jeudi 12 septembre 2013

Grégoire Moulin contre le reste de l'humanité.... Artus de Penguern

Le film suit une soirée de notre héros. Cette soirée nous est présentée comme le couronnement d'une vie qui fut marquée par le signe de la malchance et de la persécution.

Orphelin dès sa naissance (dispute idiote  des parents tournant mal à la clinique), élevé par ses grands parents bretons, à la dure, se sentant différent et ayant du mal à l'exprimer. Il va partir pour Paris pour travailler comme gratte-papier dans une assurance. Nous voyons sa jeunesse, sa vie marquée par les brimades et victime de la cruauté de gens, de leur balourdise, de leur bêtise, de leur gout pour la souffrance et de leur grégarisme (symbolisé par le football). Cela est dit avec légèreté, avec des caricatures, le but est de nous faire rire de celles-ci et de nous faire prendre en pitié notre héros, victime malheureuse et bouc émissaire, mi lucide, mi aveugle sur sa situation. Il est l'homme dans la société qui a mis un pas de coté et subit la violence incomprise de ses prochains.


Depuis son travail aux assurances, il peut regarder la jolie professeure de danse. Sa taille fine, sa prestance, sa délicieuse maladresse. il est amoureux. Un jour, malgré sa timidité maladive, il arrive à lui parler... en fait non, il lui vole un objet et lui promet de le lui rendre le soir même, ils ont rendez vous dans un bar.

Alors que tout aurait pu être simple, tous les événements vont se retourner contre lui. Oubli des clés, collègues habitant à l'autre bout de Paris. Conducteur de taxi fou, finale de coupe de France entre Paris (qui perdra...) et Perros-Guirrec (???), des supporters fous, un couple de bons samaritains pervers, une soirée déguisée sur le thème de "bourreau et dictateur", une nymphomane suicidaire, un patron de bar furieux, des policiers malfaisants etc etc...


Bref tout autant de possibilité pour l'auteur de nous faire rire et de dénoncer la folie de ses contemporains. Que dénonce t il ? Le grégarisme donc, la dureté, la violence, l’égoïsme, l'instabilité, la volonté de profiter, d'abuser, la fragilité intempestive et destructrice. Mais il la fait avec une merveilleuse légèreté. Certes, il faut mieux en rire, ridiculiser notre violence instinctive et présente à tous les niveaux de relations....

La soirée déguisée devient le symbole d'une humanité de bourreau en puissance. Il y a bien sur de la paranoïa dans ce film comme l'indique le nom du film, cette paranoïa est traitée sur le ton de l'ironie, de la moquerie, de l'exagération. Le héros, son histoire d'amour avec la prof de danse est trop pure. N'est elle pas marquée sous le sceau d'Emma Bovary que la danseuse lit en attendant celui qui se révélera être celui qu'elle épie depuis des semaines réciproquement  ?


La lune deviendra son seul recours pour vivre avec Odile Bonheur.



Ce film sait nous faire rire de la violence humaine et nous rend autant désirable que ridicule la tentation de la misanthropie....


Il faut rire de toute cette absurde farce... Ce film nous invite à trouver aussi désirable qu'effrayante la situation de la lucidité, arguant que celle-ci nous rend meilleur (plus poétique), plus sensible mais sans défense et que nous risquons d'être balayé par la violence humaine comme a pu l'être par un TGV ce bouc (émissaire?) que nous avons vu dans les premiers plans.



Enfin, notre héros peut être aussi l'homme atteint de psychose, paranoïaque avec syndrome de persécution.... Mais n'y a t-il pas un lien entre syndrome de persécution et lucidité sur la violence du monde ? La folie n'est elle pas si loin non plus de l'expérience mystique. J'aimerais presque faire un lien entre ce film et ma récente découverte d'Henri Grivois et de son concept de "concernement".... A creuser


C'est en commençant cette note que j'appris la mort récente du réalisateur, acteur de ce film... tristesse...


Il avait un site internet où j'ai pu découvrir ce charmant court métrage qui donne déjà des signes de paranoïa humoristique....




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