samedi 9 novembre 2013

La religion pour la démocratie - Marc Lambret

Apologie Chrétienne moderne, le père Marc Lambret, dont j'ai déjà quelquefois parlé sur ce blog, tente de renouer le dialogue avec la modernité. Pourquoi ce qu'il nous reste de mieux à faire est de prendre le risque de la foi chrétienne ?




Après avoir dessiné un tableau d'une situation de crise culturelle et humaine, Marc Lambret dessinera plus précisément le tableau de la France moderne. D'abord, il souhaite briser les mauvais réflexes intellectuels de notre temps:

- Il réhabilite le terme "religieux" (il n'y a pas de terme plus noble pour un homme). L'être, c'est être responsable vis à vis de la vie, c'est l'homme qui veut être digne de vivre selon sa conscience. Les grandes religions sont les grandes traditions humaines qui sont les plus exigeantes avec ce sens de la responsabilité et de conscience. La religion est rationnelle, elle place au cœur de sa recherche le sens, la justice, le bien et le mal pour l'humanité.



- Dieu ? Considérons le d'abord comme notre grand point d'interrogation, notre grand inconnu, pourquoi l'enlever de l'équation ? De toute façon, tout dépend de nos actes. Pourquoi faire des actes bons ? 
Ils sont toujours le fruit de notre perspective de sens pour une humanité responsable. 

-Notre influence biblique, paradoxalement, ne nous permet plus de réfléchir le sens religieux universel. Les humanités grecs et latines sont pourtant, en quelque sorte, le trésor de la "religion" (souvent sans dieu) des anciens. Nous sommes les fruits de l'originalité biblique d'un Dieu d'alliance. C'est notre chance et notre difficulté de penser l'universalité religieuse qui n'est pas un détail accidentel des homo sapiens mais ce qui en eux est essentiel pour survivre et s'instituer.

-L’agnosticisme est un rationalisme refusant toute métaphysique. Pourtant la science ne peut pas aller jusque là et le doute de cette école n’atteint jamais leur propre scepticisme. L’agnostique ferme des chemins, ce qui peut lui rendre absurde la réalité du beau, du bon et du vrai. Cet agnosticisme se pose des questions limitées sur la violence antithéiste du XXeme siècle. L’athéisme humaniste part d’un bon je-ne-sais-pas, mais le flou et l’incohérence domine sur tout ces sujets.
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Lambret propose ensuite une thèse originale qui découle de la première partie du livre : les français ont une religion. C’est la religion de la démocratie. 
La laïcité est devenu un pilier de la concorde nationale avec pour but d’empêcher toute violence entre religion et pouvoir. Reconnue par l’Eglise catholique comme séparation entre pouvoir politique et religieux. (JPII et droits de l’homme, La congrégation pour la doctrine de la foi a pu défendre cette laïcité car elle respecterait au mieux les vérités procédant de la connaissance naturelle des hommes.) Il nous faut désormais coopérer pour trouver ce qui est bon pour la nature humaine. Et c’est ce que recherche notre époque moderne après les terribles guerres du XXème et le vide laissé par les traditions religieuses. Habermas et Rawles, les deux grands théoriciens sociaux pensent que la démocratie se suffit à elle-même, les religions peuvent servir pour les moments les plus sensibles et intimes mais la structure démocratique suffit pour le chemin de concorde humaine, nous sommes aussi le sommet de l’émancipation par les lumières et la raison. Mais  les événements leur donnent tort, il n’y plus que crainte, peur de l’avenir, nous sommes redevenus des païens pessimistes et raisonnables. Cette religion de la démocratie qui veut utiliser toutes les autres pour son ordre se rend compte malgré tout qu’elle ne peut pas prendre le pouvoir liturgique total (au mieux, elle n’est pas crédible, au pire, elle est dangereuse). 
Pourtant, l’espérance demeure, les gens veulent toujours changer le monde…. Oui, nous avons développé notre raison au point de croire que notre capacité de maîtriser et diriger notre raison était sans borne. Hubris ! (né de la perspective inouïe de la révélation du Christ et surtout de la sécularisation des doctrines)


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Le père Lambret souligne aussi nos problèmes de rationalité par notre refus de la notion d'autorité.
La raison est la capacité de nous rendre à la vérité en groupe, d’énoncer la réalité, de s'en approcher. La raison naît du dialogue et de l’annonce d’argument. Lambret tente de nous montrer en quoi ceux là sont toujours d’autorité. L’autorité est créatrice de sens tout en étant soumise à la réalité. La critique est intérieure à la confiance. Le fait est toujours consensus.
C'est en cela que la démocratie est un beau programme, tout homme est digne de participer à la loi et elle permet le dialogue le plus fructueux possible. La démocratie est la structure fait pour cet espoir de vérité, mais l'absolutiser n'aide en rien. L’homme a gardé les promesses du bonheur démocratique et entrevoit aussi un processus destructeur.  


