Et ici, la somme des chapitres....
Continuons notre lecture de la marque du sacrée (après ceci, cela et là encore)
Cette fois, Dupuy s'attaque au politique, au vote et à la démocratie. Oui, oui, pour vous aussi, dit Dupuy, nous pouvons retrouver (malgré vos qualités, votre respectabilité et donc aussi votre morgue...) vos racines profondes dans le religieux et le rituel. Vous ne cessez de buter dessus sans les voir.
Cette fois, Dupuy s'attaque au politique, au vote et à la démocratie. Oui, oui, pour vous aussi, dit Dupuy, nous pouvons retrouver (malgré vos qualités, votre respectabilité et donc aussi votre morgue...) vos racines profondes dans le religieux et le rituel. Vous ne cessez de buter dessus sans les voir.
Nous avons en tête la phrase de Tocqueville pourtant aussi :
"pour moi, je doute que l'homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique ; et je suis porté à croire que s'il n'a pas la foi, il faut qu'il serve, et s'il est libre, qu'il croie"
Dupuy défend la thèse suivante : on échappe pas à la logique de l'extériorité or le hasard y joue un grand rôle.
En effet, dans les sociétés traditionnelles, la détermination du bouc émissaire a une grande composante de hasard, non pas aléa moderne comme incertitude réglée mais hasard perçue comme décision d'une extériorité. L'auto-transcendance que produit le hasard a partie liée avec la façon dont les hommes auto-extériorisent leur violence sous la forme du sacré. En passant du hasard à l'aléa, on a cru passer du sacré au calcul, de l'irrationnel au rationnel.
Mais prenons le cas de la philosophie morale sur le choix du sacrifice de l'innocent (ex Le choix de Sophie, William Styron), un pervers nous fait choisir de sacrifier entre deux personnes sinon il tue les deux. Il faut choisir de choisir, l'aléa n'a pas la capacité d'extériorisation. Il en est de même pour les cas d'adoption ou les couples cherchent la reproduction du hasard de la loterie biologique.
Dupuy pense que le vote engendre un hasard légitime et porteuse de sens et productrice d’extériorité et de transcendance. Quand bien même la politique moderne est la recherche de l'immanence mais il ne font que croire de s'affranchir de la transcendance.
Avant tout, notons trois paradoxes logiques du vote et de la volonté générale de Rousseau.
1
On peut avoir l'image de la volonté générale comme la synthèse des volontés personnelles. Or elle entre toujours en rivalité, elle se dressent contre toute les autres, cette synthèse est impossible (K.Arrow). Mais il faut voir que c'est ce qui sauve la démocratie, sinon, il ne suffirait d'un grand ordinateur qui la calcule. La démocratie permet de changer la volonté particulière qui prend le rôle de la volonté générale. Or c'est parce que tous savent que la volonté des gouvernants n'est rien d'autre que leur volonté particulière, que le mythe de la volonté générale peut être préservé.
2
Avec le décompte des voix, la politique instaure le quantitatif comme avec le prix dans l'économie, elle instaure les analyses et prévisions. Qu'en est il de la différence entre sondage et élection ? Le sondage a, en effet, en plus une influence sur les sondages. La scientificité du sondage donne à croire que le vote est rationnelle mais non donc... La pratique du vote tranche certes, mais elle ne fait que décider dans l'indécidable...
3
Quelques pierres ne constituent pas un tas.
Sauf en cas de vote égalitaire entre deux camps, il est inévitable de conclure que le bulletin déposé dans l'urne par chaque électeur a un effet nul. Le résultat n'aurait pas changé si je n'avais pas voté. L'électeur rationnel ne devrait pas voter. Les arguments pour aller voter ont une dimension magique (En votant, j'influence), tout comme les arguments des politologues français croyant que l'élection américaine se jouât sur les votes de quelques floridiens. Ou bien encore la tentative de reconnaître un sujet collectif.
Le vote est un paradoxe et Dupuy se tourne sur les élections américaines 2000 pour nous le confirmer.
"pour moi, je doute que l'homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique ; et je suis porté à croire que s'il n'a pas la foi, il faut qu'il serve, et s'il est libre, qu'il croie"
Dupuy défend la thèse suivante : on échappe pas à la logique de l'extériorité or le hasard y joue un grand rôle.
