vendredi 24 janvier 2014

La violence révélée de Gil Bailie 3ème partie

Après avoir réalisé le diagnostique (partie 1) de la crise culturelle occidentale, et porté un regard (partie 2) sur la richesse anthropologique de l'ancien testament, Bailie finit en s'arrêtant sur la figure du Christ puis par un regard sur la philosophie occidentale face à la théorie du désir mimétique.

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Bailie relie le baptême de Jésus par Jean Baptiste et les tentations du désert. Jésus reçoit l'assurance de son identité, sa vocation, le désert sera le lieu de discernement précis de celle-ci. il refuse de faire de sa vocation un spectacle, une mission sociale ou une réforme religieuse, il voit avec acuité la nature même de la culture humaine, leur lien avec le mécanisme victimaire. Les tentations lui sont une invitation à vivre avec l'Esprit. Il refuse Diabolos (le pourrissement du désir mimétique) et satan (la violence expulsant la violence). Il a rejeté le péché non par son intelligence mais sa proximité avec le Seigneur. il est immunisé contre la contagion mimétique, il déjoue les pièges du démon et obéit parfaitement au désir mimétique, celui d'accomplir la volonté du père.
Malgré les inquiétudes de Jean lors de son emprisonnement, Jésus pense que le repentir passe par la rencontre avec le Seigneur et non la confrontation avec le péché.

Jésus avait une profonde vision du désir mimétique. Qu'il appelle skandalon. On le voit dans Mathieu 18. Il comprend que les disciples sont entrés dans la rivalité mimétique. Jésus parle des conséquences de ces rivalités qu'en terme de Géhenne et de violence.

Pourtant Jésus relativise les distinctions culturelles, il change les réflexes culturels.
Le Jésus guérisseur, de plus est inséparable de celui qui veut changer la culture et guérir la société de sa culture.

Dire que la croix est au cœur du message chrétien c’est répondre à l’affirmatif à la question : « Est-ce que la violence collective, du type que l’on peut observer lors de la crucifixion, est bien la clef, du mensonge dans lequel vivent les hommes ? ».
il faut entrer dans Son Logos et fuir le logos culturel. il faut rejoindre la pierre de fait qui a été rejeté. 
il faut choisir le Logos du Père ou le logos du père du mensonge. On voit cette alternative quand la foule doit choisir entre Jésus et Barrabas, le fils du père... En disant que Dieu seul est son père, Jésus neutralise le pouvoir des pères terrestres. 
La crucifixion achève de démystifier les pouvoirs démoniaques et inaugure l’ère historique où l’ère sociale et psychologique se transforme pendant que le Christ attire à lui tous les hommes. Cette révolution anthropologique et spirituelle est un processus qui tire sa force de l’Esprit de Vérité, le paraclet, il est le conseiller, l’avocat, il défend l’accusé, il déconstruit les mythes et les mystifications de l’accusateur. De plus Jésus empêche l’émergence d'un tombeau, d'une culture humaine tel qu'il s'est passé avant lui. Le tombeau est la perpétuation des mensonges du meurtre originaire. Il est le mythe matérialisé. On n'a pas pu décorer le tombeau et oindre le Christ. Sa tombe n'a pas pu être le point de départ du culte religieux.