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Faisons le point sur le sécularisme qui a conduit cette transformation.
Jamais l’expression aller dans le mur a été autant répétée, signe de la perception de la linéarité historique des modernes et des inquiétudes sur la perte d’horizon de ceux-ci. Le rêve de maîtrise est devenu obsession impossible. La rationalisation et l’autonomie du droit ont eu des conséquences incroyables. La légalité a pris le pas sur la légitimité. Or, la complexité de la loi et de la technique nous isole, notre conscience est désarmée, nous avons quitté l’arbitraire à une servitude que nous parons de notre assentiment. Nous sommes rouages. Nous vivons leur étourdissement et leur incompréhension. Parallèlement notre abandon de la métaphysique ne nous permet plus de réfléchir la fin de l’homme. Pourtant nos décisions ont toujours des bases anthropologiques et métaphysiques. Mais nous avons perdu la sagesse et nous nous croyons  affranchis des conditions d’origines de l’humanité. Comment ne pas voir que l’humanité n’est jamais dans le dépassement  de la religion et que celle de la démocratie est trop faible et qu'elle nous empêche de vivre intelligemment la période de crise, même si venant d'un cadre pouvant être fructueux.


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Et si nous étions chrétiens ?
Enfin, Lambret nous montre que ce que la société garde de sa foi chrétienne est très faible mais que ce petit reste est souvent meilleur que ce que tente d’apporter la nouvelle religion démocratique. Le Christ nous a conduit vers des sommets lumineux où nous ne pouvons revenir sans lui. C’est la crise de la sécularisation. (exemple du mariage, malgré les malheurs du couple, les gens veulent se marier à l’Eglise.)
Lambret nous invite à redécouvrir la beauté et la rationalité des sacrements chrétiens, et tout spécialement du mariage qui se fonde par deux baptisés qui veulent aller au bout de la logique du Salut par le Christ et de la recréation du monde dont le baptême est le sacrement. Ce mariage est le symbole de l’alliance entre Dieu et les hommes. Alliance non sans chute mais toujours avec proposition de réconciliation.
La foi catholique, encore est un scandale car elle propose de sauver toute l’histoire humaine, chaque homme doit être arraché du néant. Tout cela viendrait de Jésus, fils de Dieu incarné qui a fait de sa vie un sacrifice pour la rédemption et le salut du monde. Toute le crédo peut être tourné en dérision en rengaine mais il y a ici une force comme il n’y en a nulle part ailleurs, Jésus est l’accomplissement inattendu de nos désir d’union d’amour universel. 

Bref Lambret montre combien nous avons à gagner à prendre au sérieux la proposition chrétienne. Arrêtons avec nos fausses religions, nos idolâtries, redevenons rationnel et embrassons ce qui nous permet de voir juste sur la réalité, nos expériences, nos relations et nos espoirs, embrassons le Christ. Sa parole et son corps sont le lieu surprenant mais véritable de notre communion .


Résumé du livre par chapitre :




Avertissement :


Les hommes sont semblables. Tout le monde est religieux. Et tant qu’on ne le sait pas, on ne saura pas ce qu’est une religion. Etre agnostique n’est pas raisonnable. Puis, nous ne voyons pas, par exemple, la « religion française ». La démocratie honore la raison critique et son principe de confiance. Méfions nous des idéologies qui assombrissent la question de l’homme. Fort de cette compréhension, les français feraient mieux face au problème qu’ils vivent et vivrait en meilleur coopération

Prologue : Comparaison mésaventure dans les eaux pacifiques et situation humaine actuelle. Grands risques et nécessité de connaissances réalistes, claires et pertinentes. Sans illusion, celle d’une maîtrise totale du réel par le concept et celle postmoderne d’avoir tout dit, tout et son contraire et pensant que tout le monde peut tout soutenir sans conséquence sur ce même réel. La bonne conduite d’une action relève d’une sagesse personnelle et institutionnelle autant instruite de l’expérience qu’attentive à l’individu, qu’à de bonnes bases. Nous ne pouvons plus reculer… Passons ou sombrons…


Intro : la religion pour la démocratie


Tous les pays occidentaux vivent dans la démocratie et la tolérance religieuse. Religion, subsistance de l’ancien régime qui doit dépérir. Christianisme rôle contradictoire avec Christianisme. Pourtant l’Eglise dit que Démocratie est le meilleur régime !! Questions importantes car le parfum de la fin du monde revient. Ecologie et urgence coopérative mondiale. Risque accru par habitude de débat de guerre froide qui se pense en guerre civile intellectuelle. Axe du mal, trop simple. La cause raisonnable et coopératrice des Etats pour un bien commun universel n’est pas aisée à soutenir. Christianisme résiste intellectuellement. Même l’Europe n’arrive pas à s’en passer. En France, la Laïcité d’exclusion s’est créé contre lui et son hégémonie, allant à penser à interdire l’espace public aux religions. C’est eux aussi qui ont essaimer de constitution laïques les pays du monde avec des conséquences désastreuses. En France, laïcité est finalement une blessure de la guerre civile dont beaucoup ne veulent pas toucher. Obstacle à la reprise de discussion : différence entre religion et raison pourtant

