Internet peut nous rendre perplexe sur la santé psychique des hommes contemporains. Nous nous exposons tous, nous croyant sain d'esprit et nous nous découvrons fous sur le net. Peut être en aurait il été de même si le blog existât au XVIeme siècle. Mais la folie de notre monde fleurit sur nos écrans, dans nos salons, elle se fait copine encombrante dans nos demeures. Ce blog en montrant la folie humaine (mais pas seulement...) recherche un peu de sagesse en prenant le risque de ne participer qu'au tourbillon de déraison.
On peut trouver aussi des blogs qui semblent nous soutenir. Bouteille à l'amer de Memento Mouloud fait partie de ceux-là. Je ne sais pas en quoi il croit, certains sujets sont scabreux mais son style est clair et sa lucidité sur certains sujets m'éclairent.
Je vous propose quelques exemples marquants de ces dernier mois.
3 Septembre 2012
...Avec la paupérisation de la langue française et la disparition de l’écrivain, ce n’est pas seulement la langue qui devient fantôme mais le peuple français.
Cette thèse, Richard Millet l’indexe sur une figure, celle du petit-bourgeois connecté, en quête d’une world-culture et d’une funisation de la planète à toutes les échelles. Rendre la jouissance consumériste scalaire, c’est son truc, amonceler les déchets, renforcer la cupidité, les prédations et la bêtise, donc précipiter la ruine des ruines, c’est sa pente. Les conséquences inévitables de ses aspirations qui consistent à conjoindre au grand marché universel, le grand peuple mondial qui verra l’avènement de la multitude pacifiée et s’éclatant sans tabous dans un mélange enfin sans frontières, le petit-bourgeois toujours menacé de désaffiliation au système de crédit ne veut pas les voir.
Pourtant l’univers auquel il aspire est très simple, la nurserie sous psychotropes comme dernier royaume et ultime croisade mais la nurserie ne cesse de virer au cauchemar et de s’agiter dans les déchirements sans fin des guerres civiles et ethnique, si bien que le petit-bourgeois aspire à toujours plus d’écologie, toujours plus de sécurité, toujours plus de lois et toujours plus de surveillances, donc toujours plus d’assujettissement volontaire à la catastrophe en cours.
3 Septembre 2012
[Ségolène Royal] annonce, c’est son genre d’humour, je ne vais pas rentrer au couvent. En effet, entre Teresa Sánchez de Cepeda Dávila y Ahumada et la Ségolène, il n’y a rien de commun. La première avait pour époux le Christ, la seconde, la foule, la première orientait son regard aux quatre points cardinaux, la seconde vers les objectifs des photographes qu’elle comparait à autant de grosses xxxxx braquées sur sa virginité effarouchée. La première recherchait l’extase en solitaire dans le soliloque divin, la seconde dans le grand bain amniotique de la transe collective. La première dialoguait avec Jean de la Croix qui goûta aux cachots, la seconde avec François I et François II. La première se lit encore, la seconde disparaît, déjà, tout à fait des mémoires de pixel.
16 Septembre 2012
On ne peut pas se dire animé des seules exigences de la déontologie scientifique ou critique et se donner en même temps pour tâche explicite la dénonciation. On ne peut prétendre fonder une vérité et lui donner pour base le soupçon. On ne peut pas inaugurer une enquête dans laquelle la seule méfiance tienne lieu de certitude et le doute de conviction. On ne peut se proclamer objectif et se draper dans la pureté des intentions en accusant sans cesse les autres des mensonges les plus graves et des manipulations les plus scandaleuses.
29 Septembre 2012
Le développement durable est matière d’enseignement, c’est dire à quel point école et savoirs ont divorcé, exactement comme les discours n’ont plus la réalité pour référent. Lorsque ce sont des présidents qui mènent les croisades pour la survie de l’Humanité, c’est à dire pour un objectif à propos duquel ils n’ont aucune prise, ni même une possibilité d’action, il est clair que le politique est devenu un fétiche, un simple rituel animiste avec bourrage de crâne et glossolalie. Les pentecôtistes de la décroissance ou de la démondialisation sont comme la phalange de l’église des saints des derniers jours couvrant de leurs corps appauvris et de leur abstinence les prébendes du clergé qui s’en va trinquer avec les puissances dites temporelles. Ils pointent du doigt une folie pour ne pas voir qu’ils couvrent d’un voile dénonciateur les éternelles entrailles de l’Homme qui sont aussi les leurs. Occupy Wall Street, la révolution est un champ de détritus qui attend les camions à eau pour nettoyer la place au petit matin.
