Je continue mon exploration du livre de Jean Pierre Dupuy, la marque du sacré...
Troisième chapitre
Dans ce chapitre, notre cher auteur s'en prend aux cognitivistes, les scientifiques anti religieux, recherchant à faire table rase de l'homme religieux en en montrant l'inanité. Il est dur avec eux mais il en profite surtout pour montrer la pertinence du religieux et du christianisme. Arrêtons de balayer le religieux d'un revers de main !!!!
A ce propos, Il en profite pour clarifier sa situation. Il n'est pas pratiquant et pas vraiment croyant. Mais il pense que le christianisme est une épistémologie qui en sait plus sur l'homme que toutes les sciences sociales réunies.
On peut lui reprocher cette position ambiguë mais ne nous rend il pas un service énorme en martelant tout le long de ces chapitres notre impossibilité de nous écarter du sacré et de nous comprendre à l'extérieur de lui.... Son dernier passage sur le débat Durkheim - Brunetière est très intéressant, il nous permet d'appréhender toujours un peu plus le libéralisme comme tentative illusoire mais séduisante d'accomplir le christianisme sans son aide et de sacrifier d'autant mieux l'homme qu'on croit le mettre comme fidèle et dieu de cette religion de l'individualisme...
Mais, au fait, pourquoi être religieux ?
On ne peut parler du religieux qu'en s'y embarquant,
nous en sommes traversés même quand nous ne le savons pas. Les cognitivistes ne le voient que comme un obstacle où ils font naufrage... Le message chrétien est science humaine et la condition de possibilité de toute science humaine, de plus elle tue doucement toutes les autres religions. Les cognitivistes veulent en faire une religion comme les autres mais lui réserve au final toujours un sort spécial. Ils développent ce qui leur semblent absurdes. Mais ils oublient la Passion, au moins Nietszche n'oubliait pas la Passion, Dieu est mort, et c'est nous qui l'avons tué. L'incroyable, ce n'est pas que les êtres surnaturels font des choses incroyables, c'est qu'une religion se soit reconnu dans un Dieu qui fut la victime d'un lynchage collectif. Le monde a retenu cette histoire et a été façonné en retour. C'est une histoire humaine où on peut se reconnaître. Les cognitivistes sont coincés.
Le religieux est effervescence sociale non collier de concepts
Ce n'est pas un système d'idée. Ils ne cessent de se poser la question de savoir comment l'évolution a t elle laissé passer cette absurdité. Ils oublient que la foi est bâtie par le groupe et dans l'action. Ils oublient la crainte de l'ordre social. Ils ne voient pas comment la violence comme pharmakon, poison et remède est l'énigme centrale du religieux.
Dupuy résume un petit peu Girard, la théorie du bouc émissaire et affirme : l'histoire de l'humanité est l'histoire de l'évolution des systèmes sacrificiels. Les mythes et les rites masquent la violence du religieux pour mieux contenir la violence sociale.
Manifestation d'un choix collectif, le sujet collectif
dissout au plan moral la question de la responsabilité. Le sujet collectif ,
dans un premier temps met en scène la rivalité pour ensuite la transcender et
faisant émerger une entité en surplomb, garant de l'ordre social.
Dupuy note l’étrangeté de la forme circulaire de la logique sacrificielle : le dieu émane de la victime mais il faut qu'il ait encore toute sa nature divine au moment où il entre dans le sacrifice pour devenir victime lui-même.
Notre cher Jean Pierre fait ensuite un paragraphe proche de celui de Gil Bailie pour inviter nos âmes modernes à reconsidérer le christianisme. Le savoir chrétien est partout, la connaissance du bouc émissaire travaille le monde mais ses effets sont redoutables, que peuvent faire les sociétés si on leur enlève les béquilles sacrificielles ? Pour comprendre la religion il faut avoir méditer le verset suivant : Matthieu 10, 34-39 Je ne suis pas venu apporter la paix, je suis venu apporter la glaive.