(Chapitre 1 : religion est exigence improbable de la raison ; Chapitre2 les grandes religions, le parti pris de l’exigence)

Utilisation de Weber qui voit les religions comme la justification de l‘injustifiable. (inégale répartition du bien, des malheurs). Multiple religion institutionnelle et multiple manière de s’en évader. Mais il faut dire à quoi équivaut le terme agnostique et athée. Et voir en quoi le scepticisme n’est pas éloigné du religieux, si on reconnait qu’est religieux celui qui reconnait que sa dignité est de vivre en conscience. (chapitre 3)

En France, il existe une conscience démocratique, la démocratie comme religion (chapitre 4) avec un état neutre, et retenir les éléments moraux des religions, le reste n’est que particularités optionnelles inoffensives. Pourtant, notre société moderne est remplie d’idée de changement de monde. Cela veut dire que l’espérance n’existait pas avant ? (chapitre 5) 

Nous relativiserons la raison des lumières, négative alors que la raison est ce qui permet de faire confiance.

Mais nous sommes toujours pris par la question de la fin du monde (chapitre 6) la question détermine la réponse, l’homme moderne est irrespectueux de la question, pensant qu’il est à lui de décider.

Chapitre VII, la foi catholique est inconnue et c’est pourtant de ce dont a besoin le monde… Pour une laïcité de confiance.


Chapitre 1 La religion : une exigence improbable de la raison.


Girard dit que l’homme est nécessairement religieux et que la religion est rationnelle car obligatoire pour la survie d’une société en terme de gestion de la violence humaine. Lambret dit, religion est rationnelle car la religion est le mot moderne pour exigence de sens pour une humanité conscient d’elle-même et responsable du monde. Le mot dépasse toujours le culte et l’image moderne. (sans compter l’aveuglement moderne de ses propres cultes). Il y a toujours un lien entre l’homme religieux et l’humaniste, l’homme qui craint dieu et celui qui veut faire en conscience le bien. Car sur la destination des actes bons, il y a aura toujours un doute que la religion l'utilise non pour aider la conscience mais pour en faire un outil de puissance. On peut toujours faire l’apologie du désordre, de l’absurde et de la relativité de la vie, mais pourquoi l’exprimer en grammaire et dans des cercles de pensées. L’absurde se tait ou bien il ne l’est pas tant que cela. Bref, l’humanité ne tient que par ce qui assume sa dimension de don et l’exigence fondamentale de la raison que le monde soit sensé, avec bien, mal, justice, vérité. « Cette exigence est appelée religieuse car portée par l’humanité en tant que conscience responsable du monde »


Chapitre 2 Les grandes religions : le parti pris de l’exigence


Théorie actuelle de la religion est liée à Weber, sorte de solutions dépassées aux problèmes des premières communautés humaines. Dépassées par la science de l’homme moderne et éclairé. Mais les grandes traditions se présentent comme discours raisonné.

Polythéisme, monothéisme ? Finalement Dieu demeure l’approximation naturelle à l’homme pour une chose inexplicable. Chose dont l’homme a l’intuition et en interrogation. Dire que dieu existe ou n’existe pas est dérisoire si pas assortie d’une résolution de vie selon le sens donné à ce mot. L’affirmation du bien est indissociable de l’affirmation d’un dieu. Certains ne croyant pas en Dieu se conduisent mieux que ceux qui n’y croient pas, preuve de leur déni de leur adhésion aux formes du mot Dieu qu’ils connaissent, purification du mot Dieu qqfois. Cela ne les empêche pas d’être des hommes religieux. Agir dans le bien, c’est toujours agir en homme de dieu. Bref, en religion, tout dépend des actes. De ce coté là, on peut voir patrimoine mondial des religions, ensemble de voie pour indiquer le bien et éviter le mal. Avant, elles annoncent le vrai. Certains ont eu plus de succès. Les Juifs sont toujours restés minoritaires car descendant de la population héritière d’une révélation de Dieu dont les musulmans se croient les ultimes destinataires par la réception de Mohamad de la dernière version. Mais nous avons été formés aussi par la religion des anciens, grecs et romains, que nous appelons aussi les humanités. Bref la religion n’est pas forcément avec un Dieu. Nous sommes seulement influencés par la tradition biblique. La foi réelle à un Dieu est elle aussi concept qui ne marche que pour le juif, le chrétien et le musulman à la base. Ce qui ne les empêche pas de prouver qu’elles sont humainement estimable.

