Quignard contre la dimension sociale de l'homme
Ce livre fut pour moi un coup de foudre. Il est apparu, j'ai posé mes yeux et je n'ai pu le quitter. Depuis quelques semaines, il m'emporte vers des pensées, des artistes, des idées, des images, des histoires, un tout cohérent qui me rejoint au plus intime et me fascine, c'est a dire ne cesse de me repousser et de m'attirer. J'ai voulu ainsi résumer (plus bas) chacun des 102 chapitres et prendre par ci, par la certains extraits.
Ce livre est passionnant par sa forme et par son fond. En effet, ce n'est ni un roman, ni un essai, c'est 102 chapitres en 330 pages, souvent sans lien direct les uns aux autres et même parfois relate plusieurs histoires sans relation à l’intérieur même de ces chapitres. Si de nombreux chapitres sont admirables à eux seuls, ils prennent une signification dans l'addition des thèmes touchés, des auteurs cités, des évènements racontés.
Car oui, ce livre est le livre d'un érudit, lettré, lecteur, amoureux de l'antiquité romaine, de l'étude du bouddhisme, du christianisme, de l'histoire de France, de la littérature médiévale, de l'anthropologie, de la préhistoire, de l’éthologie etc... Puis il a une capacité merveilleuse à trouver des exemples, des personnages, à les faire vivre et à ressortir la matière intime qui fera la moelle de sa démonstration.
Où se dirige tous ces faisceaux ? Vers une théorie anthropologique ambitieuse qui a vocation religieuse. Plus que cela, il souhaite enseigner (ou plutôt créer une solidarité de lecteurs) la construction de l'individu. C'est un manifeste. Manifeste de l'homme qui est sorti de la meute. De l'homme conscient de la violence humaine du groupe, l'explique, le fleurit d'exemple et appelle à une liberté en partie sciemment illusoire mais vers laquelle tendre.
Les désarçonnés ? Qui sont ils ? Ce sont les hommes qui ont vécu de manière symbolique ou réel (Saint Paul, Agrippa d'Aubigné, Louise Michel, Georges Sand, Pétrarque etc etc...) un désarçonnement. Ce sont les hommes qui sont sortis de la foule, qui ont été éclairé par une lumière si forte qui les a éblouis puis leur a permis la lucidité nécessaire pour quitter les hommes.
Ici, intervient ma passion pour l'oeuvre de René Girard. Il est évident que Quignard est proche de René Girard, il intègre dans sa pensée le mimétisme, la montée aux extrêmes, le bouc-émissaire, le phénomène victimaire fondateur de religieux et de communauté, le mythe comme mensonge à soi-même et à la communauté. Même pessimisme des communautés humaines et de sa violence éternelle. Le parallélisme va même jusque dans des détails de l’intérêt sur certains auteurs et curiosité (Catal Hayuk, Clausewitz... Hölderlin n'est il pas un personnage Quignardien ???)
Mais alors, quelle est la différence entre les deux auteurs si Quignard n'est pas seulement le continuateur de René d'Avignon ?
En quelque sorte, Quignard est en désacord sur la source de la violence et plus largement encore sur l'origine humaine.
Il n'y a pas de péché originel chez Quignard. Tout vient des profondeurs de la vie des hommes et du chemin de l'hominisation quand les hommes imitaient les animaux.
Au départ, il n'y a pas le désir meurtrier originaire de l'homme (note sur Raymund Schwager dans quelques semaines, j’espère) Il y a le rapport animalier du fauve et de la proie qui fabrique l'inconscient sauvage de l'homme. De fait, pendant tout le livre, Quignard développera et caractérisera dans beaucoup de chapitre, la relation humaine aux vautours, chevaux, fauves, sangliers, cerfs, rapaces, proie. Tout est ici et tout est conséquence de cela. Je crois que Quignard rend cette idée tangible par l'ensemble de ces chapitres, clin d’œil, évocations d'artistes ou de religion pour soutenir sa thèse. Il appelle autant a la raison qu'à la fulgurance de ses formules et de ces rapprochements. (pour les motivés, il faut lire ce texte très juste de Cristina Alvares qui développe cette question.)
De fait, si nous sommes des animaux que notre talent imitatif a perdu et que le langage trompe, notre mission sur terre (mais Quignard est un gourou très cool et très peu coercitif) est de nous humaniser par la connaissance de la violence humaine et par la fuite, notre mise à l'écart de cette vaste blague sanglante qu'est la société des hommes. Il faut l'avoir lu (et être sensible aux thèses girardiennes notamment) pour comprendre le charme merveilleux du livre et la tentation splendide qu'elle provoque.
Mais, derrière ce matérialisme réaliste que propose Quignard, n'y a t'il pas un manuel gnostique ? Une connaissance spirituelle d'initiés pour faire partie des élus, les clins d’œil au bouddhisme, luthéranisme jansénisme en sont aussi le signe. Quignard remet en cause radicalement la dimension sociale de l'homme. La solidarité est le départ du crime. Le langage est d'abord un obstacle
Il peut se sentir proche du christianisme, mais comme tout hérésiarque il prend un élément juste, le transforme et le renvoie contre sa source. Oui, la science chrétienne nous invite a un regard lucide contre l'association humaine et a percevoir la violence humaine mais le Christ nous montre le chemin d'une humanité ayant soif de communion, sauvée. L'Evangile ne montre pas la violence comme essence de l'homme. La création reste bonne en elle-même. L'Eucharistie, alors, est cette ligne de crête qui permet à l'homme de reconnaître la violence humaine et sociale (comme Quignard le reconnait lui-même) mais en plus d'atteindre la vrai communion humaine attendue par tous les cœurs humains. (Le premier chapitre relate un acte (reel?) où une eucharistie est
utilisée pour un sacrifice païen pour sauver la santé du roi de France
Charles IX) Le christianisme propose une véritable communion, Quignard propose une solidarité désincarnée des lecteurs. Le christianisme nous propose de devenir des moutons égorgeables, Quignard appelle à la noblesse du cerf. il en ressort une haine des nations, de l'activité, du monde qui pourrait sembler chrétienne si nous ne faisons pas attention.
Ce livre m'a aidé à me rendre compte du paradoxe chrétien, un enraciné du monde qui n'est pas de ce monde. Un solitaire au service et en sacrifice pour la communauté humaine sur le chemin de la rédemption, évènement individuel et universel. Aimer le monde tout en étant pas du monde.... Vaste programme.... Quignard ne veut réaliser que la moitie...
Mais que l'on me permette de souffler avec Quignard : vive l'otium... et vive les désarconnés....
"Quand on ignore que l'homme est un être en évolution, on le tue."
Les désarçonnés Quignard 2012
1 Roi, sang, Saint Barthélemy, sacrifice,
hostie consacrée, France….. Le décore est posé
2 Chenogne, Albrecht, Bergheim, Ludwig. Chenogne :
massacre d’allemand en Belgique sens du message codé ?
