mardi 24 septembre 2013

Gaël Giraud - Transfert de capitaux et création de valeur


Article radical et très intéressant de Gaël Giraud.


A partir d’une phrase du cardinal Bergoglio, il développe la thèse de l’aspect peccamineux de tout transfert de capital. Les lois sur ces transferts sont pourtant à la base de la construction européenne libre-échangiste. Mais le doux commerce se découvre aussi poison (distension du lien social, appauvrissement des salariés...)

Il relativise les avantages comparatifs chers à Ricardo et aux défenseurs du modèle, donne certains exemples (Chypre et Indonésie). De plus, il reprend la proposition de Bergoglio avec la notion de communauté productive de richesse.

Transfert fiscal, transfert de capital, c’est toujours oublier ce que les surplus de richesse doivent toujours en partie à la communauté qui a permis cette richesse. De plus, derrière toute création de richesse, il y a toujours la création de monnaie par les institutions bancaires du pays.


Or, (et Giraud pense qu’il faut institutionnaliser cette connaissance) l’argent est créé par les crédit (et donc la foi), l’effort et le travail d’une communauté, cette création est marquée par l'existence d'une communauté. Cela permet de voir en quoi tout transfert de capital est perceptible comme un vol. La monnaie créée par la banque est un bien commun.


Mais disant cela, beaucoup de questions arrivent.... Banque, communauté, vol, bien commun, frontières....




Bergoglio affirmait avant d’être pape que la circulation des capitaux était un péché dans bien des cas... Interrogeons donc la territorialité de la valeur.

« Le christianisme condamne aussi sévèrement le communisme que le capitalisme sauvage. La propriété privée est un droit, mais l’obligation de la socialiser de manière équitable l’est tout autant. Un bon exemple serait la fuite des capitaux car l’argent, quoi qu’on en dise, a une nationalité et celui qui place à l’étranger l’argent produit par une industrie de notre pays commet un péché. Il n’honore pas l’endroit qui lui a permis d’acquérir cette richesse ; il n’honore pas le peuple dont le travail lui a permis de la posséder. »
Cardinal Bergoglio, discussion avec Abraham Skorka


Pour mieux connaître Gaël Giraud, voici un article et une ancienne note.


Un long article sur le même sujet 






Resumé plus long de l'article:




Péché ? Absurde ou non ?

Cela semble l’être si on s’est habitué à l'union europpéene et à sa libre circulation des capitaux, c’est devenu un socle de celle-ci et un sujet qu’on ne discute pas.

On a dit doux commerce de Montesquieu, ferment de paix durable... Pourtant, cette loi ce retourne contre les européens en faisant des classes moyennes de chaque pays des concurrents. On a provoqué automatiquement appauvrissement des salariés

Cette libéralisation des capitaux a pu équilibrer au niveau mondial les inégalités mais a eu tendance à les accroître à l’intérieur des pays. En plus des coûts sociaux, elle a distendu le lien social.

L’OMC reprend les études de Ricardo des avantages comparatifs, tous les pays trouveront profit à l’ouverture des frontières, les pays se spécialisant souvent dans leur points forts. C’était aussi un espoir pour l’Euro. Mais Ricardo voyait aussi le risque de sur attractivité régionale. Mobilité du capital ressemble donc plus à un handicap au libre échange. Le jeu en valait il vraiment la chandelle ? Il y eut certes des gros investissement mais pour quelle désindustrialisation en comparaison. De plus il existe une course au moins disant fiscal et social, abandon de souveraineté, et remise en cause de l’exercice de la démocratie


Cette mobilité du capital a été légèrement mis en cause lors de la crise Chypriote mais la Malaisie avait été conspué pour avoir mis des barrières. Mais tout cela est nouveau. Expérience entre 1890 et 1914, pas revu avant 1990. GB 1979.

Or la corrélation entre libéralisation des capitaux et crise est très forte. Les trente glorieuses était une époque protectionniste. Puis nous avons toujours le même scénario, afflux massif de capitaux car bonnes conditions fiscales puis retrait brutal pour d’autres investissements plus avantageux encore.

Exemple de l’Indonésie en 1998, réception massive de capitaux étrangers pour des prêts a court terme pour les banques indonésiennes, puis bénéficier de la garantie de l'état indonésien, argent investi venant de la création de monnaie des banques du bassin atlantique nord (effet de levier et création de valeur par le crédit). La garantie de l’état a rendu les prêteurs moins regardant sur les projets Puis le naufrage des projets arrivant, les banques ont retiré leur argent créant la plus grosse crise d’Indonésie. 25% de baisse du PIB et plan d’ajustement du FMI. Bref, investissement à l’étranger ne saurait légitimer la mobilité du capital


En face, Bergoglio met en avant le thème de communauté productrice de richesse.

En plus des effets douloureux, la fuite des capitaux serait une violation d'un droit qu'est celui d'une communauté de jouir des fruits de sa création de richesse. (une sorte de propriété communautaire).

Dérober un revenu fiscal certes mais aussi tout transfert de capital (correspondant à une création de richesse) hors du pays est un péché.

il existe une dette sociale : Comme tout création de richesse a été précédée de création de monnaie, qui est elle même une dette que l'emprunteur rembourse par sa création de valeur. Les intérêts de la dette reviennent aux prêteurs. Bergoglio dit que c'est une dette sociale, que les bénéficiaires doivent d'une manière ou d'une autre à la collectivité qui a permis cette richesse. Ne pas investir dans celle ci dans cette communauté revient à ne pas payer la dette sociale.


Car il faut s'en souvenir. Ce n'est pas les dépôts qui font les crédits mais c’est bien l'argent qui est créé à partir des crédits. Cela permet de comprendre en quoi la création de richesse appartient à la communauté qui se propose de créer de la richesse et qui confère donc à cet argent sa valeur. Bref, la monnaie créé par le secteur bancaire doit être perçu comme un bien commun.


En enffet, si le crédit venait des dépot, cette notion de bien commun aurait moins de valeur.... Mais il faut cesser de cacher l'origine de la création de monnaie qui est affaire de crédit et de foi commune et ceci explique pourquoi la négation de cette foi est un péché.

Disant cela plein de problèmes arrivent... Quelle est la frontière de cette communauté ???

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