Donc intuition de l’unité ultime du divin aussi universelle que la multiplicité de ses expressions mais originalité biblique du Dieu qui fait alliance. L’attachement doit se faire unique aux prix d’un certain détachement du monde, d’où une sécularisation.

Bref la religion sert à défendre et promouvoir la vie du groupe humain qu’elle structure et qu’elle constitue. Comme c’est un désir universel, une religion doit être capable d’entrer en dialogue, engageant responsabilité commune, devant le devoir de coexistence pacifique. Tous donc, ont une prétention à l’universelle. Les grandes traditions sont celles qui endossent la responsabilité avec le plus d’exigence et d’efficacité.




Chapitre 3: L’agnosticisme : le parti pris du doute


Il faut questionner la position de l’agnostique. Au delà de la liberté critique naturelle, il cache souvent un rationalisme. L’agnosticisme porte en lui l’impossibilité métaphysique. On ne peut connaître. Même Kant n’était pas si radical. Il a même une aversion profonde pour le scepticisme. Mais pour un large courant contemporain, Dieu est une hypothèse déraisonnable si on veut passer pour un homme raisonnable. Pourtant la connaissance scientifique ne peut jamais être aussi péremptoire. Puis les gens sont autant sceptiques que crédules. Pour le doute suprême, il faut retourner vers le père de cela, Socrate. Savoir que l’on ne sait rien est plus une méthode qu’un fait. Il remet en question et tente de persuader les autres lettrés. Puis il ne dénigre jamais le bien, le beau et le vrai, comme l’on fait les grands agnostiques de notre époque et dont les drames qui ont suivi prouvent le danger de se moquer de ces fondamentaux qui sont liés avec la réalité. Donc l’agnosticisme peut fermer des chemins. Certes les religions ont leur part dans la préparation de la violence. La réconciliation est toujours nécessaire, la vigilance aussi. Mais il faut garder en mémoire que les derniers massacres se sont fait avec des philosophies antithéistes, prétendument scientifiques et conçu sur la clairvoyance de la réalité évidente. L’athéisme est devenu souvent une dénégation déterminé du sens commun du bien. Mais l’attitude aujourd’hui le plus rependu est un humanisme critique, ouvert et raisonnable (alors que nous sommes en crise de ce coté là…), mais c’est le désordre sur le sens des mots et la capacité de cohérence des discours de tous les jours. Le minimum de clarté, le flou, c’est le parti pris du doute. Mais un je-ne-sais-pas peut être une bonne base de réflexion….




Chapitre 4 Le consensus démocratique : la démocratie comme religion.