En effet, dans les sociétés traditionnelles, la détermination du bouc émissaire a une grande composante de hasard, non pas aléa moderne comme incertitude réglée mais hasard perçue comme décision d'une extériorité. L'auto-transcendance que produit le hasard a partie liée avec la façon dont les hommes auto-extériorisent leur violence sous la forme du sacré. En passant du hasard à l'aléa, on a cru passer du sacré au calcul, de l'irrationnel au rationnel.
Mais prenons le cas de la philosophie morale sur le choix du sacrifice de l'innocent (ex Le choix de Sophie, William Styron), un pervers nous fait choisir de sacrifier entre deux personnes sinon il tue les deux. Il faut choisir de choisir, l'aléa n'a pas la capacité d'extériorisation. Il en est de même pour les cas d'adoption ou les couples cherchent la reproduction du hasard de la loterie biologique.
Dupuy pense que le vote engendre un hasard légitime et porteuse de sens et productrice d’extériorité et de transcendance. Quand bien même la politique moderne est la recherche de l'immanence mais il ne font que croire de s'affranchir de la transcendance.
Avant tout, notons trois paradoxes logiques du vote et de la volonté générale de Rousseau.
1
On peut avoir l'image de la volonté générale comme la synthèse des volontés personnelles. Or elle entre toujours en rivalité, elle se dressent contre toute les autres, cette synthèse est impossible (K.Arrow). Mais il faut voir que c'est ce qui sauve la démocratie, sinon, il ne suffirait d'un grand ordinateur qui la calcule. La démocratie permet de changer la volonté particulière qui prend le rôle de la volonté générale. Or c'est parce que tous savent que la volonté des gouvernants n'est rien d'autre que leur volonté particulière, que le mythe de la volonté générale peut être préservé.
2
Avec le décompte des voix, la politique instaure le quantitatif comme avec le prix dans l'économie, elle instaure les analyses et prévisions. Qu'en est il de la différence entre sondage et élection ? Le sondage a, en effet, en plus une influence sur les sondages. La scientificité du sondage donne à croire que le vote est rationnelle mais non donc... La pratique du vote tranche certes, mais elle ne fait que décider dans l'indécidable...
3
Quelques pierres ne constituent pas un tas.
Sauf en cas de vote égalitaire entre deux camps, il est inévitable de conclure que le bulletin déposé dans l'urne par chaque électeur a un effet nul. Le résultat n'aurait pas changé si je n'avais pas voté. L'électeur rationnel ne devrait pas voter. Les arguments pour aller voter ont une dimension magique (En votant, j'influence), tout comme les arguments des politologues français croyant que l'élection américaine se jouât sur les votes de quelques floridiens. Ou bien encore la tentative de reconnaître un sujet collectif.
Le vote est un paradoxe et Dupuy se tourne sur les élections américaines 2000 pour nous le confirmer.
On ne peut voir, nous dit il, les votes entre Bush et Gore comme des valeurs déterminées que l'on peut approcher. La marge d'erreur a été plus grande que le seuil critique entre les deux bonhommes. La décision dépendait de cela même qui échappe à l'observable. Une cause si petite déterminait un résultat considérable. Aux USA, un petit transfert de voix peut bouleverser un état qui peut bouleverser l'équilibre entre les grands électeurs qui votent à l'unanimité dans un état.
Cet incident et cette procédure peut être scandaleuse si on pense que le vote doit être rationnel et révéler la volonté générale mais pas autant que cela si on pense la procédure comme un moyen de renvoyer la décision à une instance qui échappe aux choix individuels. Paradoxe de la démocratie, perdu dans la multitude, l'individu ne voit pas l'influence de son emprunte sur le groupe, mais le point où arrive cette situation comme en 2000 aux USA est celui où la procédure semble arbitraire.
La démocratie moderne ne ressemble jamais autant à ce qu'elle ambitionne d'être que lorsqu'elle devient indiscernable d'une gigantesque loterie.
