jeudi 1 octobre 2015

Olivier Rey contre l'extended order - exemple urbanistique

Vous trouverez plus bas une conférence d'Olivier Rey. Deux choses y ont retenues mon attention.
Si le départ ressemble beaucoup à ce que j'ai pu présenté de lui sur une note différente (), en particulier sur la question de la proportion de notre époque moderne boursoufflée, je retiens sa remarque sur Hayek et l'illustration de sa thèse sur le domaine de l'architecture et de l'urbanisme. Il n'en est nullement spécialiste mais il tente le lien dans le cadre d'une conférence dans une école d'architecture.
Avant de filer la métaphore avec l'architecture, il développe l'idée d'un libéralisme coupant l'homme en deux et lui demandant d'en sacrifier une partie pour le bien de  la seconde et de la communauté globale. Voyons les conséquences de ce sacrifice. Aussi bien direct qu'indirect.


La remarque sur Hayek (entre 42 et 50 environ)
Rey rappelle qu'Hayek oppose les sociétés traditionnelles aux grandes sociétés modernes ouvertes (qu'il appelle "extended order" ). Il les oppose en liant la première aux émotions humaines et la seconde à la raison. L'extended order demande des manières de vivre et de penser totalement différente, d'aller contre les émotions, cela est difficile. Ce passage de la société organique à cet ordre est le moteur de l'histoire tragique de l'occident. La recherche de l'unité vécue au niveau de l'individu et de la société ne se fait pas sans blessures profondes. L'extended order favorise un processus d'individualisation qui lui même entre en conflits avec les formes de vie communautaires.

"le conflit entre ce que les hommes aiment instinctivement et les règles de conduite apprises qui leur ont permis de de développer est peut être le thème majeur de l'histoire de la civilisation"

Nous sommes habités par des conflits très profonds, reconnait Hayek. Que faire de ce qui dans nos vies exige la communauté dans un ordre incapable de réponde à ses aspirations ? Hayek répond en restreignant les aspirations, en les faisant taire. Sinon, on grippe le mécanisme libéral. Adaptons nous au système libéral et ce à grande échelle.
Rey conclue qu'un ordre demandant de tel sacrifice n'est pas souhaitable...

Et vous ?

Effet de l'extended order sur l'urbanisme.
On peut lire cette problématique de l'ordre étendu dans l'urbanisme par le duo gratte ciel-extension pavillonnaire. Les tours sont le symbole de l'ordre étendu et les extensions pavillonnaires en sont le signe de la frustration. Mais ces extensions deviennent elle-même hubris par leur gigantisme (et leur laideur).
Les programmes de logement furent une tentative de répondre à la catastrophe pavillonnaire.
L'emblème dans cette idée et de sa fin est le programme Pruit-Igoe de Saint Louis dans le Missouri.

Ce quartier était la fine fleur des règles modernes, son  penseur Yamasaki a reçu une grande notoriété ce qui lui a valu d'être appelé pour construire le World Trade Center à New York.
(Ses deux plus célèbres constructions sont désormais détruites.)
Ce fut un échec, délabrement rapide jusqu'à sa destruction en 72 moins de 20 ans après sa construction. (L'habitation est autant protection qu'ouverture...)
Gigantisme, artificialité et image de la mort du modernisme. Vient alors le postmodernisme, qui est en même temps radicalisation du modernisme et le doute de son propre mouvement.


Nos contemporains sont souvent face à un désarroi idéologique quand nos sociétés font face  aux conséquences négatives du développement. Que faire ?
Être fidèle aux principes, se sentir démuni face aux malheurs...et consentir aux sacrifices...
Ou au nom de ces maux, rejeter les principes, et se sentir orphelin des progrès ...
Pour échapper à cette alternative paralysante, il faut s'interroger sur l'échelle d'application des principes. Le principe de proportionnalité ne bride pas l'ingéniosité humaine. Intégrons la question de la proportion afin de nous éviter toutes les prises d'otages idéologiques. C'est un des grands messages d'Olivier Rey.
Évitons tous les sacrificateurs de communion libéraux et acceptons les paradoxes, soyons assez subtils pour intégrer la proportionnalité dans tous les domaines de nos vies.



plus bas, petite prise de note....