3 Le cheval du père de Georges Sand désarçonné.
Elle-même à la sortie du couvent tente un suicide, son cheval la sauve. Choix
de l’eau, vertige de la mort. Gout de Georges pour "l’absence", cette salle où
elle peut se consacrer à l’otium. Recherche de sa vie : Recherche du lieu
où le moi s’absente… Otium, dépression,
désarçonnage, le moi comme prison où il faut se libérer.
4 Les parents ? Groupe modèle du
malheur. Toute famille conduit vers la tragédie. La douleur se transmet par le
patronyme. Correspondance entre mariage et Vendetta.
P17
Dans l’humanité si tout est symétrie, c’est parce que le langage symétrise
tout. Dans les sociétés animales tout est asymétrie : tout est prédation.
La relation entre les fauves définit l’agression sans réciprocité. Dans le monde
animal il n’y a pas la moindre guerre. L’individualité y est extrême.
L’identité, le genre, la génération, l’opposition qui l’appuie, ne naissent que
chez les hommes. C’est ainsi la langue seule, l’acquisition par l’enfant de la
langue du groupe qui le précède, le simple fonctionnement de cette langue qu’il
peine à faire sienne, qui rendent tout ce qui est différent opposé, réciproque,
polarisé, sexuel, passionnant, jaloux, hostile, guerrier, ennemi.
Nous sommes meilleurs seuls, le groupe nous
est préjudiciable.
P18
Sénèque a dit : Deviens exauctoratus. Mot à mot : « deviens
désengagé comme gladiateur ». « Exauctoro » est un performatif
qui signifie : « je donne son congé à un soldat. » Prononcé par
l’empereur quand les spectacles ont lieu, le mot signifie : « je
libère le gladiateur de la servitude de l’arène » Cela veut dire « je
délivre cet homme de la mort au terme d’un combat. Deviens ex-autorisé. Les
verba exauctorata sont des mots hors d’usage. Autorises toi à quitter ton patronyme
afin de devenir sur tes lèvres comme un mot hors d’usage.
Nous sommes tous entre le chaos et la
défense de ce chaos. Le ressentiment ? La machine à créer du mythe.
La
violence rôde partout, le groupe, le ressentiment domine. Pouvons-nous sortir
de l’arène seul ?
Le cheval contre le cerf. En se faisant
domestiquer, le cheval a gagné la guerre mais a tout perdu. Le cerf depuis
fuit. Il est le désarçonnement en personne. Ainsi comme Bouddha aussi, savoir fuir les hommes, et refuser aussi
bien les armes que le droit, arme toujours de la meute Toujours refuser de se
mettre en position de défense. Refuser la défense (Clausewitz) pour refuser le
mimétisme de l’attaque. Il faut faire de l’inanticipable, de la création pour
fuir et éviter les fauves.
P24
Il ne faut répondre aux autres qu’en créant. Il faut laisser tomber toutes les
autres formes de répliques. Le général Carl Von Clausewitz a écrit à
Mayence : « Ne jamais se structurer comme l’adversaire. »Ne
jamais se soumettre à l’hostilité qui ne connaît plus de remède et au désarroi
d’y appliquer son attention. Créer, c’est assaillir sur un front sans rival où
la communauté n’existe pas. Créer est le seul bon terrain qui soit au monde.
Où on
retrouve Girard et achever Clausewitz. La défense comme mimétique de l’attaque
et source de la montée aux extrêmes. Mais au lieu de conduire vers l’agneau de
Dieu, Quignard nous propose le cerf comme modèle. Fuite, noblesse et
créativité. Le solitaire au dessus de ses semblables. Ou bien manuel de survie
pour l’agneau. Le cerf, c’est l’agneau qui refuserait la croix. La noblesse
comme vocation ratée au martyr.
6 La solidarité, c’est le mal. Les vertus
se trouvent dans l’isolement.
P26
Augustin : qui sunt regna nisi magna latrocinia ? Que sont les
royaumes ? D’immenses brigandages. Parva Regna, petits royaumes :
charognages et pilleries. Car les voleurs sont astreints par un pacte social,
pacto societalis, à la dispute concernant les proies, les praeda. Le conflit,
la lutte des classes, la guerre civile, telle est la règle du jeu social, pactus
societalis.
La guerre est l’affreux paradis des
sociétés humaines. L’ordre est toujours ordre de bataille. Le rapport de force
est la seule lecture du lien social. Le pouvoir défend la reproduction (le sexe
des femmes), renforcer sa production, c'est-à-dire permettre la mort des proies
et enfin d’accroitre la jouissance des dominants et ainsi d’éduquer les masses
dans cet objectif. Donc le pouvoir, c’est la cérémonie (la violence à l’état
intense) et la domination sexuelle (lien terrible entre le viol et la guerre).
Fierté de Clovis de s’être comporté comme
un cerf.
Encore
du Girard partout et une description aussi courte et géniale de la perversion
de la domination qui conduit le monde et qui est aussi une cristallisation de
la violence telle qu’elle conduit le monde.
7 François 1er, seul le roi peut
chasser le cerf. C’est aussi bien une
question de domination, que de gémellité.
8 Enfance au Havre et l’espace des jeux sur
les anciens charniers recouvert. L’enfance
est là simple et tranquille et déjà cette
violence cachée, cette vérité cachée et partout.
9 Lancelot sauvé par les eaux et qui part. Il
refuse son royaume et part prendre la femme d’un autre roi. Il est la lune
toujours changeant dans le ciel. Il est le signe qui perd son nom.
10 Expérience de François II de Sicile,
enfant abandonné seuls pour savoir quelle langue vont-ils parler ? Le
silence de la mort… Pas de culture avant la nature….
11 Arsace et le mort indésarçonnable…
12 Mme de Clèves et son amant désarçonné en
pleine action…. Malgré tout, par le témoignage, le récit permet de nous faire
revivre cette histoire… Car oui, malgré tout on retrouve les pavés tachés de
sang ! Le sang ne disparait jamais vraiment ; l’invitation au meurtre
est notre basse continue.
13 Epictète à
le disciple peut être supérieur au maître….
14 Les désarçonnés. Agrippa D’Aubigné.
Abélard, 12 ans après sa castration. Saint Pierre sur la route de Damas. Chacun
se met à écrire et à vivre de nouveau.
Le
désarçonnement réel chez ces trois là correspond aussi à la conversion. Prise
de conscience d’être un fauve et chemin pour prendre la peau du bouc. Agrippa
ne signait il pas le bouc du désert.
15 Selon Eckhard, saint Paul découvrit le
néant de Dieu. Eloge du néant. Méditation sur les écailles sur les yeux de
Paul. Il faut avoir connu l’expérience d’un retour vers la détresse originelle
(la naissance) pour pouvoir revivre.
Dieu est le désarçonnant.
P50
De naissance en renaissance, le commencement s’accumule. L’expérience se fait
de plus en plus native.
16 Anicroche ? Arme pour tuer en
désarçonnant.
17 l’écriture va contre la vie (tuer, monter
à cheval, aimer, vivre) ex de Montaigne et de quelques autres. L’écriture vient au désarçonné….