Dupuy finit par une lecture très intéressante du débat entre Durkheim et Brunetière lors du débat sur le capitaine Dreyfuss. Durkheim affirme que l'individualisme est une religion (d'origine chrétienne), une religion compatible avec la communauté humaine ou l'homme est le fidèle et le dieu. Durkheim avoue que le libéralisme veut accomplir les promesses du christianisme, la religion de l'individu est tout ce qui peut retenir les hommes les uns les autres. Mais Durkheim, et sa sociologie, se sépare du christianisme. Il défend l'homme in abstracto, il est moins blessé par la blessure de l'homme concret que par l'atteinte d'un homme universel. Ce dernier et les grandes idées peuvent devenir des idoles, pour le christianisme la brebis égarée est la plus importante au risque de mettre en danger les quatre vingts dix neuf autres. Il est le ferment mortel qui a vocation de détruire toutes les puissances. Durkheim ne voit pas la dimensions épistémologique du Christianisme et les cognitivistes ne voient pas, à l'inverse de Durkheim, que c'est le sacré qui a engendré les cultures humaines.
Ci dessous quelques notes au fil de la lecture
Ci dessous quelques notes au fil de la lecture
III La religion, nature ou surnature
Une science qui prendrait pour objet l'universalité du
phénomène religieux dans les sociétés humaines tout en prétendant s'affranchir
complètement du religieux est elle possible ? Girard et sa théorie du religieux
s'avoue complètement tributaire du religieux, à laquelle elle attribue son
savoir. Ceci est inacceptable pour les positivistes qui pense aborder le sujet
comme la chaleur et l'électricité.
Nous sommes embarqués
On peut parler du religieux qu'en s'y impliquant., nous
sommes traversés par le religieux comme par le social historique même quand
nous en faisons la critique.. On ne peut en être distanciée. (souvent signe de
haine mais s'interdisant d'y comprendre quoi que ce soit.) Les sciences
cognitives font souvent du religieux leur skandalon. Ils tentent d'expliquer le
phénomène universel du religieux. Dawkins nous dit que cela est absurde,
pathologique. Pour Boyer, les rites sont des gadgets et c'est une erreur de
penser que la religion permet de connaître. L'église a perdu toutes ses
batailles. PAs nouveau, Voltaire et son complot des prêtres, Freud et la
névrose.
Dupuy avoue : je suis un intellectuel chrétien, je suis venu
à croire que le christianisme constituait
un savoir sur le monde humain supérieur aux sciences sociales mais je ne suis
pas pratiquant. Illich et Girard m'ont conduit vers cette conversion
épistémologique. Le message chrétien des Évangiles est une science humaine et la condition de possibilité
de toute science humaine et a une influence mortelle sur toutes les autres
religions. Elle les détruit, religion de la fin des religions. Les
cognitivistes veulent en faire une religion comme les autres mais lui réserve
toujours un sort spécial. Ils développent ce qui leur semblent absurdes. Mais
ils oublient la passion, au moins Nietszche n'oubliait pas la Passion, Dieu est
mort, et c'est nous qui l'avons tué. L'incroyable, ce n'est pas que les êtres
surnaturels font des choses incroyables, c'est qu'une religion se soit reconnu
dans un Dieu qui fut la victime d'un lynchage collectif. Le monde a retenu
cette histoire et a été façonné en
retour. C'est une histoire humaine où on peut se reconnaître. Les cognitivistes
sont coincés.
Le religieux comme
effervescence sociale.
Les cognitivistes se trompent aussi quand ils croient que
c'est un systèmes d'idée, de croyances et de concept. Ils oublient que c'est
une activité de groupe qui se forme dans celui-ci. Comment la théorie de
l'évolution a t elle pu passer entre ses filets l'extravagance des pratiques
religieuses ? Ils ne peuvent répondre à cette question car ils prennent la question
par le mauvais bout. Durkheim le sentait (Une philosophie peut s'élaborer dans
le silence de la méditation intérieure, mais non une foi. Car une foi est,
avant tout, chaleur, vie, enthousiasme, exaltation de toute l'activité mentale,
transport de l'individu au dessus de lui-même.) Groupe et action et non
solitude de l'individu. Boyer et Dawkins prennent du temps pour délégitimer les
actes irréalistes des religions (prier devant une statue par exemple) Durkheim
pourtant a des mots intéressants dessus (Si la force morale qui soutient le
fidèle ne provient pas de l'idole qu'il adore, de l'emblème qu'il vénère, elle
ne laisse pas cependant de lui être extérieure et il en a le sentiment.
l'objectivité du symbole ne fait que traduire cette extériorité) Dupuy dit que
les cognitivistes n'arrivent pas à dépasser cette apparente irrationalité.