42,27

Hayek, beaucoup de divergence mais intelligent et argument fort. Très stimulant !
il oppose communautés anciennes et traditionnelles aux grandes sociétés modernes ouvertes (extended  order) Donner le même nom de société à des formations aussi complètement différentes que le compagnonnage d'individus en contact personnel constant et la structure formé par des millions d'hommes qui sont relié seulement par des signaux formés par des chaines commerciales longues et infiniment ramifiés est non seulement égarant sur le point des faits mais presque toujours révélateur d'un désir caché de remodeler cet ordre étendu conformément aux idéaux d'un compagnonnage vers lequel nos émotions nous poussent
Selon Hayek, ce qui reste aujourd'hui de la vie communautaire qui caractérisait l'essentiel de la vie des personnes auparavant. CE qui reste de commuanuté essentiellement au sein de la famille et l'ordre étendu demande de nous des manières de vivre de penser et des comportements radicalement différents et ce qui ne va pas sans grandes difficultés.
Et au fait, on s'aperçoit que ce passage ce que Tonnies appelle le passage de la gemeinschaft à la geselchaft qu'Hayek appelle le passage du compagnonnage à l'ordre étendu, c'est un changement tellement important que dans aucun contexte, cela n'a été sans grandes difficultés. C'est quelque chose de très récent dans l'histoire de l'occident. quelque chose qui commence au XVIIIe siècle et qui s'épanouit au XIXe siècle. Mais on voit que toutes sociétés européennes ont connu des soubresauts, révolution, épisodes totalitaires que l'on peut regarder comme des crises liés à ce passage d'un mode d'organisation à un autre. Et aujourd'hui on peut considérer qu'un certain nombre de pathologies auxquelles nous sommes confrontés viennent de personnes dans d'autres régions du monde qui sont confrontées de manière encore plus violente au passage très brutal entre un mode d'organisation et un autre avec des personnes qui vivent cela au cours de leur vie et qui se retrouvent déchirés entre deux modes de rapport aux autres, deux modes de fonctionnement qui sont tellement difficiles à concilier ou qui sont d'une certaine manière inconciliable, que pour essayer de rechercher une unité, on peut être tenté d'aller chercher des solutions extrêmes
Je cite Hayek : En dépit des avantages liés au fait que nous soyons capable jusqu'à un certain point de vivre simultanément selon deux ordres de règles et de les distinguer l'un de l'autre, la chose est tout sauf aisée
 Et Hayek ajoute : Si ce n'est que ses conclusions divergent grandement de celles de Freud. Le propos de mon livre ressemble à celui de "malaise dans la civilisation", le conflit entre ce que les hommes aiment instinctivement et les règles de conduite apprises qui leur ont permis de de développer est peut etre le thème majeur de l'histoire de la civilisation
C'est curieux, pour Freud, le conflit essentiel se situe entre les pulsions individuelles qui nous habitent et les nécessités de la vie sociale / Pour Hayek, il dit bien que nous sommes habités par des conflits très profonds mais la tension se situe essentiellement entre des aspirations rémanentes à une vie communautaire et les exigences de la vie au sein des grandes sociétés dans lesquelles nous sommes appelés à vivre, ce qu'il appelle l'ordre étendu. il est vrai que l'ordre attendu favorise un processus d'invidualisation qui lui même entre en conflits avec les formes de vie communautaires. Dès lors, nos difficultés sont double. En tant qu'individu au sein de l'ordre étendu ce qui reste en nous d'exigences communautaires nous est lourd à porter mais en tant qu'être fait fait pour la vie communautaire, la vie au sein de l'ordre étendu se révèle constitutivement incapables de satisfaire un certain nombre de nos aspirations profondes.
La conclusion d'Hayek : Nous devons combattre les pulsions  qui en nous nous rendent nostalgiques  de la vie communautaire pour nous conformer toujours mieux aux exigences de l'ordre étendu.
Hayek reconnait qu'il y a des problèmes dans le libéralisme, si. Il frustre nos désir communautaires. Hayek dit certes, il faut l'accepter parce que si on ne l'accepte pas, on grippe le mécanisme libéral, alors la société fonctionne mal et tout le monde va en pâtir. Hayek prône une discipline où nous devons apprendre en nous à contrer les pulsions communautaires pour nous adapter toujours mieux à une vue en système libéral et à très grande échelle
Deux conclusions
Un ordre qui demande de nous un tel sacrifice n'est pas souhaitable, quelque soit les avantages qu'il apporte ailleurs et qu'il faudrait trouver un moyen d'organiser les choses de telles manières que nos besoins de vie communautaire ne soient pas complètement frustrés

Effet de l'extended order sur l'urbanisme.
World Trade center et grandes zones pavillonaires font couple
Les tours sont des nœuds de l'ordre étendu. Les pavillons sont les symptomes de la frustrations des personnes dans l'ordre étendu pour y aménager un petit espace proportionné à ses facultés. dimension de la famille (loin de l'échange marchand...) cf Christopher Lasch.
Mais si chacun veut posséder cela, cela produit la catastrophe des banlieux pavillonaires qui recréent de la disproportion. Paradoxe !
Les grands programmes de logement ont été une tentative de réponse pour éviter la catastrophe pavillonaire
Emblème dans son idée et sa fin pruit igoe
Quartier avec la fine fleur des règles modernes, son  penseur Yamasaki a reçu une grande notoriété ce qui lui a valu d'être appelé pour construire le World Trade Center à New York...
Ces deux célèbres constructions sont désormais détruits.
Echec, délabrement rapide, destruction en 72 moins de 20 ans après sa consruction
Erreur: habitation ne eut se définir par ses m², eau et electricité.
Séparation protection mais aussi ouvrir sur monde ambiant.
Gigantisme et artificialité ne permettait plus rien. Dangereux. Départ.
Après faillite, on le défendait encore, mais... Certes tout n'a as été détruit.
Présent comme pointe du progrès.
Architecture moderne est morte ici. Janks.
Entrée de la postmodernité koyanisqatzi (vie déséquilibré, film)
Postmodernisme s'est en effet concrétisé.
époque composite, hypermoderne car radicalisation moderne mais marquée par ses doutes sur la dynamique. Modernité radicalisée et doute sur le mouvement moderne.
Pas de révolution mais question de taile. Moidernité à force d'avancer devient autre chose.
changement qualitatif induit par franchissement de seuil.
Désarroi idéologique quand on est face à aux conséquences négatives du développement, alternative
etre fidèle aux principe mais démuni face aux malheurs... Tant pis...
Ou au nom de ces maux, rejeter les principes, mais détresse morale, que faire
Pour y échapper : s'interroger sur l'échelle d'application des principes. Principe de proportionnalilté de bride pas l'ingéniosité humaine, exaltant nos faculté naturelles. Souvent l'ingéniosité  est allé dans la puissance mais pas dans la continuité humaine.
Décroissance, non recherche de la bonne proportion

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