « sauve-qui-peut ».

La crise devant nous ? Oui, le nord doit adapter son système de production et se désendetter simultanément tout en gérant son vieillissement et l’augmentation du cout des ressources…. Baverez aussi avoue que le système est touché…. Les fondamentaux dans ce cas-là ? Sauver les banques, s’endetter encore pour l’économie, refus du protectionnisme. Bon… La dette, ce n’est plus possible mais les USA font rouler la planche à Billets (Merci Bernanke…). L’Europe ne peut pas… Baverez compte sur l’innovation technique, institutionnelle et sociale et géopolitique (car là aussi c’est le bordel….)

En effet, remise en cause des autocraties arabes (trou d’air dangereux, risques théocratiques) remise en cause géopolitique de la fin de l’histoire, du choc des civilisations, ou d’un monde bipolaire. Le capitalisme se retrouve être caméléon. Néanmoins la mondialisation favorise la liberté même si celle-ci n’est jamais acquise.

Révolution technologique… Technologie de l’information, de l’énergie, vigueur du productivisme du sud. Erreur de l’occident misant sur un écologisme décroissant vu par le sud comme un obstacle à leur croissance. Encore une fois Baverez ne voit de salut que par l’innovation. Certes elles peuvent produire le meilleur comme le pire, des règles mondiales peuvent nous aider comme le prouve les erreurs de la pensée nationale dans l’échec du protocole de Kyoto et de la régulation financière.

Monde aplati. Le monde du XXIème siècle sera universel mais surement peu stable. La structure multipolaire exprime plus une absence de leadership qu’un équilibre des puissances, tout le monde se dérobe. Institution et négociations internationales sont dans l’impasse. (Pas suffisamment de concertation et d’intégration…)
Le XXIème commence dans un ensemble de transformation historique. L’Europe a des atouts merveilleux, il ne lui manque que l’acceptation de la nouvelle donne mondiale, d’en devenir acteur.
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Raconter l’histoire du monde est un exercice terrible. Ce n’est pas l’objectif du livre et il ne peut pas aller plus loin qu’un chapitre. Je ne sais plus qui disait qu’un livre d’histoire parlait plus de l’auteur que de l’histoire du monde lui-même. 

Mais bon, faisons confiance à notre ami Nicolas. Qu’est ce qui transpire de ce chapitre ?

D’abord de l’angoisse. Instabilité, risque de populisme, fin d’un monde et une machine qui s’accélère de tout point de vue.
Bien sur, il invite au courage, à la compréhension de la mondialisation et même à son développement. Il sent que la démocratie est une victoire qui sera bientôt gagnée mais demeure prudent (mais pas trop) face au capitalisme chinois et à une liberté jamais acquise.
Ensuite, il est aisé d’être d’accord avec lui sur la multi polarisation en gestation, sur la mondialisation comme esprit-principe aidé par la technologie et la participation mondiale au grand marché. Encore il est difficile d’être en désaccord sur la notion de déclin occidental et en effet rien n’annonce la fin de la crise à court terme.
N’est ce pas là où Baverez est aussi effrayant qu’effrayé. Bon les cocos, on est tous dans un train qui va très vite, le conducteur s’est jeté du train, les copilotes se battent entre eux à coup de marchandises, les passagers veulent une réduction du billet tandis que ceux qui pédalent veulent mettre les passagers à leur place. Mais courage, de toute façon le train est sur de bons rails et il va dans la bonne direction. Il suffit de s’a-da-pter !



Mon Girard dirait que nous sommes en pleine crise d’indifférenciation. Tout est liquide, flou, les hiérarchies et les ordres s’effacent, tout le monde est tout le monde où y tend et ceci au niveau mondial. Et selon Girard (et même Baverez l’avoue un peu) c’est le principe de toute détérioration et de destruction de communauté par une violence imminente si non dirigée vers un bouc-émissaire. Baverez dit : Tout ira mieux, en persévérant dans l’intégration et la mondialisation. C’est la faute des méchants bloqueurs (rempli d'illusions) de mondialisation (=populistes=salaud=fascistes=génocidaires) si nous avons nos problèmes actuels. Allons en avant, continuons l’indifférenciation parfaite, (universalisme de 1789, mon amour !!!!).
Autres détails, il va très vite (ce n’est pas le sujet du bouquin non plus…) sur le ratage de coche de l’occident à poursuivre le modèle vainqueur à partir de 1989. On comprend son discours : démagogie politique et croissance basée sur l’endettement. Mais à le lire, on se demande qu’est-ce qu’on aurait du faire ? Mais récapitulons on a fait : 1) Si pas de croissance chez nous, il faut l’inventer par la finance. On fera croire que c’est de la philanthropie, et finalement on fait les subprimes. 2) La croissance semble être une ressource rare désormais dans un occident qui a trop crût. Il fut donc légitime d’aller là où la croissance est encore un potentiel. (et en plus on a mis notre prolétariat en concurrence avec les prolétariat du sud, Yeah… ). Les deux courbes du nord et du sud se rejoignent et cela fait des étincelles. En plus, il semble accréditer par sa mise en avant perpétuelle de l’innovation et de la croissance que notre monde est une course en avant dont on ne connait pas la direction. Notre croissance est la meilleure arme contre la pauvreté et pour la paix ?

Encore une chose, en bon libéral, il ne voit que « le doux commerce ». Alors que se dessine de plus en plus que le commerce est la continuation de la guerre par d’autre moyen. La balance du commerce extérieur remplace le critère du nombre de tête de généraux adverses sur des pics à l’entrée du village. L’endettement des états est un signe de vassalisation et les américains se sauvent malgré tout par le dollar qui est une sorte de dieu de la guerre du commerce dont la foi mondiale (jusqu’à quand ?) permet de communier aux grâces qu’il concéderait à ses fidèles. Abondance, liberté et american dream. (j’exagère, je sais….)

Et moi dans ce train ? Qu’est ce que je  fais ? J'observe et je suis tenté (mais raisonnablement…) par l’idée d’apocalypse. Ensuite, de fait, je suis tenté de chercher la pédale de frein de ce train fantastique. Je n’y crois pas trop car je sens que tout le monde recherche la pédale d’accélération d’un coté (si j’étais un ouvrier chinois, c’est ce que je ferais probablement….) et de l’autre coté on veut profiter de la vitesse du train (c’est fun) et continuer de profiter gratuitement du wagon restaurant tout en faisant la gueule parce qu’il manque du sel sur les frites et que l’on s’y ennuie un peu et qu’en plus on tend à nous demander de nous battre (avec des couverts en plastique ?) pour garder nos places…
 Ma métaphore filée n’est surement pas parfaite…

Je peux comprendre la hantise du populisme de notre auteur, je comprends moins son amour passionné de la mondialisation, il ressemble à Hegel tout troublé d’avoir vu passer l’esprit du monde (Napoléon) sous sa fenêtre de Iéna… Quelle est la part de fascination morbide ?

Ensuite je repense à cet article de Libération.
qui exprime que si le populisme se développe, on peut le voir comme une conséquence globale et générale du comportement des politiques occidentaux avec les citoyens : « le populisme devient un mode dominant du rapport aux citoyens dans des démocraties qui ont perdu le sens de la délibération publique. »…. « La démocratie véritable suppose le temps, le privilège de la raison, la capacité à déterminer le bien commun au-delà de la prochaine échéance électorale. Mais cela, la démocratie dégradée en technicisation biaisée du pouvoir d’une part, et sollicitation des humeurs du peuple d’autre part, en est incapable. »
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Chapitre 3 Fin de parties


Baverez y parle de la mort de certains principes. Les deux dernières pages (101, 102) résument à merveille et frappent comme un uppercut.

La mondialisation dérégulée, l’Europe de Maastricht, le modèle français de croissance par la dette publique. Ces trois choses sont mortes ou plutôt si on continue à les faire vivre nous tomberons dans le précipice à chacun de ses mêmes niveaux. Il est vain de penser qu’on peut garder les espoirs de ces trois périodes désormais en ruine. Les changements se feront en douceur et concertés ou bien de manière dramatique. Nos temps de communication et de démagogie bloquent la véritable politique : art de rendre possible ce qui est nécessaire par la pédagogie et l’action. Baverez conclue sur la démission des élites. Le réel a été oublié.

En effet, c’est ce qui caractérise notre monde. Perte de réel et bulles spéculative financière, politique (illusion géopolitique néoconservatrice),économique et intellectuelle(auto régulation du capitalisme, toute puissance des marchés, politique du dollar). La bulle de croissance à crédit est la plus illustrative et celle qui nous frappe la première. Décalage entre production et consommation au moment des crises démographiques et de la dérive de l’état providence.

