Et ici, la somme des chapitres...
Dans ce chapitre, Dupuy cherche la trace du sacré dans la science.
La science n'est pas neutre. (J'invite les lecteurs aussi à ce texte de Hadjadj et à cette conférence de Levy-Leblond cité dans le livre) Elle n'est pas libre de valeurs. Dupuy la comprend comme l'accomplissement de la métaphysique occidentale. Ce qu'on appelle le désenchantement par la science n'a son origine que par la disparition de l'appréhension magique du monde et relève paradoxalement de l'acte de foi. La science peut elle vraiment se rendre autonome de la question du sens du monde ?
Dupuy accuse Lecourt qui pense que les catastrophistes (dont ferait partie Dupuy) et les techno prophêtes sont les deux faces d'une même pièce. Faux. On peut aimer la science et croire qu'elle nous conduit vers l'abîme, il faut sentir la logique, la marque du sacré de la science. Comme tout aujourd'hui, la science est marquée par sa contradiction, elle se pense comme universelle et aboutissement de l'humanité après tâtonnements mais le monde et les hommes peuvent ils supporter ces développements ? Ne faut il plus choisir entre une exigence d'éthique et le mode de développement que le monde s'est donné.
Est ce devant les générations futures que nous devons y penser ? Dans le cœur de la pensée progressiste, les générations antérieures se sacrifiaient pour le bonheur plein et entier des générations à venir, or désormais nous voulons éviter la catastrophe. Mais ne pensons pas à des générations futures, pensons à nous même et à notre responsabilité, à notre regard vers l'avenir. C'est ce dont nous avons besoin.
Ensuite Dupuy s'arrète sur les NBIC, acronyme parlant des nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives. Il cherche à expliquer en quoi derrière leur neutralité elles portent avec elle une modification du regard de l'homme sur lui-même. Cette modification est d'autant plus difficile à remettre en cause qu'elle est au cœur des jeux de rivalités et d'économie des grandes puissances.
Celles ci changent le regard de l'homme sur
La science n'est pas neutre. (J'invite les lecteurs aussi à ce texte de Hadjadj et à cette conférence de Levy-Leblond cité dans le livre) Elle n'est pas libre de valeurs. Dupuy la comprend comme l'accomplissement de la métaphysique occidentale. Ce qu'on appelle le désenchantement par la science n'a son origine que par la disparition de l'appréhension magique du monde et relève paradoxalement de l'acte de foi. La science peut elle vraiment se rendre autonome de la question du sens du monde ?
Dupuy accuse Lecourt qui pense que les catastrophistes (dont ferait partie Dupuy) et les techno prophêtes sont les deux faces d'une même pièce. Faux. On peut aimer la science et croire qu'elle nous conduit vers l'abîme, il faut sentir la logique, la marque du sacré de la science. Comme tout aujourd'hui, la science est marquée par sa contradiction, elle se pense comme universelle et aboutissement de l'humanité après tâtonnements mais le monde et les hommes peuvent ils supporter ces développements ? Ne faut il plus choisir entre une exigence d'éthique et le mode de développement que le monde s'est donné.
Est ce devant les générations futures que nous devons y penser ? Dans le cœur de la pensée progressiste, les générations antérieures se sacrifiaient pour le bonheur plein et entier des générations à venir, or désormais nous voulons éviter la catastrophe. Mais ne pensons pas à des générations futures, pensons à nous même et à notre responsabilité, à notre regard vers l'avenir. C'est ce dont nous avons besoin.
Ensuite Dupuy s'arrète sur les NBIC, acronyme parlant des nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives. Il cherche à expliquer en quoi derrière leur neutralité elles portent avec elle une modification du regard de l'homme sur lui-même. Cette modification est d'autant plus difficile à remettre en cause qu'elle est au cœur des jeux de rivalités et d'économie des grandes puissances.
Celles ci changent le regard de l'homme sur
- La nature. Celle ci devient nature artificielle, comprise et réécrite dans le sens où l'esprit de l'homme peut et doit en être le créateur. Il n'y a plus collaboration mais remplacement pour faire mieux. Le monisme matérialiste est devenu spiritualiste.
- La connaissance. Comme nous pouvons connaître ce que nous avons créé (Vico). La nature ne peut plus être un donné extérieur à soi. Savoir et pensée peuvent se séparer....