Contraste entre calme mi-séculaire de nos sociétés et temps des élections parlant de crises, de fractures et d’implosion sociale. Consensus démocratique bénéfique. Accord sur la neutralité de l’Etat. Alors que la religion, c’est comme le sport et l’art, divertissement où tout le monde est libre de faire ce qu'il veut. En France, même les religieux pensent que l’état est naturellement sans religion. Pourtant laïcité s’est construit contre une société se pensent majoritairement catholique. La laïcité est pourtant devenu un pilier de la concorde nationale. Mais en fait, les pays chrétiens on toujours connu la guerre entre le pouvoir et la religion. 9eme et 13eme, pape ou empereur. Cette violence est encore présente dans notre laïcité qui semble pacifique. 
Il faut toujours veiller à la réalité et à l’intelligence, c’est ce qu’a fait Vatican II en parlant de sa mission de renforcer la paix entre les hommes et en reconnaissant ce qui pouvait être raisonnable, social et bon dans toute communauté à l’encontre d’un focus sur le péché que l’Eglise a pu supporter et qui s’est retourné contre Elle. Dans Gaudium et spes, il y a la reconnaissance de l’indépendance entre pouvoir politique et l’Eglise, non pour en faire des rivaux mais pour souligner l’unité de l’homme et nécessité de coopération entre les institutions. Bref soutien de JPII au droit de l’homme n’était pas une concession à l’air du temps, mais tradition anti arrogance contre les pouvoirs et affirmation de la loi naturelle. La congrégation pour la doctrine de la foi a pu écrire que la laïcité est l’attitude de ce qui respecte les vérités procédant de la connaissance naturelle sur l’homme vivant en société. Elle n’exige pas la foi chrétienne mais l’Eglise les défend par un service désintéressé pour la vérité. Il s’agit de ne plus entrer en rivalité mais de s’entendre sur le vivre ensemble en coopérant à ce qui convient à la nature humaine. mais tout est à inventer même si on se pose la question des fondements moraux de l’etat libéral. (Ratzinger Habermas) La crise des crimes nazis fut terrible pour l’occident et sa réflexion sur sa constitution. Mais l’événement est de plus en plus éloigné, le vide laissé par les traditions religieuses sont de plus en plus évidentes. Urgence d’une nouvelle réflexion morale et de l’expression positive du vivre ensemble. Quelle régime et quels procédures ? Habermas dit finalement, il n’est pas nécessaire pour l’état démocratique de compter sur la religion ou la morale. La pratique de la démocratie et ce qu’elle induit chez les citoyens suffisent. Les religions, pas besoin de les rejeter, il faut les écouter pour les blessés de la vie. Rawles dit lui, qu’il faut trouver les préceptes où toutes les traditions religieuses et philosophiques s’accorderaient. Cela serait la doctrine basique de la morale du pays démocratique, il cherche un système fondamental. Au final il cherche à faire acquiescer aux autres traditions, le modèle américain. Mais il veut compter sur le consensus global. Mais entre les deux penseurs, convergence : le modèle démocratique occidental est le meilleur et il ne reste qu’à le peaufiner. Ils n’attendent au final rien des religions de substantiel. En gros pour eux et pour l’homme moderne occidental, la démocratie est la religion de substitution et ils pensent récupérer les religions. C’est la religion dans les limites de la simple raison. Le religieux n’a pas de dieu identifié mais comme ce terme est toujours une question… Puis les questions de la souffrance, de l’espérance seront à la lisière de ce monde. L’idée originale de ces gens est que nous sommes le sommet de l’émancipation par les lumières et la raison….Mais cela est si faux. Notre optimisme progressiste ne tient pas debout… Il y a plus de craintes que d’espoir désormais. Nous retournons au pessimisme antique. « Le thème de Dieu est d’abord pour lui le point de fuite de toutes les questions sur l’assise des institutions politiques et juridiques, comme sur les fondements de l’ordre du monde, c'est-à-dire les questions qui l’intéressent dans l’entreprise positive de conserver et de construire sa civilisation.» Mais on évitera toute question sur la justification du mal. Nous redeviendrons des païens raisonnables. La vertueuse religion de la démocratie accepte toutes les conduites religieuses si elle ne trouble pas l’ordre politique, elle peut s’en servir comme mise en scène émouvant de certains moments communs, bref, cohésion sociale. Elle risque de brusquer les hommes si elle prend toute la liturgie pour elle. (seuls les pires totalitarismes l’ont fait…). Bref, pas de religion d’état exclusive pour la religion de la démocratie. En cela aussi, Dieu reste le grand indéterminé et en cela le bien commun, les groupes se réclamant de lui ne peuvent que convaincre par témoignage de leur vie. Le désir de Dieu de l’homme ne peut pas le faire ranger par les démocratie seulement dans le domaine privé. L’espérance demeure. Et c’est ce que l’on voit même si notre progressisme devient pessimiste, nous voulons changer le monde. (origine chrétienne devenue évidence agnostique). Espérance, exigence de la raison inaperçue avant ?



Chapitre 5

La démocratie est ce qui permet au mieux de s’épanouir la raison, le dialogue pacifique pour la vérité. Nous avons développé notre raison au point déraisonnable de croire que notre capacité de maîtriser et diriger notre raison était sans borne. Les grecs se méfiaient de l’hybris. Ils étaient fatalistes sur notre capacité de donner la paix à notre monde. Pourquoi ne le sommes nous plus ?