Les Evangiles créent une communauté ne voyant de sens à leur vie qu'à la lumière de la résurrection. Ils expriment un éveil de conscience qui passe toujours après une expérience de croix
Tous les mythes comme les pseudo mythes des idéologies et du rationalisme empêchent le chemin de Damas de chacun, elles empêchent l’expérience d’Emmaüs, c'est-à-dire de l’expérience de la dilatation de la vie par la conscience de la résurrection du Christ par l’amour donné et reçu.
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Bailie prendra ensuite du temps pour expliquer le point de vue girardien sur la philosophie. Elle rejoint la phrase de Saint Paul en Corinthiens 1. "Dieu n'a t il pas frappé de folie la sagesse du monde?"
Accompagné de Ortega y Gasset, Bailie croit voir dans la philosophie un ersatz du sacré. Dans la mesure où celui ci observe (par l'intermédiaire d'Héraclite) la bêtise du sacré, la philosophie ne fait alors que réfuter pour mieux ressusciter ce qui a été dit dans le passé  mais elle refuse de voir la victime cachée dans le passé radical. Elle n'est pas plus capable que la religion traditionnelle de découvrir la vérité de la victime. La pensée philosophique se développe comme les rivalités humaines. Elle renouvelle toujours ce qu'elle dit exécrer : la méconnaissance humaine.
Héraclite pensait pourtant que le monde ne vient pas d'un complot des dieux mais de la violence des hommes. Distinction du logos, description du processus de la violence créatrice d'ordre et du désordre. La philosophie serait une manière de cacher ce qu'Héraclite a commencé à dévoiler.
La philosophie est une sorte d’enfant adoptif de la religion, malgré ses ressources mythologiques plus réduites, sa capacité rationnelle et à établir un système de langage lui ont permis d’accomplir des prodiges de logique sans inquiéter ce que la religion protège.
Il y a trois conséquences à la prise en compte de la chute du système sacrificiel, la stupeur (conséquence de la déconstruction), l'extase signifiant le désir du retour du sacré violent (Nietzsche, Heidegger). Bailie pense qu'Heidegger voulait accompagner la grandeur historique de la violence.
Avec Nietzsche, il voulait ce retour évident. Il a compris, comme Saitn Paul ou Girard, ce que la philosophie ne peut comprendre : c’est par la victime que s’est constitué le monde des bourreaux, le monde dont la philosophie voudrait parler avec sagesse.

« Notre rationalisme ne peut pas saisir le rôle fondateur de la mise à mort mimétique pour la raison que lui-même en porte toujours l’empreinte » Mais alors où est la vérité qui nous rendra libre ? (Qu’est ce qui nous amène à réfléchir ? dirait Heidegger ?) Heidegger nous laisse suffisamment d’indices qu’il nous reste à faire qu’un pas vers la croix. Face à la crise anthropologique, nous devons comprendre l’ampleur du défi. Et comme Simone Weil nous le dit, la croix du christ est le seul passage vers la connaissance.

Contrairement à Nietzsche et Heidegger, Girard est le seul qui est allé au bout du dévoilement par un choix moral inverse. Il est le seul à dire qu'il y a une alternative à la violence sacrée.

Bailie enfin se concentre sur le nationalisme. Celui-ci est d'autant plus cruel qu'il ne croit plus en lui, ou il s'efforce avec passion à croire en lui (nazisme). On ne peut réduire le nationalisme à ce risque mais la nation possède beaucoup de prise à ce danger, transcendance sociale légitimant la violence.
Notre monde a la gueule de bois morale, et a plus que jamais le choix entre deux transcendances. (On le voit très bien dans le martyr d'Etienne). La violence apporte sa transcendance à ceux qui la contemplent. Il ne faut pas savoir si tout cela va s'améliorer mais si nous avons une prière. Bailie enfin affirme qu'il faut revenir au premier commandement, aimer Dieu d'un amour suprême. 
Il ne nous reste plus qu'à triompher de la méconnaissance victimaire dans l'expérience intime.