- L'éthique. La nature étant un artefact, on peut agir sur elle à loisir, il devient difficile de fonder une éthique exigeante. Qui dit éthique, dit triomphe du sujet. Mais que devient ce triomphe si l'homme et la nature sont machines computationnelles. Au nom de quoi l'homme exerce t il son pouvoir ? Au nom d'un mécanisme aveugle ? De quel sens ? Vide ! La connaissance d'une nature devenue objet du faire humain se traduit par la négation et de la nature et de la connaissance. Les pro NBIC voient leurs contradicteurs comme des judéo-chrétiens qui les empêchent de devenir comme leur Dieu, cela va en contradiction avec la vision judéo-chrétienne de l'homme co-créateur mais correspond au christianisme perverti où la science a pris le relai de la désacralisation du monde et l'élimination progressive de tous les tabous. Dans une société qui rêve de fabriquer la nature selon ses désirs et ses besoins, l'idée d’extériorité perd tous son sens. Or il n'y a pas de société humaine libre qui ne repose sur principe d'autolimitation. C'est le problème éthique de notre monde moderne et de sa sortie du sacré....
- La métaphysique. Les métaphores mécanistes permettent des progrès technique et imposent sa manière de voir. Le naturel non vivant, le vivant et l'artefact fusionnent, indistinction et fin de la croyance en la brisure entre ces catégories. Souvent ces mêmes scientifiques le font avec un air d'humilité. Dupuy voit dans cette humilité le ressentiment du bourreau se prenant pour une victime. C'est l'autoroute de la violence.
- L'anthropologie. Nous voulons échanger le donné contre une œuvre de nos mains. La mort et la souffrance sont devenus des problèmes à résoudre. L'ethique perd tout si elle ne fait que juger le bien et le mal, elle doit poser les questions dérangeantes sur la nature humaine. Revenons avec la citation d'Illich (plus bas) vers des retrouvailles avec la santé structurelle. Tout homme connaitra ses limites humaines, les traditions savaient les embrasser. Lorsque la finitude de la condition humaine est perçue comme aliénation et non comme source de sens, on perd quelque chose d'infiniment précieux en échange de la poursuite d'un rêve puéril.
Nous vivons une fuite en avant globale où la technique n'est que le seul rempart de la technique. Nous vivons entre promesse folle et risque paniquant qui se termine en relations publiques. La science ne peut plus échapper à sa responsabilité, elle doit gagner en réflexivité et en faisant participer le plus grand nombre à ses questions. Arrêtons de créer des spécialistes aussi naïfs sur la gangue idéologique et métaphysiques où ils ne se voient pas patauger.
Et puis surtout relisons sans cesse cette invitation illichienne citée par Dupuy : Il ne m'apparait pas que les états doivent avoir une politique de santé. Ce dont les gens ont besoin, c'est le courage de regarder en face certaines vérités. Nous n'éliminerons jamais la douleur, nous ne guérirons jamais toutes les affections, il est certain que nous mourrons. La quête de la santé peut être source de morbidité. Il n'y a pas de solutions techniques et scientifiques.. Il y a l'obligation quotidienne d'accepter la contingence et la fragilité de la condition humaine. Il convient de fixer des limites raisonnées aux soins de santé classiques. L'urgence s'impose de définir les devoirs qui nous incombent en tant qu'individus, ceux qui reviennent à notre communauté, et ceux que nous laissons à l'Etat. Oui, nous avons mal, nous tombons malade, nous mourrons, mais il est également vrai que nous espérons, nous rions, nous célébrons ; nous connaissons les joies de prendre soin les uns des autres ; souvent nous nous rétablissons et guérissons par divers moyens. Si nous supprimons l'expérience du mal, nous supprimerons du même coup l'expérience du bien. J'invite chacun à détourner son regard et ses pensées de la poursuite de la santé, et à cultiver l'art de vivre. Et, tout aussi importants aujourd'hui, l'art de souffrir et l'art de mourir.
Source
Et puis surtout relisons sans cesse cette invitation illichienne citée par Dupuy : Il ne m'apparait pas que les états doivent avoir une politique de santé. Ce dont les gens ont besoin, c'est le courage de regarder en face certaines vérités. Nous n'éliminerons jamais la douleur, nous ne guérirons jamais toutes les affections, il est certain que nous mourrons. La quête de la santé peut être source de morbidité. Il n'y a pas de solutions techniques et scientifiques.. Il y a l'obligation quotidienne d'accepter la contingence et la fragilité de la condition humaine. Il convient de fixer des limites raisonnées aux soins de santé classiques. L'urgence s'impose de définir les devoirs qui nous incombent en tant qu'individus, ceux qui reviennent à notre communauté, et ceux que nous laissons à l'Etat. Oui, nous avons mal, nous tombons malade, nous mourrons, mais il est également vrai que nous espérons, nous rions, nous célébrons ; nous connaissons les joies de prendre soin les uns des autres ; souvent nous nous rétablissons et guérissons par divers moyens. Si nous supprimons l'expérience du mal, nous supprimerons du même coup l'expérience du bien. J'invite chacun à détourner son regard et ses pensées de la poursuite de la santé, et à cultiver l'art de vivre. Et, tout aussi importants aujourd'hui, l'art de souffrir et l'art de mourir.
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