Comment peut on être si malin et si bête. Connaitre si bien son environnement
et tourmentés par les peurs qu'ils éprouvent ? la réponse est dans la question.
Ces gens ont raison de craindre ce qui déstabilise l'ordre social. La violence
semble le produit des croyances et comportement religieux mais ils font aussi
rempart. La violence est l'énigme centrale du religieux. Remède et poison ? Coïncidence
écrite dans la langue grecque pharmakon venant de bouc émissaire,
Le sacrifice et le
meurtre
Anecdote de Lempert. Serbes tuant un kosovar le jour de la
fête de l'aïd. Geste ignoble mais qui a compris que le rituel sacrificiel
repose sur la substitution de victimes. Cette substitution est un moment
exceptionnel du passage du sacrifice humain au sacrifice animal. Régression
barbare et symbole de la proximité violence et sacré.
Il est facile de ne pas voir cette proximité que le
religieux cherche à cacher, ou il est trop facile de les confondre (alors que
source de la civilisation). L'histoire de l'humanité est l'histoire de
l'évolution des systèmes sacrificiels. de l'homme au symbole. C'est l'histoire
de la symbolisation.
Durkheim dit que le caractère sacré est toujours surajouté à
la chose en question. Les traits que le rituel sacrificiel surajoute à la
réalité sordide du meurtre choque l'intuition. Cela frappe l'imagination,
travail du sacré, c'est tout? Une ruse ?
Mythe et rite font la même chose, pour mieux contenir la
violence sociale, ils doivent masquer la violence du religieux, la transfigurer
aux prix des intuitions physiques et psychologiques. Qui peut se faire prendre
encore aux ruses de la religion se cachant à lui-même sa relation double à la
violence. Ex de l'exécution capitale, rite important car nation commet l'acte,
il suffit d'un rien pour croire que c'est un acte crapuleux (Saddam Hussein)
Manifestation d'un choix collectif, le sujet collectif dissout au plan moral la
question de la responsabilité. Le sujet collectif , dans un premier temps met
en scène la rivalité pour ensuit la transcender et faisant émerger une entité
en surplomb, garant de l'ordre social.
La pensée
sacrificielle et le brouillage des catégories.
Pourquoi l'espace du 11 septembre fut appelé espace sacré ?
RG dit dans V&S, si le sacrifice apparait comme violence criminelle, il n'y
a guère de violence en retour qui ne puisse se décrire en termes de
sacrifice. ce qui rend sacré c'est la
violence dont le lieu a été le théâtre. Débat Jaspers et Anders, très haut
niveau. Confusion entre sacrificateur, victime et divinité que ne voit pas
Anders et pourtant vu par l'essai sur la nature et la fonction du sacrifice de
Hubert et Mauss. On offrait le Dieu à lui même. C'est toujours le Dieu qui
subit le sacrifice. Comme nous ne croyons plus à l'existence de divinité, nous
ne croyons plus que le sacrifice répond à une certaine réalité. Etrangeté de la
forme circulaire de la logique
sacrificielle : le dieu émane de la victime mais il faut qu'il ait encore toute
sa nature divine au moment où il entre dans le sacrifice pour devenir victime
lui-même. Allure paradoxale que dupuy voit aussi dans certaines philosophie.
paradoxe disparait avec RG, le sacré est la mise en extériorité de la violence
des hommes par rapport à elle-même. La violence réifiée se nourrit des
offrandes de la violence ordinaire, elle peut s'auto extérioriser en forme symboliques.
Religion morale
Seconde erreur des cognitivistes donc : il ne voit pas la
place du rituel dans le religieux, il ne voit pas (troisième erreur) devant la
contradiction entre rituel et système
d'interdits. Ils s'approchent du sujet quand il parle du lien entre religion et
morale. Boyer, par surprise ne voit pas la religion comme source de la morale,
la moralité sert de support, puis tout est lié à l'évolution de notre cerveau.
Détour, les scientifiques évolutionnistes ont des questions
: bon sang, comment en sont il arrivé là
??? Ces hommes comme nous à faire tellement de bêtises ? Dysfonctionnement
cognitif d'un truc qui a été utile dans
la perpétuation de l'espèce? Ils se rendent ridicule...