Chacun se demandant s'il va voter ou non, se fixe sur le cas, (possibilité infinitésimale) où sa voix ferait basculer le vote d'un camp dans l'autre. Pouvoir qui serait aussi phénoménal qu'insignifiant puisqu'il n'y aurait pas de différence pour ce qui est du résultat global avec le fait de tirer à pile ou face. Ne sommes nous pas dans le cas où le hasard a un sujet, nous retrouvons l'auto transcendance où le peuple transcende l'individu ? Comprenons, le vote et le rituel dans leur rationalité.
Exemple de l'élection américaine : première phase, crise d'indifférenciation, qu'est ce qui les différencient ? Plus ils se ressemblent, plus leurs différences sont petites et illusoires. Ensuite la nation se rassemble en un mouvement cathartique autour du vainqueur. Le je ne sais quoi a suffi d'en faire l'intégrateur de la nation. Les rituels d'un traité de paix joue la guerre puis la non guerre + sacrifice. Le vainqueur sera immolé. Souverain ou martyr, différence apparemment considérable mais la similitude du choix des deux reste troublante.
La crise de l'Amérique est que la violence qu'il s'agissait de nier a occupé pendant longtemps toute la scène en l'absence d'une solution cathartique qui n'arrivait pas. (media au langage religieux). Il fallait réaffirmer une foi. celle du pouvoir nourricier de la constitution, du règne de la loi et la grandeur d'un système. qui place la loi au dessus des hommes. Peur de la perte de légitimité du système. Le rite joue avec le feu. en jouant l'affrontement pour mieux le dépasser. Risque que la fête tourne mal et que l'incendie embrase tout. Des voix demandaient que les candidats rivaux sacrifient leur ambition pour défendre l'idéal. La victime consentante serait le vainqueur dans l'ordre symbolique et peut être à l'avenir, dans l'ordre réel.
Pour un rapprochement de l'anthropologie et de la philosophie politique
la démocratie est essentiellement rituel dont l'efficacité dépend prioritairement de la participation unanime et du respect scrupuleux des formes.
Paradoxe, le suffrage universel est le moment où la souveraineté populaire devait se manifester mais où aussi l'individu social est converti en unité de compte. Ceci n'est pas, non plus, possible sans dissolution des liens.
Il y a un rapprochement à faire entre la démocratie et la désagrégation conflictuelle de la communauté et en même temps, acte de collaboration sociale. Dans le carnaval encore, le comble du holisme et le comble de l'individualisme apparaissent comme ne faisant qu'un.
Répétons (aussi avec Gauchet) :
La division de la société d'avec elle même (logique du sacré) est importée à l'intérieur de la société. On a pensé que l'intériorisation de la coupure entre la société et son Autre allait entrainer une réappropriation totale de l'être collectif. C'est l'histoire des sociétés démocratiques et de leur prise de conscience de leur fragilité constitutive. (deal irréalisable et dangereux. )
L'absolue souveraineté tendrait paradoxalement à engendrer son contraire...
Un corps politique ne pourrait donc être sujet de lui-même qu'à la condition d'accepter que les instruments dont il se dote pour mettre en acte sa souveraineté le dépossèdent de celle ci dans une certaine mesure. Avant, pouvoir incorporé désormais le lieu du pouvoir devient un lieu vide, on ne peut plus se l'incorporer (sans devenir fou et faire plonger la société avec), il y a compétition réglée et institutionnalisation du conflit.
Écoutons Lucien Scubla en lien avec Hocart, "Si volonté générale est inaliénable, nul ne saurait en être le détenteur ; si la volonté générale ne saurait être représentée, rien ne saurait en être le représentant pas même le peuple unanime. Le chef de l'état occupera un lieu inviolable et comme le roi ashanti qui siégeait sous un tabouret d'or sur lequel nul ne pouvait s'asseoir, placé sous la protection de la Volonté Générale mais ne pouvant s'identifier à lui. Gardien d'une place vide que nul ne saurait s'occuper. Cette place vide est la substance invisible autour de laquelle se structure l'ordre social et politique. Personne ne peut parler en son nom.
Paradoxe, le suffrage universel est le moment où la souveraineté populaire devait se manifester mais où aussi l'individu social est converti en unité de compte. Ceci n'est pas, non plus, possible sans dissolution des liens.
