Eclairage intéressant et construit sur la crise de la part de Hérvé Juvin. Partant des derniers échecs impériaux américains, il veut nous faire sentir ce qui selon lui sont les principaux vecteurs de changement du monde moderne et de son insaisissabilité nouvelle. Un optimisme nous est il possible ?
Pour contrer l'apocalypse, Juvin conclut sur son combat pour la différenciation. Celui ci doit sûrement à sa perception de l'indifférenciation provoquée par la mondialisation. Noble intention, mais n'est ce pas refuser de voir le mimétisme naturel des individus et des peuples ? J'aimerais aussi le rétablissement des frontières, appuyer sur le bouton pause de la mondialisation, mais que veut dire respecter les différences, les identités quand tout est brûlé par la version laïque de la révélation chrétienne ? Une conversion personnelle de racines mythiques ? Tous les optimismes de Juvin ne sont ils pas dépendants d'une conversion mondiale ? Ou bien, on peut penser que la conversion mondiale passe aussi par l'acceptation des Etats par eux-même et des individus à se respecter. Certes, mais là encore, cet optimisme que je trouve merveilleux et sincère me semble se heurter à l'impossibilité théorique d'une laïcisation du christianisme....
Juvin n'entre-t-il pas dans l'injonction paradoxale tel qu'elle est décrite dans cet article ? Les cultures peuvent ils se passer du feu brûlant chrétien, ce feu laissera t-il la place à une différenciation dans l'unité ? Juvin n'est il pas plutôt nostalgique d'un monde rempli de barrières sacrificielles car nostalgique de la paix que celles-ci procuraient ?
Bref, je me perçois tout à coup comme un horrible universaliste qui en fin de compte, tout en étant effrayé par l'uniformisation mondialiste, n'arrive pas à prendre jusqu'au bout au sérieux les "différences" ou bien la capacité des hommes à les accepter définitivement hors d'une conception eucharistique... C'est surement à modérer....
A modérer par exemple par la beauté de nos visages divers...
Mais Juvin parle seulement de la diversité humaine qu'à la toute fin d'une conférence où il soulève un tas de questions passionnantes...
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Le monde est insaisissable car Gauchet a raison, hypertrophie du droit et conséquences dramatiques sur les sociétés occidentales au moi boursouflé et à l'état impuissant et velléitaire. Ensuite nous avons oublié les racines de notre prospérité, nous déconnectons, société, comportement personnel, tradition et progrès. Nous avons perdu le sens du bien commun et avons gaspillé les arômes de la vie réelle pour des points de productivité.
La suite de l'histoire ?
I risque d’indifférenciation généralisée, de guerre, de perte du sens du droit
II Catastrophe désirée par malignité, fascination ou manque de créativité. Le capitalisme européen découvre aussi rétrospectivement le bienfait du rideau de fer.
III Sentiment de déclassement et de mépris des classes dirigeantes. risque de révolte, d'accroissement de force policière préventive ou bien de créer un grand process pour un peuple décérébré...
Des signes pour nous rendre optimistes ? Oui... malgré tout...
Un islam qui est aussi menaçant que mise en doute de l'individualisme mondial destructeur.
Une Chine qui pourrait prendre le pari Trumanien du co-développement sans donnant ni leçon, ni modèle culturel.
Des aspirations écologiques défendues par des américains en recherche d'une grande cause messianique.
Remise en cause de l'économie comme sens du monde face aux malheurs intimes dévorant l'hmain.
La fin d'une union européenne anti européenne (universalisme désincarné)
Une France en quête de son identité et modèle d'équilibre entre unité et différence. Goûts renouvelés des frontières et des pouvoirs régaliens.
Ode final aux droits des peuples et des respects de la diversité humaine et sociales comme ferment de paix et de coopération.
Conférence d'Hervé Juvin : D'une crise à l... par webtele-libre
Conférence d'Hervé Juvin : D'une crise à l... par webtele-libre
Je conseille aussi cette interview de l'economiste russe alexandre Aivazov. Je ne le connais pas. Mais il resume ce qui se dit de plus en plus dans les medias non officiels. Comme il l'ecrit, et ce que je crois juste, le monde de 2020 ne ressemblera pas au monde d'aujourd'hui. C'est aussi excitant que terrifiant.