Chapitre 11 Ses pièges sont rompus
P217 Les Evangiles décodent tout des anciennes structures, Quelle compréhension Jésus avait de sa propre mission et des ennemis qu’Il voulait combattre et de la transmission de sa compréhension. Avant son expérience des tentations du désert, il y a le modèle de Jean qui lui-même est revenu d’une expérience du désert où il avait pris du recul sur le processus de fascination sociale et religieuse juive.
P218 Mais surtout l’origine de l’appel du désert fut ce qui semble être une grande révélation de la part de Jésus, son baptême par Jean. Il eut le besoin de comprendre l’implication pratique de son expérience (« celui-ci est mon Fils bien aimé… »). Au baptême, Jésus est appelée Fils de Dieu, Le diable remet en cause cette appellation. SI tu l’es…. (comme la Genèse, Jésus tenté de s’accaparer « le statut divin » par la démonstration éblouissante de sa messianité.) Tenté par le diabolos ce qui veut dire celui qi jette de travers, le diffamateur, qui sème la discorde et qui conduit au ressentiment. Ce diabolos semble incarné. Fait qui comporte des risques (le diable aime diaboliser) mais qui montre la nature autonome de son fonctionnement.  (débat sur utilité de la personnification de Diabolos ou non…)
Les tentations sont malgré tout le récit de la manière dont Jésus s’est combattu avec la nature de sa vocation. Il rejette la tentation de faire de sa vocation un spectacle religieux ou de se lancer dans une campagne de réforme sociale ou religieuse.
Jésus voit en un instant tous les royaumes du monde, cela signifie la révélation  de la nature même de la culture humaine, de leur lien avec le mécanisme victimaire, cette expérience est au cœur de l’invitation de jésus à vivre avec l’Esprit et non avec la culture au sens large qu’il ne faut donc (comme la nature) pas idolâtrer.
Cela se finit par Retire toi Satan… (Mathieu 4, 10-11) Ce changement de mot est aussi une prise de conscience. Satan, c’es l’accusateur. Si le diabolos est la discorde, l’origine des complications psychosociales qui utilise les passions mimétiques. Diabolos devient Satan quand suite à Diabolos, il y a suffisamment de frénésie et de désorganisation, la foule accuse passionnément. Ceux qui sont divisé par Diabolos, sont réunis par Satan. C’est aussi ce que Jésus découvre ou nomme dans le désert. Avec le poète Milton, on peu croire que le refus de la tentation est à l’origine de ce qui sera la crucifixion et donc la fin du pouvoir de Satan. Dans le désert, les pièges sont rompus. Mais ce n’est pas par son intelligence, mais par sa proximité avec Dieu que l’on doit ce prodige.
Girard nous aide à comprendre le péché originel, que le péché est distanciation de Dieu. Jésus vrai homme sauf pour le péché. Il l’a rejeté car il était tourné vers Dieu, il était immunisé contre la contagion mimétique du désir, il déjoue les pièges démoniaques, il obéit parfaitement au désir mimétique celui d’accomplir la volonté du père
P223 Rappel du doute de Jean au moment de son emprisonnement. Jésus reste paisible quand lui se bat contre la déliquescence des élites. Jésus exigeant du repenti  des auditeurs, Jésus pense que le repenti le plus durable se fait non à la confrontation du péché mais face à la grâce de la rencontre du Dieu d’amour et de miséricorde. Jésus rendait tangible le royaume de Dieu. La réponse de Jésus à la question de Jean (en plus de la citation d’Isaie) est heureux celui qui ne se scandalisera pas à cause de moi. On comprend que Jean était scandalisé par Hérode, et il devient le prétexte d’une dépravation de plus. Le Jeu entre Hérode et Jean de diabolique devint Satanique et se finit par l’accusation de Jean. Jésus a compris lui le lien entre Diabolos, Satan et skandalon (mimesis, accusation, violence collective.)
P225 Pour comprendre le scandale, il faut voir Mathieu 18, 1-9. Jésus voyant la rivalité entre les disciples, il parle de l’importance de rester enfant puis il dit malheur aux scandales ! Il ne faut pas tomber tout entier dans la géhenne ou dans le feu éternel. On comprend que les disciples sont tombés dans la rivalité mimétique, Jésus utilise des images choquantes pour bien faire comprendre l’importance du problème. Les conséquences du Skandalon sont représentés par le feu éternel, soit la violence apocalyptique et la Géhenne c'est-à-dire la vallée de Ben Hinnom, lieu ou les israélites adorateurs sacrifiaient des enfants. La rivalité conduit au scandale qui conduit au sacrifice ou à la violence apocalyptique.