Il y a un rapprochement à faire entre la démocratie et la désagrégation conflictuelle de la communauté et en même temps, acte de collaboration sociale. Dans le carnaval encore, le comble du holisme et le comble de l'individualisme apparaissent comme ne faisant qu'un.
Répétons (aussi avec Gauchet) :
La division de la société d'avec elle même (logique du sacré) est importée à l'intérieur de la société. On a pensé que l'intériorisation de la coupure entre la société et son Autre allait entrainer une réappropriation totale de l'être collectif. C'est l'histoire des sociétés démocratiques et de leur prise de conscience de leur fragilité constitutive. (deal irréalisable et dangereux. )
L'absolue souveraineté tendrait paradoxalement à engendrer son contraire...
Un corps politique ne pourrait donc être sujet de lui-même qu'à la condition d'accepter que les instruments dont il se dote pour mettre en acte sa souveraineté le dépossèdent de celle ci dans une certaine mesure. Avant, pouvoir incorporé désormais le lieu du pouvoir devient un lieu vide, on ne peut plus se l'incorporer (sans devenir fou et faire plonger la société avec), il y a compétition réglée et institutionnalisation du conflit.
Écoutons Lucien Scubla en lien avec Hocart, "Si volonté générale est inaliénable, nul ne saurait en être le détenteur ; si la volonté générale ne saurait être représentée, rien ne saurait en être le représentant pas même le peuple unanime. Le chef de l'état occupera un lieu inviolable et comme le roi ashanti qui siégeait sous un tabouret d'or sur lequel nul ne pouvait s'asseoir, placé sous la protection de la Volonté Générale mais ne pouvant s'identifier à lui. Gardien d'une place vide que nul ne saurait s'occuper. Cette place vide est la substance invisible autour de laquelle se structure l'ordre social et politique. Personne ne peut parler en son nom.
Anecdote, pour finir, d'une tribu africaine Gura. Ne voyant pas des hyènes féminines, deux tribus se battent sur l'existence de celle ci. Compétition de chasse intervient pour déterminer cela. La tribu qui a le plus chassé de biches a gagné et permet de déterminer le fait. On peut voir ce rite comme un chainon entre le sacrifice humain rituel et la symbolisation à son extrême par le bulletin de vote. Pas plus raisonnable de compter les biches que les bulletins, mais dans les deux cas, l'essentiel est la participation au rite unanime garantissant l'efficacité des deux.
Mais qui dira le sexes des hyènes ?
Et sur les dangers qui se rapprochent ?
La sagesse est elle du coté du plus grand nombre ?
Plus bas, résumé au fil de la lecture
Et sur les dangers qui se rapprochent ?
La sagesse est elle du coté du plus grand nombre ?
Plus bas, résumé au fil de la lecture
IV La loterie à Babylone
Le vote , entre procédure
rationnelle et rituel
La
sociologie durkheimienne aux sciences cognitivistes, ils se trompent sur la
société et son fondement religieux qu'ils omettent... Voyons maintenant la
philosophie politique moderne. Elle réfléchit toujours au meilleur système
politique sans penser la religion. Les paradoxes sur lesquels buttent leur
projet d'autonomie révèlent en creux leur dette cachée à l'égard du religieux.
Le vote entretient avec la notion de hasard des relations bien étranges,
pareilles à celles de ce même hasard dans les pratiques et croyances
religieuses. Le hasard comme marque du sacré.
Du hasard comme solution au problème
théologico politique
Problème :
Comment faire d'une diversité d'opinions et d'intérêts toujours potentiellement
conflictuelle quelque chose qui ressemble à une unité pacifiée ? Avant
extériorité fondatrice... Les modernes veulent faire reposer tout cela aux
seules ressources internes du monde humain et social. Projet d'autonomie de
substitution de la raison et de la foi, l'immanence à la transcendance,
l'autonomie à l'hétéronomie. Pessimisme de Tocqueville : "pour moi, je
doute que l'homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance
religieuse et une entière liberté politique ; et je suis porté à croire que
s'il n'a pas la foi, il faut qu'il serve, et s'il est libre, qu'il croie"
Thèse de Dupuy : logique de l'extériorité est irréductible et que le
hasard y joue un rôle majeur.