Résumé plus détaillé de la conference de Juvin :
Juvin, se dit, avec
humilité, en regardant l’assistance et leur compétence officielle, "que puis-je
dire de la crise et faire honneur de l'écoute qui m'est donnée."
Premier constat, nous
sommes tous merveilleux dans l’analyse. Nous savons tout de ce qu’il fallait faire mais aucun de nos résultats ne rencontrent nos souhaits. Exemple du grand moyen-orient
américain, objectifs clairs (conversion aux valeurs liberales) les
conséquences furent désastreuses avec destruction des états, révolutions arabes
tournant mal. Disproportion entre moyens et fins. Des états laïques et
multiethniques ont explosés. Bref l’agenda de la modernité n’est pas écrit, et
les conséquences sont opposées à notre désirs...
Pourquoi ?
1 Crise de la
modernité. Ce qui était théorie devient de plus en plus pratique. Cela vient
avec l’apparition de l’individu de droit. Phénomène déterminant.
L’individu (comme un
consommateur se retourne contre la société qui le lui permet. L’individu
demande des droits sur la collectivité. Mais qui va payer et organiser cette
nouvelle société ? Puis, n’est ce pas un chèque en blanc à la nature. Ne
sommes nous pas sortis de la démocratie par un coup d’état juridique ? Où chaque juge juge sa constitution sous sa propre interprétation des droits de
l’homme. On touche à la légitimité de la représentation symbolique, c’est le
champ ouvert à l’arbitraire. Prise du pouvoir du droit contre la démocratie.
Perte de contrôle des sociétés. L’exercice de l’autorité pose des problèmes
insolubles. En France, la volonté nationale est toujours vue comme un
clientélisme "cool" et par une démission non perçue des fonctions régaliennes. Il
n’y a plus de priorités politiques. Mais cela commence à trop se voir.
2 Puis nous avons vécu dans l’élan de la reconstruction et nous avons oublié les bases des structures sociales nécessaires. Certes les français veulent encore être honnête et se sentir citoyen mais ils ne voient plus que c’est un héritage du passé. Cet implicite s’effondre. Nous sommes riches mais nous ne savons plus que faire pour se développer, protéger et transmettre. On ne combine plus progrès et tradition.
3 Puis nous avons un
problème de crise d’identité. Nous ne savons plus quels sont nos bien communs.
Tout a été privatisé. Nous avons troqué les plaisirs, les fiertés et la
confiance commune contre quelques biens privés. En conséquence, pour quelques points de croissance, nous avons troqué de l’incalculable, de l’inchiffré et du très
précieux.
Que peut il se
passer ? Essayons un peu de prospective.
I Ce qui est possible
est l’état d’indifférenciation des gens et des valeurs. C’est la guerre du tous
contre tous. C'est la fin des anciennes structures, perte du sens du bien et du mal.
Tentation de la fraude s’installe à tous les étages, finance, géant de
l’internet et le vol des donnés personnelles, clientélisme politique, risque de
corruption accrue dans l’administration. Risque d’anomie de la communauté européenne.
II Il y a aussi la
tentation de la catastrophe, la désirer à force de la regarder venir vers nous.
Le thème est partout et même chez les puissants. Nous comprenons mais nous ne
savons pas agir. Espoir de la sortie de crise par la crise (style de discours : les français
sont gâtés, vivement qu’on les mette frontalement en concurrence internationale)
ou bien on ne voit son salut que par l’importation de la pauvreté et par une
dissolution approfondie de la société. C’est la vue d’un capitalisme sortie de sa
confrontation avec les chars (à presque nous faire regretter les chars russes
de l'autre cote de la frontière.). Le compromis du social capitalisme devait
beaucoup à un équilibre géopolitique ignorée.
III Il y a enfin la
tentation de la révolution ou révolte.
Sentiment de révolte
dans les pays de l’ouest, sentiment de déclassement, d’incompréhension
géopolitique, régression de l’infrastructure. Et quand le peuple demande de
s’occuper des budgets, des lois et de la répartition de la richesse, les
politiciens se bouchent le nez. Inversement, il y a des tentations politiques
de ne plus faire appeler à la citoyenneté ou à la conscience morale mais à l’obéissance sans conscience. Désir
d’effacement des états mondiaux (Sutherland, cherchant à détruire les unités internes
des nations pour abolir les frontières européennes), rêve d’une seconde Amérique
des deux cotés de l’océan..Il y a deux choses en conséquences
Risque d’un
redéploiement des forces intérieures pour assurer la société de l’obéissance.
