mercredi 6 février 2013

la passion survivaliste - Steffens

Intérêt pour la catastrophe, mentalité suvivaliste. Martin Steffens (vivre ensemble la fin du monde)

Interview merveilleuse dans "la vie" de Martin Steffens. Comment percevoir les survivalistes ? Est ce une catégorie particulière? En quoi ?
Ce texte est une merveille d’espérance raisonnée, une leçon de ce que peut être l’homme dans les remous de l’histoire, paniqué par sa propre fin et les malheurs du monde. Invitation à la paternité, accueil du Salut, de la joie. Apprentissage d’une perspective chrétienne quel que soit les évènements. Au delà d'une manière de parler qui peut paraitre gnan-gnan face à la force du verbe des survivalistes, il y a une invitation très profonde, me semble t-il, à vivre en chrétien la fin d'un monde ou l'apocalypse. La recherche de l'humanité et de la virilité (très présente chez les survivalistes) ne se fait peut-être pas là où ils le pensent... A méditer...


Il existe un sentiment nouveau, l’angoisse devant le futur proche et une difficulté quasi généralisé de se projeter. Le monde se complexifie et nous n’avons plus aucune maîtrise personnalisée.  Il y a une nulleparisation du monde…
Grâce aussi à une méditation sur la Route de McCarthy, Steffens analyse un retour du refoulé dans notre monde. Où nous conduit et que cachait la course de la satisfaction de nos désirs ? La course vers notre propre suicide ? Devant notre possibilité de détruire notre monde, après les grandes guerres mondiales,  grandit la conscience de notre violence et que nous sommes de survivants.
Nous sommes rapides mais nous ne savons plus où cela nous mène, la crise de sens est rude…. D’autant plus que le pourquoi collectif est perdu… On veut toujours mordre sur l’avenir. Par les écrans, la famille est ouverte aux quatre vents…
Intervient alors le survivaliste qui prend l’hypothèse du retour vers l’archaïsme et du struggle for life sévère. Il veut se débrouiller et reprendre la maîtrise de sa vie et de son environnement immédiat. Le survivaliste pense que ce monde ci est déjà fini, il fait partie du monde qui va suivre (selon lui).
Mais ne sommes nous pas déjà transformés par la technique vécue.
Pour les survivalistes, la rupture doit venir pour que vienne le bien. Steffens encouragerait plutôt « d’habiter la déchirure », c'est-à-dire continuer le chemin et le réorienter… Il voit aussi une illusion dans la pensée survivaliste, malgré souvent leur appel sain à un retour au réseau humain et réel, ils veulent « s’en sortir ». Mais s’en sort-on jamais ? Non,  car on ne peut sortir du monde, il faut œuvrer ici et maintenant pour le transformer et protéger ce qui est bon.
Le survivaliste attend et se prépare à un jugement dernier où il s’en sortirait…. Car il en est plus ou moins le juge. Mais il y a méprise pour qui pense en chrétien. Le Jugement dernier n’est pas extinction du mal mais transfiguration. Saurons nous reconnaître le Christ quand il nous demandera : "Pour vous qui suis-je ?". L’espérance du Salut est indissociable avec la mort, et le désir de retrouvailles entre le créateur et toutes les créatures. Le sauvetage se suffit  dans le souhait de ne pas mourir.
Steffens voit encore dans le survivalisme une sorte de régression vers le ventre de sa mère, un refus de tenter quelque chose dans le monde (même si il y a de bonnes raisons de s’en méfier). Ne faut-il pas sortir du bunker comme on sort du ventre de sa mère. Bref, le monde a besoin de père. Comme dans la route de Mc Carthy, le père est l’accoucheur de l’enfant, celui qui lui permet d’accepter les risques, prendre confiance en la vie. Entendre le « lève toi et marche » comme un paternel « dégage, va t’en », Sors de la matrice, du ventre refuge. Le père est l’avenir de l’homme ! Celui qui montre aussi que la violence n’est pas  le dernier mot.
Bref, la peur de la fin ne doit pas nous faire oublier notre vocation à la joie. La catastrophe et le salut ont déjà eu lieu.

« Les survivalistes s’arment et se préparent. Leur message est le suivant : Nous, on est lucide, on est moins niais que vous. Vous êtes des bisounours. Le chrétien lui répond : Mais qu’est-ce que tu crois donc ? Je ne suis pas naïf, mais je crois que la lucidité n’est pas le néon du dentiste qui faut ressortir tous les défauts, mais la lumière de la bougie qui, comme dans la peinture de George de La Tour, fait ressortir ce qu’il y a de beau même dans ce qui est laid. Il existe une lumière qui n’accuse pas, mais qui fait ressortir le bon. Il faut toujours oser ce regard, où s'abrite l'essentiel. »

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