Sociétés non
modernes, le hasard fait partie des institutions de base. Ex bouc émissaire du
lévitique, il ya deux boucs, l'un associé au bien, l'autre qui reçoit tous le
poids des fautes. Le choix du rôle des deux boucs émissaires se fait au hasard.
Livre de Josué, partage au hasard des terres. Le roi des fêtes désignées par
hasard. ou encore rituel sacrificiels, désignation des gouvernants par le
tirage au sort. Le hasard dans ce cas là n'est pas interprété comme maintenant,
pour nous, c'est aléa, incertitude réglée, répétable et maitrisable. LE hasard
primitif échappe au calculable mais il a un sens. ce sens assigne la
responsabilité de la décision à un extérieur, à une transcendance. Il y a un sujet
au hasard. Pourquoi donc cette extériorité. Il cite Borges dans la
loterie de Babylone.
Mais avant
il faut critiquer le structuralisme. Son immanentisme radical et sa conception
de la réciprocité comme forme synthétique à priori. Non, il faut affirmer que
les relations humaines sont vouées aux formes dissymétriques s'il n'étaient pas
à l'abri d'une dimension vertical de la transcendance. Celle ci leur permettent
de ne pas être livré à la fascination de leur propre violence. L'auto
transcendence produit recours au hasard c'est un peu comme l'auto
exteriorisation de la violence sous la forme du sacré. Avec le hasard on
ne peut se battre pour la disposition des terres par exemple. Le moderne en
passant du hasard au aléa est passé du sacré au calcul, de l'irrationnel au
rationnel. Dé plus affaire sacré mais chaos déterministe. Mais pas si simple...
Exemple dans les philosophies morales. Sacrifice de l'innocent ? Choix de
Sophie, quel enfant sacrifier ? Si refus de chosir (ou metachoix, les deux
mourront). Le choix de la raison est de choisir de choisir, c'est celui de
Caiphe, il vaut mieux qu'une personne... Tirer à pile ou face? toujours
monstrueux... Le recours de l'aléa n' a pas de capacité d'extériorisation. Ou
encore, choix de l'enfant à adopter..., cela répugne au couple de choisir les
critères... Ils veulent se rapprocher du plus possible de la non
maitrise... ils reconstituent la loterie biologique par d'autre moyen. Il
voudrait un hasard non probabilisable... Certaines formes d'engendrement du
hasard sont tenues pour légitimes et porteuses de sens car productrice
d'extériorité et de transcendence. Nous allons le vérifier sur le vote pratique
essentielle de la démocratie moderne. La politique moderne, c'est la recherche
de l'immanence, les hommes ne doivent le lien social qu'à eux memes, ils
veulent le croire, ils prétendent s'affranchir de toute transcendance, il
voudrait alors sortir du hasard... mais il est difficile de sortir du schéma
ancien.
La raison
impuissante à saisir le sens du vote.
Toute tentative
de rendre compte de la rationalité du vote aboutissent à des paradoxes
3 paradoxes
-La volonté
générale de Rousseau est un mystère. On peut dire ce qu'elle n'est pas mais pas
ce qu'elle est. elle n'est pas la somme des volontés particulières. Elle se
dresse contre toutes les volontés particulières. "comme dit Manent,
l'unité de tous se rendra sensible par l'oppression de tous). Alors que pour
nous la démocratie est une synthèse ou somme des intérêts privés. Selon le
théorème de Kenneth Arrow, il y a impossibilité à trouver un synthèse n'allant
pas contre les ou certains intérêts privés. Impossible de définir l'intérêt
général à partir des choix individuels. En dehors de tout arbitraire, on ne
peut pas concevoir la volonté générale comme agrégation des volontés
particulières. Dupuy dit ne nous en affligeons pas, c'es ce qui sauve la
démocratie. Sinon, un ordinateur suffirait, le calcul aurait remplacé le rituel
du vote. La raison pratique se dissolverait dans la raison théorique. Pour que
les règles d'agrégation puissent mériter le label rationne, Arrow ajoute la
condition dite de "non dictature", elle ne prend pas systématiquement
pour préférence collective la même préférence individuelle.
