Je vous conseille fortement la vision du reportage "The century of the self" de Adam Curtis. Nécessaire pour comprendre le XXème siècle capitaliste et psychologique qui est devenu narcissique et manipulateur....
1èr épisode, Machines à bonheur
2nd épisode, la fabrique du consentement
3 épisode, Il y a un policier dans chacune de vos tête, il doit être détruit.
4ème épisode, 8 personnes sirotant du vin à Kettering
On ne peut résumer l’histoire de l’occident au XXème
siècle
à
celle des recherches psychologiques et de leur application. Mais il me semble,
après
avoir vu le reportage de Adam Curtis "the century of the self", qu’on ne peut
pas les évacuer non plus. Je crois que l’on tient ici un fil crucial pour la compréhension
de celui-ci, sa violence, l’évolution de son esprit, sa passion des
objets et du "soi-même". L’ambition de Curtis est gigantesque mais il en résulte
une série
de reportage passionnant avec certainement des éléments vus trop rapidement ou trop
appuyés
mais le tout est très
convainquant au final par ses images, témoignages, la logique globale du reportage et ce que je distingue comme rationnalité.
Il montre l’évolution de l'individu occidental, de l’homme traditionnel à l’individu consommateur. De Freud à Clinton. (Même si plus que jamais, Freud me semble le prophète de Girard, qui aide mieux à comprendre dans sa globalité "l'inconscient", le désir, la foule et les processus d’indifférenciation et de bouc émissaire....)
Il montre l’évolution de l'individu occidental, de l’homme traditionnel à l’individu consommateur. De Freud à Clinton. (Même si plus que jamais, Freud me semble le prophète de Girard, qui aide mieux à comprendre dans sa globalité "l'inconscient", le désir, la foule et les processus d’indifférenciation et de bouc émissaire....)
Le développement de la science psychologique permet de
comprendre aux politiciens et aux industriels que l’homme est principalement
irrationnel dans ses motivations et ses actions. La violence, le sexe, la
séduction, le grégarisme sont à l’intérieur des hommes. Comme vu précédemment,
Bernays est le premier à vouloir adapter les thèses de Freud son oncle pour le
business et la politique. Ses thèses arrivent au moment de la poussée
démocratique
et donc de désir
d’égalité
et d’anti-domination politique ainsi que dans une société de désir et non plus de demande.
Les politiciens et les producteurs ont besoin de l’industrie du consentement
pour gagner des élections et vendre leurs produits. Devant le chaos du
capitalisme devenu fou et la réaction totalitaire, Freud et la
psychologie prennent peur. Ils comprennent qu’ils ont de la dynamite entre la
main.
Mais le pouvoir se prendra désormais toujours par ceux qui
savent lire les besoins du peuple et les combler. Tout devient ensuite évolution
et tergiversations de la science psychologique, de l’adaptation du business, de
la politique et des masses elles-même.
D’abord, pris en main par Anna Freud et ses amis, la
psychologie mue par ses découvertes effrayantes sur l’irrationalité
de l’homme poussera les institutions à jouer au sur-moi des individus, réprimer
les pulsions et jouer sur le conformismes et même pourquoi pas contrôler
l’individu et la masse. Devant le
malaise et les échecs de ces mouvements, les individus vont se mettre en révolte
et chercher à
développer
leur propre moi débarrassé de l’enveloppe conformiste créée
par une société
de consommation. Les politiciens et les producteurs commencent à
avoir peur, mais découvrent que ces gens sont au final des bons consommateurs
qui cherchent leur "moi" dans la consommation particulière. C’est le temps des études
lifestyle, des études marketing. Nous arrivons à l’individu narcissique, imbu
de la libération
du désir,
et de sa réalisation.
Ceci va conduire au succès paradoxaux des politiciens libéraux de Reagan à
Blair, avide de focus groupe. Nous sommes passés d’une société de grands mouvements politiques aux
politiciens prestataires de service face aux électeurs consommateurs
manipulables. (Remember, par exemple, Sarkozy-Guaino-Buisson 2007 !!!!)
Que faire ? C’est cette question qui me vient face à
ce reportage mais c’est aussi la question à laquelle ont répondu les
politiciens, psychologues et industriels. Que faire face à un monde qui n’a
plus d’autorité ni de médiateur externe a respecter ? Que
faire face à
la violence de l’homme sans sacré ? (puis aussi que faire pour
s’enrichir...) Les politiciens face a la compréhension psychologique ont donné à
leur peuple de plus en plus, de mieux en mieux ce dont ils avaient besoin. Des
marchandises à foison, l’illusion d’un moi autonome. Sans le percevoir,
la masse s’est laissé manipulée. A la place des castes et des rois,
nous avons reçu l’illusion du moi et des spin doctors. Ce reportage
conforte le girardien sur la nature mimétique de l’homme, on pourrait s’en désoler
à
la vue de ce reportage. Car qui le sait et l’exploite (psychologie-marketing)
maîtrise
le peuple et s'enrichit sur lui. Ce qui est la devise positive du
marketing : « Nous donnons au gens ce qu’ils veulent
vraiment » devient la règle
de sa manipulation et de l’esclavage des hommes.
Le chrétien tentera de dire qu’il faut le savoir, non s’en servir
mais comprendre la vocation de l’homme à une relation parfaite avec "l’être".
L’Eucharistie est le centre des désirs des hommes, et sa vocation, manger
Dieu mort et ressuscité pour entrer en communion avec lui. L’utilisation consommatrice
de cet élan
ne conduit que vers l’irrationalité, le mensonge. Si la raison conduit
vers l’Eucharistie, la propagande conduit vers la consommation comme religion. Notre monde de consommateur devient une grande singerie de
l’Eglise adoratrice.
La publicité ne ne reprend elle pas pour elle la prière
eucharistique, "fruit de la nature et du travail des hommes"... mangez en tous...
Devenez ce que vous recevez. Et Bernays (et tous les marketeurs après lui)
disent que ceci est le pain de l’alliance éternelle et de la paix.
D’un point de vue sociale,
on comprend que cette religion a besoin de grands prêtres
(politiciens, industriels, marketing)
pour canaliser la violence du groupe. Ecoute des prières,
production illimitée de marchandises, canalisation de la violence et au final
avidité
du pouvoir et mépris de la raison. La
marchandise, l’argent sont les boucs-émissaires déifiés et consommés de cette
religion. Cependant, cette religion repose sur des mensonges et de idolâtrie,
ses structures sociales et spirituelles conduisent vers des aberrations qui
rentrent en contradiction (individualisme, autonomie du désir, productivisme et
propagande de plus en plus irrationnelle). N’est ce pas aussi "l’apocalypse" (la révélation) que
nous vivons ? Encore une fois, dans un monde sans béquille sacrificielles, que
faire du désir
des hommes si ce n'est les présenter devant la croix du Christ ?
A noter cette lettre de Huxley a Orwell....
Résumé, épisode par épisode :