Intérêt pour la catastrophe,
mentalité suvivaliste. Martin Steffens (vivre ensemble la fin du monde)
Interview merveilleuse dans "la vie" de Martin Steffens. Comment percevoir les survivalistes ? Est ce une catégorie particulière? En quoi ?
Ce texte est une merveille d’espérance
raisonnée, une leçon de ce que peut être l’homme dans les remous de l’histoire,
paniqué par sa propre fin et les malheurs du monde. Invitation à la paternité,
accueil du Salut, de la joie. Apprentissage d’une perspective chrétienne quel
que soit les évènements. Au delà d'une manière de parler qui peut paraitre gnan-gnan face à la force du verbe des survivalistes, il y a une invitation très profonde, me semble t-il, à vivre en chrétien la fin d'un monde ou l'apocalypse. La recherche de l'humanité et de la virilité (très présente chez les survivalistes) ne se fait peut-être pas là où ils le pensent... A méditer...
Il existe un sentiment nouveau, l’angoisse
devant le futur proche et une difficulté quasi généralisé de se projeter. Le
monde se complexifie et nous n’avons plus aucune maîtrise personnalisée. Il y a une nulleparisation du monde…
Grâce aussi à une méditation sur la
Route de McCarthy, Steffens analyse un retour du refoulé dans notre monde. Où
nous conduit et que cachait la course de la satisfaction de nos désirs ?
La course vers notre propre suicide ? Devant notre possibilité de détruire
notre monde, après les grandes guerres mondiales, grandit la conscience de notre violence et que
nous sommes de survivants.
Nous sommes rapides mais nous ne
savons plus où cela nous mène, la crise de sens est rude…. D’autant plus que le
pourquoi collectif est perdu… On veut toujours mordre sur l’avenir. Par les
écrans, la famille est ouverte aux quatre vents…
Intervient alors le survivaliste qui
prend l’hypothèse du retour vers l’archaïsme et du struggle for life sévère. Il
veut se débrouiller et reprendre la maîtrise de sa vie et de son environnement
immédiat. Le survivaliste pense que ce monde ci est déjà fini, il fait partie
du monde qui va suivre (selon lui).
Mais ne sommes nous pas déjà transformés par la technique vécue.
Mais ne sommes nous pas déjà transformés par la technique vécue.
Pour les survivalistes, la rupture
doit venir pour que vienne le bien. Steffens encouragerait plutôt « d’habiter
la déchirure », c'est-à-dire continuer le chemin et le réorienter… Il voit
aussi une illusion dans la pensée survivaliste, malgré souvent leur appel sain
à un retour au réseau humain et réel, ils veulent « s’en sortir ».
Mais s’en sort-on jamais ? Non, car
on ne peut sortir du monde, il faut œuvrer ici et maintenant pour le
transformer et protéger ce qui est bon.
Le survivaliste attend et se prépare
à un jugement dernier où il s’en sortirait…. Car il en est plus ou moins le
juge. Mais il y a méprise pour qui pense en chrétien. Le Jugement dernier n’est
pas extinction du mal mais transfiguration. Saurons nous reconnaître le Christ
quand il nous demandera : "Pour vous qui suis-je ?". L’espérance
du Salut est indissociable avec la mort, et le désir de retrouvailles entre le
créateur et toutes les créatures. Le sauvetage se suffit dans le souhait de ne pas mourir.
Steffens voit encore dans le survivalisme une sorte de régression vers le ventre de sa mère, un refus de tenter quelque chose dans le monde (même si il y a de bonnes raisons de s’en méfier). Ne faut-il pas sortir du bunker comme on sort du ventre de sa mère. Bref, le monde a besoin de père. Comme dans la route de Mc Carthy, le père est l’accoucheur de l’enfant, celui qui lui permet d’accepter les risques, prendre confiance en la vie. Entendre le « lève toi et marche » comme un paternel « dégage, va t’en », Sors de la matrice, du ventre refuge. Le père est l’avenir de l’homme ! Celui qui montre aussi que la violence n’est pas le dernier mot.
Steffens voit encore dans le survivalisme une sorte de régression vers le ventre de sa mère, un refus de tenter quelque chose dans le monde (même si il y a de bonnes raisons de s’en méfier). Ne faut-il pas sortir du bunker comme on sort du ventre de sa mère. Bref, le monde a besoin de père. Comme dans la route de Mc Carthy, le père est l’accoucheur de l’enfant, celui qui lui permet d’accepter les risques, prendre confiance en la vie. Entendre le « lève toi et marche » comme un paternel « dégage, va t’en », Sors de la matrice, du ventre refuge. Le père est l’avenir de l’homme ! Celui qui montre aussi que la violence n’est pas le dernier mot.
Bref, la peur de la fin ne doit pas
nous faire oublier notre vocation à la joie. La catastrophe et le salut ont
déjà eu lieu.
« Les survivalistes s’arment et se préparent. Leur message est le suivant : Nous, on est lucide, on est moins niais que vous. Vous êtes des bisounours. Le chrétien lui répond : Mais qu’est-ce que tu crois donc ? Je ne suis pas naïf, mais je crois que la lucidité n’est pas le néon du dentiste qui faut ressortir tous les défauts, mais la lumière de la bougie qui, comme dans la peinture de George de La Tour, fait ressortir ce qu’il y a de beau même dans ce qui est laid. Il existe une lumière qui n’accuse pas, mais qui fait ressortir le bon. Il faut toujours oser ce regard, où s'abrite l'essentiel. »
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