Qu'est ce
qu'une démocratie dans les faits ?c'est simplement une société qui choisit ses
gouvernants et peut en changer. (nul ne croit que la volonté des gouvernants
correspond à la volonté générale, c'est une volonté particulière parmi
d'autres. mais de même, c'est parce que tous savent que la volonté des gouvernants
n'est rien d'autre que leur volonté particulière, que le mythe de la volonté
générale, ou de l'intérêt commun, peut être préservé. En ce sens, la démocratie
peut être vue comme une dictature permanente. Ainsi, l'échec de la pensée
rationnelle à rendre raison du vote n'est pas loin de fournir une leçon de
sagesse.
-Avec le
décompte de voix, la démocratie introduit le quantitatif dans la science
politique (comme prix et valeurs dans science éco. Analyses, corrélations
possibles et donc loi et prévisions. Pourquoi voter alors ? rève d'une
démocratie informatisée en temps réel. Qu'est ce qui différence un sondage
d'une élection ?
Herbert
Simon (fondateur de l'AI) pense que pas de différences entre science de l'homme
et science de la nature pour possibilité de faire des prévisions. Il ne pense
même pas que l'observation perturberaient le système observé. Les
sondages en faisant connaitre l'état de l'opinion publique ne changent pas
celui-ci. Or... Ils ont une influence. Le discours sur la scientificité
des sondages donne à croire que le vote est une procédure rationnelle. Mais
l'indécidabilité produite par la boucle récursive des sondages sur eux mêmes
et, finalement, sur le vote démontre le caractère illusoire de la scientificité
en question. La raison, ici, ne produit que de l'indécidable. La pratique du
vote, elle, tranche, c'est à dire décide dans l'indécidable.
-Paradoxe du
vote. Quelques pierres ne constituent pas un tas.
Soit une
élection entre deux nom ou entre oui et non, sauf en cas de résultats égaux, il
est inévitable de conclure que le bulletin déposé dans l'urne par chaque
électeur aura eu un effet strictement nul. "Le résultat final aurait
changé si je n'avais pas voté ?" Non ! Or le vote à un cout (de transport
par exemple.) L'électeur ne devrait pas voter. Les cognitivistes se demandent
pourquoi l'électeur vote. Ils ont décelé des comportements magiques. Certains
se disent, si je vote, ceux qui, s'ils votent, votent comme moi se décideront
également à voter, capacité d'influence.
On peut se
moquer mais les politologues français se sont plaint que l'élection de 2000 va
se jouer sur quelques poignée de votants (même juif ou noir, quelle horreur...)
en Floride. Raisonnement magique qui consiste à croire que la découverte d'un
fait a le même effet causal que le fait lui même. Ce n'est pas parce que les
voix de Floride ont été dépouillé etc en dernier que leur influence aura été
plus grande. Tout comme le sujet collectif est pure fiction(Maastricht, la
France a répondu oui à l'Europe mais a voulu donner un avertissement....) Vote
de 2000 aux USA est un super exemple
La loterie en Amérique
Nous nous
sommes moqués de leur incapacité, mais les américains en sont ressorti fiers.
Il y a un lien entre cette incapacité et cette fierté, il y a un lien.
On ne peut
voir les votes entre Gore ou Bush comme des valeurs déterminées que l'on peut
approcher avec une marge d'erreur la plus faible selon le temps que l'on se
donne. (il existe toujours une marge d'erreur. Il n'y a d'observation du réel
qu'approchée. En 2000, la marge d'erreur a été plus grande que le seuil
critique entre les deux bonhommes. Situation remarquable. LA décision dépendait
de cela même qui échappe à l'observable. Une cause si petite qu'elle est
inconnaissable déterminait un résultat considérable. Aux Etats Unis, tous les
grands électeurs sont élu à la majorité, un état est gagné par un camp ou non.
Un transfert d'une voix peut être insuffisant pour changer le résultat national
mais peut basculer un Etat ce qui peut changer le résultat au niveau national.
Il peut exister divergence entre vote populaire et vote du collège électoral.
C'est scandaleux si on pense que la procédure doit être rationnelle et révéler
la volonté générale. mais pas autant que cela, si on pense que la procédure
comme un moyen de renvoyer la décision à une instance qui échappe aux choix
individuels.
Malaise
politique vu par Constant "perdu dans la multitude, l'individu n'aperçoit
presque jamais l'influence qu'il exerce. Jamais sa volonté ne s'empreint sur
l'ensemble ; rien ne constate à ses propres yeux sa coopération. "
Pourtant l'élection américaine a réussi l'exploit de s'approcher du point où
chacun a eu le sentiment que sa voix comptait. Mais ce point est celui
nécessairement où l procédure semble arbitraire. La démocratie moderne ne
ressemble jamais autant à ce qu'elle ambitionne d'être que lorsqu'elle devient
indiscernable d'une gigantesque loterie.
Chacun se
demandant s'il va voter ou non, se fixe sur le cas, (possibilité
infinitésimale)où sa voix ferait basculer le vote d'un camp dans l'autre.
Pouvoir qui serait aussi phénoménal qu'insignifiant puisqu'il n'y aurait pas de
différence pour ce qui est du résultat global avec le fait de tirer à pile ou
face.
On note plus
souvent la part de hasard dans le vote particulier. Certains disent aussi que
ce résultat est le signe de la loi des grands nombres et de la proximité des
partis. Faux, la probabilité d'égalité diminue avec le nombre. On juge de la
probabilité d'un événement après sa venue.... Pas possible... On ne peut dire que
c'était comme si les américains ont voté au hasard. Le hasard arrive plutôt
comme effet de structure, il se situe au niveau du vote tout entier. Draw
veut dire égalité et loterie.(en France, chance, aléa renvoie à la chute d'une
dé. une toute petite cause aboutissent à un transfert de victoire par exemple.
(Elections de 2000). Ne sommes nous pas dans le cas où le hasard a un sujet et
donc un sens. Sujet en situation d'exteriorité, le peuple transcende les
individus. La forme que prend le système générateur est déterminante. Le vote
anonyme est souvent un recours au hasard malgré les discussions à coup
d'arguments rationnels. On peut sortir du paradoxe du vote mais il faut
accepter de le traiter comme une procédure rationnelle et remonter aux origines
rituelles de la démocratie. Le rituel n'est pas l'irrationnel face au
rationnel, il comporte sa propre rationalité.
Exemple:
élection américaine : première phase, crise d'indifférenciation, qu'est ce qui
les différencient ? Plus ils se ressemblent, plus leurs différences sont
petites et illusoires. Premier temps pour préparer le second. la nation se
rassemble en un mouvement cathartique autour du vainqueur. Le je ne sais quoi a
suffi d'en faire l'intégrateur de la nation. Les rituels d'un traité de paix
joue la guerre puis la non guerre + sacrifice. Le vainqueur sera immolé.
Souverain ou martyr, différence apparemment considérable mais la similitude du
choix des deux reste troublante.
La crise de
l'Amérique est que la violence qu'il s'agissait de nier a occupé pendant
longtemps toute la scène en l'absence d'une solution cathartique qui n'arrivait
pas. (media au langage religieux). Il fallait réaffirmer une foi. celle du
pouvoir nourricier de la constitution., du règne de la loi et la grandeur d'un
système. qui place la loi au dessus des hommes. Peur de la perte de légitimité
du système. Le rite joue avec le feu. en jouant l'affrontement pour mieux le
dépasser. Risque que la fête tourne mal et que l'incendie embrase tout. Des
voix demandaient que les candidats rivaux sacrifient leur ambition pour
défendre l'idéal. La victime consentante serait le vainqueur dans l'ordre
symbolique et peut être à l'avenir, dans l'ordre réel.
Pour un rapprochement de l'anthropologie et
de la philosophie politique
Bref, nous
l'avons vu, la démocratie est essentiellement rituel dont l'efficacité
dépend prioritairement de la participation unanime et du respect scrupuleux des
formes. Lefort, suffrage universel, c'est le moment où la souveraineté
populaire devrait se manifester que les solidarité sociales sont défaites,
l'individu social est converti en unité de compte. Le nombre se substitue à la
substance.
Rapprochement
entre politique et économique. De même que le marché et le système de prix
réduisent la vie collective à une comptabilité en valeurs, en abstrayant toute
substance sociale, tout arrive par décompte de voix, cela a pour condition de
possibilité la dissolution des liens. Il y a un rapprochement à faire entre la
démocratie et la désagrégation conflictuelle de la communauté et en même temps,
acte de collaboration sociale. Dans le carnaval encore, le comble du
holisme et le comble de l'individualisme apparaissent comme ne faisant qu'un.
(Comme Rousseau pour Louis Dumont).
Gauchet par
Tocqueville, proximité troublante entre idéal démocratique et dérives
despotiques, Gauchet cherche un fonctionnement démocratique viable. Il
reformule le problème théologico-politique : les sociétés primitives croient
que leur ordre et leur sens à une volonté supérieure et extérieure. Mais
modernité est travaillé par le savoir que les hommes ne doivent les lois de la
cité qu'à eux mêmes.. L'extériorité est intériorisée. La division de la société
d'avec elle même (logique du sacré) est importée à l'intérieur de la société.
On a pensé que l'intériorisation de la coupure entre la société et son Autre
allait entrainer une réappropriation totale de l'être collectif. L'histoire des
sociétés démocratiques (prise de conscience de leur fragilité constitutive,
idéal irréalisable et dangereux.
L'absolue
souveraineté tendrait paradoxalement à engendrer son contraire..., aliénation
la plus complète par concentration d'un pouvoir devenu illimité et arbitraire
en un lieu coupé des autres. Un corps politique ne pourrait donc être sujet de
lui-même qu'à la condition d'accepter que les instruments dont il se dote pour
mettre en acte sa souveraineté le dépossèdent de celle ci dans une certaine
mesure. Gauchet exprime l'importance de l'entre-soi, la société démocratique,
dans celle ci le sens de la vie en commun relève bien de l'ordre humain mais
nul ne peut se l'approprier. "Etat :Tout se passe entre les hommes, l'état
partout est là pour donner corps à la ressaisie complète de l'être ensemble.
Mais tout se passe là de telle sorte qu'il n'y ait pas d'appropriation possible
du sens final de l'être ensemble par les acteurs sociaux, il ne serait plus
entre eux mais en eux."
Claude
Lefort "incorporé dans le prince, le pouvoir donnait corps à la société,
puis trait révolutionnaire de la démocratie. Le lieu du pouvoir devient un lieu
vide. On ne peut plus s'incorporer le pouvoir, remise en jeu périodique,
compétitions aux conditions réglées, institutionnalisation du conflit.
Dans ce
cadre, écoutons Lucien Scubla en lien avec Hocart, "Si volonté générale
est inaliénable, nul ne saurait en être le détenteur ; si la volonté générale
ne saurait être représentée, rien ne saurait en être le représentant pas même
le peuple unanime. Le chef de l'état occupera un lieu inviolable et comme le
roi ashanti qui siégeait sous un tabouret d'or sur lequel nul ne pouvait
s'asseoir., placé sous la protection de la Volonté Générale mais ne pouvant
s'identifier à lui. Gardien d'une place vide que nul ne saurait s'occuper.
Cette place vide est la substance invisible autour de laquelle se structure
l'ordre social et politique. Personne ne peut parler en son nom.
On peut
toujours réfléchir du lien entre le passage de rituels non démocratiques, non
politiques mais religieux au rituel démocratique. et l'irréductible religieux
dans la politique.
Scubla fait
suggestion. Hyène féminine existe seulement après combat de chasse entre deux
tribus, ls deux tribus mangent le butin du gagnant. Le rite pourra se
transformer du Scubla., on conserverait seulement la chasse, puis on remplace
les biches par des voix. La chasse rituelle se transformerait en un jeu de
massacre politique où les victimes humaines pourraient retrouver la place
qu'elles avaient cédée aux victimes animales. Pas plus rationnel de compter les
voix plutôt que les proies pour déterminer le sexe des hyènes. Mais l'essentiel
est la participation du rite, l'importance est que chacun donne sa voix,
l'unanimité garantit l'efficacité comme elle garantit l'efficacité du rite.
Qui dira le
sexe des hyènes ? Sur des questions décisives pour l'avenir de l'humanité,
l'appel à la démocratie sert d'alibi à l'absence de réflexion normative.
Sagesse avec plus grand nombre ?
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