1 La mort de la mondialisation capitaliste auto-régulée. Nous avons vécu une folie de 30 ans, la crise de 2008 a fait sonner la fin de la récré et parallèlement les géants émergents ont rattrapé l’occident. Maintenant, avec la crise de 2008, nous avons perdu toute assurance financière et psychologique et la peur vient. Les renationalisations apparaissent et la désintégration de la mondialisation devient possible si protectionnisme et dévaluation compétitive reviennent en force ou même encore en cas d’explosion de l’Euro. Pourtant Baverez croit encore à une croissance menée par une grande politique (gains de productivité par éducation et innovation, refondations des états providence, coopération des pôles de la mondialisation et rétablissement dans la confiance des institutions.)Sans oublier un rééquilibrage entre l’état et l’entreprise. Celle-ci étant handicapée par un fort manque de considération dans la communauté sociale malgré son importance de fait.

2 La mort de L’Europe de Maastricht. Croissance en berne, dette faramineuse. Elle est la perdante de la nouvelle donne. Citation de Bernanos, « l’Europe est moins ébranlée par des forces antagonistes qu’aspirés par le vide ». Vide démographique, économique et politique. Tentation du retour aux Etat-nations. L’union souffre d’impuissance et Maastricht est bancal, l’euro a renforcé une concurrence intra-européenne et le surendettement. Marginalisation diplomatique par illusion d’un monde post historique coupée de la puissance.
La mort de la nation-providence. La France en est le meilleur et le pire exemple. Arrogance du système d’exception défaillant, conduisant en plus la bouc-emissarisation de l’entreprise. La France a perdu sa souveraineté face aux marchés financiers. La France tient la survie de l’Euro entre ses mains et à son rééquilibrage budgétaire, elle a créé un chômage de masse et la constitution d’un nouveau sous prolétariat. L’état providence a cannibalisé l’état régalien et la redistribution a tué la production. De plus son système social devient asocial. La France doit sacrifier son niveau de vie. La France n’a plus d’espérance et en plus est un obstacle à la mondialisation portant pourtant la liberté, l’égalité et la fraternité en son sein…. Citation de Chateaubriand confirmant ma première thèse lors de la lecture du premier chapitre. Baverez se plaint que les français soit les loosers de l’histoire. De chateaubriand à Baverez, rien n’a vraiment changé, si ce n’est la frustration décuplée…

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Je le redis, Baverez est l’homme qui a raison mais jusqu’à un certain point ou plutôt jusqu’à une certaine acceptation de la réalité de notre monde ou encore jusqu'à une certaine foi... Car là est bien mon doute envers son travail. Il fonde sa recherche sur le retour à la réalité. (noble et ambitieux programme) Et il faut avouer qu’il est le meilleur dans les commentateurs politiques à succès actuels. Mais j’aimerais commenter deux, trois choses sur ce chapitre pourtant très convaincant à bien des égards.

J’aime beaucoup son analyse critique de notre situation sur le concept de bulles et de pertes des réalités. Et ce qu’il dit devrait être d’une certaine manière répandue et acquise pour peu que nous ayons encore un peu de courage et de raison. Il n’y a pas de redistribution sans production. Il n’y a pas de finance sans acceptation de risques, de prospérité sans travail et sans travail productif, il n’y a pas d’humanité sans lutte de pouvoir. On ne retournera pas vers les trente glorieuses, la donne étant changée. Il a bien raison de dire qu’il y a eu une trahison ou une démission des élites, surement liées à des illusions de la population.
Bon, il proposera surement dans les deux derniers chapitres quelques choses. Mais comment ne pas être effrayé par la situation ? La structure en entonnoir de ce chapitre est assommante. Comment ajouter de la régulation dans ce monde ? La définition de la mondialisation n’est elle pas la dérégulation portée au niveau du monde ? La mise en concurrence de tous contre tous? Les entreprises peuvent elles se substituer à l’état dans la conduite du bien social ? Créer une intégration toujours plus forte n’est elle pas une gentille illusion ou un rêve de Babel effrayant quand on voit l’impuissance des structures mondiales actuelles et l’impossibilité des superstructures à se créer communauté ? (n’y a-t-il pas déjà ce problème dans les états mêmes ?)


Comme vu précédemment avec Marcel Gauchet, nous pouvons essayer de comprendre ce qui fait la différence de notre homme contemporain par rapport à « l’homme ancien ». Il se base sur trois concepts. La politique : la communauté de l’état, comme machine abstraite remplaçant la communauté à sentiment religieux, les droits de l’homme, individualisation et autonomie des hommes dans la communauté. L’Histoire : celle-ci a un sens, la communauté est rempli de celle-ci et se sent motivée par sa réalisation. L’homme moderne est bien sur l’homme des lumières et de la révolution. Gauchet et Baverez sont d’accord. Mais Gauchet pense que nous vivons une crise de la démocratie dans le sens où les trois concepts tendent à lutter les uns contre les autres. Et il dit que de nos jours, le droit a bouffé les deux autres. Il n’y a plus de sens de la communauté et nous ne savons plus l’histoire que nous faisons, il ne reste plus qu’un individu fat, égoïste et exigeant.

