lundi 6 octobre 2014

La religion, nature ou surnature ? La marque du sacré Jean Pierre Dupuy

Et ici, la somme des chapitres...

Je continue mon exploration du livre de Jean Pierre Dupuy, la marque du sacré...
Troisième chapitre

Dans ce chapitre, notre cher auteur s'en prend aux cognitivistes, les scientifiques anti religieux, recherchant à faire table rase de l'homme religieux en en montrant l'inanité. Il est dur avec eux mais il en profite surtout pour montrer la pertinence du religieux et du christianisme. Arrêtons de balayer le religieux d'un revers de main !!!!
A ce propos, Il en profite pour clarifier sa situation. Il n'est pas pratiquant et pas vraiment croyant. Mais il pense que le christianisme est une épistémologie qui en sait plus sur l'homme que toutes les sciences sociales réunies. 
On peut lui reprocher cette position ambiguë mais ne nous rend il pas un service énorme en martelant tout le long de ces chapitres notre impossibilité de nous écarter du sacré et de nous comprendre à l'extérieur de lui.... Son dernier passage sur le débat Durkheim - Brunetière est très intéressant, il nous permet d'appréhender toujours un peu plus le libéralisme comme tentative illusoire mais séduisante d'accomplir le christianisme sans son aide et de sacrifier d'autant mieux l'homme qu'on croit le mettre comme fidèle et dieu de cette religion de l'individualisme...


Mais, au fait, pourquoi être religieux ?

On ne peut parler du religieux qu'en s'y embarquant, 
nous en sommes traversés même quand nous ne le savons pas. Les cognitivistes ne le voient que comme un obstacle où ils font naufrage... Le message chrétien est science humaine et la condition de possibilité de toute science humaine, de plus elle tue doucement toutes les autres religions. Les cognitivistes veulent en faire une religion comme les autres mais lui réserve au final toujours un sort spécial. Ils développent ce qui leur semblent absurdes. Mais ils oublient la Passion, au moins Nietszche n'oubliait pas la Passion, Dieu est mort, et c'est nous qui l'avons tué. L'incroyable, ce n'est pas que les êtres surnaturels font des choses incroyables, c'est qu'une religion se soit reconnu dans un Dieu qui fut la victime d'un lynchage collectif. Le monde a retenu cette histoire et a été façonné en retour. C'est une histoire humaine où on peut se reconnaître. Les cognitivistes sont coincés.


Le religieux est effervescence sociale non collier de concepts
Ce n'est pas un système d'idée. Ils ne cessent de se poser la question de savoir comment l'évolution a t elle laissé passer cette absurdité. Ils oublient que la foi est bâtie par le groupe et dans l'action. Ils oublient la crainte de l'ordre social. Ils ne voient pas comment la violence comme pharmakon, poison et remède est l'énigme centrale du religieux.

Dupuy résume un petit peu Girard, la théorie du bouc émissaire et affirme : l'histoire de l'humanité est l'histoire de l'évolution des systèmes sacrificiels. Les mythes et les rites masquent la violence du religieux pour mieux contenir la violence sociale.
Manifestation d'un choix collectif, le sujet collectif dissout au plan moral la question de la responsabilité. Le sujet collectif , dans un premier temps met en scène la rivalité pour ensuite la transcender et faisant émerger une entité en surplomb, garant de l'ordre social.

Dupuy note l’étrangeté de la forme circulaire de la logique sacrificielle : le dieu émane de la victime mais il faut qu'il ait encore toute sa nature divine au moment où il entre dans le sacrifice pour devenir victime lui-même.

Notre cher Jean Pierre fait ensuite un paragraphe proche de celui de Gil Bailie pour inviter nos âmes modernes à reconsidérer le christianisme. Le savoir chrétien est partout, la connaissance du bouc émissaire travaille le monde mais ses effets sont redoutables, que peuvent faire les sociétés si on leur enlève les béquilles sacrificielles ? Pour comprendre la religion il faut avoir méditer le verset suivant : Matthieu 10, 34-39 Je ne suis pas venu apporter la paix, je suis venu apporter la glaive.