P227 Importance des règles alimentaires pour les juifs orthodoxes (sacrifice, préparation des animaux, avec qui manger etc…) ou encore les purifications nécessaires, il devenait difficile de manger avec tout le monde. Jésus mange avec tout le monde, même les réprouvés, il remettait en question le code social juif, et montre la relativisation des distinctions culturelles
P229 C’est dans ce contexte qu’on peut lire le miracle de la multiplication des pains comme la capacité des gens ayant écouté Jésus de se défaire de leur traditions alimentaires pour partager leur pain avec tout le monde, ils ont pu briser leurs barrières culturelles. C’est le miracle d’une communauté nouvelle née de la prière et du partage, c’est le modèle de la communauté nouvelle sur laquelle la nouvelle culture humaine sera fondée. (est Miracle ce qui change le cœur de l’homme. )
P230 De même la guérison de ceux qui se disent possédés rappelle la mission de l’anéantissement de diabolo satan. Avant lien entre maladie physique et péché, maladie, souvent châtiment divin. Lorsqu’une communauté affirme que qqun est possédé, c’est le signe que la communauté commence à être sous l’emprise de la religion primitive. En les guérissant, Jésus réfute le diagnostic de la communauté et les conséquences. En guérissant ceux qui ne voient ou n’entendent plus, il change les réflexes culturels….
XII C’est achevé
P233 C’est l’exécution de Jésus qui termine la révélation biblique. (malgré tentation d’enlever la croix et l’échec) Dire que la croix est au cœur du message chrétien c’est répondre à l’affirmatif à la question : « Est-ce que la violence collective, du type que l’on peut observer lors de la crucifixion, est bien la clef, du mensonge dans lequel vivent les hommes ? ».
Nous avons tendance à nous approprier la crucifixion en y pourchassant les coupables, chercher des accusation est pourtant la preuve que nous en faisons partie. La portée anthropologique de la crucifixion est bafouée si la responsabilité n’est porté à quelques uns et non par tous. L’accusation des juifs par le christianisme historique est un signe de leur incompréhension d’élément capital du message du Christ. Car ce n’est qu’au cœur d’une culture pouvant faire preuve de compassion que la croix pouvait être comprise. En général, comme le dit le prologue de Jean, Jésus a été rejeté par les siens. Quand on lit juifs dans l’Evangile, il faut lire chrétien.
L’Evangile de Jean souligne les différents niveaux de foi. La vérité vous rendra libre. La liberté vis-à-vis des logos culturels en es le signe, or pour s’en libérer complètement, il faut rejoindre ce qui en a été expulsé. La pierre qu’avait rejeté les bâtisseurs est devenu pierre de fait. Il faut rejoindre l’agneau sacrifié par toutes les cultures depuis la fondation du monde. Jésus invite à la libération, cela passe par le père et son logos. Le mot père peut se faire passer pour la référence au principe organisateur  de la culture conventionnelle et dans l’Evangile de Jean, pour Jésus, c’est le père du mensonge. Ceux qui ne sont pas entré dans son logos, ne sont pas fil d’Abraham mais fils du père homicide. La prédisposition à la violence sacrificielle est le signe de l’éloignement au logos chrétien. (et excuse ethnique… Pourtant, ils ont raison de croire qu’il représente une menace pour leur culture conventionnelle)La crucifixion montre le combat entre le logos de la violence et le Logos d’amour. Chaque logos a un père. (Jean 8, 43)
P239Le conflit entre les deux pères est en toile de fond de l’Evangile. On le voit aussi dans l’alternative  Barrabas, « le fils du père » et Jésu Bar Abba, Le fils du Père. Barrabas serait un brigand, c'est-à-dire un genre de Guerilleros rejetant l’invasion romaine, et avait fait de l’ethnicité en quelque sorte une cause sainte, il était le fidèle au logos de la violence, il perpétue le cycle des représailles violentes. Jésus n’a rien à offrir à la foule, la foule choisit celui qui lui ressemble.