C’est ici que Baverez intervient. Il dit moi, le sens de l’histoire je le connais !!! La mondialisation. Et la communauté que nous créons est mondiale. Et le gros individu européen, je vais le réveiller !!! Intention louable. Mais d’abord, il n’est pas capable de comprendre que c’est son propre modèle qui est en crise. Il pense que les européens sont bêtes et méchants alors qu’on peut interpréter l’état des choses comme la crise d’une structure qu’il défend lui-même et dont l’Europe est la tête de pont. Ensuite, je doute de ces deux premières affirmations. Nous avons déjà perdu le sens de la communauté basique… Comment aspirer à un sens de la communauté européenne et mondiale ? On nous demande de passer les deux échelons suivant quand les premiers sont manquants. Est-ce possible ? Y a-t-il une guerre des communautés pour s’approprier le sentiment de communauté ? Alors qu’on ne peut avoir l’un sans l’autre…. Non ?


 Ensuite, c’est un grand débat philosophique...C’est la certitude de Baverez de détenir dans la mondialisation le sens de l’histoire ce qui se traduit par les mots « c’est un fait ».  Quelle est le sens de l’histoire de l’homme ? Baverez est comme Hegel (je le répète), il se réjouit (d’une joie enfantine et innocente même) de l’apparition de la mondialisation conquérante comme le philosophe allemand se réjouit de voir passer sous sa fenêtre de Iéna l’Esprit du monde. Napoléon est pour Hégel, le symbole du rapprochement entre les hommes dans la paix, la joie et l’unité. Oui, Baverez a cet espoir aussi. Même si on le sent plus inquiet et plus fataliste. Donc, quel est le sens de l’histoire ? Je crains que la mondialisation soit le napoléon des temps modernes… Phénomène irrépressible (je suis d’accord) mais destructeur. L’illusion des élites nous conduisant une fois de plus vers une rencontre de l’humanité avec sa propre violence. Si vous êtes courageux, je vous oriente vers l’ « achevez Clausewitz » de René Girard qui a inspiré mes idées ci-dessus. Apocalyptique certes mais réaliste et raisonnable paradoxalement.



J’interprète le « vide » européen décrit par Bernanos comme une intuition triste sur la vérité violente de la mondialisation. Son expérience lui empêche toute espérance continentale, globale et enthousiaste sur le sujet. Elle devient fantôme et se cherche, se cherche sans fin dans un monde qu’elle a engendré et qui lui fait peur. (Sauf Baverez… Homme libéral, fort et qui a tout compris et on va voir ce qu'on va voir quand il va montrer ses biscotos...)

Comment ne pas citer cette longue citation de ce merveilleux Chateaubriant, c'est une bonne illustration de notre conversation. Sacré François René…. http://politis-philippe.blogspot.com/2012/12/chateaubriand-prophete.html


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Je continue ma lecture de mon positiviste favori. Je continue aussi mes résumés, mes commentaires et mes provocations. (ainsi que mes demandes de votre indulgence infinie et miséricordieuse...) Je tente de souligner aussi bien sa belle lucidité que son aveuglement. Personne n'est parfait... même si Nicolas le croit de lui. Son manque d'humour en est le premier signe. 



4ème chapitre le pacte défaitiste




La France est en état de résignation face à une prétendue défaite géopolitique et intellectuelle (Montoire ?), la responsabilité (de long terme) de l’élite française est énorme, Baverez parle de trahison. Le pacte président-peuple-haute fonction publique et modernisation du pays a explosé. Maintenant mépris du peuple et de la vérité, refus de la modernisation et course vers le Krach. Certes il y eut un exil fiscal et entrepreneurial des élites et des centres de décisions économiques, mais surtout il y a des élites administratives de plus en plus closes, endogames, ne posant plus la modernité de l’état comme priorité. Et enfin un peuple oubliant le destin commun pour privilégier un bonheur privé, tendance renforcée par le populisme et le refus de tout risque.


