mardi 21 mai 2013

Louis Bouyer et les mythes


J'ai trouvé un extrait du livre de Louis Bouyer sur le blog de Plunkett, il donne chaire à une théorie girardienne sur les mythes mais tout en la développant vers des directions que Girard explore peu.
Les mythes creusent des racines spirituelles essentielles. Si Girard dit qu'ils sont des mensonges ou des sacrifices déguisés, cela ne nous empêche pas, à la suite de Bouyer et de Tolkien, de dire qu'ils sont à traduire et à faire évoluer in vivo pour conjoindre vers la croix du Christ et sa parousie. La où les iconoclastes couperaient la racine, les chrétiens appelleraient à un approfondissement créatif et vrai de cette même racine.



Bouyer raconte son initiation par Joseph Bédier des mythes bretons et celtes et lui a fait connaitre cet autre monde. Celui-ci est présent dans le notre (et quelque fois plus réel) prêt à envahir celui-ci. Tolkien serait celui qui montre comment la révélation chrétienne n'a pas tué les mythes et le monde mythopoéique mais en a renouvelé le sens véritable (Tree and leaf), cette révélation ne déracine pas les espoirs contenus mais fait plonger les racines plus loin encore.

Par l'exemple de la forêt, nous voyons en quoi la nature appelle un monde qui serait la source et l'intuition de la chatoyante, lumineuse et mystérieuse beauté de notre monde.
Tous les symboles de l'éternel retour se transforme en espoir de l'immortalité retrouvée, l'amour tourné vers thanatos est refondu dans la mort du Christ. C'est le temps de l'une fois pour toutes.

A l'instar de la quête du Graal, toutes les histoire mythologiques ébranlées par le Christ ou bien les romans chrétiens ou le mythe affleure, révèle le pèlerinage de l'homme moderne (ou bien l'énéide spirituel comme l'écrit Bouyer), la greffe finale et délicate de l'homme déchu au royaume de Dieu. Cette généralisation se fait dans l'enracinement des cultures et donc aussi à partir des territoires géographiques.
La Bretagne est parfaite pour comprendre ces sensations. C'est ici où nous pouvons comprendre la chasse d'Arthur contre la bête qu'on ne rejoint jamais qui se transforme en la chasse du cerf immaculé nous présentant la croix du Christ où chacun de nous devra se prosterner.




« Le Seigneur des anneaux est bien entendu une œuvre fondamentalement religieuse et catholique ; de manière inconsciente dans un premier temps, puis de manière consciente lorsque je l’ai retravaillée. C’est pour cette raison que je n’ai pratiquement pas ajouté, ou que j’ai supprimé les références à ce qui s’approcherait d’une « religion », à des cultes et à des coutumes, dans ce monde imaginaire. Car l’élément religieux est absorbé dans l’histoire et dans le symbolisme103. » Tolkien Lettres, no 142, p. 172.



« Tolkien en effet, d'accord avec les meilleurs historiens contemporains des religions comparées, comme un Georges Dumézil ou un Mircea Eliade, ne s'est pas contenté de montrer le caractère, non seulement de pérennité mais de vérités essentielles, et pour cela impérissables, des mythes, où s'est projetée l'intuition première du sens de l'univers et de la vie humaine. Mais, comme les meilleurs exégètes […] Tolkien est aussi de ceux qui ont le mieux compris et expliqué comment la nouveauté de ce que juifs et chrétiens ont cru être la parole divine ne pouvait s'exprimer humainement qu'en faisant sienne, fût-ce en les transfigurant, les images des mythes. »
— Louis Bouyer, Les lieux magiques de la légende du Graal





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