jeudi 16 mai 2013

Maffesoli et la post-modernité

J'ai trouvé cette vidéo fascinante de Mr Maffesoli. Permettez moi, un résumé et quelques commentaires.

Maffesoli s’entretient à propos de son dernier livre appelé "Apocalypse". Il préfère retenir de cette notion la révélation d’un monde qui entre en décadence et il veut percevoir ainsi l’émergence d’un monde nouveau. Pour lui, nous voyons clairement la fin de la modernité et l’arrivée progressive de la post-modernité, d’où la perception apocalyptique du peuple. Il approuve ce changement. La modernité, (en gros) c’est le tripode, raison, travail, progrès. Cela implose et la postmodernité emprunte à la pré-modernité. La flèche du temps s’amenuise, nous revenons à la spirale et à l’éternel recommencement. Car Maffesoli voit la fin de l’influence chrétienne et le retour du paganisme dans cette apocalypse. Celle-la même ne se fait pas progressivement, mais par saturation (philosophie orientale) décomposition et recomposition. Mais cela prend du temps, d’abord secret, discret et affiché. Il y a le signe du romantisme, du dadaïsme, du design et enfin de l’architecture qui lance le nom de post-modernisme. Tout est citation et patchwork, différence et enracinement. le sens et la direction n’existe plus vraiment. Les révolutions juvéniles arrivent et les années 80 en sont le signe éclatant.

Intéressé par la décadence romaine, il dit que c’est un temps de prolifération de loi et donc d’absence de légitimité naturelle. Les anomies (hors la loi) se développent, parmi eux les chrétiens qui par la communauté des saints et le lien entre les communautés prennent la place libre. Aujourd’hui, à la fin de la civilisation judéo chrétienne, ce sont les communautés, les tribus, les club qui par internet deviennent la communauté des saints des temps à venir.

Barbarie ou synesthésie

Maffesoli accorde que nous vivons en décadence mais c’est la chute d’un enfant qui va se relever. Contrairement aux intellectuels (toujours moraux et qui disent non à la réalité) Maffesoli veut croire en la réalité humaine. Nos temps troublés appellent pour lui à un nouvel ordre qui reposera sur Dionysos  Il y aura probablement de la violence mais elle sera limitée et sera à la source d’un nouvel ordre qui ne cherche qu’à s’éveiller, loin de toute morale mais non de l’éthique qui est le ciment de la société. Oui, réinvitons Dionysos, ce métèque ambiguë fascinant qui apporte la violence ritualisée, symbole du désordre refondant l’ordre. Ce chaos n’effraie que l’intelligentsia et les technocrates. Le peuple connait la « sagesse diabolique »

Cette vidéo est fascinante car elle est merveilleusement honnête. Elle discute avec Hadjadj et Girard.
Avec Hadjadj car ils s'accordent sur la mort de la modernité d'inspiration chrétienne, Mais quand Hadjadj s'effraie de l'arrive de la postmodernité niant l'homme, Maffesoli se réjouit de cette décadence et de l'arrivée de ce postmodernisme païen  signe de lendemains vivifiants. Je crois que Maffesoli a raison quand il dit qu'il accepte la réalité. Il y a un coté, je dis ce que j'observe mais il a du mal à cacher sa joie de la mort du progressisme et du modernisme classique et se réjouit aussi de ce postmodernisme dionysiaque qui sera symbole de vie, de désordre et d'ordre qui viendra après la décadence.

Ensuite, avec Girard, car cet homme choisit Dionysos explicitement (cela est même incroyable de clarté), c'est un paganisme assumé. Oui, il faudrait un bon petit sacrifice de Penthée, que le désordre de l'anomie de notre temps se transforme en violence, en sacré et la grace du bouc émissaire fera son travail. Vivement les temps nouveaux....

Trois personnalités se révèlent donc. Dionysos, Penthée et le Christ.
Penthée est (comme le dit Maffesoli) le technocrate, l'homme de l'organisation, de Babel, de la gestion humaine. Celui qui ne pense pas religieux mais qui pense ordre mais qui dans son ignorance du religieux ouvre la porte même aux religieux et au sacrifice que Dionysos conduira. Dionysos est l'homme du sacré et du sacrifice du bouc émissaire, du désordre fondant l'ordre. Jésus est l'homme qui dénonce le travail de Dionysos et le rend petit à petit inopérant.
Aujourd'hui, Penthée règne. Bien entendu il rend l'homme malheureux car l'homme ne se gère pas. Penthée est peut être une préfiguration du moderne. C'est à dire du chrétien déchristianisé. Mais là où Maffesoli appelle à son meurtre sacré, Girard dit que cela ne peut plus marcher. Qui aura raison ? C'est ici que le terme d'apocalypse prend tout son sens. Est-elle cette synesthésie païenne, le symbole d'un nouveau cycle ? ou bien le signe de l'accouchement de cette humanité définitivement privée de ces béquilles sacrificielles ?

Dionysos se meurt, survit ou se déchaîne ?
Ou bien Maffesoli ne passe-t-il pas complètement à coté de l'apocalypse qui est chrétienne par nature et nécessite la flèche de l'histoire qu'il récuse...

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