De plus la politique souffre d’un déficit d’action, de transparence et de volonté. Obsession de l’égalité. Production et investissement sont sacrifiés. Gouffre entre conscience des politiques et peuple, 2005, symbole parfait de cette incompréhension née du silence et de la démagogie trentenaire…. Plus elle s’enfonce, plus les idées étatistes et les refus des chiffres pour de la poésie idéologique refleurissent. Est venu le temps des gestionnaires scrupuleux pour arrêter cette démagogie destructrice… Il dénonce ensuite la dimension administratrice de la cinquième république, panier de technocrates. Toute stratégie régalienne a été détournée pour la question de la redistribution. (il frappe aussi sur la BCE à ce moment du livre…) Etatisme, irresponsabilité et démagogie ne font qu’un pour conduire à l’affaiblissement de la démocratie. Il faut changer d’élites (pour celles ouvertes à l’entreprise, à l’Europe, à la mondialisation).

Oui, nous sommes face à une crise morale. Fraternité en berne (stigmatisation de l’émigrant, et de l’Europe). La transmission a été écharpée par le pédagogisme. Profit à court terme favorisé dans les entreprises, les syndicats et l’administration jouent les intérêts particuliers contre la communauté nationale. La justice est en crise et le rapport à l’argent est vicié partout, conséquence : CAC 40 avec 60% de capitaux étrangers, compétitivité productrice ridicule. Faute de l’état que celui-ci partage avec les entreprises quand celles-ci sont cupides et sans scrupules. Bref, le bateau France prend l’eau de tout coté…

Baverez en profite pour dire que tout argument de crise libérale française, n’est qu’un hydre de papier dans un pays tout sauf libéral. Nous alternons entre critique radicale de la mondialisation et de l’Europe (et donc exaltation d’un pseudo modèle national) avec une volonté farouche de transposer brutalement les exemples étrangers à la mode… Où sont les intellos ?

Baverez voit du nihilisme dans la société française, car elle souhaite détruire qui semble comploter à sa perte tout en n’ayant aucune conception claire de ce qu’elle veut. « A force de s’enivrer d’antilibéralisme , la France a perdu le gout et le sens de la liberté ». Les français ont tout accepté et sont tombé dans un totalitarisme mou et ils en redemandent. Le logos grec a été évacué, l’idée du progrès est mise sur le banc des accusés. Certes le XXème a nuancé la marche triomphale du quatuor démocratie-sciences-industrie-droit Mais la dénonciation de la modernité est illusoire. Car on ne peut oublier la population mondiale en croissance. Certes, le progrès n’est pas automatiquement le sens de l’histoire mais les blessures du XXème n’enlèvent rien aux promesses des lumières. Or la France, fille ainée de l’Eglise des lumières n’est pas fidèle aux promesses de son baptême des merveilles de ses penseurs.

Baverez finit le chapitre par la comparaison pessimiste optimiste, et les intellectuels Aron et Basch, leur querelle et leur vie. Nous avons une mentalité de vaincu. Mais pas condamné si nous nous réveillons. A nous d’inventer de nouvelles lumières et d’assumer « un héroïsme moderne de la raison et de la liberté ». Amen !!!!!
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Il y a encore plein de choses où je peux être d’accord avec mon schtroumpf à lunettes préféré. Nihilisme français, mépris du logos, système élitaire en voie de dépérissement (l’actualité lui donne horriblement raison…) Egalitarisme obsédant, perte du sens commun. Je suis à 95% d’accord avec le constat. Sa lecture n’est donc que nécessaire et il est bon de voir le panorama général de la situation. Ensuite comme toujours, en prenant la pose de « l’homme raisonnable disant les vérités qui font mal », Il ne veut pas voir le cadre idéologique de son discours et en quoi il est un homme de foi.

Encore une fois, la France est condamnée à être un pays schizophrène. Sans se renier profondément, culturellement, intrinsèquement (spirituellement ?) la France perdra le jeu et deviendra définitivement ce à quoi elle tend depuis deux siècles. Une ancienne puissance qui perd sans cesse. Un loser magnifique, avec un coté intellectuel donneur de leçon. La France voit inconsciemment de plus en plus clairement ce tableau mais se plonge de plus en plus dans déni frénétique, se rapprochant de la folie… Celui-ci a été accompagné par un individualisme destructeur de communauté (Baverez dit la même chose.). Et c’est là que je trouve Baverez incohérent. Quelle est la source de cet individualisme ? Quelle est la source de l’éloignement du logos grec ? La bêtise ontologique française ? On pourrait le croire en le lisant. Or pour moi, l’individualisme que l’on retrouve partout dans le monde occidental est le fruit merveilleux des lumières (lui-même fruit hérétique de la foi chrétienne). Qu’est ce qui peut faire communauté ? Or Baverez ne se pose pas la question. Il croit qu’un homme communautaire bon et altruiste est naturel. Il rejoint là Rousseau et les pires gauchistes qui pensent qu’un contrat social est à la base de toute société. Baverez n’a rien à dire face à ce problème. Il se plaint et c’est tout. Baverez libéral a lu Tocqueville mais n'en voit pas les dangers...