En disant que Dieu seul est son père, il se coupe de tous les réseaux étriquées,  Jésus neutralise le pouvoir des peres terrestres. Ce que n’ a pas toujours fait le christianisme historique.
P241 Evangile de Jeanne différencie pas crucifixion et résurrection. Dernière parole du Christ : C’est achevé. Mais quoi ? Jean 12 31, Prince du monde jeté à bas…. La crucifixion achève de démystifier les pouvoirs démoniaques et inaugure l’ère historique où l’ère sociale et psychologique se transforme pendant que le Christ attire à lui tous les hommes. Cette révolution anthropologique et spirituelle est un processus qui tire sa force de l’Esprit de Vérité, le paraclet, il est le conseiller, l’avocat, il défend l’accusé, il déconstruit les mythes et les mystifications de l’accusateur. A partir de la crucifixion, le paraclet est à l’œuvre. Il établit la culpabilité du monde et conduit « vers la vérité toute entière. » L’Evangile est innaretable.
P243 Si le père du mensonge l’était au commencement, cela veut dire que l’origine, le premier événement est né de ce premier mensonge. L’événement était un meurtre collectif se faisant passé pour un geste de dévotion. Ex de la tombe devenu mausolée où es né l’harmonie. Le tombeau est le prolongement et la perpétuation du meurtre. Mythes et tombeaux donnent sens et cachent. Girard : tombeau premier et unique objet culturel. Les tombeaux fournissent toujours un lieu de colère pour les cultures existantes. On peut détourner sur des tiers la responsabilité morale  de sa violence. L’Evangile le montre. Mathieu 23, 29.
Le tombeau permet de faire disparaître la complicité de la violence mimétique. Le tombeau du Christ est vide. On a pas pu décorer le tombeau et oindre la victime. Impossibilité du rituel cathartique. Sa tombe ne fut pas le point de départ d’un culte religieux. La déflagration de l’Evangile aurait pu être neutralisé s’il y avait eu un corps. La croix aurait été marginalisé et tout aurait été conceptualisé. Lien croisades et recherche du tombeau. Quête vaine d’une certaine manière et recherche de limiter l’Evangile et fondatrice culturelle de l’Europe. Rejet du récit du tombeau vide et réactualisation spontanée des structures de la violence sacrée.
247 Conséquences des Evangiles, la création d’une communauté ne voyant de sens dans leur vie qu’à la lumière de la résurrection. Pas de christianisme sans résurrection. Ceux qui le proclament, cela leur a apporté éveil de la conscience. C’est une expérience qui passe toujours après la croix.
Tous les mythes comme les pseudo mythes des idéologies et du rationalisme empêchent le chemin de Damas de Chacun, elles empêchent l’expérience d’Emmaüs, c'est-à-dire de l’expérience de la dilatation de la vie par la conscience de la résurrection du Christ par l’amour donné et reçu
Chapitre 13, Où est-il le sage ?
249 Saint Paul sent que la philosophie est devenue superflue après la révélation chrétienne. « Où est il le sage ? … Dieu n’a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ?» (corinthiens 1, 19,20) voir aussi (colossiens 2, 8). La croix a remplacé la tradition philosophique. Si respectable, elle n’est plus une source vive. Elle aime se contredire ou se déconstruire…
251 Ortega y Gasset parti à la quête de l’origine de la philosophie. Pour lui, la tradition n’avait rien d’inévitable mais fruit de circonstances. C’est souvent le fruit d’un mode de vie opposé au religieux. Ces gens sans repères traditionnels. Ortega réconcilie l’absence évidente de consensus avec l’homogénéité surprenant de la philosophie. Né dans la dénonciation des superstitions religieuses et s’enracine dans la polémique. Malgré les efforts de différenciation, il y a une similitude impénétrable entre tous les discours. Le passé radical de la philosophie (à l’opposé de son passé relatif) est cachée. C’est un manque qu’elles ont en commun. A la suite d’Ortega, Piper croit que la philo est la reprise de ce qui était perdu, un souvenir d’une chose que tous connaissent et son existence n’est du qu’à une « précieuse erreur » , on ne peut que ressusciter les philosophies du passé, c’est un éternel recommencement. Toute philosophie se légitime par la réfutation d’une part du passé. La précieuse erreur de la philosophie est la victime dissimulée dans le passé radicale. Elle n’est pas plus capable que la religion conventionnelle de découvrir la vérité de la victime. La pensée philosophique se développe comme les rivalités humaines, elle reproduit la violence fondatrice.