18 Rousseau aussi, renversé par un gros
chien… Joie du désarçonnage et de l’oubli de soi. Buffon imaginant Adam se rappeler
de sa naissance. L’éveil comme un retour à l’origine. Toutes vies est entre
deux images manquantes. Quignard veut penser cette expérience de la mort dans
la vie.
19 La mort du chevalier de Pavie, désarçonné
et dont la prison est refusée. Elle arrête brusquement la guerre de François 1er
en Italie… S’il n’était pas mort, il ferait encore envie, il serait encore en
vie… Lapalissade……
20 Le début de l’histoire de France, c’est
la mort d’un désarçonné. Roland…
21 Alignement de Carnac : liste de
morts. Méditation de promenade, la nature, les oiseaux, les riches
propriétaires absents. Ambitieuse méditation sur la proie et le prédateur (car
tels sont la vie et les relations humaines.). Cette relation est créatrice du
temps, de la narration.
P70Le
temps désirant est ce déchirement entre proie et prédateur comme le temps
devenu langage est récit de prédation au retour de la mort donnée.
Le
mythe forme le temps ?
22Discussion entre aubergiste et soldat
romain. Comme les oiseaux, les hommes aiment que la brume se referme sur eux
sous forme de langage.
23 Méditation sur le cheval qui par sa
beauté et sa réputation est symbole de la mort. Sexualité : Dissimulation
et détresse du désir comblé et illusoire.
P76
Les chevaux sont par excellence « les rapteurs ». Le cheval qui va
fuir brusquement mais qui d’abord se dresse, immense, hennissant, debout sur
ses jambes arrière, est le Ur-animal. La perte originaire, la fuite brusque, le
départ sans retour, le brusque déménagement : voilà la généalogie du temps
bien avant la mort, bien avant le corps sanglant consommé d’un Dieu immobile et
mort.
24 Meaume ? Cheval, souvenir des
aïeux, exaltation, désir, cauchemar...
25 descriptions du dieu de la mort étrusque,
corbeau, marteau, vipères… Mimétisme du sourire, séduction animale. Sourire
bouche close, rire bouche ouverte et prêt à tuer. Marteau du Dieu, signe du
sacrifice. Les dieux son carnivores et ont besoin de chaires fraiches par
sacrifice ou guerre.
P82
Il se trouve que, dans l’Histoire générale, aucune société n’a offert à ses
dieux un festin de moustiques ou de poissons blancs, de virus, de langoustes,
de calamars, de seiche blanche et d’escargots. Le sacrifice de viande rouge est
le rite humain comme la confection du miel est le rite des abeilles. Si la
chasse est le meurtre d’un animal pour le manger, la religion est le meurtre
d’un homme à la façon dont le tuait le fauve – c'est-à-dire le vieux dieu – au
temps jadis. Tout temple est un abattoir. Tout autel est la pierre de découpe.
Tout silence est la faim impatiente et coupable. Brusque excitation pleine d’effroi
que déclenche le cri surexcitant soudain, qui rassemble les membres du groupe,
qui invente l’union et l’excitation de tous dans la consommation commune,
ouvrant la bouche dans la manducation sanglante comme on ouvre la bouche dans
la langue humaine, repartageant le groupe à partir du sang jaillissant, le
hiérarchisant dans l’attribution des parts merveilleuses parce que toutes
rouges.
26 Le cheval de mettius Cartius. Le cheval
se suicide plutôt que de soutenir la violence de l’homme. Il a son lac triste.
Libres ou esclaves ? Non ! Maitres ou esclaves. C’est la violence
romaine / Prédateur, proie partout.
27 Pierre Larousse, fils de maréchal
ferrant misérable
28 Extrait de la vie de Freud (naissance
dans la maison du maréchal ferrand). De passage à Cologne, il se souvient de
ses aïeux et de leur fuite de cette ville au moment des persécutions de 1349.
Il y dormira ? Non, il fuit par le premier, train.
29 Souvenir d’enfance de l’auteur. Le
travail du maréchal Ferrand de Chooz. Les 5 sens se ruent sur les chevaux, le
commerce, le fer, la fumée, les cigarettes, la tombe…
30 Epée de Damoclès tenu par un crin de
cheval. Malentendu de Socrate du taon sur le cheval, vecteur de sa vocation.
Cusa, vous êtes comme des chevaux ! Muselé et perte de liberté par les
livres, vous avez perdu le réel de la nature. Mais comment est sorti le
langage ??
31Vive l’imprévisibilité ! La vie veut
vivre, participons à son allant
P97
de la même manière à l’hôpital de Saint Antoine, un jour de Février, vomissant,
jetant l’éponge, j’ai trouvé la forme de ce dernier royaume où maintenant je
vis, enjambant le temps, assis les pieds dans le caniveau, examinant un vieux
travail qui s’effondre où un cheval pleure.
L’auteur nous révèle un peu sur l’origine
de sa conversion et de sa série de livre commencée, la découverte de son
« dernier royaume… »
32 La mort de Phaéton (peur des fauves
représentés par les étoiles.) Spinoza, le paysan et le soldat ne pensent pas à
la même chose en voyant les traces de pas d’un cheval.
33 Nietzsche et les chevaux… Métaphore, Van
Dyck, la douleur du cheval de Turin et
la folie. Embrasser un cheval humilié, c’est pleurer la domestication ?
Les citoyens sont des chevaux domptés par la foule. Nietzsche et le renversement
des valeurs occidentales, de la noblesse, de la force (Dionysos mange cru) à la faiblesse. Dieu a
préféré la croix de l’esclave. Inversion lu comme victoire du ressentiment… Le
prédateur devient proie. L’œuvre de Pauson. Il renverse la peinture. Qui sera
proie, qui sera prédateur ? Aporie tragique antehumaine.
34 Gunnar, héros islandais désarçonné.
Douleur comme porte d’accès à la beauté.
35 Petite biographie et généalogie des
derniers mois de salubrité de Nietzsche puis de sa folie. Importance de son
succès public récent dans sa folie… Overbeck, sa mère puis sa sœur s’en
occupent.
36 Lien entre le cheval de Sejus et les
femmes fatales.
37 Extrait de vie entre la duchesse de
Chevreuse et le duc de Rochefoucauld. Comploter ? Être discret, refuser le
monde, jouir et vivre à la dérobée…
38 Si peu de pensée vont contre l’ordre. Le
topos des chevreaux insultant le loup blessé. Famille de l’auteur,
apprentissage de la méfiance envers les institutions. Les fonctionnaires,
travail pour la statique de l’état. Comme Michaux, foutre le camp de la
famille, de la société, de l’état.
P116 La
contribution passionnée à l’effort de guerre, l’éloge du sacrifice de chacun
pour la survie de l’ensemble, la simulation vigoureuse des raisons de se
battre, le dopping de la haine c'est-à-dire du sens, c'est-à-dire de
l’orientation, c'est-à-dire de l’avenir, telle est la tache qui incombe aux
magistrats, au philosophes, aux prêtres, aux historiens, aux politiques, à tous
les hommes « d’état ». Engagez vous ! Sacrifiez vous !