Baverez est un homme religieux qui essaie de se faire passer pour un homme qui n’a que la raison pour arme. Je n’ai rien contre les hommes religieux, je candidate pour le titre. Mais je n’aime pas les hommes religieux qui dissimulent leur foi (ou qui l’ignorent). Baverez utilise des tournures de phrases mystiques quand il aborde le triptyque révolutionnaire ou les lumières. Il est lui aussi dans le déni quand il refuse de voir dans le XXeme siècle une remise en cause globale de l’idéologie du progrès. Il refuse de voir la violence ainsi que la dimension destructrice de son propre modèle et de sa foi. Alors il rentre dans une lutte mimétique absurde en crachant sur son frère jumeau opposé, le populisme. Là où croyant se revêtir de raison, il devient supporter de football. Espérons que nous pourrons un jour nous libérer de ce match destructeur entre les deux. Quittons le stade et trouvons la raison et l’humilité qui nous redonne le véritable sens de la communauté sans que celle-ci soit hypothétiquement mondiale (illusion babéliste) ou folie démagogique.


 A propos de raison, il n'a pas tort de voir une éclipse de celle-ci dans la société. Mais il y a un paradoxe de nos sociétés de production et de consommation. Comment attendre un peuple du logos quand celui-ci est mitraillé par la manipulation et la démagogie publicitaire d’un système qui sait de moins en mois que faire de sa production ? Paradoxe effarant quand on observe les gens de ma génération quel que soit leur classe sociale. Ce n’est pas avec des veaux consommateurs qu'on gagne le jeu mondial de Baverez, mais pourtant, le monde productif a compté sur des veaux consommateurs pour vendre le surplus productif ou maintenir la croissance. Malheureusement, la politique a pris le relais des mêmes techniques de consentement. (Voir « storytelling » de Christian Salmon sur ce sujet.)

Bon, certes, comme écrit dans une lettre précédente, la France est folle de croire qu’elle peut gagner le jeu mondial sans être libérale. Baverez a raison quand il dit que la France est nihiliste car en effet, elle ne sait plus ce qu’elle veut si ce n’est de refuser les règles du jeu… Seule une crise peut nous faire redescendre les pieds sur terre et enfin comprendre la situation globale, nous faire prendre des décisions et où une nouvelle élite non démagogique nous proposera des chemins intéressants et stables dans un monde qui change tous les quatre matins. Le temps presse et nous devons à tout prix éviter des drames qui ne nous permettrait pas de sortir de l'idéologie ou du ressentiment. Baverez nous aide mais jusqu'à un certain point seulement.
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5eme chapitre Réinventez les modèles

Baverez récapitule, il faut une modernisation franche et nette. C’est cela ou une décroissance forte.

D’abord ne pas oublier que le capitalisme est multiforme ensuite l’entreprise est la fille de la compréhension française du bien commun, par sa raison sociale et sa gestion, l’entreprise et les entrepreneurs sont l’Etat de demain. Ensuite, la France a toujours à gagner de choisir le grand marché quel qu’il soit. Là est la croissance. Il faut certes commencer à réguler la finance pour notre santé et en faire un laboratoire d’un début de politique mondial. Bref, insérons nous dans la mondialisation.

Réformer la production : c’est la base de la réforme économique. Recherche, innovation et baisse du coûts de travail, réorientation de l’épargne vers les entreprises, déréglementations des marchés des biens et service, gaz de schiste. Soyons compétitif bordel !

Pour cela, il faut un pacte social. Comment gérer son capital humain ? Comment favoriser les jeunes, déghettoïser les immigrés. Mais le chômage est l’ennemi (et donc c'est la faute du coût du travail) il faut libéraliser le marché du travail et détruire le CDI. Pour l’éducation, il faut fortifier l’école primaire et dégraisser le mammouth bureaucratique. Pour l’immigration ? Laïcité, droiture, discrimination positive, incitations entrepreneuriales. Pour le reste ? Libéralisation progressive de la sécurité sociale et de la retraite…

Pour cela, il faut aussi réformer la citoyenneté et retrouver le vivrensemble. Il faut réhabiliter la justice, remobiliser l’énergie du peuple. Rééquilibrer entre les devoirs et les droits de chacun. Bref, tranchons dans le mammouth administratif, orientons vers l’innovation et la recherche ou l’arrêt de l’hémorragie débitrice. Rigueur ! Et si nous ne sommes pas volontaires, le FMI, le fera pour nous.