(Mathieu 23, 29-31 vous êtes fils de ceux qui on tué les prophètes. Eh bien ! Vous comblez la mesure de vos pères.) Ils décorent la tombe des victimes du passé, cela leur permet de dénoncer la violence de leurs ancêtres sans se rendre compte de leur complicité dans leur structure. En réfutant leur prédécesseur réitèrent, de façon moins violente,  le motif sacrificiel  responsable de ce que la philosophie exècre : l’ignorance de l’homme. Mais celle-ci est la méconnaissance, inconsciente car reposant sur une exclusion rituelle. La philosophie est épuisée.
256 Pour Héraclite, un des premiers philosophes, Le monde ne vient pas d’un complot entre les Dieux mais de la violence des hommes. Celle-ci avait une logique propre, destructrice et créatrice, un logos. Ce logos est un concept philosophique mais fonctionne comme un mythe dans la tradition philosophique. Cette distinction du logos est la première distanciation, marque essentielle de la philosophie, en cela elle se rapproche du mythe.  Pourtant derrière la compréhension de son logos, il y a le savoir que la violence est créatrice de l’ordre et du désordre et la proximité du savoir chrétien. Bailie voit la suite de la tradition philosophique comme une manière de mieux cacher ce qu’Héraclite a failli discerner. La philosophie est une sorte d’enfant adoptif de la religion, malgré ses ressources mythologiques plus réduites, sa capacité rationnelle et à établir un système de langage lui ont permis d’accomplir des prodiges de logique sans inquiéter ce que la religion protège.
P258 Comparaison socratique entre sacré et soleil, incapacité à le regarder vraiment et la philosophie regarde une éclipse partielle. Dangereux, dit Socrate. Selon Baile, Socrate énonce que la vérité  doit être détournée car ne pouvant être contemplées directement, il faut aller du monde réel au monde des idées. C’est un réflexe mythique de la philosophie malgré son doute vis-à-vis des religions mythiques. Les idées philosophiques  est le médiateur qui permet de voir avec moins de risques des vérités aveuglantes.
P260 Pour Bailie, le récit de la mort de Socrate pour Platon est le signe de la mauvaise volonté philosophique. Mort non unanime, stoïque, entourée de ses camarades et rempli du besoin d’être en règle avec les dieux.
P262 La non clarté du nom de la matière est le signe de sa perception comme qqchose de dangereux et la recherche d’un horizon atteignable. Il y a un questionnement absolu comme raison d’être. (Derrida et l’impossibilité de conclure sur quoi que ce soit…) Pour préserver l’innocence philosophique, il faut l’élimination des critères moraux… Elle est citadelle assiégée. Girard est celui qui arrête de tourner autour de la croix pour mieux la trouver.
P264 Métaphore du mur changeant et qui détourne notre attention avec philosophie. (Ortega y Gasset.) Il continue que métaphore peut être un moyen d’échapper au réel, naissance de la nécessité de contourner le réel, monde des tabous. Poésie est un des encens du sacré. Pour Bailie, ce mur se transformant et détournant l’attention est la description de la crise philosophique. L’effet de la crucifixion sur la religion sacrificielle s’observe à tous les niveaux. Il n’est pas anodin de voir le système sacrificiel trembler et tomber. Il y a trois conséquences à cette prise en compte : stupeur, extase et conversion. La stupeur est la conséquence fréquente de la déconstruction, l’extase signifie le risque du retour au sacré violent. (Nietzsche et Heidegger : ultime tentative de flacon de l’elixir sacrificiel)
P268 Heidegger a conscience de l’étroitesse des lumières, il veut revenir de cette banalité. Heidegger veut partir des origines, il prend Parmenide et Héraclite et il faut redécouvrir l’étant authentique, la puissance première à l’origine du monde, il dévoile ainsi les rudiments de la violence générative. Il voulait accompagner la grandeur historique de la violence. Pour lui, Héraclite a raison. Heidegger voit le lien entre les structures de la violence sacré. Avec Nietzsche, il voulait leur retour évident. Il a compris comme paul ou Girard. Mais ce que la philosophie ne peut comprendre  c’est que c’est par la victime que s’est constitué le monde des bourreaux, le monde dont la philosophie voudrait parler avec sagesse.