6 Octobre 2012
Si Freud est mort, le délire cognitiviste, à quoi se résume la psychothérapie en temps de dépression généralisée, ne peut que s’effondrer devant les archaïsmes de toutes natures. On a donc la forêt, les animaux qui causent, les métamorphoses, les rêves, les gourous, les sorcières qui font pleuvoir des grêlons et un cahier où l’écriture se défait à mesure de sa progression. C’est le grand sabbat qui recommence. L’arrogance du thérapeute comme elle le nomme assez bien confine à la niaiserie pure et simple et ne peut être qu’une étape dans la descente vers l’animalité. Le béhavioriste bon teint qui entend en finir avec la peur et le mal à coups d’exercices sophrologiques et de géométrie vectorielle finit par se cacher dans un terrier, étrangle sa femme et patiente puis, après l’avoir brûlée en holocauste aux dieux de la forêt, bouffe des baies à ras du sol. La scène finale rappelle un peu la montagne sacrée avec des cohortes de damnés qui semblent sortir de l’arbre diabolique où les deux amants font l’amour à l’air libre après que le thérapeute s’est résolu à gifler sa femme comme il va se résoudre, d’un regard, à l’étouffer après qu’elle l’a mutilé en lui annonçant qu’il serait la victime de l’ultime sacrifice du cycle. Car n’en doutons pas, la roue solaire, les idoles et les jolies fleurs se nourrissent de sang et s’en nourrissent cycliquement donc à intervalles réguliers comme dans la joyeuse religion des aztèques. Car si Freud est mort alors le mutisme triomphe. Il n’y a rien à dire, rien à interpréter, rien à analyser, il faut vivre, point barre.
La différence entre Lars Von Trier et Onfray c’est que le premier n’édulcore rien, il ne promet pas le paradis faisandé des désirs enfin libérés d’une oppression millénaire, il filme une mise à mort et en tire toutes les conséquences.
13 Octobre 2012
Sous quelque angle qu’on le prenne le passé est aboli. Pour ceux qui voudraient absolument freiner, il se dérobe. C’est une chose entendue que la fuite en avant est notre condition, le « passé n’a plus d’avenir » est la sagesse d’une époque qui en est arrivée, sous des airs bravaches, à ne plus supporter que la tyrannie de l’Instant puis son oubli.
De gauche et de droite, c’est le même néant qui prend des poses de matamores et de vierges pudibondes, les mêmes têtes de nœuds qui tressent leur discours aux recettes du story-telling avec mouvement de mâchoire et œil larmoyant. Ceux qui votent encore donnent l’impression de n’avoir d’autre intention que de boucher les urnes avec du PQ et des laxatifs. On commence à deviner que c’est en fait la bricole démocratique elle-même qui se mord la queue. Rien de la situation n’est à la hauteur de l’évènement. Dans son mutisme statistique la population semble tout aussi infantile que les pantins qui se disputent ses bulletins pour faire semblant de la gouverner.
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Il a fallu la palingénésie des Lumières pour abolir en un jour des millénaires de chrétienté en vendant aux enchères les biens de l’Eglise, un siècle pour digérer ce vol et clore la naissance infâmante de la bourgeoisie par le spectacle des fusillades de juin 1848 puis des massacres de la Semaine sanglante. Il a fallu un siècle pour que se dissolve la puissance du nombre, celle de l’ouvrier et du soldat que Jünger appelait le Travailleur pour qu’on consente sous le nom d’Etat-Providence à leur disparition, c’est-à-dire à la naissance de Big Mother.