Avant, il faut réfléchir sur la possibilité incroyable du dialogue entre nous. Sans parler des obstacles innombrables au dialogue mais même dans les cas les plus difficiles, la situation de communication implique une présomption de dignité et de capacité communicationnelle de l’autre part. Tout dialogue possède une présomption favorable. Mais il manque quelque chose pour comprendre la démocratie et le dialogue en celle-ci. La raison tend vers la vérité et nous avons tous fait l’expérience de nous rendre à la vérité en groupe. Cette expérience est la manifestation de la raison, c’est la référence pour l’intelligence de ce que peut être la vérité. Celle-ci se donne à voir quand ensemble nous validons ensemble un énoncé qui dit la réalité et la rend intelligible. Le dialogue a besoin d’arguments. Basé sur des faits dont l’objectivité n’est jamais pure et simple. Une démonstration probante est alors contraignante. (ce qui est rare dans la société.) Nous nous contentons d’argument d’autorité. Mais finalement tout argument en général est argument de confiance. Tout commence par quelqu’un énonçant. Elle se fait suffisamment confiance pour l’énoncer et ainsi de suite pour la chaîne de validité. L’argument de confiance est argument est aussi un argument d’autorité (non péjoratif). Prendre l’initiative d’une affirmation entend faire autorité. Il dispose que celle-ci soit pour eux l’occasion d’adhérer à la vérité. L’autorité est créatrice de sens tout en étant soumise à la réalité. C’est la règle du poète et du professeur, du maître. Règle soumise à la critique et au doute. La précarité de la condition de la raison humaine, la nécessité d’accorder sa confiance à bon escient nous donne de grosses responsabilités. La critique est intérieure à la confiance. On confond souvent obéissance et bêtise. Mais réfléchir n’est commencer à désobéir que dans des circonstances qui exigent une réponse brusque. Il ne faut jamais désarmer la critique mais il faut savoir la restreindre. Autorité et confiance évoluent dans le temps. Tout s’évalue sans cesse en regard du rapport les uns les autres. Ex du dictionnaire où chaque mot est défini par d’autres présents dans le même dictionnaire. Signe de l’absence de fondement absolu. Cela illustre la situation de la pensée venant à la parole. Il y aurait pourtant des faits (comme l’arbre). Or tout le monde voit il toujours la même chose. Le pas élémentaire du dialogue est de voir si nous parlons de la même chose. Le fait est le consensus puis voir est déjà une performance. Un homme disant qu’il voit exprime sa confiance en ses capacités physiques et d’interprétation (qui est un raisonnement). Bref argument de confiance, argument se donnant pour raisonnable mais se sachant incapable de prétendre à une certitude inconditionnée. La communication est un traitement de la confiance mutuelle. Il faut faire ses preuves et éviter les méfiances préalables. La sagesse équivaut à donner sa chance à chacun et progressivement pour de bonnes raisons. C’est un process en cours toujours et en chacun. Nous vivons tous avec un acte de confiance envers la vie. Un penseur pessimiste ne pourra pas jeter la raison avec et sa pensée avec.

Présomption d’innocence renvoie à la décision plus générale de présumer tout homme digne et capable de création de loi. Bref, le principe démocratique est fructueux quand il est aussi réaliste et sait dans certains cas protéger les gens d’eux même. Le dialogue, souvent confrontation d’intérêts particuliers, permet la pause de la violence, une troisième voie et un consentement à l’existence de l’autre. Dialogue résulte alors de satisfaction relationnelle. La démocratie comme régime le plus digne de l’homme car le plus sage, le plus instruit de la constitution humaine raisonnable. Il est donc normal que les hommes mettent une grande confiance dans en la raison et la démocratie. Pourtant décalage entre l’humilité des anciens et nous Crainte de l’hubris et connaissance de la violence et de la ruine de toute chose. Les plus sages voyaient cette violence en eux-mêmes. Où les modernes ont-ils appris l’espérance ? La révélation du Christ a ouvert une perspective inouïe par la transformation des personnes et de leurs passions mauvaises et l’instauration d’un régime de paix sociale et de justice. En cette période de culture chrétienne, il y eut un développement technique et une sécularisation des doctrines. Idée que l’homme pouvait tout changer le monde et le recréer. L’homme moderne voit les promesses de bonheur que lui montre les possibilités de dialogue et d’accord pacifique et en même temps les risques propres de la vie et de sa destruction. Et finalement, la pensée Chrétienne demeure face à la pensée séculière. Les deux voient la non-universalité de leur pensée et leur influence incroyable dans le monde. Ne doivent-elles pas se rapprocher ? Il faut creuser les deux ?



Chapitre 6 Fin du monde, fin de l’histoire ou fin de l’homme

Perspective ancienne cyclique tirée de l’angoisse de la catastrophe du cycle des étoiles. Pas de place pour l’aboutissement de l’histoire humaine. Chez les modernes tout est linéaire, beaucoup de scénarios prévus. Le plus connu est celui d’une progression des conditions d’existence. Beaucoup prétendent montrer la direction ou les dangers. L’expression aller dans le mur est très représentative. Griserie et angoisse de la prise de risque. Peur liée à la demande de maîtrise. Qui maîtrise ? Ce mot est important aujourd’hui. Mais tout est il ainsi calculable. L’imprévisible devient mauvaise conscience. Risque d’occultisme. Ne peut on pas intégrer plus rationnellement dans la religion classique ce qu’on ne peut pas intégrer ?