L’Evangile l’a vu : Il était dans le monde et le monde fut par lui et le monde ne l’a pas reconnu, il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli. Jean 1 10.
Bailie lit aussi dans Heidegger son attirance pour ce qui se retire et y voit une parole de confirmation de Jésus dans Jean 12, 31, 32. SI proche d’une conversion
P272 « Notre rationalisme ne peut pas saisir le rôle fondateur de la mise à mort mimétique pour la raison que lui-même en porte toujours l’empreinte » Mais alors où est la vérité qui nous rendra libre ? (Qu’est ce qui nous amène à réfléchir ? dirait Heidegger ?) Heidegger nous laisse suffisamment d’indices qu’il nous reste à faire qu’un pas vers la croix. Face à la crise anthropologique folle, nous devons comprendre l’ampleur du défi. Et comme Simone Weil nous le dit, la croix du christ est le seul passage vers la connaissance.
Chapitre XIV La voix de la Cruz
274 comparaison entre Heidegger et l’encensoir du grand prêtre juif du rituel bouc émissaire. Il peut retirer le voile mais ensuite met une tonne d’encens pour garder l’ambiance sacré…. Finalement Girard a découvert la même chose que Nietzsche et Heidegger mais est allé vers des conclusions morales opposées. Tous les philosophes viennent du déchirement du rideau mais seul Girard l’a reconnu. Et les trois précédemment cités, Girard est le seul à dire qu’il y a une alternative à la violence sacré. Nazisme tente le retour d’une violence qui créé l’unité.
Le nationalisme est un phénomène complexe. Le mot ne rend pas compte globalement du phénomène, que faire de la violence émergente sur ce thème. Le nationalisme exprime seulement, le retour incontrôlable du sacré primitif. Elles sont le signe d’une crise sacrificielle, en bonne partie religieuse. Les passions mimétiques submergent les structures culturelles. Les excès de violence  naissant étaient avant interprétés religieusement. Tout diagnostic moral est devenu impossible, cet aveuglement est le pouvoir de l’accusateur.
On peut comprendre aussi la peur des sociétés pourtant peu en contact avec la Bible et leur refus de la sécularisation et le potentiel de crise qui est donné.
Le nationalisme donne transcendance sociale, facile pour justifier violence sociale, ersatz de sacré. Le nationalisme n’est pas sans justificatif historique crédible, mais elle est aussi souvent le prétexte d’une crise sacrificielle. Nationalisme toujours quête de transcendance. Le siècle sera religieux ou ne sera pas ou bien : l’être humain est religieux et qu’il ne tolérera pas longtemps encore une vie dépourvue de transcendance religieuse.
P278 Ignatieff sur son voyage dans  le nouveau nationalisme, il voit des consciences divisées entre la haine possédée et le rationalisme pouvant revenir. L’inauthenticité est visible. Ils ne savent pas ce qu’ils font. « Le nationalisme ne croit plus en lui », la violence ne peut faire taire le coq. Le nationalisme hurle pour se convaincre lui-même. C’est la logique de la violence apocalyptique annoncé par le nouveau testament. Bref notre monde vit de l’intérieur le combat entre les forces du sacrificiel et violence collective et la déconstruction  à laquelle se livre l’évangile.
283 La puissance fascinante du sacré s’amenuise et cède la place à une gueule de bois morale. Le monde prete l’oreille à la voix mourante ? Nous somme face au choix de la transcendance, deux ne cessent de s’affronter.
284 On trouve ces deux principes de réalité dans la lapidation d’Etienne.
A son Zenith, la violence apporte sa transcendance à ceux qui la contemplent, il faut redécouvrir des formes plus authentiques que la violence.  La question n’est pas si cela va s’améliorer mais si nous avons une prière. Nous pouvons transformer la violence en amour…

L’importance est d’aimer Dieu d’un amour suprême. Tu aimeras ton prochain comme toi-même découle d’une manière ou d’une autre du premier. Comme dit Girard, il faut triompher  de la méconnaissance victimaire dans l’expérience intime.

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