Donnez nous des raisons d’espérer ! Motivez votre mort, fondez votre
sacrifice, argumentez votre alimentation.
39 Pétrarque bébé désarçonné à Florence sur
l’Arno. Plus tard, désarçonné une seconde
fois, il boite et commence à écrire. Naples, Ithaque de Pétrarque/Ulysse.
40 La liberté ne fait pas partie de
l’essence de l’homme. Notre naissance en est le signe. Ce que nous recevons
n’est qu’un mixte de blessures et d’admiration
P122
Un lien originaire unit les hommes entre eux : la culpabilité commémorant
le rêve d’un crime exercé sur l’autre.
L’amour pour le Père s’appelle l’histoire. L’âme individuelle se résume
à la culpabilité (avoir aimé sa mère, avoir tué son père, avoir dévoré tous les
animaux sauvages, avoir mangé la nature dans ses animaux, ses poissons, ses
oiseaux, ses fruits, ses racines, avoir dérobé l’héritage). Le destin
intraitable de chacun est un conflit sans fin entre tous. Dans les familles,
dans les couples, dans les groupes, tout se déchire et, en se déchirant,
s’oppose davantage. La guerre sans trêve entre les nations qui s’avoisinent, la
guerre sempiternelle entre deux sexes qui diffèrent, la guerre civile enfin
devenue interne, confinée à l’intérieur de soi jusqu’à l’angoisse.
Boetie, Pourquoi les hommes ne peuvent
désirer la liberté ? Depuis notre naissance, nous savons que la liberté
nous aurait conduit à la mort. La paix civile est la violence équilibrée.
Prospérité, c’est de la violence cristallisé. Tout est violence entre frères,
toute autre description sociale est mensonge.
P123
Sade : l’athéisme est l’explosion de la représentation que les sociétés se
font d’elles-mêmes.
Boetie désacralise la société civile.
Evitez de jouer le jeu social.
P124
Quand en 1548, Etienne de la Boétie théorisa la désobéissance civile, il écrit,
je ne vous demande pas d’ébranler le pouvoir mais seulement de ne plus le
soutenir. Commencez par arrêter de voter pour vos ennemis. Arrêtez de vous
donner des maîtres. Arrêtez de payer des surveillants pour vous épier. Arrêter
d’offrir, par votre travail, au prince, l’or et les armes dont vous serez les
victimes. Arrêtez de donner la liste de vos biens à ceux qui exigent de vous
piller. Pourquoi constituez-vous ces files qui montent aux buchers et qui
alimentent le sacrifice pour quelques uns ou pour un seul ? Pourquoi tenez
vous tant à être complice préféré du meurtre et l’ami fidèle du
désespoir ? Les bêtes ne souffriraient pas ce que vous consentez. Ne
servez plus.
Ex de Diogène, ôte-toi de mon soleil à
Alexandre.
41 Le bruit de la liberté à Ischia.
42 Ovide nous rappelle que l’homme n’est
pas fini. Toute définition d’une supposée finition de l’homme conduit à faire
de l’homme une proie. La question humaniste « qu’est ce que l’homme »
est le premier pas vers un massacre….
43 La canne de Nietzsche offerte par la
sœur à Hitler. Engagé
en gage. Soldat a
en solde. Toute démission conduit vers l’associalisation. Freud, la jouissance
est asociale. Souvenir du chevauchement du mur.
44 Poème, temps soleil… ??????
45 Sexualité et chevauchement. La
jouissance est le désarçonnement. Le désir qui a atteint son but mais atteint
aussi sa mort… Sexe, crise d’identité de deux âmes. Le sexe est un faux infini
ensorcelant. Je voudrais que cela durât. Impossibilité du présent du désir.
Comment retenir la jouissance.
P140
Les anciens romains définissaient très étrangement cette expérience temporelle
qui présentait la durée d’une métamorphose, qui constituait le référent de
toute mutation, en disant que la voluptas est un taedium vitae. Que l’orgasme
est un dégoût de la vie. C’est une défascination. A l’instant de sa
réalisation, a reproduction de la vie se dé-chaîne et dé-voile sa face de mort.
La vie vient se dé-goûter d’elle-même dans la plus grande de ses joies, qui est
elle-même où elle se ré-enchaîne et se relancera sous la forme d’autres corps
surgissant dans le temps, neuf lunaisons plus tard, pour relever le nom du mort
qui le précède.
Le désarçonnement est comme l’homme après
l’amour. Opisthotonie : position physique et disposition globale de tous
les vivants à s’offrir. Le saint Paul de Caravage.
46 Les écrivains sont deux fois vivant.
Psychologie du Phallus
47 Opisthotonie et mante religieuse agressée.
Comme une transe humaine, thorax surélevé et faux yeux…
48Dernier mois d’un romain en 142 Aelius le
rhéteur parti pour une cure lointaine. Santé, appartenance divine, rêve puis
opisthotonia, signe d’une mort prochaine comme le Christ d’Enguerrand Carton,
la grand-mère de l’auteur et nous tous.
49 description du tableau de Samson de Rembrandt
(symbole de la guerre de 30ans), chaque main, Dalila aux ciseaux et
opisthoténie de Sanson./ Larmes de Pierre et Juges 16. Dalila, comment peux tu
dire que tu m’aimes ? Sanson cède, s’endort sur les genoux et est piégé./
Brasero pour Pierre, ciseaux pour Dalila. Comme avec le soleil et les ampoules,
nous nous brulons avec des brulots de haine active. Freud et le meurtre du père
(totem et tabou) remords des fils tueurs ; remords, douleur où on a mordu.
50 P154
Non seulement le spectacle d’horreur ne détourne pas de ce qu’elle manifeste,
mais encore la cérémonie de ce qui épouvante fait venir ces populations en
foules, ordonne leur pas en cadence, les unit en nation.
Même ma victime est hypnotisée par l’agressivité,
celle-ci est le désir sans inhibition de la mort. L’homme a la passion de
s’entretuer (différence avec les autres prédateurs). Les écrans, organes
fascinants remplaçant les sacrifices, sédentarisation finale et pogrome
immobile. La télé fait de proies à adresse et cartes d’identité. Haine, peur et
angoisse
P156
Cette angoisse cherche protection auprès de la puissance qu’elle a elle-même
déléguée dans l’épouvante pour contrer son effroi, à laquelle elle consent
comme si elle n’était pas sienne sous forme d’obéissance, de liberté meurtrie,
d’immobilité physique, de veulerie sociale. Ce que les démocraties appellent la
politique, depuis le commencement de ce siècle, oubliant l’horreur du siècle
qui précéda ce nouveau siècle, est en train de commettre le tort de
criminaliser la contestation qui les fonde et qui devrait les agiter jusqu’au
tumulte pour les laisser vivantes.