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L’Europe est ce continent où Carrefour propose des promotions régulières pour contrebalancer Leader Price ou Lidl, où l’on voyage en low cost parce qu’il est devenu usuel qu’un bourgeois accepte de son propre chef qu’on le traite comme le dernier des palefreniers. Sa culpabilité est si tenace que l’européen s’excuse d’accueillir dans un tramway des gitans expulsés d’un camp de fortune comme si la disparition des bidonvilles au seuil des années 1970 n’avait pas été un soulagement mais un complot contre les démunis. Les autorités européennes, le journal européen, la novlangue européenne poussent si loin ce langage parce qu’il est de toute première importance qu’un bourgeois ou du moins quelqu’un qui pense l’être sous le syntagme de classe moyenne s’excuse de sa condition. La question des retraites ne recoupe en rien celle de la précarité ou des jeunes. La première concerne la fin de vie du bourgeois européen auquel on commence à proposer l’euthanasie comme solution, les autres, le maintien d’une assistance qui ne masque que deux choses : l’incapacité de réguler les flux migratoires et la disparition massive du travail, cadavres à la renverse sur lesquels prospèrent les économies grises, noires et pourquoi pas grises-noires.
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La destruction du passé, partout perceptible, est partout déniée. Le slogan de cette période devient donc « mémoires partout, Histoire nulle part ». Jamais autant d’anthropologues, de sociologues et d’écrivailleurs ne se seront employés à nous convaincre qu’il est de toute première urgence Un de prouver que tous les français ont accompagné un compatriote juif aux portes d’Auschwitz Deux que la colonisation témoigne exclusivement de la perversité européenne Trois qu’il faut monter un fond d’indemnisation pour tous les antillais, kanaks, africains et réunionnais victimes des planteurs blancs et/ou de la barbarie française. Que les Michel Sardou d’aujourd’hui soient issus des milieux raps indique que l’investissement d’Etat dans une bourgeoisie plus bronzée, parallèlement patronnée par le département d’Etat de Messieurs Bush et Obama, est déjà une réalité.
17 Octobre 2012
François Hollande est le nom de la réconciliation des notables et de la continuation des prébendes usuelles que Sarkozy menaçait de tailler en pièces en engageant tout bourgeois moderne à prendre le grand large de la chasse au snark, des délocalisations asiatiques et des tourniquets des paradis fiscaux. Le bougre trouvait cette France provinciale si moisie qu’il s’apprêtait même à la colorer à grands renforts de discriminations positives c’est-à-dire de passe-droits et d’ignorances sanctifiées par le diplôme. Sarkozy, c’était la revanche du cancre qui préserve ce qui a conduit la France au désastre, les grandes écoles, le copinage capitaliste, la consaguinité militaire et diplomatique, l’insignifiance vaniteuse en tout. Hollande, c’est le contraire. Le grand notable très sage, haut-fonctionnaire à hauteur des vaches, prêt au dialogue, c’est-à-dire à prendre des décisions qui n’auront aucune conséquence et ne diviseront pas parce qu’elles continueront sur cette voie où la France n’a plus rien à dire et occupe le wagon du fond parce que d’autres font l’Histoire et ne la font pas dans la dentelle. Il n’est pas vrai que l’Histoire est finie, pas plus qu’elle ne se répète sous le prétexte que le mot d’ordre des français depuis 40 ans consiste à éructer, « attention les gars, l’Immobilisme est en marche ». Les chinois prennent pied en Afrique, les arabes font des révolutions, les sud-américains virent à gauche, les étatsuniens s’affrontent sur les mille et une manières de préserver leur hégémonie prédatrice et nous continuons dans le néant européen des bons sentiments et des frontières ouvertes, des libres capitaux et des résolutions à 27, des corruptions croisées et de l’hygiénisme sirupeux, des mariages gays et des combats contre trois clampins coranisés. Ce type et ceux qui l’entourent suent tellement l’ennui, que le cirque dévie sur la première xxxxx de France et que ces gens sont incapables de débattre de sujets aussi subversifs que la dépénalisation du cannabis et encore moins d’annoncer un réferendum sur la règle d’or qui comme Freud l’aurait vue est une sanctification de la Merde.
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