Boyer est là plus subtil.... Je ne comprends pas, guerre
avec les cognitivistes...
Passage sur le bon samaritain, source de l'impact de
l'Evangile. Qui est mon prochain ? Parabole humaine mais choquant à son époque.
Homme agonisant, rituellement impur, les prêtres avait un devoir pour le
temple... Le prochain peut être n'importe qui, fi des interdits comme base de
la morale et des barrières culturelles.
Répétition de la théorie girardienne sur les mythes, rituel
et interdits etc..
Bouc émissaires et victimes sacrificielles
Le mécanisme du bouc émissaire est de plus en plus observé
et vu, mais il ne marche que si il n'est pas vu. Qui veut persécuter doit
présenter sa victime comme un persécuteur... (on a tendance à oublier son
origine dans le rituel du bouc émissaire) Frazer faisait lien entre ce rite et
celui du pharmakos. Dico montre la confusion entre la représentation et le
phénomène en question. Cela prouve que le message chrétien travaille le monde
mais de manière incomplète. La passion ressemble à plein de religions si on
regarde aux faits, mais il regarde tout du point de vue des victimes. La
machine à fabriquer du sacré est enrayée et produit de plus en plus de
violence, mais une violence qui a perdu le pouvoir de se polariser. Pour
comprendre la religion, il faut avoir chercher à élucider cette phrase
terrible. (Jésus et le glaive). Victoire du christianisme est partout mais
effets sont redoutables, il peut s'incarner en son double monstrueux (le souci
des victimes comme forme de persécution). Le christianisme implique un arrêt de
la violence. Le royaume comme l'œil du cyclone : si on tente de l'atteindre par
chemin continu, en s'efforçant toujours plus d'augmenter l'efficacité des
moyens habituels, c'est à dire violents, de contenir la violence, on tournoiera
de plus en plus vite tel un fétu de paille, à mesure qu'on croira s'approcher
du coeur au repos. Le royaume, on y saute à pied joint ou bien on en meurt.
Le faux salut par la
morale
Privatisation du religieux, fin de l'esprit de corps, mort
annoncé du christianisme. Rappel du débat Brunetière et Durkheim sur
individualisme. Brunetière : l'intellectuel qui se persuade que la société doit
se fonder sur la logique et qui méconnait qu'elle repose en fait sur des
nécessités antérieures et peut être étrangères à la raison individuelle.
Durkheim montre que l'individualisme est une religion, seule garante de l'ordre
social et issue du christianisme. Il y a deux types d'individualisme, un qui
repose sur le déchainement des intérêts particuliers, incompatible avec la vie
commune.et un grand second, celui des philosophes qu'il rattache à la grande
tradition libéral du 18eme. hommage à l'homme, fidèle et dieu. Et elle ne fait
que continuer la morale du christianisme. Comparons au sondage, oui, le
libéralisme menace le christianisme mais parce qu'il veut en accomplir les
promesses. (fin poursuivie par tout un peuple, suprématie moral et niveau de
religion). Seule cohésion sociale possible. Si on tolère les sacrilèges, fin
des haricots, car religion de l'individu et tout ce qui nous retient les uns
les autres dit Durkheim.
C'est ici sa limite, l'idée de société est l'âme de la
religion. et son contresens avec
christianisme. Il défend l'homme in abstracto, il est moins blessé par le
tourment d'un homme concret que des atteintes des valeurs universelles.
Christianisme, c'est le contraire. L'homme en général et le valeurs suprêmes
peuvent être des idolâtries. La brebis égarée est tout ce qui compte, même si
on met en péril les 99 autres. Il est le ferment mortel qui a vocations de
détruire toutes les puissances, s'il est destiné à vaincre, ce sera aux dépens
de tout ce qui fait notre monde aujourd'hui. Boyer recomet l'erreur de
Durkheim. Ils dévalorise le religieux au profit du moral et niant le fondement
religieux des sociétés. (Durkheim, religieux toujours interprétation de la
société) Même dénégation en jeu. refus de voir deux vérités , c'est le sacré
qui engendre les sociétés humaines. Le christianisme n'est pas une morale mais
une épistémologie, il dit la vérité du sacré et, par la même, le prive de
puissance créatrice, pour le meilleur ou pour le pire. Seuls les hommes en
décideront.
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