51Sorite de Arendt, + la société est
civilisée, plus de mémoire ancienne, + de ressources symboliques, + de produits
développés, + il est attiré par ce qui est donnée, + la nature l’émerveille +
la sauvagerie les fascine, + la cruauté désinhibée les appelle.
52 Espace férale/ Penchant moraux de
l’espèce humaine ? Délire !!
53 Noyau de silence, temps de formation de
psychologie Homo Sapiens. Retour sur eux de la mort violente des fauves qu’ils
avaient chassé à l’imitation des fauves qui les chassaient. Le manteau de Noé
et de Cham (cachent la reproduction sociale et la chasse totale.)
P160
Noyau de rire carnivore mêlée d’effroi sexuel où ce rire se reproduit. Noyau affamé de la manducation fascinée c’est-à-dire
mimétique. C’est le chant dionysiaque.
Joie : source dans la promesse du
plaisir de la proie qui arque le corps. Danger du rire (semblable à
l’anicroche)/ Anthropologiquement, le système de proie et de prédateur est le
fondateur et la linguistique. Fragile structure entre anachorète et les foyers.
Temps social, hiver rassemble, printemps éparpille. Méditation de l’homme
paléolithique, survivre, rêve d’abondance et bête à tuer. Peur préhumaine du
bébé de la loi du talion.
54 Déposition de la métayère de Rodez,
témoin du meurtre entre ses deux frères (si le fusil n’existait pas…).éloge du
style discret et du refus du style individualiste pour dire la réalité. Le
langage est un irréalisateur. / Ne pas confier tout au langage qui n’est pas là
pour l’âme.
P167
C’est à cette foi que je veux consacrer cette avant-dernière boucle de mon
pauvre royaume de toutes petites rive, de quais dépecés, de chemin de halage
envahis par les ronces et les menthes, de gouttières crevées, de laisser de
mer, de chaussées effondrées, de ruines menaçantes. Cette foi, c’est la
certitude que le langage n’est pas originaire dans l’âme et qu’il faut sans
cesse lui faire s’en souvenir.
Il faut protéger le silence de la vie
intérieure surtout s’il est sans langage. Le corps se met à aimer son
persécuteur.
55 Joseph, fonctionnement de la société
humaine. Occidamus eum./ Nous retrouvons cette phrase dans l’exclamation de Caïphe. (Il
vaut mieux….), définition de la société. Le peuple qui a dit a mort a été la
victime du a mort déterminant la mort de l’occident.
56 Notre peur fait fuir les étoiles.
57 Brisach et la foule dévorant le cheval./
Jack London, ses héros ont la peur d’être mangé. Les sociétés comme meutes de
morts. Canidé, hiérarchie jamais fondé. Société, hiérarchie fondée sur
l’acceptation de la domination. Canidés, acceptation angoissées, excités comme en terreur.
58 Complexité de l’histoire de l’apparition
de l’homme dans l’histoire sur la planète. Progression lente ensuite car l’homme
porte tout son dos et surtout son expérience. (=celui qui sort du périr). Dieu
est le perdu, l’inaccessible (ce qu’on a dévoré). Utiliser le langage, c’est
prier Perdu. Manger c’est se construire du mort. Tout tué est perdu dans
l’obscurité du corps. Au départ, il y a la chasse puis ensuite sacrifice et
ensuite la guerre. De là découle le langage, la hiérarchie, la justice sociale,
le mariage, la sublimation, la mort violente imitée./ Au début l’humanité a
faim et reste dans le « jadis », vers -10000, les hommes se dissocient
des autres prédateurs, temps du lendemain et de la graine qui mourir pour
porter du fuit. Agriculture sacrifice du jadis pour demain. On sacrifie le plus
beau pour l’offrir au retour. Abraham,
Cybèle, Agavé, même Dieu et Jésus. /Avant les hommes se confondaient avec les
animaux et les imitaient (source du chamanisme, comment imiter les
animaux ?)
P178
Tout signalait un meurtre. Ce meurtre est introuvable parce que la culpabilité
humaine cherche spontanément derrière un meurtre un homme mis à mort. C’est
bien des meurtres de pères qu’il s’agit
mais point d’un parricide humain. Le meurtre en question est celui appris des
carnivores et retournés contre eux. Les inhibitions de la cruauté se « dé-sidérèrent »
dans l’humanité. Disciples qui exterminèrent leurs maîtres. La culpabilité
cynégétique intense des sociétés de chasse est simple à formuler. L’épouvante
que l’humanité éprouve est que les fauves reviennent sur les chasseurs au cours
d’une terrible chasse à l’envers. Aussi l’invention universelle de l’enfer
n’est elle que l’agrandissement de la grande gueule ouverte d’un fauve
au-dessus du corps nu et sans défense de chacun.
59 Levi Strauss, conter et « conte
redire » Méditation sur le temps et les mythes. P180 « Il n’est pas de mythe qui puisse
être pris sur le vif ; il n’y a pas de chasse qui puisse être narrée
pendant que le prédateur tue sa proie ; il n’y a jamais de récit au
présent. Le prédateur est le survivant dans le récit au passé de ce qu’il a
vécu (dans l’après coup de la prédation). Seul l’effectuation de la mort
désigne d’une part celui qui fut prédateur, d’autre part celui qui fut proie.
Comprendre ? « Prendre à
plusieurs », signe de la meute./ Tout narrateur est un revenant du monde
des morts, il utilise le langage du passé, d’un retour qui ne peut dire
l’aller. Tout mythe prophétise l’avant qui a eu lieu. Lien entre mythe, temps
et chasse.
60 Figure humaine à tête de vautour. Le
vautour est celui qui se nourrissait des charognes humaines, lien entre
humanisation et déification car empêche pourissement. Les tours de silence où les oiseaux nettoient./ La mort d’Eschyle et le gypaète barbu./ Le vautour fut le dieu des hommes tant que nous étions charognards. Le vautour était le signe de l’endroit où se trouvait la viande./ Chasse pas naturel. Présacrifice du sacrifice. P189 En indiquant la proie tombée, la proie signalait
aux carnivores le premier banquet communautaire. P190 En latin surveiller du haut d’un lieu
tout lieu de mort pour s’y précipiter comme un charognard se dit spéculer. Dans
le langage humain, nous pouvons retrouver ce temps de la patience du guetteur
et du charognard. / Des becs de vautours dans les seins d’argiles d’une déesse
de -5000.
61 Découverte par le héros Herakles de son
statut de proie (pas besoin de penser une forte agressivité chez l’homme
pourtant….). Il n’y a pas de péché mais seulement découverte de notre statut de
proie. Peur sédimenté de la violence se réveillant face au fauve. P192 L’époque historique commence quand les
hommes ayant exterminés les grands prédateurs, supplantant peu à peu en nombre
les animaux sauvages qu’ils avaient décimés, parquant les fauves restant dans
les paradis des temples, domestiquant, domestiquant les bêtes qui se
soumettaient à leur domination dans les enclos, eurent plus à craindre les uns
des autres que des espèces qui leur avaient enseigné la beauté, la
civilisation, les ruses, la terreur.
