vendredi 1 janvier 2016

René Girard sur le malentendu anti-religieux moderne

Belle année 2016 à vous.
J'ai retrouvé cette citation en re-parcourant "Achever Clausewitz" de René Girard. Elle me semble parfaite pour illustrer certains débats sur le religieux et surtout l'esprit du temps : 

La religion chrétienne montre le caractère central du religieux dans la genèse de la culture. C'est le christianisme qui est la vraie démystification du religieux, parce qu'il dénonce l'erreur sur laquelle le religieux archaïque est fondé : l'efficacité du bouc-émissaire divinisé. La Révélation prive les hommes du religieux, et c'est cette privation qui se manifeste autour de nous de plus en plus, dans l'illusion naïve d'en avoir fini avec lui. Ceux qui croient en cette défaite du religieux le voient aujourd'hui réapparaître en tant que produit de leur démystification même : mais un produit souillé, démonétisé, affolé par la révélation dont il a été l'objet. C'est cette perte du sacrificiel, seul système à même de contenir la violence, qui ramène cette violence parmi nous. L'anti-religion actuelle cumule une telle masse d'erreur et de non-sens au sujet du religieux, qu'on peut à peine en faire la satire. Elle sert la cause qu'elle croit desservir, et défend secrètement l'erreur qu'elle croit détruire, affolant le religieux sans parvenir à le maîtriser. En cherchant à démystifier le sacrificiel, la démystification actuelle fait donc beaucoup moins bien le travail du christianisme qu'elle croit attaquer, car elle le confond toujours plus avec le religieux archaïque.
Achever Clausewitz p334


Comme le dit René, il n'y a plus de quoi rire. Nous nous trompons grotesquement. Nous sommes plus chrétien que nous le croyons et pas autant qu'il le faudrait. Cet entre-deux crée notre malheur et notre folie.
Que faire ?


Afficher l'image d'origine

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire