vendredi 27 juillet 2012

Hubris et Art moderne

Emission très intéressante sur répliques avec Jean François Mattéi et Jean Clair.
Je recommande.




En quelques lignes ?
Les grecs séparaient Hubris et Diké.
Hubris : démesure, transgression, orgueil  /  Dike, justice humaine, règle, tempérance
Mattei affirme que l’Hubris est rentré dans la rationalité européenne, Que cet Hubris transparait le mieux dans l’art moderne. Né à partir de la « goinfrerie de l’illimité » du romantisme, du rêve du toujours plus, de l’absence de limite qui devient recherche effrénée de ces mêmes limites pour mieux les enfreindre et ainsi de suite.
Dans l’art, le principal symptôme est la disparition des « beaux arts » et l’apparition de l’esthétisme, science de la sensation et de la subjectivité extrême. Refus de la norme et des proportions élaborées depuis des siècles. De cet esthétisme aussi, naît l’artiste maudit, persécuté par le  besoin d’illimitation, la drogue dans la panoplie.
Comme conséquence, éclipse de la beauté dans l’art. Fascination pour la monstruosité (utilisation du terme tératogène ?????).
Clair rappelle que le terme hubris a donné hybride. Hybride comme la chimère, le monstre fabriqué.
Mattei cite Heidegger, la modernité, c’est l’entrée de l’art dans le rayon de l’esthétisme. Levis Strauss, lui, parle de la perte du visage.
Inondation de l’impression. Intrusion de la subjectivité (inexistante dans le passé) ramener le monde à sa proportion, perte de la recherche de sens commun et de beauté commune.
Quand avons-nous cessé de nous supporter ?
Jean Clair dresse le parallèle entre la terreur, la guillotine de la révolution et la fin de l’art des portraits. Lien avec le culte d’acéphale, cher à Georges Bataille….
Dépasser la figure humaine… Et ainsi, Roi, père, soleil, Dieu, instances à effacer, on efface l’homme rapidement. (Soleil cou coupé Apollinaire…)
Le succès de la Psychanalyse consolide cette tendance… Les patientes vont  à l’encontre des règles de l’anatomie. L’hystérie, la schizophrénie sont célébrées.
Et pourtant, beauté, il y a ??
Mais nous avons perdu la face et la contenance.
Comment échapper à l’art moderne où l’hubris est le sujet alors que le monde, la ville se sont effacés dans l’art ?
Pourquoi le terme de beauté fait désormais rire parmi les artistes et l’académie ?
Citant Arendt, Finkielkraut se demande « Que restera-t-il de la culture si l’on s’émancipe de la beauté dans l’art ? »
Or la culture n’est est elle pas d’abord le soin de l’âme ? Pour donner de bons fruits spirituels.
Les auteurs appellent des figures de résistance, Giacometti vs Breton, Camus, Balthus, Lucian Freud, Kundera.
Les auteurs appellent à un retour à la mesure, qui  ne vient jamais de l’extérieur, la démesure peut donner la mesure.
Donc, on y reviendra ?
Contentons nous déjà des chefs-d’œuvre contemporains du cinéma, la crise des arts plastiques n’est pas finie.
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Oui, émission intéressante car elle m’a permis de mettre des mots et des concepts sur mon incompréhension face à l’art moderne… Elle m’a initié au terme d’hubris  en utilisant  des exemples historiques, philosophiques très convainquant…
Par contre, si j’ai pu être comblé par le diagnostic, je suis surpris par le manque d’explication de l’origine et par une conclusion mystérieuse.
Ici, René Girard peut nous aider. Le combat hubris / Diké, n’est il pas le couple « violence vers l’indifférenciation » et crise mimétique conduisant à une société avec un nouvel ordre. La fille de Dike, n’est elle pas Nemesis, déesse de la vengeance et de la juste colère des dieux ? Le parallèle est frappant. Si on continue sur Girard et ce qu’il a diagnostiqué sur l’impossibilité contemporaine du retour de la vengeance divine…  Dike ne reviendra pas…  il ne reste que le Christ crucifié.
Comment faire pour ne pas perdre la tête ?



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