Abandon de la recherche du beau, du bien, du vrai pour la participation d’un
processus d’obligations et sanctions vers les bons comportements. (exemple de
la politique routière en France). Cela conduit à une société du zéro risque où toute responsabilité se retrouve sur le grand process . Il n’y a plus de
questionnement, il y a que des panneaux. C’est aussi un signe de fébrilité de la
part des dirigeants... Impression d’agir contre le peuple dont il tire pourtant
toute sa légitimité. L’autorité ne sait plus où se trouver, elle est
contradictoire, quel est le niveau de violence, dispositions supranationales ou
en contrat privé qui vont contre les peuples. C’est la conversion clé de la
modernité (que Nietzsche avait perçu.) état contre peuple.
Donc, Fraude et
anomie, tentation de la catastrophe et risque de révolte
Mais possibilité de
l’invention du nouveau.
Il faut percevoir l’Islam comme ce nouveau qui
s’oppose contre l’individuation, mais il est aussi le risque de l’islamisme qui
est le mimétisme des valeurs occidentales, (qui est plus individualiste et mondialiste que les terroristes islamistes ?) Boko Haram est la réaction des
traditions islamiques déstabilisées par
attaques évangeliques au Nigeria du nord.
La Chine ne prend
elle pas aussi le chemin du discours de
Truman de 49, proposer au monde de les accompagner par le développement. (car
finalement, le rêve communisme s’est effondré par la déception des promesses
URSS de développement) Ils veulent dire, nous ne sommes pas pour les valeurs,
nous sommes ici pour produire, commercer et travailler mais pas pour donner des leçons. Cela peut être le scénario optimiste... Comment la France peut elle entrer
en trilogue, pays en croissance, Chine, France
Juvin se pose la
question, Développement, comme salut de
la planète ? Croissance encore possible ? Il faudrait attendre encore
longtemps... Se profile peut être alors la fin de l’économie comme système
du monde. La planète ne suffit pas pour tout le monde puis mettre en
valeur la performance n’est pas tenable. Surtout quand on voit des modèles plus
traditionnel, où se trouve l’absence de manque, estime de soi et du groupe et la
confiance en l’avenir ?
Oui, il y a une misère
sensuelle, sentimentale, humaine, isolement du à notre soif de productivité.
Perte de symbolisme. Puis les promesses de développement non tenable est source de violence.
La modification de
système de développement est une question de l’avenir.
Le
respect écolo peut être mis en avant pour les ricains, ils peuvent se donner
comme mission salvatrice à ses grands enfants universalistes ayant besoin de
sauver le monde et de se faire aimer...
Pour l’Europe, elle
continue sa phase de déconstruction de l’union européenne. Très forte pour des
détails abscons mais nulle pour la stratégie long terme. L'union européenne est cette machine devenue folle
(et de plus en plus court-circuitée par un couple anglo allemand) servant à déconstruire
les nations et les identités. Elle va contre le modèle européen qui a toujours été de prendre du différent pour en faire de la diversité et une unité.
Illusion d’un universalisme désincarné.....
Quant à la France elle
doit retrouver son unité et son identité. Retrouver ses fonctions régaliennes,
retrouver la posture gaullienne, retrouver sa singularité, son équilibre entre
diversité et unité ainsi que son don pour reconnaître ces choses chez les
autres.
Retrouvons les
frontières et reconnaissons à chaque nation sa respectabilité comme nation. Reconnaissons
que les droits des peuples préexiste et
est préalable aux droits des hommes.
Honorons la diversité humaine, comme leur singularité propre. Cette singularité dans la diversité humaine à promouvoir peut-être l’espoir de la pacification et de la coopération
de l’humanité toute entière.
Message singulier et
universel, nécessité de la
diversité. Tout doit être respectable, car il est divers et autre. Expérience
de la France et de l'Europe peut donner modèle qui est respect de diversité humaine
et respect de la singularité des sociétés humaines, promotion, invention et
production de la singularité de la diversité humaine, comme espoir,
pacification et coopération à travers l’humanité toute entière.
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