Pour cela réformons l’Europe, ne serait ce que parce qu’elle est la construction pure et parfaite, formée par l’idée de liberté, de marché et l’état de droit. Mais maintenant tout le monde doit être d’accord sur la lutte contre le chômage et le désendettement. Il faut donc coordonner ses politiques économiques pour l’euro et la dette, réinvestir sa défense. Certes L’euro marche au bord du précipice mais super Mario fait du QE. Sinon, il est temps d’arrêter de penser national, sinon c’est le malheur sur 60 générations, il faut penser état-continent !!! Zou !

Refusons les lignes Maginot. On peut réinventer le modèle français. Secouons nous. Sinon on va perdre notre souveraineté.
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 Que faire face à cette situation difficile ? Je n’ai pas d’idée précise. Mais puis je douter du programme de Baverez ? Certes, il y a un problème dans le coût du travail en France. Certes, l’administration est mal gérée… Certes, il faut se remettre à produire bon et innovant... Certes, certes, certes… Mais je le redis toujours, toutes les institutions européennes et mondiales sont Baverezienne sauf les états européens eux même et la France en particulier. Les mêmes élites (que Baverez conspue à juste titre) n’ont cessé de préparer le chemin à une politique libérale que les peuples ne voulaient pas.(sens de l'histoire et obligation de justice mondiale, vous me direz...) L’union Européenne en est le meilleur exemple. Celle-ci est un vrai corset, rentrez le ventre damoiselle !!! Désormais, les jolies et grasses (et inconséquentes) demoiselles européennes doivent entrer dans le bel habit si elles veulent avoir une chance dans le concours de beauté mondiale. Et Baverez est prêt, à tailler la graisse en trop, à serrer les fils si possible. La demoiselle pleure et crise, et lui continue de dire, mais enfin ? Tu ne veux pas être la plus belle ???? Toi ma douce, je vais te montrer ce que c’est que la vie et la liberté et les lumières…



Bref, ce chapitre, par bien des aspects, me fait penser à un faux écrit par un gauchiste pour caricaturer un programme libéral… Baverez serait il une taupe de Moscou ???????

A priori, je suis quelqu’un de très conciliant avec l’idée d’oligarchie. Il est bon que les riches et les entrepreneurs aient une place particulière dans la communauté. Mais la place que veut leur confier Baverez est à l’opposé de l’esprit français contrairement à ce qu’il veut bien dire. D’abord on a envie de devenir marxistes. Que fait il du capital, des détenteurs du capital, du pouvoir ? Le monde de l’entreprise, le capital, c’est le royaume des bisounours et du bien social !!! Selon Baverez, c’est « vivement le jour où les entreprises remplaceront l’Etat !!!! » C’est beau l’innocence…. On est en plein délire, mais le problème c’est que c’est un délire qui devient mondial…. Vivement le jour où nous serons enfin gouvernés par un conseil d’administration (symbole de la sagesse, de la raison et des lumières….). Pardonnez-moi, mais quelques semaines passées avec Baverez me rend extrémiste . Le salut par l'entreprise ne me semble pas réaliste ou bien si nous n'avons plus que cela c'est que nous sommes tombés bien bas...



Les candidats libéraux en France font maximum 3,91% (Madelin 2002) ou plus quand ils avancent masqués (Balladur 95). Mais il y a un tel écart entre le corset que nous avons face à nous et la volonté des peuples… Et Baverez est coincé, il sent que la démocratie n’arrivera pas à nous conduire aux objectifs. En conséquence, il nous perd. D’un chapitre à l’autre, le sujet du livre est l’Europe, la France, le monde, il oscille sans fin pour éviter d’écrire qu’il ne croit plus en la démocratie et qu’il rêve de la fin de la souveraineté française (qu’il espère pourtant quelques lignes plus tard). Son truc à lui, c’est le transfert des souverainetés vers les gens non élus mais qui ont compris comme lui ce qu’il faut faire des impôts, des entreprises, des gens et des pays… Tout cela pour son idéal de liberté et de démocratie. « Il n’y a pas d’autres alternatives. » « Salauds de pauvres ! » « La nation, c’est la guerre ! » Tel est le triptyque de Nicolas. Puis je en douter ?

Bref, Nicolas a une vision de l’homme qui s’arrête à l’homo economicus… Tant pis pour lui et aussi pour nous, car contrairement à ce qu’il veut dire, sa manière de penser domine aux niveaux des élites. Lui a, au moins, le courage de le dire.