Dupuy finit par une lecture très intéressante du débat entre Durkheim et Brunetière lors du débat sur le capitaine Dreyfuss. Durkheim affirme que l'individualisme est une religion (d'origine chrétienne), une religion compatible avec la communauté humaine ou l'homme est le fidèle et le dieu. Durkheim avoue que le libéralisme veut accomplir les promesses du christianisme, la religion de l'individu est tout ce qui peut retenir les hommes les uns les autres. Mais Durkheim, et sa sociologie,  se sépare du christianisme. Il défend l'homme in abstracto, il est moins blessé par la blessure de l'homme concret que par l'atteinte d'un homme universel. Ce dernier et les grandes idées peuvent devenir des idoles, pour le christianisme la brebis égarée est la plus importante au risque de mettre en danger les quatre vingts dix neuf autres. Il est le ferment mortel qui a vocation de détruire toutes les puissances. Durkheim ne voit pas la dimensions épistémologique du Christianisme et les cognitivistes ne voient pas, à l'inverse de Durkheim, que c'est le sacré qui a engendré les cultures humaines.

Ci dessous quelques notes au fil de la lecture




III La religion, nature ou surnature

Une science qui prendrait pour objet l'universalité du phénomène religieux dans les sociétés humaines tout en prétendant s'affranchir complètement du religieux est elle possible ? Girard et sa théorie du religieux s'avoue complètement tributaire du religieux, à laquelle elle attribue son savoir. Ceci est inacceptable pour les positivistes qui pense aborder le sujet comme la chaleur et l'électricité.
Nous sommes embarqués
On peut parler du religieux qu'en s'y impliquant., nous sommes traversés par le religieux comme par le social historique même quand nous en faisons la critique.. On ne peut en être distanciée. (souvent signe de haine mais s'interdisant d'y comprendre quoi que ce soit.) Les sciences cognitives font souvent du religieux leur skandalon. Ils tentent d'expliquer le phénomène universel du religieux. Dawkins nous dit que cela est absurde, pathologique. Pour Boyer, les rites sont des gadgets et c'est une erreur de penser que la religion permet de connaître. L'église a perdu toutes ses batailles. PAs nouveau, Voltaire et son complot des prêtres, Freud et la névrose.
Dupuy avoue : je suis un intellectuel chrétien, je suis venu à croire que le christianisme  constituait un savoir sur le monde humain supérieur aux sciences sociales mais je ne suis pas pratiquant. Illich et Girard m'ont conduit vers cette conversion épistémologique. Le message chrétien des Évangiles  est une science humaine et la condition de possibilité de toute science humaine et a une influence mortelle sur toutes les autres religions. Elle les détruit, religion de la fin des religions. Les cognitivistes veulent en faire une religion comme les autres mais lui réserve toujours un sort spécial. Ils développent ce qui leur semblent absurdes. Mais ils oublient la passion, au moins Nietszche n'oubliait pas la Passion, Dieu est mort, et c'est nous qui l'avons tué. L'incroyable, ce n'est pas que les êtres surnaturels font des choses incroyables, c'est qu'une religion se soit reconnu dans un Dieu qui fut la victime d'un lynchage collectif. Le monde a retenu cette histoire  et a été façonné en retour. C'est une histoire humaine où on peut se reconnaître. Les cognitivistes sont coincés.
Le religieux comme effervescence sociale.
Les cognitivistes se trompent aussi quand ils croient que c'est un systèmes d'idée, de croyances et de concept. Ils oublient que c'est une activité de groupe qui se forme dans celui-ci. Comment la théorie de l'évolution a t elle pu passer entre ses filets l'extravagance des pratiques religieuses ? Ils ne peuvent répondre à cette question car ils prennent la question par le mauvais bout. Durkheim le sentait (Une philosophie peut s'élaborer dans le silence de la méditation intérieure, mais non une foi. Car une foi est, avant tout, chaleur, vie, enthousiasme, exaltation de toute l'activité mentale, transport de l'individu au dessus de lui-même.) Groupe et action et non solitude de l'individu. Boyer et Dawkins prennent du temps pour délégitimer les actes irréalistes des religions (prier devant une statue par exemple) Durkheim pourtant a des mots intéressants dessus (Si la force morale qui soutient le fidèle ne provient pas de l'idole qu'il adore, de l'emblème qu'il vénère, elle ne laisse pas cependant de lui être extérieure et il en a le sentiment. l'objectivité du symbole ne fait que traduire cette extériorité) Dupuy dit que les cognitivistes n'arrivent pas à dépasser cette apparente irrationalité. Comment peut on être si malin et si bête. Connaitre si bien son environnement et tourmentés par les peurs qu'ils éprouvent ? la réponse est dans la question. Ces gens ont raison de craindre ce qui déstabilise l'ordre social. La violence semble le produit des croyances et comportement religieux mais ils font aussi rempart. La violence est l'énigme centrale du religieux. Remède et poison ? Coïncidence écrite dans la langue grecque pharmakon venant de bouc émissaire,