62 3 langages, chien, oiseau, grenouille.
C'est-à-dire, la guerre, la mort et le désir sexuel.
63 Freud décida de se tuer quand son chien
se mit à distance de lui et de la puanteur de sa maladie. Ce fut le 1er
septembre 39, début de la guerre. Le chien fut ensuite traité comme une
divinité par la famille.
64Refus des habitants d’Artigue d’enterrer
le chien avec son propriétaire./ P198 Le moment de la première personne
n’existe pas : c’est toujours un autre, deux autres, une blessure, un
dehors, une enfance, une persécution qui prend la place. Il faut cacher dans le
monde le lieu vide de la première personne qui n’est qu’une porte qui bat. / Le
pouvoir est toujours pouvoir de rejeter
quelqu’un hors de la communauté des hommes./ Prends garde = Aie peur./
Stevenson, je ne peux dire Je. Trou noir de peur. Il c’est Dieu. Dans les évangiles,
Où Seigneur ? Là où les vautours se rassembleront./ Cœur de soi, c’est le
vide. Homme, singe végétarien devenant compagnon de chasses des fauves. Toute
loi est autocritique vaine./ Lien entre parole et charogne fait par Lacan./ Il
n’y a pas de solution au désordre du monde. (Pas même la psychanalyse). Le
monde interne est encore plus en guerre
que le monde extérieure. La pulsion sexuelle de mort est liée au
sadisme, le père tuée… la mère violée
65 La désubjectivation, c’est le soi
retombé à l’état de corps qui meurt. C’est la base du masochisme, c’est cette
part encore plus archaïque que le sacrifice, être reconnu par un vivant comme
un morceau de viande à sa portée… Le prédateur enfin devenu proie…
66 Explication de la joie de mourir à la
guerre, fête humaine par excellence. Excitation, nouveau psychisme. C’est
l’impression d’un sens de l’histoire et d’un moment où les hommes sont narrés.
Le sacrifice du mâle que consent l’ordre social désigne les époques dans le
siècle. Ce sont les grandes vacances d’une vie harassante et triste à pleurer…
/ C’est la Bacchanale et la joie animale (montrer les dents, prêt à manger et à
s’ériger dans la cruauté. /Montaigne, chasser sans tuer, c’est comme aimer sans
jouir./ Mars 1793, Mallarmé grand père, lit Westermann et son rapport sur la Vendée.
Joie de l’extermination et pain supplémentaire pour les révolutionnaires.
67 Naissance de la tragédie de Nietzsche,
né pendant la victoire joyeuse des allemands. D’Annunzio transmet Nietzsche
comme la sœur de l’auteur. Se prendre pour Wagner et voir la guerre comme une
hygiène sociale. Prise de Fiume. Hydravion offert par Mussolini à D’Annunzio,
esprit saint du fascisme…
68 Pour Agrippa, écrire est une anachorèse
face à la religion commune. Pour lui qui aimait passionnément la guerre et la guérilla.
P214
L’histoire de France s’ouvre sur Rauchingue, au VIème siècle, le guerrier qui
« exultait » dans le carnage. Elle « exulta » de nouveau
dans Sade, à la fin du XVIIIème siècle. Puis elle fut « débordée »
par la joie dans la révolution des français pour se « renverser » enfin,
au terme de la grande terreur, et s’écraser dans l’Empire.
Plaisir sadique des Rauchingue (raconté par
Grégoire de Tours) de la torture des enfants/ Selon Tirésias, le théâtre est
réservé au savoir terrible. Le fils tue le père, la mère tu les enfants, les
hommes tuent le Dieu. Dans les Evangiles, Abraham tue vraiment Isaac, puis
description de la résurrection…
69 Les amours de Rucola et de Torgahaut,
serviteurs persécutés par Rauchlingue. Abbaye protectrice des amoureux.
Rauchlingue veut les retrouver et ne pas les séparer. Il va les enterrer
vivant. Torgahaut survit (et se fait moine) car il a gardé son nez dans la
bouche de celle qu’il aimait.
70 Joie de Vittelius sur le champ de
bataille de Crémone encore chaud./ Emotion d’Henri IV à l’entente du mot Bataille (un des écrivains
préférés de Quignard)./ Politique selon Delahaye en 1892, c’est la curée au
grand soleil des faibles et des démunis par ceux qui ont devoir de les protéger./
Se rappeler la joie des Français en 1848, 1870, 1914.
P224 Exciter, c’est pousser les auxiliaires
vers l’alter. C’est faire sortir. Faire sortir, Faire surgir. Faire jaillir.
Pourchasser et lire ne se discernent pas chez le lettré : in-citation des passages
que ses yeux lisent et ek-citation des fragments que sa main arrache au sein
des livres qu’il lit.
Curée, en latin est le désir érotique de la
proie déchirée./ Souvenir de la tradition du nom et de l’ordre des chiens d’Actéon
tuant leur maitre devenu cerf…
71 La guerre comme signe de l’humanité
déchaînée. Sacrifice des biens et des hommes./ Récit à la télévision au Kosovo,
Tremblement intime de la mer de l’auteur se rappelant l’exode. / Mise en lien
du « jadis » de l’auteur avec la pensée platonicienne de l’esprit se
souvenant des choses qu’il ne connaissait que quand il s’est formé./ De Vinci
voit le lien entre guerre et le sexe. Les nations forment un maillage de toiles
d’araignées maitrisant le désir. Ce qui refoule le déchainement, enchaine le désir.
Le déchainement de la violence n’est pas humain, il est aussi humain et
carnivore. Lien entre Médée, Didon, Agavé, la Vierge Marie. Une mère tenant son
enfant mort dans ses bras.
P229
Le 11 Aout 1789, la constituante abolit le privilège de la chasse aristocratique
et royale. Quatre jours après l’abolition, le 15 Aout 1789, est votée
l’ouverture de la chasse à « tout le peuple » en « manière de
sainte Barthélémy de la faune sauvage ». C’est ainsi que le renvoi
effrayant à la Saint Barthélémy a été inscrit dans la loi révolutionnaire
constituante de l’Etant moderne.
72 Derrière le mécanisme du bouc émissaire,
il y a le gout de la curée animale, et la prédation des grands fauves. C’est la
base de toute nation et religion (discrimination des autres).Mais comme le
montre la frise étrusque de Cerveteri. La guerre interhumaine n’est qu’un
souvenir du cœur non mimétique de la prédation inter animale./ Plutarque ne
différenciant par son armée et le corps. L’expérience politique est comme la
guerre civile (stasis) la division (krisis) du groupe. Tout n’est que gout du
sang par le groupe. Celui qui aime le pouvoir divise pour régner, c'est-à-dire
faire advenir le Règne. La femme fait revivre le groupe par le sang versé.
L’homme aussi mais volontairement par la violence, signe de la jalousie de
l’homme sur la femme pour sa reproduction sociale. Pensée de Bettelheim… Expérience
malheureuse de la femme remplaçante de Bettelheim en revenant aux états unis
après les camps d’Europe.