Pour finir un extrait d’une conférence catho que je trouve assez éclairant sur notre sujet :

Les deux systèmes de notre modernité, qui se partagent idéologiquement les consciences, et que j’appellerai de façon approximative le socialisme et le libéralisme, sont deux aspects d’une même ignorance radicale de ce qu’est le bonheur de l’homme. Le libéralisme est du côté de la perversion du pouvoir du dominant, et le socialisme du côté de la perversion du pouvoir du dominé.

Qu’il y ait liberté d’exercer son pouvoir, c’est un bien. Un bien humain nécessaire. Mais l’humanité nous fait obligation d’exercer cette liberté pour le bien de ceux qui sont soumis à ce pouvoir. Il n’est pas permis de jouir tranquillement de sa fortune et de son pouvoir sans s’occuper de ceux qui n’ont rien. C’est un mensonge de dire le contraire. "Malheur à vous, les riches !"
Que ceux qui n’ont pas, ceux qui sont dominés, aient donc une espèce de droit naturel à recevoir ce dont ils ont besoin de ceux qui possèdent, c’est vrai. Mais fonder l’organisation sociale exclusivement sur ce droit, c’est la destruction de la liberté. Le bien qu’on a reçu uniquement par droit, on ne l’a pas reçu par don libre, et comme tel il est perverti et peut être pervertissant.
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Conclusion

Réveillez vous. Nous sommes en Juin 40. C’est le silence avant la débâcle. L’Italie et l’Espagne nous permettent un sursis… Mais l’Europe et le monde se font rattraper par la dynamique de la dépression. Les turbulences augmentent et il n’y a plus de pilote dans le cockpit (il est d’accord avec moi !!!!) Nous sommes à peu de distance de drames profonds. Et tout le monde est paralysée économiquement, politiquement et humainement car le mal est aussi intérieur. Bref, c’est la décadence, (manque d’ouverture, manque de leader et de remise en question), en France et en Europe, plus de projet et d’identité. Baverez promeut une hygiène intellectuelle et l’arrivée d’une élite venant de la société. Au lieu du repli, de l’exil, de la violence et la révolte, il faut prendre ses responsabilités. Dans cet état de faillite, nous avons quatre possibilités, élire une Thatcher, croire en la transformation d’un Schröder, virer tout le monde et mettre un De Gaulle ou bien appeler le FMI. Bref il ne reste plus que la prise en conscience globale du besoin d’un traitement de choc pour éviter l’humiliation. Bref, sortons de notre torpeur ahistorique et revenons dans l’histoire.

La suite, selon Baverez est mathématique. 1 Il faut accepter la mondialisation et l’Europe. 2 reconnaître nos maux. Déficit, compétitivité, chômage, concurrence, discrimination, libertés publiques, transferts de souveraineté et solidarité européenne, puis de là, imaginons une stratégie cohérente de modernisation.

Pour cela, il faut aussi un vrai pouvoir de décision, des services publics de qualité et un coup de pied dans la fourmilière européenne. Et enfin de l’espoir donné par la politique pour le XXI qui justifierait les efforts de chacun. Bref retrouvons le travail et la liberté.

L’Europe est le magnifique laboratoire de la mondialisation… Comment allons nous gérer les risques d’une économie intégrée associant des sociétés concurrentes et pourtant interdépendantes


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C’est terminé, rein de neuf dans cette conclusion. Nous n’avons pas d’alternative que d’écouter Nicolas Baverez, le dernier des hommes libres sur terre… Après, je me sens tout petit pour un quelconque commentaire. Le libéralisme est l’horizon indépassable de l’humanité. Et tout antilibéral est un chien…

Je citerai tout de même la toute dernière lettre de Benoit XVI pour la nouvelle année 2013, travaillée dernièrement

L’artisan de paix doit aussi avoir conscience que de plus en plus de secteurs de l’opinion publique sont touchés par les idéologies du libéralisme radical et de la technocratie qui leur instillent la conviction selon laquelle la croissance économique est à obtenir aussi au prix de l’érosion de la fonction sociale de l’État et des réseaux de solidarité de la société civile, ainsi que des droits et des devoirs sociaux. Or, il faut considérer que ces droits et devoirs sont fondamentaux pour la pleine réalisation des autres, à commencer par les droits et les devoirs civiques et politiques.

Parmi les droits et les devoirs sociaux aujourd’hui les plus menacés, il y a le droit au travail. Cela est dû au fait que le travail et la juste reconnaissance du statut juridique des travailleurs sont de moins en moins correctement valorisés, parce que le développement économique dépendrait surtout de la pleine liberté des marchés. Le travail est appréhendé comme une variable dépendant des mécanismes économiques et financiers.

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