La modernisation selon Weber, c’est la rationalisation, l’autonomisation des sphères de l’activité et de la réalité humaine permettant des gains de productivité fous. Cette autonomisation générale est elle judicieuse mais technologie sans garde fous, c’est dangereux. (Liberté d’entreprendre peut conduire à l’esclavage).Mais la rationalisation du droit a eu des conséquences incroyables. C’est la foi en la légalité. Le droit en devenant de plus en plus autonome. Le droit s’affranchit des impératifs de la légitimité sous toutes ses formes anciennes. Le désir du Roi, la coutume, les accords généraux ou encore les contrats. Au bout de la rationalisation, la légalité disparaît pour une légalité. Ce qui est légal devient légitime. Or les pires des horreurs peuvent se faire sous couvert de légalité. Il arrive le désarmement progressif des consciences devant la complexité croissante des raisonnements juridiques et de la vie. On ne peut plus vérifier la validité de toutes les mesures. On a quitté l’arbitraire de l’autorité à une servitude que nous parons de notre assentiment. On nous a promis épanouissement technique, nous avons un système qui nous broie dont nous sommes les rouages…. Course au travail et à la consommation. Étourdissement. Incompréhension, cause de tout malheur ne venait pas des dominations de l’ancien régime ? Nous avons gardé l’illégitimité de toute autorité mais cette idée accordée à la foi en la légalité, transforme la société en défiance généralisée et en conformisme civil fragile. Nous nous forgeons une cage de fer. Il faut craindre la fin de l’homme bien avant la fin du monde… Elle pourrait arriver avec un fol éclat, par violence ou nihilisme. Le refus des questions métaphysiques ne prend pas la problème de nos sociétés au sérieux. Comment aborder nos problèmes sans anthropologie sérieuse. Nous ne nous posons plus la question de l’humanité et de son sens sur la terre, ses devoirs. On ne peut pas se mettre d’accord mais on ne peut exclure un discours au préalable s’il est religieux. Une société prend toujours position sur ce qui est juste, sur le bien, sur le sens de l’histoire, sur l’éventualité d’une rétribution. Bref, toute communauté se pose des questions métaphysiques, cela se voit par leurs règles concrètes. La modernité se croyant affranchie des conditions d’origine de l’humanité, rêvant de maîtrise. Mais il est aveuglé et s’égare à force de relativisme. La sagesse est l’art et la manière de répondre au quotidien aux questions fondamentales de la vie intéressant al communauté. Elle est faite de savoir et expérience. Elle se renforce chez les humbles. Elle recommande l’attitude religieuse universelle. Les membres du corps se reconnaissent dépendant de lui comme celui-ci de la nature. Ils se soumettent aux institutions et aux autorités. Elles recherchent le bien jusqu’au sacrifice de leur propre personne. Le constat : l’humanité n’est pas dans le dépassement de la religion. Il faut se rendre compte que la religion de la démocratie est trop faible, empêchant les sociétés occidentales de vivre la période de crise s’annonçant mais c’est en revanche un cadre politique permettant un dialogue fructueux entre les grandes traditions. Seul lieu politique où peuvent se forger les discussions internationales propres à préserver un avenir pour l’humanité.



Chapitre 7 La foi catholique cette inconnue.

N’est il pas temps de reconsidérer l’influence chrétienne même dans les idéaux modernes ? L’enterrement est souvent le dernier lien avec la religion chrétienne dans nos villes et campagnes. On y parle de l’âme immortelle, de la proximité renforcée avec les gens laissées. Mais ce n’est pas vraiment chrétien. L’espérance chrétienne n’est pas seulement la conviction d’une survie de l’âme. Mais l’attente de la résurrection des corps au dernier jour. Quand Dieu établira toute justice. Cela parait invraisemblable. Beaucoup de questions viennent. Pour toutes les questions de la foi chrétienne, il faut partir de Jésus Christ et des promesses qu’il porte. Il nous conduit vers des sommets lumineux où on ne peut revenir sans lui. D’où les problèmes de la sécularisation. Mais même sans lui, les images des ses sommets sont plus beaux que tout ce qu’on peut nous proposer autrement. Rien ne remplace (et surtout pas l’accumulation des plaisirs) que l’attente amoureuse du Seigneur. Le catholique français vit souvent entre les brumes de l’homme moderne et les lumières fulgurantes de la foi chrétienne. Il refuse la foi chrétienne dans sa globalité par ressentiment et rationalité de bazar. Les jeunes s’en rendent compte, notamment par le mariage. Celui-ci n’est pas exclusivement chrétien, il vient du cœur des hommes et du désir profond des corrélations amour-fidélité, amour- pour la vie et amour-procréation. Les malheurs du mariage ne nous doit pas faire remettre en cause son existence. Evocation des nombreux mariages qui n’en sont pas. Mais pourquoi le désir de se marier à l’Eglise ? Le mariage est loué en foi catholique comme constitutive de la société humaine et accomplissement de l’amour humain. Le sacrement de mariage est le mariage humain entre deux chrétiens, deux baptisés qui vivent fidèlement de la grâce de ce baptême qui recréé l’humain. Vivre selon son baptême implique la confirmation et l’Eucharistie. Ce sont les sacrements de l’initiation, par lesquels on devient chrétien, mettre en pratique les paroles de Dieu, demander le sacrement de pénitence. Le mariage chrétien suppose le partage cette façon de vivre. Ce tableau normal paraitra fou. De toute façon la vie éternelle n’est elle pas un du ? Problème entre image folklo et traditionnelle chrétienne (respectable humainement) et les exigences de l’adhésion personnelle à la personne du Christ selon la foi de l’Eglise. C’est entrer en alliance avec le Christ, s’engager ainsi de toute son existence, par le consentement à la foi, c’est aussi aider l’Eglise à vivre son alliance avec le Christ. La révélation de Dieu aux hommes, son œuvre de salut se présente comme un mariage. Osée est une image forte de cette situation et de la fidélité du Seigneur, l’accomplissement de l’alliance par le sacrifice du Christ est appelé les noces de l’Agneau. (Ephesiens 5, 25-28). Comme Jésus a aimé son Eglise et son corps comme lui-même ainsi le mari. L’inscription dans l’homme de la différenciation sexuelle est le signe de l’amour de Dieu fidèle en lui, amour fidèle et généreux. Les époux chrétiens portent pleinement ce signe dans la grâce du baptême. Tomber dans les erreurs et les péchés ne les fait que grandir en amour, ils deviennent un signe d’espérance.

Les parents sont éberlués devant le mystère de la naissance de leur enfant, il est présenté, on le donne à voir. Cette démarche est le signe de la conscience de la grandeur et de la dignité de la personne humaine et exprime une responsabilité individuelle et collective. Le baptême comporte beaucoup d’élément humain. Pourtant chaque homme devra faire face et prendre son avenir en main. Et tout le monde aspire au bien mais problème de pratique. Or toute tradition religieuse philosophique et spirituelle aspire au même but, baliser les chemins d’une vie humaine qui soit bonne tout en s’accommodant des réalités et de prendre acte des horreurs visibles.

Mais la foi catholique est un scandale, c’est toute l’histoire qui est sauvée. Il faut arracher chaque homme du néant. Tout homme doit être métamorphosé en saint. Et tout cela viendrait de Jésus, descendant de David, prophète attendu depuis des générations. C’est le fis de Dieu incarné, qui a fait de sa vie un sacrifice pour la rédemption et le salut du monde. On juge tout par ses œuvres et par le visage qu’elle montre. Visage du christianisme, c’est le visage du Christ et être chrétien, c’est prendre le visage du Christ. Ode au baptême, les baptisés se relèvent du péché car peuvent le voir, sont pardonnée et manifeste par leur vie la puissance bienfaisante de l’Esprit. Les hommes désirent l’unité parfaite et la solidarité de leur communauté. Cela se retrouve dans l’Eucharistie, tous ceux rassemblés se retrouvent dans un même corps, ce principe a pour événement historique la mort de Jésus sur la croix, elle vise son accomplissement total quand Jésus viendra dans la gloire à la fin des temps, l’Eglise vise donc à l’universalité. Tout cela n’est il que rengaine ? Quelle force et profondeur comme nulle part ailleurs.

La fin de chaque homme est la vie dans une union parfaite d’amour universel. La révélation de Jésus se présente comme l’accomplissement inattendu de ce désir, loin d’être un bouillon de délire indigne, elle se donne comme lumière inespérée à la raison en quête d’intelligence de la réalité.



Conclusion.

C’est aussi de l’occident chrétien que naissent des plaies pour l’humanité. Aujourd’hui celui-ci est symbole de production et de consommation insatiable. Sommes-nous chrétiens ?

Au terme du parcours de ce livre, voici une esquisse de la situation spirituelle de l’occident. Nous vivons un moment de suspension entre le pain d’où nous venons et celui vers lequel nous semblons repartir avec la foi chrétienne qui semblait nous élever. Cette situation se symbolise par un refus des deux positions nettes. La société est remplie d’idée chrétienne dont on a renié la source. Ingratitude. Refus de l’obédience, du terme de religieux alors qu’il en assume le sens véritable de responsabilité envers la vie. Nous avons parlé de la démocratie comme religion, elle s’ignore comme telle. Se croyant purement rationnel or nous risquons d’être évasif ou croire ne pas répondre aux questions métaphysiques. Car notre façon de vivre implique une réponse à ses questions. Nous en arrivons à n’avoir que des réponses techniques aux problèmes humains. 

Certes la démocratie comme principe politique pratiqué avec efficacité implique et développe une certaine confiance en l’homme en tant qu’être sociale doué de raison et capable de décider en collectivité. Mais est ce nécessaire. Mais la confiance n’est pas ressource naturelles, elle est à construire à chaque moment. Homme fruit de la tradition où la critique n’est qu’un aspect nécessaire de la fidélité à la tradition. La démocratie n’est qu’une procédure, sinon qu’un ersatz de religion. Nous sommes plus chrétiens que nous le croyons et moins qu’il ne le faut.

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