Le sacrifice et le meurtre
Anecdote de Lempert. Serbes tuant un kosovar le jour de la fête de l'aïd. Geste ignoble mais qui a compris que le rituel sacrificiel repose sur la substitution de victimes. Cette substitution est un moment exceptionnel du passage du sacrifice humain au sacrifice animal. Régression barbare et symbole de la proximité violence et sacré.
Il est facile de ne pas voir cette proximité que le religieux cherche à cacher, ou il est trop facile de les confondre (alors que source de la civilisation). L'histoire de l'humanité est l'histoire de l'évolution des systèmes sacrificiels. de l'homme au symbole. C'est l'histoire de la symbolisation.
Durkheim dit que le caractère sacré est toujours surajouté à la chose en question. Les traits que le rituel sacrificiel surajoute à la réalité sordide du meurtre choque l'intuition. Cela frappe l'imagination, travail du sacré, c'est tout? Une ruse ?
Mythe et rite font la même chose, pour mieux contenir la violence sociale, ils doivent masquer la violence du religieux, la transfigurer aux prix des intuitions physiques et psychologiques. Qui peut se faire prendre encore aux ruses de la religion se cachant à lui-même sa relation double à la violence. Ex de l'exécution capitale, rite important car nation commet l'acte, il suffit d'un rien pour croire que c'est un acte crapuleux (Saddam Hussein) Manifestation d'un choix collectif, le sujet collectif dissout au plan moral la question de la responsabilité. Le sujet collectif , dans un premier temps met en scène la rivalité pour ensuit la transcender et faisant émerger une entité en surplomb, garant de l'ordre social.
La pensée sacrificielle et le brouillage des catégories.
Pourquoi l'espace du 11 septembre fut appelé espace sacré ? RG dit dans V&S, si le sacrifice apparait comme violence criminelle, il n'y a guère de violence en retour qui ne puisse se décrire en termes de sacrifice.  ce qui rend sacré c'est la violence dont le lieu a été le théâtre. Débat Jaspers et Anders, très haut niveau. Confusion entre sacrificateur, victime et divinité que ne voit pas Anders et pourtant vu par l'essai sur la nature et la fonction du sacrifice de Hubert et Mauss. On offrait le Dieu à lui même. C'est toujours le Dieu qui subit le sacrifice. Comme nous ne croyons plus à l'existence de divinité, nous ne croyons plus que le sacrifice répond à une certaine réalité. Etrangeté de la forme circulaire  de la logique sacrificielle : le dieu émane de la victime mais il faut qu'il ait encore toute sa nature divine au moment où il entre dans le sacrifice pour devenir victime lui-même. Allure paradoxale que dupuy voit aussi dans certaines philosophie. paradoxe disparait avec RG, le sacré est la mise en extériorité de la violence des hommes par rapport à elle-même. La violence réifiée se nourrit des offrandes de la violence ordinaire, elle peut s'auto extérioriser en forme symboliques.
Religion morale
Seconde erreur des cognitivistes donc : il ne voit pas la place du rituel dans le religieux, il ne voit pas (troisième erreur) devant la contradiction entre rituel  et système d'interdits. Ils s'approchent du sujet quand il parle du lien entre religion et morale. Boyer, par surprise ne voit pas la religion comme source de la morale, la moralité sert de support, puis tout est lié à l'évolution de notre cerveau.
Détour, les scientifiques évolutionnistes ont des questions :  bon sang, comment en sont il arrivé là ??? Ces hommes comme nous à faire tellement de bêtises ? Dysfonctionnement cognitif  d'un truc qui a été utile dans la perpétuation de l'espèce? Ils se rendent ridicule...
Boyer est là plus subtil.... Je ne comprends pas, guerre avec les cognitivistes...
Passage sur le bon samaritain, source de l'impact de l'Evangile. Qui est mon prochain ? Parabole humaine mais choquant à son époque. Homme agonisant, rituellement impur, les prêtres avait un devoir pour le temple... Le prochain peut être n'importe qui, fi des interdits comme base de la morale et des barrières culturelles.