73 P234 Il n’est pas en notre pouvoir de mettre
fin aux guerres qui sont les guerres sociales par excellence. Nous pouvons
seulement rejoindre le front anti tyrannique des morts qui réclament en nous.
Des sacrifiées plutôt que des martyres. Des victimes plutôt que des héros. Des
apolis, des esseulés plutôt que des meutes et des armées en rang.
Les solitaires de la Fronde, défendant les
femmes, le silence, les prières, les idéaux de la république romaine. Défense
de l’otium et de la libertas. Le rêve d’un groupe de solitaire. De lecteurs
finalement…
74 Méditation sur les voyages de Descartes
et de ses songes comme Platon
75 Tacite ne fait qu’étudier le combat des
solitaires contre le mensonge de chaque époque. Il a collaboré mais a gardé sa
lucidité et essayé de témoigner.
76 Jargonnage sur Mélanie Klein. La loi du
talion est ontologique au nourrisson. Les enfants sont pris dans un double
bind. L’intensité de sa voracité et du désir de satisfaction.
P241 Le désir est second au regard de la
faim. La paix, la réplétion, la satisfaction, n’est qu’un épisode
intermédiaire. Il n’y a qu’une solution au sadisme des fauves : la
dépression, l’anorexie. L’écart, la culture.
77 Catal Huyuk. (Girard a travaillé dessus
aussi). Plus ancienne ville, refuge face aux prédateurs. Lien fort entre
langage et prédation selon l’auteur. Les mots sont des cris étouffés après la
violence./ L’espèce humaine est hallucinatoire, elle ne perçoit jamais vraiment
le réel. Le sens de l’histoire pour les humains est toujours une paix, un
désangoissement./ Union sexuelle et charnage. Lien entre sexe, dévoration et
violence. Nous sommes acharnés (acquisition de la carnivorerie).
78 Guerre = chasse + sacrifice. Le
sacrifice coupe tout en deux (mangeable ou maudite)/ Il n’y a pas de présent.
Toujours le temps de la faim. Un passé sans présent qui est toujours l’Etre
avant l’Etre. Rappel du passé immémorial de Levinas./ L’histoire ? Là où
le commencement cesse. Pas de transmission, il n’y a que compulsion et
répétition, signe de bêtise. La politique est le rêve de la main mise sur la
reproduction.
79 Polis (groupe de mortels dans l’ordre
des vivants. Spinoza, trois styles de groupes, les uniques ; les rares et
les nombreux. Comment l’Europe se raconte ? Les villes se font par le
meurtre du frère et les enfants, en volant les femmes des autres… /Les
premières cités ? Les cimetières.
80 Menace du sacrifice. A quand mon
tour ?/ Monachisme et isolement, vision du monde comme horreur.
Apprentissage de l’éloignement et parallèle entre moine et bouc émissaire
déclaré.
81 Natio, sens romain du gamin, du bébé ou
de la couvée…
P257
C’est à la fin du XVIIIème siècle, en Europe, que le colonialisme et son
idéologie particulière (le romantisme, le progrès, la science, l’hygiène,
l’eugénisme) reconstruisirent l’originaire, le primitif, le natal, l’archéologique.
Ils instrumentèrent peu à peu la biologie comme écologie, la généalogie comme
race, et le tout déboucha dans l’extraordinaire horreur humaine qui fit le cœur
du XXème siècle. Si l’humanité s’intègre dans le langage, il y a un double
allumage./ il n’y a pas d’autochtones../ Colère de Levinas contre tous ses
auteurs qui veulent rentrer chez eux… Absurde, que peut être un chez soi comme
bien ? L’ontologie comme un repaire ?
82 Droit de l’homme, toute souveraineté
réside dans la nation. La guerre inter-nationale entre les hommes devient un
principe de droit. Scholem, avant de mourir dans les camps critiqua ses enfants
quittant l’Allemagne./ Freud relativise par rapport aux temps anciens en 1930…/
Frau kleinman disant à ses enfant, ne suivez le conseil de personne, va t’en.
83 Marc Aurèle et la toupie de l’enfant
84 La perte de poste de Gourmont après avoir
écrit le joujou patriotique.
85 Les chrétiens savent qu’il n’y a pas de
terre pour eux. La paroisse, c’est la maison d’à coté. Chrétiens sont de passage.
(Abraham demandant la permission d’enterrer Sara pour éviter que les faucons ne
la dévorent.
86 Le point de mort (le point du vautour)
au centre du visage humain cherché par Giacometti ; Rappel du ravage du
progrès par Hiroshima, des visages hagard, des peaux décollées et des
hirondelles ne pouvant plus voler. Hiroshima annonce de la bonne nouvelle
humaniste.
87 John Hougton fait le lien en 1694 entre
sport, violence et animaux.
88 Découverte de Robespierre, la vertu sans
terreur est impuissante. Destruction du passé, de la mémoire des temps anciens.
Ex du Kampuchéa, plus de famille, si tu ne tues pas, tu es tuée.
P272 Avec
la terreur française, la Révolution s’échangea en sacrifice. La passion
politique s’avoue comme la cérémonie du pouvoir de tuer à l’état nu,
exhibitionniste, spectaculaire. Cette cérémonie propre à l’état met cent
cinquante ans à gagner toutes les nations de l’Europe, puis la Sibérie, puis
l’Asie. Pourquoi les Evangiles rédigées au cours du deuxième siècle de l’empire
des Romains avouèrent ils le mécanisme de la victime émissaire à la source de
toutes les religions ? Pourquoi l’Europe des lumières, au cours du
XVIIIème siècle, eut elle l’audace de reconnaitre la nature homicide de chaque
foi que confessait chaque communauté religieuse et désira-t-elle proscrire
cette épouvantable confiance dans les dieux inventés qui régnaient à la surface
du globe terrestre ? Pourquoi, le 5
septembre 1793, la Révolution des Français avoua-t-elle le secret du
fonctionnement social à la face de la terre entière ?
L’absolutus romain fut le seul non citoyen,
en haut de la pyramide, on peut le chasser comme un fauve. Quand l’état est
absolu, tout citoyen peut être chassé comme un fauve. Toute liberté devient un
péché possible. / Le temps de l’histoire est cyclique, religieux, mimétique.
Comme la société, la régression est son gîte. L’horreur du Kampuchéa est notre
visage car elle nous attend à tout moment.
89 Père Yvain en 1661, imagination d’un
passeport céleste. Amour moderne des papiers. Suicide de certains artistes qui
voulaient fuir les papiers.
90 Le « home » n’est pas
disponible ici. Le nominalisme, la sexualité secrète, l’écart politique est une
forme d’exile cohérente avec notre manière de venir au monde isolé. Expérience
de l’auteur de l’isolement, ce n’est pas contre nature, c’est l’origine même/
Il existe un jadis, un outre monde où reprendre la force qui nous manque.
