mardi 20 août 2013

Bonjour l'angoisse - Pierre Tchernia

Bonjour l'angoisse - 1988 - Pierre Tchernia

J'aime ces films anodins qui révèlent bien plus qu'on ne pourrait le croire....

Michaux est un brave homme. 30 ans de maison chez "stop alarme". Une femme et deux filles charmantes. Un joli chez soi. Mais il vit constamment dans l’angoisse, la peur, la timidité. Son double du miroir ne cesse de l'humilier, de le ridiculiser.
Le film sera l’occasion de se moquer de la vie d’entreprise et de brosser le portrait d’un timide. Ce qui donne un coté Moliéresque au film. Un vice personnalisé et analysé.


Michaux est sur un siège éjectable chez "stop alarme", un nouveau président est arrivé. Du genre sur actif et cost killer.
Michaux, un jour, à la pause de midi, devient le témoin d’un braquage. A ce braquage, son entreprise est fautive, l’alarme a mal marché. Il le découvre, le tait pour protéger l’entreprise. Michaux déduira qu’il y a un traître dans l’entreprise qui a du donner le plan de l’alarme aux escrocs. Le personnage joué par Bacri, en effet, manigance et souhaite voler les plans d’autres alarmes. La police mène l’enquête et souhaite aussi retrouver un mystérieux témoin vu de dos sur une photo. (Michaux himself)
Parallèlement à cette enquête, Michaux semble proche de la folie, son double du miroir le nargue de plus en plus, tout chez lui est gène, embuche et paralysie.
Grace à une agression dont il est témoin dans la rue, où il se révélera héroïque, il se décide à dire la vérité à tout le monde. Il coincera les méchants grâce aux miroirs de l'entreprise, grâce à son métier et au génie de son ami. Il gagnera l’estime de son patron et se conduira en bon chef de famille.

Ce film est très étrange. Son humour se prend la marche, le rythme comique est le mauvais… Mais je n’arrive pas à savoir si cela est fait exprès ou non. Si cela est le cas alors, c’est très, très fort ! car il accomplit  à merveille la sensation de malaise d’angoisse, des problème d'harmonie de Michaux. Ce « vieux con » timide. Tchernia nous dit de manière aussi simple qu'élaborée pourquoi il l’est et comment il ne cesse de subir sa vie. Il écoute son reflet dans la glace... Il est son propre juge intraitable. Il se condamne sans cesse. Il est son juge et sa victime. Cette mauvaise manie l’enferme dans son rôle, dans ses maladresses. Suite aux événements malheureux, cela va aller si loin, qu’il sera proche de l'auto persécution, de la folie. Il devient alors extrêmement mimétique. Oui, non, oui, non, tout cela dépendra du sens du vent. Quand on est son propre juge, tous les autres le deviennent aussi. Et nos excès de courage sont des réactions exagérés face à nos juges. Nous sommes durs avec ceux qui sont encore plus timides. Nous ne sommes plus entendus dans la famille. Nous sommes remplis d’imaginations (Al capone, Saint ex) où nous redevenons forts (un homme, cela n'a pas peur…). La libération aura lieu quand notre bon héros brisera les différents miroirs où le "méchant", l'adversaire se cachait derrière un miroir sans teint, Bacri, sorte de diable, n’était il pas celui qui jugeait vraiment derrière le miroir où il se cachait dans l'entreprise ?
Le monde du travail est représenté comme gris. Des chefs, de la paperasse, de la servilité (qui se caractérise par du mimétisme envers le patron), de la fidélité bafouée, des talents oubliés, des relations humaines humiliantes. Heureusement, il y a la famille. Lieu où l’homme guérit de sa solitude et où la paix renaît. Non ? (c’est vrai que cette famille est critiquable par ailleurs)
Au final, un film déstabilisant car je n'ai pas su s'il était génial ou bancal. Un portrait aussi bien humoristique qu’effrayant du timide, des années 80 laides à pleurer.

A noter
Le garçon de café (presque) honnête.
Une ancienne amante très cambaceres
Une femme qu’on redécouvre sensuelle
Des portes qui s’ouvrent et qui se ferment
Un petit fils à consoler.
Des filles charmantes
Cambacérès
Muriel Robin insupportable
La place Lafayette
Michel Serrault forever
Un broc de lait

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