Répétition de la théorie girardienne sur les mythes, rituel et interdits etc..
Bouc émissaires et victimes sacrificielles
Le mécanisme du bouc émissaire est de plus en plus observé et vu, mais il ne marche que si il n'est pas vu. Qui veut persécuter doit présenter sa victime comme un persécuteur... (on a tendance à oublier son origine dans le rituel du bouc émissaire) Frazer faisait lien entre ce rite et celui du pharmakos. Dico montre la confusion entre la représentation et le phénomène en question. Cela prouve que le message chrétien travaille le monde mais de manière incomplète. La passion ressemble à plein de religions si on regarde aux faits, mais il regarde tout du point de vue des victimes. La machine à fabriquer du sacré est enrayée et produit de plus en plus de violence, mais une violence qui a perdu le pouvoir de se polariser. Pour comprendre la religion, il faut avoir chercher à élucider cette phrase terrible. (Jésus et le glaive). Victoire du christianisme est partout mais effets sont redoutables, il peut s'incarner en son double monstrueux (le souci des victimes comme forme de persécution). Le christianisme implique un arrêt de la violence. Le royaume comme l'œil du cyclone : si on tente de l'atteindre par chemin continu, en s'efforçant toujours plus d'augmenter l'efficacité des moyens habituels, c'est à dire violents, de contenir la violence, on tournoiera de plus en plus vite tel un fétu de paille, à mesure qu'on croira s'approcher du coeur au repos. Le royaume, on y saute à pied joint ou bien on en meurt.
Le faux salut par la morale
Privatisation du religieux, fin de l'esprit de corps, mort annoncé du christianisme. Rappel du débat Brunetière et Durkheim sur individualisme. Brunetière : l'intellectuel qui se persuade que la société doit se fonder sur la logique et qui méconnait qu'elle repose en fait sur des nécessités antérieures et peut être étrangères à la raison individuelle. Durkheim montre que l'individualisme est une religion, seule garante de l'ordre social et issue du christianisme. Il y a deux types d'individualisme, un qui repose sur le déchainement des intérêts particuliers, incompatible avec la vie commune.et un grand second, celui des philosophes qu'il rattache à la grande tradition libéral du 18eme. hommage à l'homme, fidèle et dieu. Et elle ne fait que continuer la morale du christianisme. Comparons au sondage, oui, le libéralisme menace le christianisme mais parce qu'il veut en accomplir les promesses. (fin poursuivie par tout un peuple, suprématie moral et niveau de religion). Seule cohésion sociale possible. Si on tolère les sacrilèges, fin des haricots, car religion de l'individu et tout ce qui nous retient les uns les autres dit Durkheim.
C'est ici sa limite, l'idée de société est l'âme de la religion.  et son contresens avec christianisme. Il défend l'homme in abstracto, il est moins blessé par le tourment d'un homme concret que des atteintes des valeurs universelles. Christianisme, c'est le contraire. L'homme en général et le valeurs suprêmes peuvent être des idolâtries. La brebis égarée est tout ce qui compte, même si on met en péril les 99 autres. Il est le ferment mortel qui a vocations de détruire toutes les puissances, s'il est destiné à vaincre, ce sera aux dépens de tout ce qui fait notre monde aujourd'hui. Boyer recomet l'erreur de Durkheim. Ils dévalorise le religieux au profit du moral et niant le fondement religieux des sociétés. (Durkheim, religieux toujours interprétation de la société) Même dénégation en jeu. refus de voir deux vérités , c'est le sacré qui engendre les sociétés humaines. Le christianisme n'est pas une morale mais une épistémologie, il dit la vérité du sacré et, par la même, le prive de puissance créatrice, pour le meilleur ou pour le pire. Seuls les hommes en décideront.




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