Merveille du chamanisme. Origine
Sibérienne de Amstramgram, appel au loup dévorant…
91Hurler avec les loups, phrase universelle
et loi politique fondamentale. (démocratique surtout). Les grands mystiques,
les désarçonnés. Ceux qui se sont écartés et auraient du mourir. Source
zoologique de la mystique.
92 Paulin et sa fuite du monde, scandale
pour les romains. 410, invasion de Rome, les romains s’approche du saint
ermite. Abandon de la mondanité du monde. Ne plus se soumettre au jugement des
vivants. Vivre la chasteté, abandonner la course aux places, aux récompenses,
aux mémoriaux…
93 1 Corinthiens 7, 29 invitation au
célibat, « car elle passe la figure du monde », phrase qui aurait pu être
bouddhiste ou tantriste ou…L’expérience religieuse veut la disparition du
monde./ La vengeance et la mémoire s’aime./ P294 C’est le prétérit. On guérit une agonie sociale structurelle par une
fête. Les fêtes humaines sont toujours des mises à mort qui prétendent à chaque
fois, dans le langage, léguer autre chose aux participants que les proies
qu’ils dévorent Soit un tout (la guerre, le racisme, l’amour). Toujours une
proie ou un chiffon de sang lancé à la faim d’un prédateur. Comment rétablir
l’ordre dans l’expansion incontrôlée du désordre ? Par un tué qui rétablit
l’ordre parce qu’il fait oublier la violence dans le culte de sa mort. Le culte
du César est né du sacrifice de César sous dix-sept coups de couteau. Le culte
de Jésus est né du sacrifice de Jésus sous trois gros clous et une pointe de
lance. Toute monarchie est du mort-vivant auquel on ajoute des exposants XII,
XIV, XV, XVI. Si le rite définit la première imitation du sacrifice, le
sacrifice doit toujours être noté zéro. Ce zéro c’est le langage c'est-à-dire
l’autodissimulation du fonctionnement des sociétés humaines. La satiété
elle-même est une auto dissimulation de la faim.
Le
plaisir lui-même est une autodissimulation du désir. Messe et théâtre
prétendent purger de la violence qu’ils montrent et qu’en montrant ils
restaurent.
En
quoi peut-on dire que la messe ment ? La mort du dieu en sang est là.
Pourtant l’église, le rite, l’ombre font tout refluer dans les chants. En quoi peut-on
dire que la tragédie ment ? Les morts en sang, l’épée au poing, sont là,
et le pire du fonctionnement social et ses contradictions sont exhibés.
Pourtant ils s’y oublient étrangement sous la beauté des phrases qui les
nomment.
P296
L’humanité ne fixe ni le soleil, ni la mort personnelle, ni le coït parental,
ni le meurtre fondateur. On ne dit pas « César percé de dix sept coups de
couteau dont un mortel porté à l’aine par son fils ». On dit « Pax
Romana ».
Ce prétérit des sociétés est l’inconscient
pour les individus./ Les sociétés humaines dérivent des sociétés animales. Elles
sont prises dans le cyclisme du sacrificiel violent sans le comprendre. Le sens
fait écran au signifiant./ Pour lutter contre le « social », il ne
faut pas le prendre comme un bouc émissaire mais comme dans une lutte secrète
et discrète. Boétie, Spinoza, certains hommes s’échappent du mythe et vivent à
périphérie du « tous les hommes »
94 Ode à l’accueil de l’étranger, porteur
d’histoires.
95 I corinthiens 4 13, méditation sur le
mot balayures que les chrétiens seraient devenus après la connaissance du
Christ (Katharmata). La faiblesse sociale explore plus la condition humaine.
/La psychanalyse sert à désocialiser des individus d’un groupe social./ La part
divine correspond à la part asociale, les religions comme le christianisme et
le bouddhisme l’ont compris en invitant les populations à se retirer du monde
et d’écarter leurs prêtres du sexe, de la mondanité, du sacrifice direct, et
les invite à l’étude et à la lecture. (vrai amour, relation non sociale, saint
Augustin, Dieu intime)/ Le sanglier, c’est le singulier, qui prend tout de face
et est une limes du monde solitaire. Animal préhistorique se développant malgré
les hommes. Comparaison sanglier et ce que dit Saint Antoine sur la vie de
l’anachorète. Invitation à se désabonner d’internet et à trouver son coin, son non lieu.
96 Ode à la discrétion pour se défendre de
la société. Ne paraissons pas heureux ni des gagnants car tout est perdu. Le
négatif est la perle de l’homme. Ode à toute philosophie et religion négative (Jansénisme, chamanisme, gnosticisme, bouddhisme…….). Tout
est violence dans la société et la langue est l’arme, mais formation de
silencieux (luthériens) malgré tout… Il faut voir les oppositions créés par le
monde (Bacchus contre Apollon, amour sentimental et sexuel, raison et démence)
qui créent la différence entre les hommes, culture et nature, domestiqués et
fauves, castré et sauvages, jadis et passé, pulsion et mémoire…
97 Méditation sur époque, épochè. Arrêt,
comme le chien à l’arrêt. A lier avec le « ne jugez pas » de Jésus
signifiant n’intériorisez plus les règles sociales et n’obéissez plus au sens
commun. Sortez de la foule, plus de foule, de nation, d’espèce. Partez de toute
représentation social, tyrannie politique, prophétie religieuse./ Dans Luc,
c’est aussi ne jugez pas et ne condamnez pas. Ne chercher aucun regard.
Ekstasis, c’est sortir de la guerre civile. A cet instant, il se baisse et c’est
le seul moment où Dieu écrit. J’arrête d’obéir je quitte la meute, j’écris.
98 Rousseau et d’Alembert, gout de la solitude
et bonheur et pouvoir déconnecté./ La démission créatrice de l’auteur comme but
de sa vie. Etre libre comme des chats.
99 Souvenir sombre et lunaire du palais de
l’Elysée, l’auteur perçoit la dimension apocalyptique de son temps et de la
nécessité du retour de vers la solitude. Hagard faucon, domestiqué trop tard et
dont on ne peut avoir confiance./ Les hommes ne sont pas humains.
100 Extraits de la vie de Louise Michel.
Otium, discrétion, humilité, défense des pauvres.
101 Les désarçonnés, lumière désarçonnant,
aveuglement, nouvelle lumière. Retrouvons l’origine. La culture n’est jamais
autonome de la nature, de la violence et de la religion, mais demeure le
mystère de l’évolution./ La vérité des temps modernes, tout est rompu, tout est
relique en Europ des reliques de la seconde guerre mondiale et de l’ancienne
terrible théocratie qu’est le christianisme./ Nous sommes nés esclaves mais il
y a un chemin vers la liberté, l’écart du groupe. Hommage de Freud à l’homme
qui lit, seule contribution positive de la civilisation./P330 Je existe, mais moins qu’on croit, tu davantage, il est mort, nous
ment.
102 A la campagne, silencieusement, une femme
aidée d’un piano chante un lied. Un homme l’écoute, il lit puis un cheval
l’accompagne dans l’écoute de la femme musicienne.
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